Tapis rouge ou paillasson pour les lycéens expats sur Parcoursup ?

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Photo: Franck-V-Unsplash

A l’heure de l’orientation post Bac sur Parcoursup, une scolarité suivie à l’étranger est-elle un atout ou une faiblesse ?

Géraldine à Dubaï et Claire à Mexico nous livrent leur amertume/exaspération/irritation/déception** et constats de parents de lycéens en passe de commencer leurs études… 

* *Biffer la mention inutile 🙂

 

 Malo, 18 ans, a suivi la moitié de sa scolarité en France, et a eu aussi la chance de découvrir le Canada, la Suisse alémanique et le Golfe persique grâce aux expatriations de ses parents. Plutôt matheux, franchement musicien et très académique, il se destine à des études d’économie.

 Pierre, 17 ans, est né au Canada. Après 3 ans passés à Montréal il a vécu 7 ans à Barcelone puis 4 ans à Madrid pour finalement atterrir il y a 4 ans à Mexico. C’est un pur produit du système scolaire français de l’étranger ! Le Mexique, tout comme dans le reste de l’Amérique du Nord, valorise beaucoup le succès au Bac. Il constitue un vrai rite de passage. Pour les élèves mexicains il est le couronnement d’une scolarité dans le système français.  Ces rituels et cérémonies de “graduación” aident ainsi les jeunes à faire le deuil de leur vie de lycéen et à commencer une nouvelle page de leur vie de jeunes adultes, “expatriés en France” où ils n’ont, pour certains, jamais vécu !

Assez peu scolaire, Pierre est à la fois scientifique, littéraire et créatif. Doué d’une bonne sensibilité artistique et d’un esprit imaginatif, il nourrit depuis l’âge de 10 ans le projet d’être architecte.

 

 

Une scolarité à l’étranger ? Oui, mais pas n’importe laquelle…

Si un parcours international et linéaire au sein du réseau AEFE (Agence de l’Enseignement Français à l’Etranger) peut être valorisé au moment de postuler en France pour des études supérieures (notamment pour la maîtrise de langues étrangères) et l’adaptabilité de nos jeunes, en revanche des parcours hors du système français sont plus délicats…

 

Géraldine à Dubai :

“Après trois ans de collège français, puis cinq ans à Dubaï (dans un système anglais avec le passage des IGCSEs puis le réputé IB (International Baccalaureate), nous pensions que notre fils Malo serait accueilli avec intérêt pour les études sélectives de prépa d’école de commerce.

Hélas, aucune prépa française n’a “pris le risque” de ce Français au parcours original.”

 

 

Des préjugés bien ancrés

Il faut également avoir à l’esprit que le fait de vivre à l’étranger n’est pas automatiquement un atout si le jeune n’a pas tiré parti intelligemment de cette opportunité.

En effet les préjugés de vie douce au soleil sont bien ancrés malgré un contexte local parfois bien différent. C’est le cas de la vie de Pierre à Mexico :  insécurité accrue, pollution, tremblements de terre, mégalopole de plus de 20 millions d’habitants au trafic saturé! … On est souvent loin de l’image d’Epinal des margaritas sous les cocotiers !

Nos jeunes doivent se préparer aux remarques du type :

“Vous pensez vraiment être capable de faire un double cursus alors que vous êtes habitué plutôt à la plage ?”

…Un petit cours de géographie s’impose : Mexico est une ville continentale, à 2.300m d’altitude. La première plage est à 4h de route !

 

 

Fixer des rendez-vous virtuels et faire accepter sa différence

En ce qui concerne les rendez-vous virtuels, les écoles et universités françaises ont encore un peu de difficultés à intégrer le “concept” de décalage horaire….un créneau pour un entretien sur Skype entre 3 et 5h du matin en heure locale, est tout à fait envisageable et non négociable sous peine d’être considéré comme démissionnaire ! Bon courage pour avoir l’air hyper motivé ;o).

Dans le cas d’élèves hors AEFE, la discussion peut s’avérer déstabilisante pour l’examinateur non préparé à la différence.

Extrait d’un entretien de Malo avec un directeur des études de prépa commerce réputées :

“Jeune homme, quel est ton classement? – Je suis désolé, il n’y a pas de classement là où j’étudie – Ah, alors combien êtes-vous en math dans ta classe, et où penses-tu te situer? – J’étudie Maths HighLevel, nous ne sommes plus que 3 car le 4ème a abandonné. Les 50 autres sont en math StandardLevel – Hum, mais comment fait le professeur pour maintenir un certain niveau d’émulation ? Nous voyons qu’à 30 c’est déjà compliqué pour nous. – Je participe à des concours de math inter-écoles ici à Dubaï – Bien”.

Oui, cet élève, bien que Français en apparence, vient bien d’une autre planète, c’est toute la force de son parcours à l’étranger !

Qu’attendent nos écoles françaises pour accepter ces jeunes talents au lieu de les pousser dans les bras des meilleures universités européennes hors de notre territoire ?

 

 

Armer son enfant

Reste à nous, parents, de coacher le jeune et de susciter sur le long-terme les bonnes occasions et les expériences cohérentes avec son projet professionnel. Et ce, afin qu’il soit armé pour les entretiens car les examinateurs en attendent beaucoup…

À titre d’exemple pour Pierre, à Mexico, désireux de postuler en école d’architecture :

  • le former à faire des liens entre des architectes locaux et internationaux;
  • faire des visites d’oeuvres architecturales et de chantiers axées sur les fondations anti-sismiques;
  • l’inciter à être bénévole pour reconstruire des maisons détruites par des séismes…

Tout cela constitue un vrai PLUS dans un C.V. et surtout dans la formation humaine d’un jeune ayant vécu à l’étranger. Ce qu’il pourra alors mettre en avant pour se distinguer par son parcours atypique.

 

 

Les limites de Parcoursup

L’utilisation de la plateforme Parcoursup s’avère plutôt positive et pratique pour postuler en études supérieures en France. Toutefois il serait souhaitable que l’éloignement géographique des parents soit pris en compte dans les candidatures aux formations avec internat. En effet, un ami de Pierre (dont les parents sont un couple franco-mexicain), qui avait postulé dans les prépas scientifiques à la fois en option avec internat et sans internat n’a reçu de réponses positives que dans les options sans internat !

Quand un jeune quitte son nid c’est un choc, quand c’est à des milliers de kilomètres c’est un catapultage brutal ! Nos enfants quittent tout à la fois un noyau familial qui a été leur unique élément stable durant plusieurs années, leurs amitiés et leur cadre de vie et risquent, par conséquent, de souffrir de solitude qui serait moins rude en internat.

Ce problème est d’autant plus crucial lorsque ce futur étudiant est admis dans des classes préparatoires ultra sélectives telles que le Lycée du Parc (à Lyon) ou le prestigieux lycée Henri IV (à Paris). Oui, certains élèves brillants des lycées français à l’étranger (AEFE) ont accès à ce type de formations et témoignent de la qualité de l’enseignement “à la française” avec une touche exotique !

Il serait donc nécessaire que les formations qui disposent d’un internat, réservent des places pour les élèves venant de l’étranger.

 

 

Cela reste une épreuve mais un parcours à l’étranger n’est pas un frein à la réussite !

Pour les parents et les enfants, cela reste une épreuve… Il faut s’armer de patience, bien se préparer et tenir bon… 

L’histoire ne se termine néanmoins pas de la même façon pour nos deux ados. Mais ce qui est certain, c’est que, quelque soit la voie choisie et la formation suivie, un parcours à l’étranger n’est pas un frein à la réussite… Loin de là !

 

 Malo n’a été pris dans aucune prépa d’école de commerce en France.  Malgré son échec pour rentrer à Oxford, c’est soit en Angleterre soit en Hollande qu’il ira étudier, car il y a été admis dans toutes les autres excellentes universités où il avait postulé.

 Pierre a présenté 6 écoles d’architectures en France et a eu la chance d’être convoqué à 5 entretiens. Son dossier scolaire, qui était « moyen » en Terminale S (attention aux algorithmes sur Parcoursup qui ne prennent en compte que les notes…source de beaucoup de stress), a été largement valorisé par son expérience atypique qu’il a eu l’opportunité de présenter en entretien. Il a été accepté très rapidement dans l’une des meilleures écoles d’architecture parisiennes située à Belleville. Pour lui, l’étranger a été un atout dont il a su tirer parti auprès des écoles qui n’ont pas basé leur pré-sélection uniquement sur les notes dans Parcoursup !

 

Un grand merci à Géraldine (à Dubaï) et Claire (à Mexico) de ce joli témoignage.

 

 

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