Sandra : « l’expat est un déclic pour le bénévolat »

Sandra-l-expat-a-ete-un-declic-pour-minvestir-benevolementSandra, 44 ans, mariée et maman de 3 enfants (15, 13 et 9 ans), est ingénieur des mines de Nancy et travaille pour EDF. Il y a 4 ans, elle met sa carrière entre parenthèse pour suivre son mari muté à Hong Kong.

Très vite, elle apprend le mandarin, la calligraphie et la peinture traditionnelle. Elle monte aussi avec une amie belge un groupe culturel « Bol d’Art » qui organise et anime mensuellement des visites de galeries d’art contemporain à Hong Kong au profit d’associations caritatives diverses.

Son arrivée en Asie correspond avec la sortie du film « Les Pépites » . Un film qui retrace l’aventure humaine extraordinaire de Marie-France et Christian des Pallières, fondateurs de l’association « Pour un Sourire d’Enfant ». Une association qui a permis à près de 10.000 enfants des décharges de Phnom Penh d’accéder à l’éducation, d’obtenir un diplôme et de se construire un avenir. 

Ce film donne envie au couple de s’investir dans cette association qui déjà à Hong Kong mobilise une dizaine de personnes. Rencontre.

Comment avez-vous connu la branche « Pour un Sourire d’Enfant (PSE) » à Hong-Kong ?

A Hong Kong, les Français sont très présents et la communauté très active. Beaucoup de personnes sont très investies dans différentes associations. Très vite, on donne un coup de main à l’une ou à l’autre…

Mon ancienne voisine est la fondatrice de la branche hyper dynamique de PSE HK. Il s’agit d’une dizaine de personnes très engagées qui organisent des événements toute l’année pour lever des fonds : ventes de croissants et de calendrier de Noël, organisation de manifestations culturelles et voyage sur le terrain.

Pourquoi avoir choisi de vous investir ? Quel a été le déclic ?

Franchement j’étais tout aussi attirée par les autres associations mais PSE a deux projets annuels très forts à Hong Kong :

 Un voyage en immersion à Phnom Penh dans l’école de « Pour un Sourire d’Enfant ».

Beaucoup de familles à Hong Kong aimeraient faire partie de cette aventure. Pour y participer il faut bien sur être parrain. Mais aussi être prêt à s’investir dans l’association. Cela fait plusieurs années que nous voulions partir mais notre dernier enfant était trop jeune… Cette année ce fut la bonne. Cela tombe bien car nous repartons en juin en France.

L’idée de ce voyage est de pouvoir apporter sur place beaucoup de matériel (chaque personne ne peut prendre que 7kg d’effets personnels pour apporter 30kg de dons). Nous allons aussi bien sur aider sur place de différentes manières. Mais nous allons aussi montrer, à travers nos familles, un modèle familial qu’ils connaissent mal en tant que petits-enfants d’anciens Khmers Rouges : des parents investis, non violents qui jouent avec leurs enfants et prennent soin d’eux.

 Un festival de théâtre

Un noyau de personnes investies dans PSE et passionnées de théâtre ont fait d’une pierre deux coups : organiser un festival de théâtre français à HK au profit de PSE ! C’est un moment unique à HK pour la communauté française. Ils font venir de France des comédiens professionnels qui jouent bénévolement chaque soir pendant une semaine. Des représentations sont aussi organisées dans les écoles de HK la journée (sous-titrées en anglais).

Depuis 3 ans, je fais partie de l’équipe décor, composée d’une dizaine de personnes menée de main de maître par 2 bénévoles de l’association. En effet PSE-HK s’engage auprès des metteurs en scène à refaire tous les décors des différentes pièces sur place. Nous venons par exemple de reconstituer l’intérieur du château d’If pour une pièce sur Alexandre Dumas, un gros travail !

Toutes les recettes (400 places vendues par représentation) sont reversées à PSE.

Groupe PSE - Sandra-l-expat-a-ete-un-declic-pour-minvestir-benevolement

En février 2019, vous vous rendez au Cambodge en famille…

Nous avons organisé en amont du voyage différentes actions pour lever des fonds. Et surtout avons organisé une très grande collecte auprès de la communauté française de HK nous permettant d’acheminer près d’1 tonne de fret réparti dans des sacs de 15 kg (je vous laisse faire le calcul …).

Avec 6 autres familles, avons apporté des jouets, des vêtements pour enfants, des uniformes de sport, des baskets, du lait pour bébé, des biberons, des serviettes de toilette … des besoins très spécifiques envoyés par PSE. Nous avons également acheté du matériel pour les handicapés comme des chaises pour la toilette.

A notre grande surprise, le matériel et tout ce que nous avons apporté a servi immédiatement. Ils manquent de tout.

Une fois sur place, comment se sont organisées vos journées ?

  • Dès le matin, nous partions dans les paillotes pour jouer avec les enfants de 3 à 6 ans. Ensuite nous déjeunions en commun avec tous les élèves de PSE et lavions notre assiette comme tous les élèves.
  • A 13h, nous enchaînions sur des cours d’anglais que nos enfants ont animé avec nous avec beaucoup d’entrain. Jeu de rôle, jeu du pendu, dessins au tableau, tous les moyens sont bons pour étoffer leur vocabulaire et les faire parler !
  • Une partie de notre équipe s’est rendue très utile à la Business school (formation professionnelle) de PSE en présentant différents sujets comme le digital, comment monter un business, l’économie circulaire … Le niveau d’anglais étant très inégal, les présentations étaient toutes traduites « en live » en Khmer.
  • En milieu d’après midi, nous aidions à la nurserie. Là, des enfants de 1 à 3 ans font l’objet d’un programme de nutrition strict afin qu’ils reprennent du poil de la bête. Nos enfants ont beaucoup aimé jouer avec ces bout’chous très dynamiques et débrouillards ! D’autres se sont rendus au foyer source de vie. Quel beau nom pour cet endroit réservé aux handicapés : toucher, masser, caresser, sourire, jouer, etc. Ces enfants demandent un soin permanent et nécessitent pour certains un adulte à temps plein car leur handicap mental et physique est très important.
  • Et le soir après 17h, une grande partie des élèves retournait chez eux pendant que 500 d’entre eux restaient dans le centre car en situation de danger chez eux. Ce sont avec ces enfants que nous avons, tous les soirs, participé aux activités extra scolaires : foot, volley, musique … Des parties de foot endiablées avec des équipes mixtes Français / Cambodgiens ont eu lieu et les papas français se sont remis à ce sport avec beaucoup de plaisir ! Rien de cassé heureusement … Les élèves de PSE sont vraiment très doués, heureusement que nous n’avons jamais fait d’équipes par nationalité …
  • Le soir à 18h30 prière à Buddah et Jésus (en même temps !) pour ceux qui le souhaitaient. Un très beau moment de communion.

Des journées bien remplies…

Oui. Elle nous ont permis d’admirer cette formidable machine à détruire la misère, comme disait Papy. D’admirer tous les bénévoles en action, la discipline des enfants conscients de la chance qu’ils ont d’être à PSE. Leur courage malgré des situations familiales souvent terribles, leur envie de réussir, de s’en sortir tout en étant toujours prêts à aider les plus petits qu’eux…

J’ai vu de mes yeux une petite fille handicapée mentale de 10 ans essayant d’apprendre à compter à un petit garçon encore plus handicapé qu’elle…

VousEnfants - PSE 1 - Sandra-l-expat-a-ete-un-declic-pour-minvestir-benevolement avez « embarqué » votre famille dans le voyage… comment vos enfants ont-ils vécu cette expérience ?

Les enfants ont eu du mal à se projeter. Ils ont tous vu le film « Les Pépites » avec nous, ce qui les a beaucoup aidés à s’approprier le projet. Ils étaient tout de même un peu inquiets : comment allaient ils pouvoir communiquer avec les enfants, ou allaient ils dormir ? Resteraient ils avec nous ou bien devraient-ils se débrouiller tout seul ?

Une fois sur place, tout s’est super bien passé. Néanmoins, ils ont été très impressionnés par le foyer source de vie avec les handicapés. Mes deux aînés ont été assez à l’aise mais le dernier (9 ans) a été révolté et n’a pas pu rester longtemps auprès d’eux.

Pour ma part, ce fut le moment le plus fort : être simplement là auprès de ces enfants. Communiquer autrement, instaurer le jeu, les faire sourire voire rire. Simplement se regarder, se toucher, être là vraiment présent ensemble.

Par contre, aller à la nurserie a remporté tous les suffrages. Quelle joie pour eux de jouer avec des enfants de 1 et 2 ans, très demandeurs de jeux et de câlins.

Forte de cette expérience de vie, quel message désirez-vous transmettre aujourd’hui ?

Depuis 20 ans, PSE a pu accueillir toujours plus d’enfants et ouvrir de nouveaux centres à Phnom Penh et Siem Reap, grâce aux 7000 parrainages.

Mais Papy nous a quittés il y a 2 ans et beaucoup de ces parrains sont de sa génération. Il faut donc toujours de nouveaux parrains. PSE ne peut continuer à sortir ces enfants de la misère que si des gens comme nous acceptent de parrainer.

Aurions-nous fait la même chose que les des Pallières il y a 20 ans si nous avions été à leur place ? Probablement pas … Mais aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir concrètement aider ces enfants en soutenant l’action de Papy et Mamie avec notre parrainage.

 Pour en savoir plus et soutenir l’association « Pour en Sourire d’Enfant (PSE) » :  https://pse.ong
 Pour les rejoindre sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/PSEHK/

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