Uniforme à l’école, la tenue « tendance » des expats ?

Uniforme-a-l-ecole-la-tenue-tendance-des-expats« Un uniforme ? Mais c’est un sacré retour à l’ordre moral non ? » s’interrogent les expatriés français en inscrivant leur enfant à l’école de leur quartier.

Cet usage surprend certains d’entre nous épris de laïcité. Pourtant l’uniforme est incontournable dans de nombreux pays. Ecole publique ou privée peu importe. Aujourd’hui, il gagne du terrain en métropole. Doit-on s’en inquiéter ?

 

L’uniforme, une tendance anglo-saxonne 

Nos enfants expatriés sont souvent familiers de l’uniforme. Au Royaume-Uni, 98 % des établissements secondaires imposent à leurs élèves de porter un uniforme complet. Dans le primaire, 79 % des écoles l’exigent. Dans les 80% de ces dernières, les jeunes filles ne mettent pas de pantalon et tous les élèves portent une cravate.

La plupart des pays du Common Wealth suivent cette usage. Ainsi en Australie, à Costtesloe Primary school, les enfants arborent tous un bel uniforme à la rentrée en février. Egalement, la British school of Amsterdam (Nursery au A Level) exige le port de l’uniforme. 

Les uniformes sont également présents dans la majorité des écoles au Japon et en Corée du sud.

En Allemagne, les uniformes scolaires étaient courants avant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, ils ont été presque complètement abandonnés car ils étaient directement associés à l’enrôlement militaire nazi. Récemment, ils sont réapparus dans les écoles.

Essentiellement pour leurs effets supposés bénéfiques sur la discipline et pour contrer la « guerre des marques » entre élèves.

La plupart des écoles publiques des États-Unis n’imposent pas d’uniforme. Mais comme au sein de l’école Marietta en Georgie, elles ont généralement des codes vestimentaires. Ceux-ci réglementent en particulier la longueur des jupes, la surface de peau exposée. Ils incluent aussi, en général l’interdiction de vêtements troués ou abîmés.

Si, en France métropolitaine, les uniformes ne sont pas obligatoires, ce n’est pas vrai du reste du territoire. Ils sont en effet très répandus en Outre-mer, notamment en Martinique où plus d’un tiers des écoles publiques imposent l’uniforme à leurs élèves. Le port de l’uniforme au lycée y est de nouveau de rigueur depuis la rentrée 2008.

 

Ecoles internationales et écoles françaises dans le monde

Les écoles internationales n’exigent pas le port d’un uniforme durant toute la scolarité. A Munich, la Bavarian international School (BIS) proposant le Bac international (IB) n’a pas d’uniforme au quotidien. Pour autant, ils ont une tenue de sport imposée. Situation identique à Amstelveen à l’International School of Amsterdam (ISA).

Notre réseau d’écoles françaises à l’étranger (AEFE ou Mission laïque française) relevant de l’Etat Français n’impose pas, comme en métropole, le port de l’uniforme. Mais ici aussi il y  a quelques exceptions. 

Pas d’uniforme obligatoire donc à Bogota au Lycée Français Louis Pasteur, à Munich au Lycée Jean Renoir, au Portugal au Lycée Charles Lepierre ou même au Lycée Français d’Irlande à Dublin.

 

L’uniforme : marqueur d’appartenance à une communauté et un vecteur d’égalité

Il va pourtant falloir peut-être expliquer l’intérêt de l’uniforme à votre fille qui va passer les trois prochaines années de sa vie en veste rouge et kilt marron… Il faudra également trouver un mot pour votre fils qui s’exaspère de rater pour la huitième fois son nœud de cravate…

A l’étranger, l’uniforme constitue un signe fort reflétant une culture, une appartenance mais aussi un élément d’intégration. On fait partie d’un groupe d’une famille, d’une école avec ses codes, ses règles, ses droits et devoirs.

Pour l’élève, il s’agit de porter haut les couleurs de son école. Sur le chemin de l’école, les enfants s’agrègent par couleur.

Eléments de fierté et de responsabilité, l’uniforme renforce ici l’appartenance de l’élève à une communauté qui s’en trouve valorisée.

L’uniforme à l’école permet également d’aplanir les différences sociales entre les familles au sein de l’école. Fini les marques qui exigent des dépenses lourdes pour les familles modestes. Dans l’enceinte de l’école tous les élèves sont ainsi à la même enseigne.

 

Nouvelle tendance ou retour aux traditions ?

La plupart d’entre nous n’ont jamais connu de salle de classe monochrome, alors l’école en bleu et blanc à la Doisneau, mythe ou réalité ?

Dans une interview dans la presse française, l’historien de l’éducation Claude Lelièvre affirmait qu’« il n’y a jamais eu ni loi, ni décret, ni prescription imposant un uniforme à l’école publique ». L’idée de « retour à l’uniforme » est donc erronée.

Si l’uniforme à l’école publique n’a jamais existé en France, la blouse a longtemps été portée dans les écoles élémentaires. Jamais obligatoire mais très répandue, elle a cependant peu à peu disparu des salles de classes, car elle servait à protéger les vêtements des taches de stylos-plumes. C’est donc à la fin des années 1960, avec l’arrivée du stylo Bic et des vêtements à bas prix, que les élèves arrêtent de porter des blouses.

 

Et si vos enfants passent un jour par la case école en France…

Depuis la fin des années soixante, seules les écoles privées (‘L’institut de la Tour, les Écoles Tunon, Vatel..) ou militaires (Maison d’éducation de la légion d’honneur) peuvent imposer un uniforme à leurs élèves. L’uniforme devint alors un signe de distinction entre école publique et privée.

Dans le public, une circulaire de 2011 n’interdit que les tenues qui ne seraient « pas convenables ». C’est au conseil d’école, où siègent le directeur, les professeurs et un conseiller municipal, de définir dans le règlement intérieur les limites en matière vestimentaire.

Les Français traduisent ici un thème qui leur est cher : leur attachement à la laïcité. L’uniforme reste, aujourd’hui encore, largement associé à l’école privée et à l’aspect confessionnel ou militaire de certaines d’entre elles.

Mais attention, les mentalités évoluent. Et selon un sondage IFOP effectué en 2017, déjà 63 % des Français sont favorables au port de l’uniforme.

 

L’uniforme : un choix désormais possible

Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale déclarait il y a peu, être favorable au port de l’uniforme pour les écoles qui en font la demande. Ses raisons sont variées, poussées par un désir d’égalité, d’efficacité et aussi de modernité.

Pour le ministre, l’uniforme permet de gommer les inégalités sociales et de créer une communauté autour de l’école. Il précise que l’uniforme “peut être une réponse” à des “phénomènes matérialistes un peu stupides” liés à l’engouement pour certaines marques de vêtements. Il ajoute toutefois qu’il ne faisait pas de cette pratique “l’alpha et l’oméga d’une politique éducative”.

Depuis mars 2012, les élèves de l’internat d’excellence de Sourdun (77) portent un uniforme scolaire (chemise blanche, cravate noire, costume noir pour les garçons ; veste noire, chemise blanche, jupe ou pantalon noir pour les filles).

C’est aussi le cas à l‘école de Tersac, près de Bordeaux. Egalement, et après quelques remous, l’uniforme semble maintenant accepté dans le lycée privé Saint Jean de Passy à Paris.

En Seine-et-Marne, les parents d’élèves des six écoles publiques élémentaires de la ville de Provins, ont voté lors d’un référendum organisé à l’échelle communale en faveur du retour de l’uniforme. Ce changement va concerner près de 700 élèves à la rentrée 2018. Reste que cette mesure n’a pas fait l’unanimité au niveau des parents et enfants. « C’est nul, c’est comme si on remontait en arrière » disent certains d’entre eux…

 

Le mariage entre tradition et modernisme avec le bon sens comme témoin ?

D’autres établissements cette fois-ci à l’étranger comme le lycée français de New-York ou encore le lycée Internationale Winston Churchill de Londres (LIL) optent pour un dress code.

Comme la plupart des écoles indépendantes britanniques, ce dernier lycée français à Wembley requiert pour tous les élèves une tenue codifiée, « reflet de son identité et garant d’égalité » comme l’indique son règlement intérieur. Les jeans y sont interdits ainsi que les baskets. Ni veste ou cravate ne sont obligatoires seulement une chemise et un pantalon bleu marine.

« Il faut dépassionner le débat sur ce sujet, regarder de manière concrète ce qui peut être positif », recommande Jean-Michel Blanquer. Il existe déjà en France une grande disparité entre les règlements intérieurs des établissements scolaires. Beaucoup de directeurs ont déjà interdit par exemple les jeans troués et les casquettes à l’intérieur de l’établissement. Certains sont allés même plus loin comme le lycée Condorcet de Limay (Yvelines). Cet établissement interdit les joggings… De nombreux lycées privés comme le lycée privé Stanislas à Paris exigent le port de chaussures de cuir à semelles foncées et de chemises à col.

Alors finalement, le pragmatisme doit l’emporter à la lueur des expériences passées et du monde qui nous entoure. Que chaque établissement choisisse comme l’autorise tout dernièrement notre ministre. Nous, expats, nous savons déjà que le port de l’uniforme à l’étranger résonne de tout autre façon pour nos enfants.Facilitateur de vie, d’intégration au sein de la nouvelle école, l’uniforme est le garant de l’égalité entre tous en rassemblant petits expats et locaux sous une même enseigne.

 

Sabine Cros-Scherer

 

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