Sortie du 3e roman de Lucie Delvert, femme de diplomate.

lucie delvertEnseignante d’histoire et de géographie, Lucie Delvert est mariée à un diplomate. Son premier roman « L’Allée de Manguiers » a été publié en octobre 2019 aux éditions Balland. Depuis, la romancière a publié 2 autres opus : « Thaï à cœur ouvert » (2020) et « La Bella Figura » (2021). Elle y raconte la vie des « Affaires Etrangères » qui est un peu la sienne aussi…  Rencontre avec l’auteure, diplômée en Géographie tropicale, enseignante depuis 19 ans dans les établissements français du réseau AEFE, et à Paris lorsque sa famille rentre, tous les sept à huit ans… 

Être femme de diplomate, c’est épouser une fonction… c’est devoir assurer des responsabilités publiques. On attend beaucoup de vous.  Et on en a parfois une idée romanesque. Comment se vit l’expatriation dans ces conditions ?

Lucie Delvert : Je ne suis pas certaine que la diplomatie présente une dimension romanesque en elle-même. Ce sont les situations qu’elle rencontre ou démêle qui le sont, et les rencontres, les échanges, constituent un travail de terrain.

En fait, je dirais que la famille toute entière épouse la fonction. On vit sa vie de famille dans sa sphère mais toute interaction avec l’extérieur respecte le cadre. Au-delà du conjoint, les enfants eux-mêmes savent très vite qu’ils doivent adopter une certaine attitude, montrer du respect, de la dignité, savoir s’effacer, et ce dès l’instant qu’ils sont à l’extérieur.

C’est comme si la famille entière se mettait en situation d’aller dans le sens de l’agent, et donc de sa fonction.

Est-ce facile dans ces conditions de se créer une vie sociale ? A l’inverse d’autres expats, vous avez sans doute aussi la chance d’avoir accès au pays, à sa culture, à son histoire par un prisme intérieur auquel peu d’expats ont accès…

Lucie Delvert : Le conjoint n’a pas de fonction officielle, c’est là toute la complexité. Mais de manière générale, être accessible et à l’écoute, c’est la meilleure façon de tisser des liens et d’être utile. Et puis on ne triche pas sur ce que l’on est. Je fais de mon mieux pour être à la hauteur mais je suis une fille simple, issue de la classe moyenne de province, je ne vais pas inventer un personnage. La simplicité est souvent appréciée d’ailleurs.

L’angle atypique est une vraie chance, il donne accès à toutes les catégories de gens, ouvre beaucoup de portes et permet, dans la même journée, de côtoyer un ministre, un chercheur, un artiste, un responsable d’ONG ou l’homme de la rue.

Dans ces conditions, l’on a vraiment l’impression de comprendre le pays d’accueil ainsi que les communautés expatriées et leurs spécificités.

Malgré le devoir de réserve auquel on imagine vous êtes imposée, vous avez vécu en Tanzanie, en Thaïlande, à New-York, à Rome et à Pointe Noire… quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de chaque destination ? 

Pour les anecdotes, il vous faudra lire mes romans, elles y sont toutes ! De Zouc le bouc de l’ambassadeur à l’authentique traîne de papier toilette en passant par Brad Pitt l’imposteur à New-York et les escarpins de Catherine Deneuve à Bangkok, vous saurez tout !

Je ne suis pas moi-même agent des Affaires étrangères et ne suis donc pas soumise au devoir de réserve.  Je peux critiquer une situation qui me paraît drôle ou insensée, n’étant pas liée par la fonction. Et d’ailleurs, je n’ai pas de griefs contre cette belle maison des Affaires étrangères qui est un peu devenue ma famille. 

En fait, à y regarder de près, ces aventures racontées donnent à voir le travail de terrain de ses agents et servent son image plus que l’inverse.

A quel moment de votre parcours avez-vous décidé de basculer vers l’écriture ? Le choix du roman s’est-il imposé tout de suite ?

L’écriture est une rencontre fortuite qui occupe maintenant une part importante de ma vie.

Je me suis mise à écrire en décembre 2018. Transportée aux urgences sans raison et davantage sur un quiproquo, j’ai observé mon environnement pendant mes quatre heures d’attente et j’ai écrit sans écrire, traçant des pages mentales dans le vide de l’ennui. Rentrée chez moi, je n’ai plus réussi à m’arrêter, un, puis deux, puis trois, les romans se sont imposés avec l’écriture comme une obsession que je peine à dompter aujourd’hui mais dont je canalise mieux la folie.

J’ai adressé mon premier manuscrit à des maisons d’édition, par la Poste, et les éditions Balland m’ont tout de suite répondu et signé pour quatre romans… pour commencer !

Vous envoyez un manuscrit et on vous en signe quatre… le rêve devient réalité ?

Oui, c’est assez fou. L’Allée des Manguiers est sorti fin octobre 2019 et se déroule en Tanzanie. Le deuxième roman est sorti en 2020 et se passe à Bangkok en Thaïlande. Quand au troisième, qui sort en juillet 2021, il s’ancre entre New-York et Rome et ainsi de suite, un poste donnant (à peu près) lieu à un livre. Le quatrième se passera à Pointe Noire au Congo.

Pour la rédaction, avez-vous été inspirée par des personnes fortes rencontrées durant vos expats, par des situations diplomatiques spécifiques ?

J’écris, j’espère avoir un style et une musique mais je n’ai pas beaucoup d’imagination… Et si tous existent : des personnages aux situations, c’est parce que dans la plupart des cas ils sont vrais (intervertis ou déplacés pour la fluidité du récit), mais vrais et empruntés aux aventures vécues. Ils n’ont pas eu besoin d’être exagérés…

Jeanne, qui suit son mari diplomate, est ballotée de pays en pays. Elle découvre, tantôt avec émerveillement, tantôt avec étonnement, des mondes et des coutumes. A chaque nouveau poste, Lucie a dédié un roman.

Jeanne est étudiante en géographie tropicale. En Tanzanie, elle découvre l’Afrique et les expatriés, enfin un en particulier. Il est diplomate, il est aussi perdu qu’elle et ils se trouvent à 7000 kilomètres de chez eux. Au fil d’aventures dramatiques ou touchantes, ils construisent une histoire peu banale. Femme ordinaire qui croise des mondes extraordinaires, Jeanne part à la rencontre de pays, de peuples, de cultures, d’expatriés aussi, plongeant dans le monde de la diplomatie, avec ses subtilités et ses aberrations. Dépaysement assuré !
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Cette fois à Bangkok, Jeanne se trouve face à une culture qui a des codes très différents des siens. Et comme pour le premier roman, en plus de la découverte d’un pays, il y a les aventures du couple dans les coulisses de la diplomatie de terrain. Au pays du sourire, rien ne lui sera épargné. Les traumatismes s’enchaînent, autour et à l’intérieur de chez elle. Et pourtant on rit beaucoup, le président Chirac et Catherine Deneuve se chargeant de mettre l’ambiance.
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La Bella Figura est le portrait d’une femme de trente-cinq ans qui doute et fait face à ses renoncements, mais n’est pas prête à capituler. Cette fois, les déménageurs n’ont pas laissé le temps aux blessures de cicatriser et, jour après jour, un mal-être insidieux s’installe chez Jeanne. Plongée dans les coulisses du Palais Farnèse et les dessous de la vie romaine bourgeoise, elle découvre la capitale italienne au-delà de son écorce de beauté. Ses aventures l’entraînent jusque dans les entrailles de la ville.
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Prochain roman : Une pointe noire (Congo).

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