Quand expatriation rime avec célibat géographique

Il y eut 2020 et son lot de séparations forcées par la pandémie. Depuis, les départs en famille « envoyés par une entreprise » tendent à diminuer. Et voilà certains couples à nouveau face au célibat géographique. Loin des yeux, loin du cœur ? Comment être ensemble mais séparément ? Retrouvez ici les conseils de Béatrice de Carpentier, conseillère conjugale.

La question du lien

Certains couples vivent séparés géographiquement depuis le début de leur histoire, ils ont trouvé un rythme et apprécient l’alternance de périodes avec des soirées « pour soi » et de périodes de retrouvailles.

Pour ceux qui subissent une séparation imposée, le célibat « forcé » oblige le couple à se réinventer car la distance peut créer des angoisses, générer des reproches, des incompréhensions, voire un fossé qui se creuse peu à peu.

Comment accepter la séparation physique et le lien charnel moins fréquent, sans oublier l’autre, tout en lui gardant une place dans son cœur et dans sa vie ?

Le célibat géographique est un vrai challenge et peut devenir une épreuve pour le couple. Elle amène à réfléchir sur ce qui fait le couple : à quoi tient notre lien, notre intimité de couple ? Que deviennent-ils avec un vie commune réduite ? Comment remplacer cette « vie commune » par d’autres moyens de se dire notre amour pour garder une relation vivante ?

Célibat géographique : un équilibre fragile… et une opportunité

La séparation entraîne une solitude nouvelle pour chacun, plus ou moins douloureuse selon les personnalités, l’entourage, les activités personnelles en place. Dans tous les cas, un nouvel équilibre est à trouver.

Cette recherche d’équilibre peut être un risque ou une opportunité. Le risque serait de vouloir à tout prix combler le vide et de le faire sans l’autre, ne laissant pas de place pour son retour.

L’opportunité, c’est la possibilité qui s’ouvre à nous de faire le point sur nous-mêmes et nos désirs. Sans oublier l’autre, y a-t-il quelque chose que je souhaiterais développer chez moi pendant cette période, puisque j’ai un peu plus de temps pour moi ? Quelque chose qui puisse me faire grandir pour que notre relation soit plus forte ensuite, pour que je sois encore plus moi-même et donc capable de donner plus d’amour ?

Maintenir une relation vivante

Avant tout, l’important est de savoir que l’on va se retrouver, miser sur un avenir ensemble. La séparation peut finalement faire qu’on s’accroche plus pour que le couple dure, pour maintenir un lien solide.

Pour que la relation reste vivante, il faut rester vrai. Dire quand ça ne va pas, mais aussi quand ça va.

Avoir des projets communs, se raconter les détails du quotidien, écouter l’autre, se mettre d’accord sur les décisions pour les enfants, oser se déranger l’un l’autre pour se poser des questions du quotidien (sans être trop pesant non plus !).

Et puis aussi, prendre le temps de s’ajuster en couple sur les besoins de chacun, maintenir le dialogue :

  • comment ça va ?
  • Est-ce que tu trouves qu’on s’appelle trop/pas assez/au bon rythme ?
  • Quels sont les sujets qu’il te tient à cœur que nous abordions, et quels sont ceux sur lesquels tu aimerais passer moins de temps (voire les traiter par mail par exemple) ?
  • A quel rythme, quand et comment abordons-nous les points pratiques (décisions à prendre, informations familiales importantes) ?
  • Quand et comment prenons-nous un temps de qualité ensemble ?

Toutes ces questions sont à discuter à deux et demandent de se réadapter au fur et à mesure de la durée de la séparation.

Reproches et jalousie ou paroles valorisantes et confiance ?

La vie séparée permet à l’imagination de galoper et peut donner lieu à de vives jalousies. Pourtant, mieux vaut poser le postulat de base de la confiance, et se le dire, si on ne veut pas devenir marteau.

De même, on peut rapidement tomber dans les reproches lorsque le conjoint n’est pas là pour porter avec nous le poids des soucis du quotidien (ou dans la culpabilité pour celui qui n’est pas là).

Or il est important de rester juste dans nos revendications.

  • Est-ce que mon reproche est justifié ?
  • Est-ce que mon ton est ajusté à la gravité de la situation ? Plutôt que l’assaillir de reproches, que pouvons-nous faire pour que cela se passe mieux à l’avenir ?
  • Puis-je simplement lui dire ma peine, ma souffrance d’être seul(e) et de porter cette affaire qui m’est pénible ?

Par ailleurs, puisque le temps à deux est souvent compté, regardons aussi ce qui nous rassemble, disons-nous plus fréquemment notre amour, retenons dans notre cœur tous les petits signes d’amour que l’autre nous donne à sa manière (un coup de fil, la prise en charge d’une démarche à distance, un sms, l’organisation d’un voyage, etc !).

Que peut-on retirer du célibat géographique ?

Cette expérience peut nous permettre d’apprendre à mieux nous connaître pour exprimer plus clairement nos besoins, peurs, désirs, et notre amour ! Cela peut être aussi l’occasion de développer de nouveaux hobbies qui nous font du bien lorsque l’autre n’est pas là et comblent le vide sans tuer le désir de l’autre !

C’est aussi une opportunité pour apprendre à choisir ce qui est important pour nous dans nos échanges et retrouvailles. Lorsque certains de ces moments nous frustrent et nous semblent « ratés », demandons-nous ce qui a manqué. Ce sera l’occasion de transformer notre relation pour qu’elle gagne en intensité et remplisse nos réservoirs d’amour le mieux possible dans le temps qui nous est imparti.

Trucs et astuces pour couples éloignés géographiquement

  • On se donne des rendez-vous réguliers au téléphone ou par visio, juste pour sentir à la voix comment est le moral. Le rythme de ces rendez-vous dépend de votre couple : pour certains, ce sera plusieurs fois par jour, pour d’autres une fois par semaine.
  • On peut compléter ces rendez-vous par des échanges de sms, whatsapp, envoi de photos, etc.., selon le désir, le besoin, l’envie.
  • Surtout ne pas se donner des objectifs irréalisables ou pesants. Il faut que cela reste un plaisir de se retrouver, selon le rythme et les besoins propres à notre couple (et donc uniques !)
  • On peut aussi se faire des surprises en se faisant livrer mutuellement des objets par la poste (un livre, une friandise, ou un bouquet de fleurs, qui peut faire passer d’un coup le nuage d’une dispute !)
  • Enfin, pour les enfants, on peut rendre l’autre parent présent par des petites phrases comme « que penses-tu que ton père/ta mère en penserait ? » ou « veux-tu l’appeler/lui écrire pour lui demander son avis ? »

Chaque couple étant unique, ses besoins le sont aussi

Il n’y a donc pas de recette toute faite pour « mieux vivre le célibat géographique ». Celui-ci est en général une épreuve pour le couple, mieux vaut en avoir conscience et le reconnaître. Cela permet de choisir ensemble ce qui nous convient le mieux pour vivre cette période, dont le couple sortira peut-être grandi !

Et quand vous aurez enfin la joie de vous retrouver, même si cela demande quelques réajustements et beaucoup d’accueil, vous savourerez sans doute autrement toutes les petites choses qui font la vie commune ! 

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Sophie, célibataire géographique

Célibat géographique, périlleuse odyssée (1)  suivi de Célibat géographique, périlleuse odyssée (2) – Les conseils

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