Je vous écris depuis Pékin pour vous demander de tenir bon

Coronavirus-Pekin-UNE femmexpat 559x520-4Marie-Christine vit à Pékin depuis août 2019. Pour rassurer ses proches, elle consigne chaque semaine par écrit, anecdotes et informations sur sa vie avec le Coronavirus Covid-19.

Avec la globalisation de l’épidémie, elle partage avec les FemmExpat, un peu de son expérience et nous encourage à garder espoir et surtout suivre les consignes de sécurité…

 

 

Le virus a désormais conquis la planète ou presque…

Vos pays, Japon, Italie, France et Etats-Unis vivent des épisodes de confinement à des échelles diverses

Cela a commencé pour nous le 23 janvier en Chine et ce n’est pas fini, même si aujourd’hui ici, les cas deviennent rarissimes. La quarantaine a prouvé son efficacité. Mais ce n’est pas un moment agréable à vivre.
 
 

Pour avoir pris un peu de recul, je voudrais évoquer les sentiments et les émotions que nous avons éprouvés et peut-être y trouverez-vous un écho

 
Finalement, cette nouvelle vie de semi-confinement a suivi les étapes du deuil d’une ancienne vie plus libre et sans virus, pour quelques semaines.
 

Tout a commencé par le déni

Ce n’est pas si grave, c’est juste une grosse grippe et il y a au final peu de morts à Wuhan par rapport à la grippe, voire même aux accidents de voitures ! Les mesures sont trop drastiques. C’est exagéré !
 
Puis, les chiffres, les vidéos, la construction d’un hôpital de 1000 lits en 10 jours, l’afflux de milliers de médecins et d’infirmières de tout le pays pour aider, la mort de médecins de la première heure ont ébranlé ce manque de gravité.
 
 

La colère est arrivée

Ils ont réagi trop tard (à mesurer avec les réactions actuelles de pays prévenus), pourquoi des gens mangent-ils encore des animaux sauvages pouvant transmettre de telles maladies (pauvre pangolin et/ou chauve-souris)?, comment cela peut-il autant dégénérer en aussi peu de temps.
 
Colère couplée à une autre : mais on ne va pas m’empêcher de sortir, de voyager ? J’avais prévu… et je dois tout annuler, ce pays est trop autoritaire.
 
 

N’ayant pas vraiment le choix, on va essayer un peu de marchandage

D’accord pour mettre un masque (c’est devenu obligatoire, mais cela ne l’était pas au début), mais pas chez soi, mais pas pour courir, mais pas pour faire du vélo. D’accord pour faire les courses tous les trois jours, mais on continue d’aller dans les quelques restaurants ouverts (même par petit groupe), on continue de faire du vélo ou d’aller se promener.
 
Les restaurants ont fini par tous fermer et les sorties dans des parcs vides sont aussi un peu déprimants.
 
 

La tristesse arrive alors…

Quand on réalise que beaucoup de boutiques, de petits restaurants auront du mal à se relever de ces semaines sans client, où souvent ils paient leur employés malgré tout. La tristesse aussi de ces familles qui ont connu des décès dûs à ce virus, à ces malades qui sont guéris, mais qui vont mettre du temps à retrouver leur pleine santé. La tristesse, à un moindre niveau, de voir ces rues vides, ces sites fermés, ces résidences fermées aux visites.
 
 

Mais, comme nous sommes tous résilients, peu à peu, l’acceptation a fait son chemin

Le masque, voire les gants, sont devenus des vêtements habituels. Le lavage de mains est devenu un réflexe. On garde un contact virtuel avec la famille, les amis, ici ou ailleurs.
 
 

Les résultats sont là et sont encourageants, alors on est devenu patient

Ça va se finir, après quelques longues semaines mais ce n’est que quelques semaines. Croyez-nous !
 
On a pris le temps de se reposer, de voir notre conjoint travailler de la maison (et donc de le voir plus souvent), de savourer des moments que l’on ne voyait plus car pris dans le tourbillon de la vie (savourer un temps sans pollution, des soirées sans parler boulot, des films à regarder…). Regarder ce qu’on peut encore faire, plutôt que ce que l’on ne peut plus faire, aide à tenir le coup.
 
Et comme le rire aide aussi à aller bien, les dessins et vidéos humoristiques sont un plaisir. On finit par arrêter aussi de regarder tous les jours les chiffres en boucle et les chaînes anxiogènes. On peut encore aller se promener dans des endroits déserts.
 
 

Ça devient un moment “hors du temps” 

Nous le décrivons tous. Cette étape est finalement la meilleure. On retrouvera avec encore plus de plaisir ceux qu’on ne va pas voir pendant quelques temps !
 
Alors que nous pensions avoir fini avec les derniers cas, la Chine se referme sur elle-même. Elle a réussi à arrêter l’épidémie en arrêtant le pays. Elle ne veut pas de nouveaux cas de l’extérieur.
 
Depuis ce matin, zéro heure, à Pékin, toute personne venant de l’étranger (et donc pas forcément d’un pays en pleine épidémie), devra faire une quarantaine en hôtel à ses frais, même sans symptôme et même en ayant un logement sur Pékin. Les familles peuvent être séparées. Les ambassades vont être sollicitées au maximum pour éviter ces séparations. Cette volonté de dissuader les étrangers de revenir est claire, tant que la pandémie existera. Une nouvelle étape à vivre.
 
Le code couleur est désormais en place à Pékin. Nous ne l’avions pas installé samedi sur nos téléphones et nous n’avons pas pu entrer au HongQiao, un centre commercial très touristique. Nous l’avons installé hier et la flèche verte fut un vrai soulagement, prouvant notre présence à Pékin les 15 derniers jours. Merci (!) à notre compagnie de téléphone.
 

Bon courage à vous tous, au personnel médical incroyable en ce moment, à ceux qui peuvent travailler en télétravail, à ceux qui sont privés de travail, aux enfants qui vont découvrir qu’internet est aussi un vecteur d’enseignement, à ceux qui vont rester seuls, à ceux qui vont garder le sourire !

Surtout pensez à vous protéger, vous, vos proches, vos amis, surtout les plus vulnérables.  Nous pensons très fort à vous tous. Passez une belle semaine ! (malgré tout)

 
Marie-Christine
 
 

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