Le retour de l’ado en France


Le retour de l'ado en France

Quand il s’agit pour l’ado (elle ou lui), en plus de sa grande mutation hormonale, de se réadapter à la vie en France… Le challenge est entier ! Le retour de l’ado est donc un sujet à part entière. 

Le choc pour l’adolescent au retour sera double : psychologique et pratique.

Le choc psychologique

Sans faire de la psycho de bazar, il y a fort à parier que ses repères vont être un peu bousculés. Il nous répète à satiété :

« Je gère, je gère, je vais assurer »

On sent bien à une légère fêlure dans sa voix qu’il part un peu dans les aigus et pas seulement à cause de sa mue.

Pour lui c’est d’abord une rupture avec ses copains, sa base

Pour le reste c’est pas qu’il nous fasse totale confiance. Non, un ado qui se respecte ne fait pas complètement confiance à ses géniteurs forcément « has been ». Mais comme il n’a pas de prise sur les événements, il se résout, terme plus approprié.

Jusqu’ici il vivait dans un univers sécurisé

Environnement scolaire et familial maîtrisés, des conditions de vie souvent favorables même si de son point de vue c’est trop cheum ou trop de la daube. Il avait une place reconnue et voilà qu’à une période clef de son développement, il va falloir reconstruire une vie ailleurs. Les ado détestent l’inconnu, c’est reconnu par l’académie des pédo-psy.

Ils témoignent :

« On dit tout le temps qu’on est la génération zapping mais mes parents ce sont les rois du zapping dans la vie : 2 ans là, 3 ans ici, départ, retour… et nous là-dedans ? »
(Benoît, 14 ans).

Le collège / Lycée

Dans les interrogations que se posent cette tranche d’âge c’est toujours celle qui revient en premier. Normal puisque c’est le cadre de leur vie sociale.

Ils vont devoir se faire une place dans des groupes constitués depuis de nombreuses années souvent. Pas facile d’assimiler les codes et d’intégrer un groupe quand on vient, pour eux, d’une quasi autre planète. La phase « d’identification » prend au bas mot six mois. Il faut se le dire, qu’on soit sociable ou non.

« Quand je suis arrivée du Pacifique dans une école catho assez élitiste ça a été le choc… J’étais, pour les autres, la sauvageonne au milieu d’un groupe bien stéréotypé. Tout le monde avait son sac E….K, moi mes cours je les trimbalais dans un panier en raphia. Pour les filles, j’étais la douce-dingo. Mais les mecs étaient plus intrigués. Sans compter les profs qui me rappelaient à l’ordre en disant qu’on n’était plus à la plage, non mais on rêve ! »
(Tit.)

Naturellement ils comparent leur vie d’avant à l’actuelle et forcément au détriment de la nouvelle

« Quand je suis arrivé à Paris, c’était comme si une mâchoire d’acier me broyait l’estomac, tout vieux, tout gris. Les mecs au lycée ne parlaient que de leurs soirées du samedi en traînant sur les voyelles : trooooop énôôôôôrme la teuf. De leurs pompes, de leurs fringues de marque… Alors j’ai fait du sport et encore du sport. »
(Félix, 16 ans)

Pas facile de s’adapter à la vie sociale quand en plus il faut s’adapter à un nouveau rythme scolaire

« En rentrant des US, j’avais oublié qu’en France il n’y a que les résultats qui comptent. Et au bout de 4 mois, les profs ne connaissent même pas le nom des élèves. Un peu forcé quand on est 36 en première. Il n’y a jamais une remarque positive alors qu’aux US, on gère nous-même notre programme, et on est toujours encouragé. Ici c’est théorie et la théorie, à la fin c’est lourd. En plus, tu as pas intérêt à raconter d’où tu viens. Tout le monde s’en fout. »
(Adrian, 17 ans)

Quand en janvier l’ado est toujours plein de nostalgie pour sa vie d’avant il convient de réagir assez vite

Sa réaction est souvent vive : Ici c’est nul !

Le vocabulaire du post-pubère étant assez limité, il faut rester attentif à ce que recouvre ce vocable. Un vrai mal-être ou un désarroi ? Plus ou moins profond ou passager ?

Boris Cyrulnik, le gourou en la matière, insiste sur le fait qu’il ne suffit pas d’en parler mais de leur parler.

On entend bien que ce n’est pas leur choix, qu’il y sont contraints et que si malaise il y a, il faut réunir les différentes composantes adultes de leur entourage pour évoluer positivement. Cet exercice les resitue en tant que sujet et non objet, d’acteur à la place de spectateur.

Le choc pratique

Il passe en premier lieu par le logement. En règle générale, il est moins spacieux que celui de notre ancienne résidence.

« Avant on avait un jardin et des chambres avec deux lits dont un pour les copines. Ici on a tout le temps les parents sur le dos, il faut pas faire de bruit, on peut pas être dix à table. Avant c’était maison ouverte et ici on a une vie riquiqui ».
(Solenne, 16 ans)

Ils s’étaient habitués à passer de l’un chez l’autre, à dormir chez leur copains. Et comme peu ou prou, on connaissait la communauté et ses ramifications, les parents aussi s’étaient habitués avec qui et ce que faisaient leurs chéris. Bref, sans les pister, on étaient en gros rassurés.

Force est de constater que nous ne connaissons que rarement les parents des nouveaux amis. D’où l’inquiétude légitime à un âge où l’on est influençable, déstabilisé. Pas facile à négocier pour notre bébé qui chausse désormais du 45.

« Je me suis tapé la honte de ma vie quand ma mère à demandé à mon copain si elle pouvait téléphoner à sa mère pour savoir si elle était ok pour que j’aille coucher chez lui. En plus elle s’est vautrée parce qu’il vit avec son père et que sa mère elle est à 500 km de là. Je l’aurais broyée. Enfin, si je suis juste, mon copain m’a dit 6 mois après qu’il aimerait bien que ses parents fassent gaffe comme les miens. Enfin, c’était quand même la honte ! »
(Arthur, 16 ans).

Mais il faut voir aussi les bons côtés

Certains ados retrouvent aussi une certaine liberté. Fini les carpools ou le bus de l’école : on peut rentrer seul du lycée ou du collège. On peut aussi aller se faire un ciné sans le prévoir trop à l’avance.

L’un dans l’autre, une fois l’adaptation faite et de nouveaux copains, tout va mieux… pour tout le monde.

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