Odile, une vie d’expat, le pouvoir de l’écriture

Odile, une vie d’expat, le pouvoir de l’écritureLorsque nous avons fait la connaissance d’Odile Zeller, c’était pour parler de son concours d’écriture. Finalement, nous avons eu envie de vous présenter la femme derrière ce beau projet.

Elle s’est construite à travers son travail et ses expatriations, mettant dans l’écriture la même force que dans tous ses projets (et elle en a encore plein !). Odile, une vie d’expat, le pouvoir de l’écriture, mais aussi une source d’inspiration ?

Mère, grand-mère et enseignante

Je m’appelle Odile Zeller. Je vis à Rome, j’ai 63 ans deux enfants.  Clémentine, 36 ans, juriste d’entreprise, vit à Puteaux, Olivier, courtier d’assurances pour expatriés, 33 ans,  vit à Singapour, papa de Maxime 4 ans. Donc je suis grand-mère.

J’ai exercé pendant plus de 30 ans comme enseignante d’allemand (Capes et doctorat). Pendant 20 ans, ma spécialité a été l’allemand commercial en écoles de commerce (ESCE et ISC)

Travailler pendant ses expatriations

La première expatriation était aux Seychelles où j’ai tenu le poste de coordinateur pour l’enseignement par correspondance pendant tout mon séjour. Pas toujours facile : mon mari était comme moi, parent d’élèves, et mon  supérieur hiérarchique indirect !

La seconde expatriation à Rabat, au Maroc, a suivi immédiatement. Nos enfants étaient petits et sont allés à l’école française. J’ai mis six mois avant de trouver un emploi dans une école supérieure. Dans tous les cocktails où j’allais (mon mari est diplomate) je disais que je cherchais un job en indiquant mes compétences. Un soir, une dame m’a dit : je crois que j’ai quelque chose pour vous … Et ça a marché ! Cela m’a permis de valider une autre année d’enseignement en expatriée même si je n’étais que recrutée locale.
En même temps, j’avais mis sur pied un projet d’entreprise de vêtements pour enfants. Cette entreprise n’a jamais démarré à cause d’une longue grève des PTT français. 

Ensuite nous avons eu une longue période en France. J’étais passée dans le supérieur, après deux années de reprise des études et un DESS d’allemand économique en mains.

La Hongrie, début d’écriture

L’étape suivante, je n’ai pas suivi mon mari mais je naviguais entre la France et la Hongrie. Une expérience formidable ! J’étais toujours l’invitée et sans les enfants qui étudiaient en France. J’ai commencé à écrire dans un atelier d’écriture de la région parisienne et sur place, à Budapest,  dans les cafés. Plusieurs de mes nouvelles ont été publiées. Mon mari avait été nommé ambassadeur et par conséquent tous les aspects matériels étaient assurés. J’avais cette grande chance.

Je revenais pour toutes les vacances. J’assistais aux grands événements quand c’était possible. La flexibilité était assez facile dans les écoles supérieures, j’anticipais les cours ou je les rattrapais. J’ai eu la chance de participer à la visite du président Sarkozy à Budapest, le jour de notre départ de Hongrie.

L’Indonésie de loin

Le poste suivant a été l’Indonésie. Le choix a été difficile du fait de la distance. Nous avons décidé de tenter l’expérience. Je venais d’être nommée chef de département. C’était mon rêve. Au bout d’un an, la situation était plus claire : la vie à Jakarta était compliquée, les réceptions avaient lieu dans les grands hôtels et ma présence n’était pas forcément très utile. J’ai entendu que je n’étais jamais là, ce qui n’était pas faux. J’y étais un tiers du temps mais pas en même temps que d’autres.

Je venais pour toutes les vacances ainsi que janvier et février. La flexibilité de l’année universitaire s’est réduite et la fatigue a augmenté. Pour tenter l’expatriation au Canda, j’ai demandé un congé sabbatique pour ne pas perdre mon poste dans un premier temps.

Canada, l’écriture à plein temps

Je me suis expatriée à plein temps à Ottawa. L’objectif était d’écrire, uniquement. La première année, comme période d’essai, l’année sabbatique a été une bonne chose, une transition. Si cela ne marchait pas, je pouvais rentrer, reprendre mon job.

Avant de partir j’ai repris contact avec une maison d’édition de guides pour enfants. Ils étaient d’accord pour que j’écrive le guide JO à Berlin pour les éditions Sikanmar.

Ensuite j’ai lancé un mini atelier d’écriture à deux  dans un musée. Nous avons participé à un atelier organisé par une écrivaine canadienne. Là nous avons trouvé notre troisième, les trois suivantes sont venues peu à peu. Nous étions six : 4 épouses d’ambassadeurs et deux Canadiennes.

De l’atelier d’écriture à la publication de recueils

En deux ans, nous avons écrit un recueil de nouvelles sur un magasin général fictif dans un village fictif. Nous avons mis en scène des destins de femmes. Le lancement a été un grand moment d’émotion.Odile, une vie d’expat, le pouvoir de l’écriture

Nous avons continué avec un  recueil sur les couleurs puis avec un concours de nouvelles. En parallèle j’ai publié un roman. J’avais déjà publié un recueil de nouvelles en France chez un éditeur régional et différentes nouvelles dans des revues ou des recueils collectifs.

Maintenant je suis à Rome. Et je continue dans un cadre différent

Le travail, ma liberté

La plus grande difficulté, pour moi, est l’autonomie. J’aime ma liberté et ayant toujours travaillé, être dépendante financièrement m’est difficile. Nous avons en tant qu’épouse une petite prime que nos conjoints touchent. C’est une reconnaissance mais travailler… Cela parait plus valorisant.  J’ai pu dans les différents postes avoir une activité qui me donne un peu d’argent de poche !

L’impression de tourner en rond est parfois forte. Je n’avais plus d’enfants avec moi et sortir pour sortir est vite lassant. C’est une amie canadienne qui m’a donné le conseil de sortir pour écrire comme si j’allais au bureau, tous les jours. J’ai choisi la cafétéria du musée des beaux-arts au bout de ma rue mais à deux kilomètres, pour aller écrire.

J’ai fait aussi partie d’un groupe de marcheuses qui sortaient deux fois par semaine pour marcher. Pas de mondanités, juste la marche l’été et les raquettes l’hiver.

Les ateliers d’écriture, un vrai projet

Certes je préparais minutieusement les ateliers et j’ai déposé une marque avec le processus complet pour écrire une nouvelle. Mais ce n’est pas vraiment une expérience professionnelle. Financièrement cela n’a pas été rentable ! Humainement parlant, par contre, c’est un trésor. Mais après avoir beaucoup travaillé en free-lance, j’avais besoin de pause.

Les bonnes surprises ont été cette équipe qui m’a fait confiance, le cadeau de n’avoir connu aucune dispute.

Les freins ? Le temps ! Mener de front la maison, les réceptions… visite du président de la République à nouveau. Une épouse de diplomate doit être discrète, ne pas faire de commerce. Les habitudes, les clichés ont la vie dure. Ce n’est pas dit ! Les pressions existent pour être comme les autres !

Internet, écrire au-delà des frontières

Depuis la France, j’avais animé des ateliers d’écriture au Cap Vert, en RDC  Kinshasa et au Tchad à chaque fois avec publication de recueils. Un directeur de centre Culturel, devenu un ami a co-piloté  les projets sur place. Nous échangions par Internet avec les différents intervenants. C’est là que j’ai compris qu’avec Internet on peut faire des choses extraordinaires au-delà des frontières.

Ensuite c’est venu petit à petit. Le projet du Cap vert a duré une semaine sur place et six mois par Internet. Celui de RDC trois fois une semaine et six mois. Celui du Tchad a été plus compliqué et a duré un an. A chaque fois j’ai amélioré la méthode et appris comment faire. Au Canada c’était prêt. Le concours a suivi mais c’était plus facile. Faire un blog, une amie canadienne m’a expliqué, nous avons géré en tandem et j’ai continué.

Avec ce concours, je voulais continuer. J’avais créé une association et un mouvement en quelque sorte. Et c’est un nouveau défi. Cela me permet d’avoir quelque chose à moi, rien qu’à moi.  

Un concours de nouvelles… au musée !

C’est un concours de nouvelles normal. Ce qui change c’est que la thématique est d’écrire au musée, donc sur des œuvres d’art, idéalement devant les œuvres, en se laissant inspirer par leur beauté. Certains participants utilisent des cartes postales on ne peut l’empêcher. Mais l’art a son énergie propre qui est source d’inspiration.

Dans une première étape, on choisit une œuvre d’art exposée dans un lieu public. On la décrit soigneusement, elle vous livre des idées. Si rien ne s’écrit, on en change. Quand on a fait son choix, on s’inscrit sur notre site au concours. Ensuite on rédige la nouvelle par étapes. La thématique de l’œuvre donne des pistes. Sinon on imagine quelqu’un devant le tableau ou ce que fait ou dit le personnage de la toile. On peut faire parler l’acheteur du tableau. On peut aussi imaginer la scène qui suit le tableau quand le modèle se rhabille et rentre chez elle.

Quand la nouvelle est écrite, on l’envoie à notre messagerie. Les textes rendus anonymes sont lus par un jury à raison de 10 textes par personne et selon une fiche d’évaluation identique pour tous. Il y a deux lectures par textes plus la mienne donc trois notes. Cela donne un classement et je détermine avec l’éditeur combien de textes seront édités. Les recueils sont relus, corrigés par une professionnelle et imprimés. Cette phase dure presque un an.

Le plaisir du partage, pour un prix magnifique

Ce que j’aime dans ce projet, et qui me vient de mon métier d’enseignante, c’est le partage. J’étais un professeur assis au milieu de ses étudiants. Ici il s’agit de donner une chance d’être édité à de nouvelles plumes.

Le prix est une merveilleuse surprise. Le directeur de l’Institut Français Centre Saint Louis a été tout de suite intéressé. Cela a été facile. Le fonctionnement du concours est rodé. Par contre, il faut à chaque fois renouveler les sites qui diffusent l’information, certains disparaissent ou ne veulent plus. Quand vous quittez un pays, on vous oublie, c’est normal. A mesure, je crois qu’on prend de l’assurance et qu’on ose demander à des sites plus importants ou relancer des sites qui vous ont oublié.

Le challenge majeur sera ce prix : recevoir à Rome, dans un lieu magnifique. Faire écrire à Rome alors que je ne connaîtrai la personne que par son texte, son nom et son adresse. Il faut qu’elle soit contente et que le partenaire soit satisfait aussi !

De nombreux projets à venir

Publier un roman que j’ai dans mes tiroirs depuis trop longtemps, en écrire un autre sur le monde diplomatique, coordonner un livre qui allie recettes et fictions.

Donner des cours d’allemand par Skype ce que je vais tenter dans quelques jours. M’améliorer en dessin pour écrire pour les petits. Terminer le Mooc écrire pour le web pour que le blog soit plus efficace.

Peut-être lancer une revue ou une petite maison d’édition.

Un mot sur l’expatriation ?

Je garde le lien avec les amies rencontrées avant. Je partage une dynamique avec elles.

L’expatriation m’apporte beaucoup d’anecdotes à raconter ! Des textes à écrire ! Une grande ouverture d’esprit (ça c’est assez bateau). Finalement je trouve que c’est une chance inouïe. On ne s’ennuie pas. J’ai appris à tirer le meilleur de toutes les destinations. Mais je crois avoir été chanceuse (je n’ai jamais connu la guerre, seulement des attentats, où personne de notre entourage n’a été touché).

Pour celles qui veulent se lancer

Y croire, se former. Chercher partout, dire oui aux rencontres. Dans la mondanité la plus ennuyeuse, il y a d’autres personnes comme vous qui s’ennuient, sont venues avec leur mari. Alors quand vous croisez leurs regards vous avez des choses à partager.

Découvrir Rome

Je viens d’arriver à Rome. J’évite les lieux touristiques et je marche beaucoup. J’ai un carnet pour noter mes idées et dessiner. Ici à Rome les occasions sont nombreuses, il y a beaucoup d’associations, l’une d’entre elles, Pontevia, soutient les projets des expatriées. Le conseil : apprendre tout de suite l’italien.

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