Partis à Yaoundé, au Cameroun en mission humanitaire

YAOUNDE

Après notre mariage, nous avions décidé de partir à l’étranger, en mettant nos compétences au service d’un pays du Tiers Monde. Découvrir et servir, c’était là les deux objectifs que nous recherchions. A Yaoundé, mon mari était professeur de sociologie à l’université catholique, et moi-même, après quelques mois pour trouver du travail, je coordonnais un projet de lutte contre le sida dans les entreprises forestières. Nous avions décidé de vivre dans des conditions locales. Je suis moi-même enfant d’expatriés, et si je suis très heureuse de cette expérience qui m’a donné le goût du voyage, nous ne voulions pas partir dans des conditions qui auraient créé un trop grand décalage avec le quotidien de ceux que nous voulions rencontrer. Nous sommes donc partis un peu comme des fous, sans autre sécurité que nous deux, sans lien d’aucune sorte avec une institution occidentale.

L’arrivée au Cameroun à Yaoundé

L’arrivée au Cameroun a été un vrai choc : Yaoundé est une ville que nous adorons aujourd’hui, mais après une adaptation à ses « charmes » pas toujours simples. Nous vivions dans un quartier populaire, où nous étions les seuls blancs, et où il nous a fallu nous habituer à faire la lessive à la main, à avoir toujours des bougies facilement accessibles en cas de coupures d’électricité, et à remplir des fûts en cas de coupure d’eau. Les deux types de coupures étant très fréquentes…

Les difficultés du quotidien

Ce qui a été difficile ? S’adapter à un quotidien où nous étions constamment confrontés à une réalité d’une violence qui nous était inconnue jusqu’alors. Une autre violence que celle dont on parle en France. Une violence de la pauvreté, où la mort est quotidienne, où les conditions de vie font que nos camarades n’avaient pas de protection sociale, aucune des sécurités de l’Occident. Au Cameroun, même à Yaoundé, la capitale, des enfants meurent du paludisme. Le chômage est extrêmement élevé. Je me rappelle cette jeune femme toujours de bonne humeur, qui faisait à manger dans une baraque de planches en plein centre ville. Un jour elle demande à me parler : « Tu sais je n’ai pas toujours fait ça, la nourriture. J’ai une licence d’espagnol. Alors si tu pouvais m’aider à trouver un travail… » Un ami du quartier, lui aussi au chômage, nous explique un jour qu’il est plus facile pour nous les occidentaux de faire des études. Lui, il avait une maîtrise de biologie. Mais il avait dû, tout au long de son cursus universitaire, faire la queue 3 heures s’il voulait avoir accès à l’unique microscope de l’université.

Fréquemment, il y avait dans les journaux ou à la télévision des images atroces d’accidents de la route. Des routes dangereuses, des véhicules en mauvais état et donc dangereux aussi et pas de possibilité de soins en urgence. C’est ça aussi la violence du quotidien. Un quotidien difficile, qui vieillit les corps avant l’heure. Combien de femmes à peine plus âgées que ma mère me paraissaient avoir l’âge de ma grand-mère…

Les rencontres

Les habitants du quartiers

En dépit de toutes les difficultés, nous avons été bénis pendant notre séjour. Nous partions à la rencontre d’un peuple, et les rencontres là-bas ont été d’une humanité, d’une qualité, d’une vérité extraordinaire. Il a fallu du temps d’abord pour comprendre les codes, et apprendre à dépasser les préjugés qui font que les blancs sont d’abord vus comme des portemonnaies sur pattes ( !). Avec leur ton chantant, les camerounais disent que le français est élastique. Mais il nous a fallu nous adapter à leur manière de parler que nous comprenions difficilement les premiers temps.

La bénédiction des rencontres ?! Quand mon mari partait en mission quelque temps et que je me retrouvais seule, j’étais chaque soir invitée chez les voisins pour partager leur repas. Je repense à Lydia, cette femme du quartier, qui vivait très mal de la vente de beignets. Dans une toute petite maison qu’elle avait sans doute construite elle-même. Un jour elle a appris que comme elle avait construit sa maison sur un terrain inondable, elle devait quitter les lieux. Rien, aucune compensation, aucun accompagnement d’aucune sorte. Depuis maintenant 3 ans elle vit avec l’angoisse de voir sa maison détruite par les bulldozers de l’administration. Et pourtant le soir de notre fête de départ, elle dansait, elle dansait : « Maman Lydia a juste oublié tous ses problèmes de maison, elle est juste heureuse de danser » disait-elle un large sourire aux lèvres.

La joie des rencontres

C’est ça l’intensité des rencontres, et des émotions que nous avons vécues. Tout est si fragile que la joie est vécue avec tout son être, toutes ses forces, et elle est beaucoup plus grande. Comme si le cœur se dilatait avec les joies et les peines.

J’ai choisi de parler des transformations intérieures, et des leçons d’humanité que nous rapportons, plutôt que de nos projets et travaux. Bien sûr, comme beaucoup de bonnes volontés, nous avons été confrontés aux paradoxes multiples des projets de développement, et nous pourrions évoquer des heures durant les malentendus et les déceptions, les petites réussites et les grands espoirs. Mais le plus précieux dans ce voyage c’est la fraîcheur et la tendresse des liens tissés, qui nous lient pour toujours à un peuple, qui nous habitent aujourd’hui dans notre nouveau quotidien parisien, presque deux ans après notre retour.

Par Caroline à Yaoundé (repartie depuis au Cameroun !)

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