Expats versus résidents

Expats versus résidentsInstalle-toi comme si tu devais y vivre toujours et visite comme si tu devais partir demain : il n’y a pas plus sage conseil en matière d’expatriation ou de résidence, foi de moi !

En effleurant le sujet, comme ça, mine de rien, votre humble serviteur n’imaginait pas soulever un lièvre gros comme un bison, carrément même : ouvrir la boîte de Pandore.

Pourtant cette escapade dînatoire en mode urbain et mondain avait bien commencé. Mais s’est quasi terminée en duel de tranchées quand un convive a innocemment demandé : « Vous les expats, quelles sont vos relations avec les résidents et vice-versa ? ».

Pour tous, la définition d’expat est communément admise : c’est quelqu’un qui passe une/deux/trois années dans un pays, qui peut être serial expat ou expat one shot. 

En revanche, le hiatus est sur la définition de résidents et/ou immigrants. Les résidents se disent installés dans un pays mais avec un retour possible ou éventuel dans la patrie d’origine tandis que les immigrants ont décidé une fois pour toute que l’herbe était décidément plus verte ailleurs.

 

Extraits de la dite escapade dînatoire :

Les résidents/immigrants ont alors soulevé un florilège d’images inhérentes au statut d’expat :

  • de la « femme d’expat » (terme que l’on déteste !) qui pose délicatement son orteil manucuré sur un continent avec des yeux de biche apeurée,
  • des expats qui privilégient leurs niches ethnologiques aux autochtones,
  • en passant par les inévitables avantages financiers induits à leur statut,

… cliché, je crie ton nom !

C’est alors qu’entre deux amuse-gueules, on a entendu un râle digne de la Dame aux camélias au fond de sa bergère qui s’étouffait d’entendre d’icelles propos.

C’est que la belle n’était rien moins que femme expat d’accord, mais agrégée d’économie et accessoirement doctorante en ethnologie, juste comme ça pour le fun. Et que même si ça ne la faisait pas marrer plus que ça d’avoir mis sa carrière entre parenthèses pendant trois ans pour suivre son mari, elle n’était pas non plus un nouvelle convertie à la peinture sur porcelaine. Et que donner de son temps à la Croix-Rouge locale n’était pas une occupation de dadame mais une approche transversale de la société locale.

Le tout sans ponctuation et le visage d’un rouge marbré qui ne devait rien aux coups de soleil.

Les résidents/immigrants ont rétropédalé fissa tandis que l’hôtesse virait prestement les verres de la table…s’envoyer les verres à la figure, soit, mais pas ses Baccarat…

Juste énervée ce qu’il faut sur les sempiternelles remarques des expats pleins aux as, la vie dorée sur tranches, votre serviteur a juste fait remarquer qu’au Monopoly de la vie d’expats, on est pas tous propriétaires de luxueux hôtels, I beg their pardon ! Non mais c’est vrai quoi à la fin, donc bref !

 

On s’est tous un peu sentis dégringoler au fin fond de l’abîme

Quand Monsieur Consensus a dit que tout ça c’était pathos et pataquès, (pour vous la faire courte), que les uns comme les autres, nous gérions tous beaucoup d’incertitudes et que comme disait Kant «On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de gérer »… On gère, Emmanuel, on gère !

 

On est tous entrés en réhab’ collective du savoir vivre

Et nous avons fini par nous entendre sur certains points  que :

  • si expats et résidents avaient une approche différente du pays, nous trimbalions tous le même bagage culturel
  • nos qualités et nos défauts de Français nous collaient à la peau, (au hasard râleurs, arrogants, que des superlatifs, genre on se fouette avec des orties)
  • la France avait quand même de bons côtés (de la sécu à la bouffe, en vrac)
  • malgré tout, les valeurs républicaines nous fédèrent.

C’est tout juste si nous n’avons pas chanté la Marseillaise à la fin en se tamponnant les cils, dis donc !

Poussée par d’honorables sentiments d’investigations supplémentaires, j’ai laissé voguer sur la canopée du web la même question, le monde glacial de la Sibérie s’est alors ébranlé.

 

Extraits du web

Paroles d’expat :

« Lier une amitié quand on est expatrié avec des personnes de même culture que soi mais qui sont des résidents, c’est possible mais pas facile. Il faut comprendre. Nos voisins qui sont résidents ont marqué une certaine retenue à notre égard. C’était le septième couple expatrié qui s’installait à côté de chez eux dans la même maison. Répéter que le supermarché c’est dans le troisième bloc, que non le ramassage des ordures n’était pas quotidien etc., ça lasse. Pour finir notre amitié s’est liée autour d’un bon plat : une tarte à la praline, un dessert de Lyon d’où on venait tous les quatre. Comme quoi, les Français emportent toujours un peu de leur terre sous leurs semelles… » Gaëlle.

Ou encore :

« Déjà, quand j’ai demandé la nationalité canadienne, j’ai vu dans les yeux des autres que désormais je faisais partie du clan. Pourtant je sais exactement quand je vais repartir mais je ne le dis pas sinon les amitiés, le regard vont changer. Tant sur un plan professionnel que personnel, on investira moins sur ma personne. C’est comme ça, on n’y peut rien » Valérie.

Enfin :

« Les résidents nous reprochent de vivre entre nous (cf. entendu à la sortie de l’école) mais ils ne sont pas les derniers à venir aux films français, aux cocktails de l’ambassade. Ils prennent des airs légèrement condescendants en nous parlant. J’écoute et puis je ne me prive pas de leur dire que je suis à moitié argentine (de San Luis) par ma mère, même si je suis expat. Tout de suite ça change la donne. » Anne – Julie

 

Paroles de résidents 

« Les expats repartent vers d’autres lieux, d’autres rivages, souvent avec une pointe de nostalgie mais assez vite plus de mails, plus de nouvelles. Ils se sont fait un cocon ailleurs, avec d’autres. Quand on est de passage en France, on appelle mais ils n’ont pas souvent de temps, alors oui on se préserve, on s’investit moins, peut être par peur de la frustration. Quand on en revoit, ils ont aussi plein de trucs à raconter, de pays où ils sont allés, d’amis qu’ils se sont fait et nous on se sent un peu ’bête’ avec notre quotidien. Et enfin pour nos enfants qui se sentent déboussolés quand leurs copains repartent, eux aussi on sent qu’ils s’investissent moins dans les amitiés de passage ». Juliette

Ou encore :

Au mois de juin, quand j’ai dit que je restais en Californie pendant les vacances, mes copines expat m’ont dit : « Mais il ne va plus y avoir personne ! » « On hallucine ! Et les locaux, à commencer par ma belle-famille ! L’étranger, oui mais pas trop ! » Laurence.

 

Vous serez toutes d’accord avec moi, mes sœurs, généraliser les expats ou généraliser les locaux c’est du pareil au même, ça n’a pas de sens ! On devrait inscrire ça à la convention de Genève !

 
Paquita

 

 

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