Equivalences du diplôme de médecine à l’étranger

Selon une étude menée par le site Medscape en 2018, un médecin sur cinq envisage de quitter la France pour exercer dans un autre pays. Est-ce possible avec un diplôme français ? Oui, cela dépend des pays. Quant au retour en France, il est facile du point de vue administratif, mais pas toujours évident dans la pratique quotidienne. Voici quelques explications sur les équivalences du diplôme de médecine lors d’une expatriation.

Médecine en expatriation : peut-on exercer à l’étranger

Chaque pays dispose de son propre processus de recrutement des médecins. Pour s’installer à l’étranger en tant que médecin, il faudra donc, dans un premier temps, se renseigner sur la reconnaissance du diplôme français de médecine dans son pays d’accueil et suivre les procédures locales. Scarlett Law, médecin français expatrié à plusieurs reprises, témoigne : « Sur le papier, tout peut paraître simple, mais il faut prendre en compte le facteur temps, qui peut-être frustrant parfois. La langue peut aussi représenter un obstacle, pourtant une fois dans le bain, ça va vite. »

Une reconnaissance du diplôme automatique en cas d’expatriation dans l’UE

En votre qualité de médecin français, vous pouvez bénéficier d’une reconnaissance automatique de vos diplômes dans tous les pays membres de l’Union européenne, à la condition, cependant, que votre spécialité soit visée par l’annexe V de la Directive 2005/36/UE pour la France et pour l’Etat d’accueil.

Par conséquent, en tant que médecin français, vous pourrez vous installer en Belgique ou en Italie sans trop de difficultés.

Comment procéder ?

  • Contactez l’autorité compétente du pays visé afin de vous assurer de la procédure à suivre.
  • Soumettez vos diplômes accompagnés d’attestations de conformité à la Directive 2005/36/UE, délivrées par le Service Tableau du Conseil National de l’Ordre des Médecins.
  • L’autorité compétente pourra vous demander des documents complémentaires tels qu’un C.V., un extrait de casier judiciaire ou encore une preuve de nationalité.

Attention cependant, des spécificités existent dans certains pays. En Angleterre par exemple, l’inscription au conseil de l’ordre ne donne pas forcément le droit de travailler dans le système public. Pour cela, il faudra montrer patte blanche, passer des examens supplémentaires et suivre une période d’exercice supervisée, dont la durée varie selon les cas.

Un accord de reconnaissance bilatérale avec le Québec

Il existe entre la France et le Québec, un arrangement de reconnaissance mutuel, permettant aux médecins français d’exercer au Québec sous certaines conditions :

  • être titulaire d’un diplôme de docteur en médecine décerné par une université française ;
  • détenir une spécialisation conformément à l’annexe I de l’arrangement ou une formation en médecine générale;
  • être inscrit au tableau de l’Ordre des Médecins en France sans restriction, ni limitation ;
  • réaliser avec succès le stage d’adaptation de 3 mois au Québec.

Comment procéder ?

  • Contacter le Collège des Médecins du Québec.
  • Remplir le formulaire de demande de permis d’exercice et joindre tous les documents nécessaires.
  • Trouver un établissement prêt à vous parrainer pour votre recrutement. Pour cela, vous pouvez contacter Recrutement Santé Québec (RSQ) ou une agence du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Une reconnaissance aléatoire dans le reste du monde

Pour les autres pays, il sera nécessaire d’étudier la situation au cas par cas. Aux États-Unis par exemple, le diplôme n’est pas reconnu. Pour exercer en tant que médecin au pays de l’oncle Sam, vous allez devoir repasser tous vos diplômes. Même chose à Singapour ou Hong Kong par exemple.

Dans la plupart des pays d’Amérique latine, une fois l’inscription terminée, vous devrez travailler pendant un an en “service social”, avant de pouvoir vous installer en tant que médecin libéral. Vous allez alors devoir assurer la permanence des soins pour des populations reculées, le tout pour un salaire malheureusement très faible.

Et s’il n’est pas possible de pratiquer ?

Scarlett Law conseille : « Pendant son expatriation, il est possible de faire des remplacements en médecine générale lors de nos retours en France. Une bonne solution pour garder la main, lorsque l’on ne peut pas exercer pendant notre expatriation. Comment faire ? J’ai personnellement continué a cotiser pour l’Ordre car cela permet aussi de pouvoir prescrire lors de nos séjours en France (toujours très sollicités par les membres de sa famille et ses amis…), permet de remplacer (toujours bienvenu durant les séjours estivaux). La cotisation URSSAF dépend du revenu déclaré et pour l’assurance, j’avais réussi a négocier un tarif pour un certain nombre de semaines de remplacement par an…C’est un coût mais couvert par les revenus effectués et puis l’important c’est de ne pas perdre la main. C’est un choix. »

De retour en France après une expatriation : toujours médecin ?

En France, un médecin diplômé d’une université française le reste toute sa vie. La réinscription au conseil de l’ordre est de plus extrêmement rapide, puisque cela ne prend pas plus d’une semaine. Par contre, la réintégration peut être difficile. Il n’existe aucun accompagnement pour les médecins de retour d’une expatriation. Sur ce point, Scarlett Law a connu quelques déceptions… : « J’ai fait le choix d’un centre de santé pour démarrer, reprendre mes marques avec le système français, recréer un réseau de confrères avec qui travailler. C’est dur, car personne ne vous attend. Tout paraît très différent. Votre expérience vous a ouvert les yeux et vous revenez enrichi de cette expatriation. Je me suis sentie comme une étrangère. J’ai aussi réalisé à quel point nous sommes gâtés en France, malgré le délabrement actuel de notre système de soin. La lourdeur administrative est partout… La dessus, on n’est pas dépaysé. »

Et puis, après tout ce temps, difficile d’être reconnu : « Il faut se battre. L’avantage c’est que la démographie des professions medicales-paramedicales est a notre avantage..les besoins sont colossaux…peut être moins a Paris/Lyon/Marseille, bien que… »

Des pistes pour faciliter la réinstallation des médecins français après une expatriation

Pour Scarlett Law, “il faudrait qu’il existe un groupe, WhatsApp ou Facebook, de professionnels de santé (médecins, infirmières, kiné, etc.). Nous pourrions nous retrouver ainsi régulièrement pour un moment convivial et surtout, pour partager nos expériences. Nous pourrions échanger nos tuyaux, nos bons plans. Cela serait utile aussi pour nous créer un réseau et se sentir de retour.”

Vous êtes médecin, vous avez été expatrié et vous avez rencontré des difficultés en rentrant en France? Contactez-nous! L’un des credo d’Expat Communication, c’est l’idée que les expats de retour peuvent contribuer à réformer la France, à condition d’unir leurs énergies ; seul, on n’a aucun effet et on se décourage. Alors, écrivez-nous !

Pour aller plus loin :

Site du Conseil National de l’Ordre des médecins

Le podcast Exexpat parle aussi du retour difficile du corps médical en France.

Article rédigé par Agnès Mongin, à Singapour.

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