L’éducation des enfants : le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté dans les pays en développement

L’éducation des enfants : le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté dans les pays en développementEt si on accompagnait durablement les pays en développement par l’éducation des plus jeunes? 

Depuis 2002, le Partenariat Mondial pour l’Education (PME) soutient 65 pays en développement. Il accompagne l’objectif de développement durable préconisant l’éducation de tous les enfants du monde à l’horizon 2030.

Au mois de février dernier, la capitale du Sénégal a accueilli la 3ème conférence sur le financement de ce partenariat. Elle a permis l’engagement de nouveaux financements de ses membres pour la période 2017-2020, de nouvelles orientations et accueilli de nouveaux acteurs publics et privés.

 

Les progrès de l’éducation dans les Pays en développement depuis 2000

Grâce à l’effort international, le nombre d’enfants et d’adolescents sachant lire, écrire et compter n’a jamais été aussi important. En l’espace de 16 ans, le programme a permis à 72 millions d’enfants supplémentaires d’aller à l’école primaire. En 2015, 76 % des enfants achèvent le cycle de l’école primaire dans les pays en développement partenaires, contre 63 % en 2002.

Depuis 2000, le nombre d’enfants privés d’éducation est passé de 100 millions à 58 millions. La parité dans l’enseignement est atteinte dans deux tiers des pays et l’enseignement secondaire a globalement progressé. Aujourd’hui, en Afrique francophone, 80 % des enfants vont à l’école contre seulement 50 % en 1990.

 

Un engagement qui porte ses fruits

Le but que vise le PEM est de garantir à chaque enfant une éducation de base de qualité. La priorité de son action sera donnée en direction des plus pauvres. C’est-a-dire à ceux qui vivent dans les pays touchés par la fragilité et les conflits.

Le PME encourage les gouvernements des pays en développement partenaires à augmenter leur budget alloué à l’éducation.

Leur portefeuille des dépenses publiques doit atteindre la barre symbolique des 20 % si le pays veut pouvoir bénéficier des fonds du PME.

Concrètement, entre 2014 et 2015, 78 % des pays partenaires ont maintenu leur budget de l’éducation à un minimum de 20 % de leurs dépenses publiques, selon le rapport annuel 2015-2016.

 

L’action des contributeurs

Les pays donateurs

Les pays donateurs fournissent un appui technique et financier pour aider les pays en développement partenaires dans la conception et la mise en œuvre de leurs stratégies d’éducation. Ils contribuent au financement de l’éducation de façon bilatérale et par le biais du Fonds du GPE.

Les pays partenaires

Les pays partenaires se chargent de la réalisation des objectifs sur le terrain. Alors que le PME établit une analyse précise des besoins et tend à renforcer les capacités techniques. L’organisation s’attache, par exemple, à vérifier si les écoles d’un pays partenaire sont en nombre suffisant, s’il y a assez de manuels ou d’enseignants. Si ça n’est pas le cas, elle en informera le pays en question. Ensuite, elle établira une feuille de route pour remédier techniquement à cette situation.

 

La conférence de Dakar donne un nouveau souffle au Programme

Pour la première fois, une conférence de financement était organisée conjointement par le dirigeant d’un pays du G7, Emmanuel Macron, et le dirigeant d’un pays en développement, Macky Sall président du Sénégal.

Cette initiative inédite entre pays en développement et contributeurs souhaitait symboliser l’esprit d’un nouveau partenariat.

La conférence sur le financement du GPE a réuni plus de 100 pays (Pays en développement et pays donateurs), des organisations multilatérales comme l’UNESCO, l’UNICEF, l’ONUSIDA, le HCR, la Banque mondiale, de la société civile, des fondations à vocation philanthropiques et le secteur privé. Son objectif était de réunir 3,1 milliards de dollars pour la période 2018-2020. Réunir cet argent permettrait à 26 millions d’enfants supplémentaires d’aller à l’école. Les plans d’éducation seront la mise en œuvre dans 67 pays en développement.

 

Les annonces pour que davantage d’enfants bénéficient de l’éducation qui leur est due

Cette conférence a deux résultats immédiats. D’abord, la démonstration sans précédent d’une volonté politique mondiale en faveur du financement de l’éducation. Ensuite, une large reconnaissance du Partenariat mondial de l’éducation comme le catalyseur de progrès tangibles vers l’atteinte de l’Objectif de développement durable préconisant l’éducation de tous les enfants du monde à l’horizon 2030.

Mais au-delà… quelle enveloppe, quelles promesses de contribution et quelle priorité ?

 

L’éducation doit devenir une priorité en matière de politique de développement

Plus de 50 pays en développement étaient présents à la conférence de Dakar. Ils ont annoncé qu’ils augmenteraient leurs dépenses publiques consacrées à l’éducation pour la période 2018 – 2020.  L’objectif est d’atteindre un montant total de 110 milliards de dollars, contre 80 milliards de dollars entre 2015 et 2017. En outre, le GPE  les encourage dans cette voie pour atteindre 20 % de leur budget total. Sur les États qui s’y sont engagés pendant la conférence, plus de deux-tiers atteindront cet objectif d’ici 2020.

Les bailleurs se sont engagés à contribuer 2,3 milliards de dollars aux Fonds du GPE pour les trois prochaines années.

Cette somme constitue une augmentation importante en matière de financement. En comparaison, au cours des trois dernières années le fond a reçu 1,3 milliards de dollars de contributions. Ceci n’est toutefois que le début d’un processus, plusieurs États donateurs ayant d’ores et déjà indiqué leur intention de promettre d’autres contributions.

La conférence réunissait de grands donateurs comme le Royaume-Uni (430 millions de dollars), l’Union européenne (400 millions), la Norvège ou le Canada. Plusieurs pays se déclareront plus tard, comme l’Allemagne et les Pays-Bas. Le PME devrait ainsi atteindre son objectif d’accroître ses fonds de 50 %, après les 2 milliards de dollars réunis en 2014-2017.

 

Le cas de la France 

L’aide à l’éducation est un secteur que la France a délaissé. Notre pays figure parmi les pires élèves des pays contributeurs. Sa contribution ces dernières années a été en effet ridiculement basse. Notamment, 17 millions d’euros au total lors du dernier cycle 2014-2017, dont seulement 1 million la première année. Une situation qui perdure depuis la création du PME, car la France n’a contribué qu’à hauteur de 2,3 % de son financement total. Quand le Royaume-Uni a, lui, contribué à hauteur de 22 %.

Emmanuel Macron a annoncé que la France contribuerait à hauteur de 200 millions d’euros sur le triennum. Cela la place pour l’avenir au 4ème rang des donateurs du Partenariat. « Notre volonté est d’utiliser à plein ce que le PME permet de faire, d’avoir une stratégie en matière de développement de l’offre éducative et de la formation des enseignants », avait-il précisé. (cf.Action de la France pour les pays en développement pour l’éducation,  la formation, l’insertion )

L’Agence française de développement (AFD) déploiera également 100 M € en subventions. L’argent sera alloué à l’éducation dans les pays qui en ont le plus besoin au cours des trois prochaines années.

 

Nouvelle initiative en matière de données avec le secteur privé

Aux côtés de plusieurs partenaires du secteur privé, le GPE a lancé une nouvelle initiative sur les solutions relatives aux données de l’éducation. Elle permettra d’améliorer les capacités des pays en développement à collecter et exploiter des données exactes, complètes et pertinentes. Ces données aideront les pays à mieux cibler leurs ressources et à identifier les domaines nécessitant des améliorations au sein de leur système éducatif.

L’initiative réunira sept entreprises partenaires – Mastercard, HP, Econet, Intel, Ecobank, Microsoft et Tableau. Ils ont annoncé leur intention de rechercher des solutions innovantes, de favoriser la pensée créative et la technologie moderne dans ce domaine. Le but est d’apporter des améliorations en matière de gestion des données de l’éducation au niveau communautaire, régional, national et mondial. Cette mission s’inscrit dans le cadre de l’action du GPE en matière d’échange de connaissances et de solutions innovantes.

 

L’accès à l’école des petites filles est LA nouvelle priorité du programme

Cette année, l’accent sera mis sur la scolarisation des petites filles, les premières touchées par ce constat. 15 millions de filles en âge d’aller à l’école primaire n’en ont pas la possibilité encore aujourd’hui, contre 10 millions de garçons. Sur ces 15 millions, 9 millions vivent en Afrique subsaharienne. Ce sont des statistiques de l’Institut de statistiques de l’Unesco (ISU). Globalement, les filles ont une probabilité une fois et demie plus élevée d’être exclues de l’école primaire.
Des chiffres issus du secteur de l’éducation qui se répercutent sur la société tout entière d’un pays. Ainsi chaque année de scolarité supplémentaire dans le secondaire réduit la probabilité de se marier avant l’âge de 18 ans de 5 %, parfois plus. (cf. 8 visions de l’éducation des filles à travers le monde)

 

Attention il reste tellement à faire

Voici l’avis de la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore qui participait à la conférence. Elle regrettait que l’éducation soit considérée comme moins vitale que d’autres urgences de l’aide internationale, comme la santé ou la malnutrition. « Les nouveaux engagements importants qui ont été pris ne seront pas suffisants pour venir à bout de la crise de l’éducation. Dans le monde, 264 millions d’enfants et de jeunes restent non scolarisés, la plupart étant des filles ; 617 millions d’enfants sont scolarisés, mais n’acquièrent pas les compétences de base du fait de la qualité médiocre de l’éducation dont ils bénéficient. Et plus de 700 millions d’adultes ne savent ni lire ni écrire, dont deux tiers de femmes » confiait-elle.

Au total, les ressources dégagées lors de la conférence de Dakar doivent atteindre ceux qui en ont le plus besoin. Cela permettra de garantir, au cours des trois prochaines années, que davantage de garçons, de filles, de jeunes et d’adultes, en particulier issus des groupes défavorisés exercent pleinement leur droit à l’éducation qui leur est dû.

Sabine Cros-Scherer 

 

Pour aller plus loin:

Liste des pays en développement partenaires 
Liste des pays donateurs

 

Sabine Cros-Scherer est responsable des pages Education de femmexpat. 
Ecrivez-lui à sabine.cros@femmexpat.com

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