Au Laos, Isabelle offre son toit aux Français bloqués par le Covid-19

SOS-Un-Toit-Au-Laos-UNE Femexpat-559x520Isabelle et Daniel vivent depuis deux ans, une retraite paisible dans la campagne laotienne. Lorsque l’épidémie de Covid-19 frappe le monde, le couple finalise les détails d’un voyage en Thaïlande. Mais les frontières se ferment et tout s’annule. Ils découvrent l’existence de la plateforme solidaire « SOS un Toit » mise en place pour favoriser l’accueil des Français bloqués à l’étranger en raison du coronavirus. Ils décident très vite d’ouvrir les portes de leur maison.

Récit d’une rencontre improbable entre jeunes baroudeurs et retraités français au Laos. 

 

Au tout début, les vents venant du Nord on bien chuchoté des histoires sordides de maladies et de confinement…

Mais sous le soleil et l’ambiance nonchalante, personne n’a pris au sérieux le danger. Il y a bien eu des cas de malades à la toux persistante au village mais on croyait encore à une simple grippe.

Confiants et sereins, nous étions concentrés sur l’organisation de notre voyage sur les plages thaïlandaises…

 

Les informations s’accumulent sur la toile, la panique submerge la planète et une information passe sous mes yeux

La  20 mars, nous prenons la route pour passer la nuit à Vientiane en vue de décoller pour nos vacances le lendemain. Nous résidons dans la campagne laotienne et il nous faut 4h de route pour faire les 160km qui nous séparent de la capitale.

Mais le 21 mars, la Thaïlande annonce sa mise en confinement et ferme ses frontières. Notre vol se voit donc annulé : nos vacances tombent à l’eau et le monde commence à s’affoler. Les informations s’accumulent sur la toile et la panique submerge la planète.

Déçus de voir nos vacances s’arrêter là mais heureux de ne pas être bloqués on ne sait où, nous rentrons donc à la maison.

C’est alors qu’une information passe sous mes yeux :

SOS Un Toit – Vous êtes un Français vivant a l’étranger et pouvez accueillir des ressortissants bloqués dans votre pays de résidence ?

 

On a un toit et deux chambres libres, nous nous portons volontaire

On s’assure que le système est officiel et réglementé.  Après vérification, il s’avère que la plate-forme SOS Un toit a été lancée par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en collaboration avec le réseau FIAFE (la Fédération des Accueils d’expatriés francophones à l’étranger). Nous voilà rassuré sur la fiabilité du système.

On a un toit et deux chambres d’amis libres. 

Après une rapide discussion entre nous, on s’inscrit le 21 mars – bien conscient qu’on en a pour un mois ou deux.

 

Dès le 22 mars, les messages tombent

En moins de 24h, nous voilà contactés par :

  • un couple de vacanciers qui cherche un logement temporaire en attendant de pouvoir rentrer en France au plus tôt ;
  • un baroudeur qui cherche à rejoindre la capitale sans savoir s’il pourra y trouver un hôtel;
  • des copines de galère qui cherchent un hébergement avant de repartir en France; 
  • un autre qui veut continuer à profiter du pays tant que c’est possible et qui cherche un toit au cas où.

Il y a aussi le message de Violette et Charlie qui sillonnent le monde en vélo avec le projet de rejoindre la France depuis la Nouvelle-Zélande. Ils ont fui un Vietnam agressif et cherchent un endroit serein en attendant que les choses se calment…

Bref, en deux jours tombe une dizaine de messages.

 

Quelques échanges pour exposer la situation et fixer nos conditions

Avant d’aller plus loin, nous précisons les conditions :

  • gratuité de l’hébergement avec participation financière pour les courses et une participation active pour la vie quotidienne.
  • maison située à la campagne, en dehors de la ville, loin des « vrais » commerces (dans la province de Vientiane et pas Vientiane City).
  • les transports en commun n’existent plus pour les étrangers.
  • nous ne sommes pas un hôtel mais un refuge.
  • maison en bois donc non-fumeur (à l’extérieur exclusivement) et pas de drogue (oui, ici, il vaut mieux le préciser).

 

Bref le 23 mars au soir, j’enlève mon annonce : nous avons 5 candidats susceptibles d’arriver

Dans l’attente, on essaie de faire le plein de victuailles occidentales mais les magasins ont déjà été dévalisé (tiens tiens ici aussi)… On se débrouillera avec ce que l’on trouve (on a même trouvé du chocolat pour les gâteaux de Violette !).

Un couple devant venir obtient finalement des places dans l’avion du 28 mars.

Un autre larron, toujours à Luang Prabang (dans le Nord du Laos),  galère pour obtenir tout les papiers nécessaires à son autorisation de départ via la Thaïlande. Le pays impose en effet aux personnes en transit une attestation d’assurance (prenant en charge le covid et d’un montant minimum) ainsi qu’un certificat médical. Finalement il sera parmi les premiers Français à profiter des vols organisés par l’Ambassade de France – priorité aux familles, malades chroniques, aux + de 50 ans … (On peut saluer au passage l’équipe du dispensaire français qui a oeuvré au départ de tous ces Français bloqués comme lui).

Violette et Charlie, nos cyclistes campeurs, nous rejoignent en allant à leur rythme entre la chaleur le jour et les orages la nuit. Ils seront à la maison le 26 mars dans l’après midi.

 

Du 30 mars au 19 avril, le Laos se confine

Comme partout dans le monde, les mesures se durcissent au Laos : plus de déplacements possibles entre provinces (donc pas d’accès à la capitale), suspension des liaisons terrestres et aériennes,  fermeture des frontières.

Il n’y a pas d’obligation stricte mais on nous demande de rester au maximum chez nous, de porter un masque et d’éviter de nous rassembler – même pour des événements privés.

Les choses se durciront à partir du 11 avril pour la semaine du nouvel an bouddhiste avec l’interdiction de vendre et de consommer de l’alcool ainsi que l’interdiction de sortir du village (reste la possibilité d’aller à la première « ville » avec une autorisation du chef du village).

Pendant ce temps-là, les ambassades s’organisent pour évacuer un maximum de personnes. Les pages facebook regorgent de bons plans et de conseils. La solidarité se met en place pour permettre des colocations de maisons, les renouvellement de visas, les transports vers la capitale avec les fameux sésames émis par les différentes ambassades pour se déplacer, etc.

Puis petit à petit tout le monde se calme alors que les températures dépassent les 40°c. Chacun attend les hypothétique orages et l’ouverture de frontières …

Le 18 mai, le Laos permet à nouveau les mouvements entre provinces. Et nos cyclistes reprennent la route vers les montagnes du Nord et la mythique ville de Luang Prabang, en attendant de pouvoir passer en Chine et de reprendre leur voyage à travers l’Europe.

 

Ce confinement « partagé » : une folle aventure humaine

Nous n’avons pas vu ce temps de confinement passer, l’absence de vie sociale avec nos amis a été compensée par la présence de ces jeunes ayant l’âge de nos enfants. De leur côté, ils ont pu vivre sereinement, sous un toit sécurisé, cette période hors du commun.

Bien sûr pour « nos petits jeunes » (ils ont l’âge de nos enfants), avides de voyages, l’obligation de rester sur place a pu être difficile, mais nous avons partagé d’excellents moments.

Nous venons de vivre presque deux mois de vie commune. Et entre les repas de 2h, les fournées de pains et brioches (3kg de farine tous les 3 jours), les gâteaux au chocolat de Violette, les dahls de Charlie, les tartes sucrées et salées, les puzzles (1.000 et 2.000 pièces), les ateliers couture, la découverte de la faune locale… le temps a finalement filé à vive allure.

Chacun s’est impliqué dans les tâches communes (préparation du repas, vaisselle, mise du couvert) et a mis de l’eau dans son vin quand ce fut nécessaire. Avec ce bon esprit, le temps est passé, à son rythme, tropical. Pour maintenir une ambiance sereine dans la cohabitation, nous logions dans deux bâtiments différents et nous prenions séparément nos petits déjeuners.

Nos jeunes ont aujourd’hui repris leurs vélos vers le Nord en attendant de pouvoir passer en Chine sur la route de la soie. Depuis, un jeune Français coincé ici est venu vivre à la maison. On va l’embaucher pour des petits travaux … mais ça c’est une autre histoire.

 

Internet offre le meilleur et le pire, il est l’humanité condensé sur un écran. Nous avons participé à un petit bout du meilleur.

Je tenais à témoigner de notre expérience car nous avons besoin de belles histoires en ces temps où tout les repères ont disparu. Le plus difficile est de faire le premier pas, nous l’avons fait en faisant confiance à notre bonne étoile et ça c’est bien passé !

La crise sanitaire n’est rien a coté de la crise économique et alimentaire qui arrive. Prenez soin de vous et des autres…. un jour vous pourriez être l’autre.

Je souhaite vraiment que l’occasion de renouveler cette expérience ne se présente pas mais si besoin on se replongera dans cette folle aventure humaine. En attendant, je vous laisse suivre les aventures de Violette et Charlie, nos cyclistes aventuriers sur leur page facebook et leur blog « Antipode Sans Carbone ».

 

Isabelle au Laos

 

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