Équilibre travail et famille : leçons pour l’avenir

équilibre travail et familleRarement dans notre carrière, les frontières entre vie de famille et vie professionnelle n’ont été aussi poreuses. Et alors que ce 7 juin (fête des mères françaises) arrive en fin de confinement, nous aimerions d’abord rendre un énorme hommage à tous les parents qui ont donné de leur énergie pour mener à bien vie de parent et vie professionnelle. Aujourd’hui, nous sommes tous heureux et soulagés de voir l’école rouvrir et retrouver un espace de travail un peu plus calme, c’est certain. Et dans le monde d’après, le télétravail va devenir la norme pour beaucoup d’entreprises. Alors, de ce nouvel équilibre travail et famille : qu’est-ce qu’on garde ? qu’est-ce qu’on jette ?

Retour en arrière : un tableau pas toujours rose

Commençons par dire que cela n’a franchement pas été facile. Parents célibataires, parents malades, parents mis au chômage partiel : une fois encore, la double peine s’est abattue sur nombre de ménages fragiles. Il y a ceux qui ont dû boucler leurs valises en 2 jours pour revenir en France, sans leur conjoint. Ceux qui n’ont pas eu la chance de partir dans une maison à l’Ile de Ré et ceux qui n’avaient qu’un 2 pièces à 5. Et bien sûr, qui ont eu la possibilité de se confiner en télétravaillant et ceux qui ont continué à se rendre courageusement sur un lieu de travail.

Le confinement nous a imposé d’adapter notre vie professionnelle : réunion zoom avec un petit qui débarque sur nos épaules, minuterie du four sonnant pendant un call, bébé que l’on demande de mettre sur « mute », réunion au milieu de playmobil, ou encore ordinateur de travail « squatté » par des cours en ligne des enfants ? Pour la première fois depuis des décennies, notre vie de famille s’est imposée dans notre vie professionnelle. Et inversement.

Équilibre travail et famille : ce qu’on aimerait garder

  • Ne plus se sentir coupables

Pendant 2 mois et demi, et pour la première fois depuis longtemps, nous n’avons pas eu à nous excuser d’avoir des enfants, nous avions des enfants. Et ces enfants sont apparus dans des réunions où jamais la frontière entre vie privée et vie professionnelle n’avait été franchie auparavant. Pour des parents en quête du fameux équilibre vie pro/vie perso, quel soulagement de pouvoir simplement dire à son équipe quand l’école a repris : « je dois aller chercher mon enfant à l’école à 16h ». Et que pour autant, le boulot était fait. Certains parents ont même décroché des nouveaux clients alors que leur responsable commercial s’inquiétait : « mais comment tu vas faire pour passer tes appels de prospection ? ». Sentiment de liberté aussi du côté d’Olivier, directeur marketing : « j’ai eu l’impression de profiter beaucoup plus de mes enfants, sans léser ma boîte ». Moins coupables, plus efficaces ? Matière à réflexion…

  • Apaiser le conflit enfant/travail à la maison

Les enfants nous ont virtuellement accompagnés au bureau pendant 2 mois. Et pour certains, c’était nouveau. La découverte des visages des collègues de maman à l’écran, du chef de papa a été parfois une révélation. Ce fameux travail qui « vole » papa et maman en temps normal a enfin pris un visage humain. Ce n’est plus une nébuleuse mystérieuse qui pouvait en angoisser certains. Pour les ados, une certaine forme de respect est apparue également. Nul doute que l’apaisement sera au rendez-vous chez certains enfants quand le rythme d’enfer reprendra. Bonne nouvelle !

  • L’acceptation du télétravail par les papas aussi

En interrogeant certains pères de famille, moins habitués à la pratique du home office, beaucoup répondent ce que les mamans savaient déjà. Qu’en étant parent et professionnel à plein temps, on apprend à se recentrer sur des tâches plus importantes. Que le temps qui était consacré à leurs jobs était compté, alors ils sont devenus plus efficaces, plus focus.

 

Demain : nos points de vigilance 

Toutefois, pour beaucoup de parents, ce confinement permet aussi d’émettre des points d’alerte. Certains parents, comme Charlotte, disent : « moi je préférais quand la frontière entre vie privée et vie professionnelle était plus fermée ». D’autres répondent aussi : « plus jamais ça ». Céline témoigne avec humour : « Mon mari me dit ‘on a perdu la joie du vendredi soir’ Et de lui répondre : ‘moi, j’ai perdu la joie du lundi matin quand vous partez tous au travail et à l’école ! » Caroline, résume assez justement : « On ne peut pas comparer le télétravail avec enfants pendant le covid et le télétravail habituel ! Il est très dangereux de tirer des conclusions sur ce faux télétravail qui était plutôt du téléchargemental ». C’est bien là notre propos.

  • Équilibre travail et famille : alerte à l’épuisement, aux tensions, au stress…

Dans quel état physique et nerveux nous nous trouvons après ces 2 mois ? Combien de parents n’ont pas rêvé de listes de films à revoir sur le site de l’INA, de visiter des musées virtuellement ou encore simplement de terminer en une semaine The Crown, Casa del Papel ou Working Mums (tiens, tiens,…). Un rendez-vous chez le coiffeur après 2 mois et demi ? On en rêve, mais avec les écoles qui ne reprennent qu’à moitié ou pas du tout, l’option n’est même pas envisageable. Pour les parents actifs, cette crise a été source de tensions, d’épuisement, d’angoisse. Trop, c’est trop.

  • Des horaires à rallonge

Garder la confiance de son employeur parce qu’on arrive à faire le job entre 5h et 7h du matin ? Pour Anne-Fleur, « cela tient quelques mois, mais dans la durée, c’est non ». Même constat sur les réseaux : « pour moi, télétravail rime avec ‘ne coupe jamais du boulot’ » ou encore, pour Emmanuelle et Blandine sur le groupe Expat Value qui ont apprécié les déjeuners en famille mais qui constatent que : « Au final, on a le sentiment de ne jamais vraiment couper ». Et la crainte de nombreux parents, c’est que cette flexibilité soit devenue la norme pour leur management. Un point de vigilance, qu’il nous sera utile de clarifier si le télétravail s’installe dans la durée.

  • Le lien créé sur nos lieux de travail

Malgré les difficultés, ce que les parents sont nombreux à avoir constaté, c’est que nos jobs ont aussi été notre bulle d’oxygène. Une bouée, entre tâches ménagères et école à la maison. Et que cette réunion Zoom du matin entre collègues, c’était une chouette façon de sortir de notre quotidien. De se révéler autrement qu’en tant que mère de famille nourricière. Alors si demain nos vies doivent devenir nomades, ne négligeons pas ce lien réel qui est aussi une façon de se réaliser. C’est le ressenti de Raphaëlle qui nous a répondu : « pour moi ce manque de vrais contacts humains est insupportable ».

Et maintenant, que va-t-il se passer ?

Est-ce que les entreprises vont se poser les bonnes questions ? Twitter vient d’annoncer que le télétravail serait autorisé de façon permanente. Le constructeur automobile PSA a décidé de faire du télétravail la norme et non plus une exception… Meilleur équilibre vie perso/vie pro, mais aussi économies de loyer, meilleure productivité, baisse de l’absentéisme… Côté employeurs, les avantages semblent reprendre le dessus. Des entreprises qui ne le pratiquaient jamais l’ont à présent accepté… A suivre ! Quoi qu’il en soit, ne nous excusons plus d’être parent, nous avons prouvé que cela n’était plus nécessaire.

Bonne fête des mères à toutes, et aux papas par anticipation !

Juin 2020 – Nathalie Buet, expat à Bruxelles, freelance et responsable éditoriale du site Expat Value.

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