La lovepat, cette expatriée du cœur

La lovepat, cette expatriée du cœur

Selon le “Baromètre de l’expatriation 2019”, réalisé par Expat Communication et la CFE, en partenariat avec la Banque Transatlantique, 36% des répondants à notre enquête, vivent l’expérience de l’expatriation en solo.

Mais qui sont-ils ? Comment gèrent-ils ? Nous vous dévoileront très prochainement l’analyse de ces détails mais en cette période de St-Valentin, à l’heure où « l’amour rime avec toujours », intéressons-nous à la « lovepat » et rendons-lui hommage.

Une lovepat ? 

C’est celle qui, un jour, a quitté sa maison, son pays. Celle qui est partie pour un ailleurs avec une autre langue, une autre culture, un autre climat. Celle qui a laissé derrière elle tout ce qu’elle connaissait vraiment. Et elle ne reviendrait pas. Pourtant, ce n’est pas une réfugiée, elle ne fuit aucune guerre, ni aucune crise économique.  Elle est juste une lovepat. Une expat partie par amour. 

Le grand plouf

Qu’elle l’ait rencontré dans une université londonienne ou en croisière sur la mer Egée, elle est tombée amoureuse. Comme Mowgli tombe de sa branche quand il aperçoit Shanti au bord de la rivière. Pour la lovepat, l’amour est aussi un grand plouf.

Elle fait le choix de partir en solo pour rejoindre celui qu’elle aime dans son pays. Bien décidée à en faire désormais le sien. Avec pour seul repère l’être aimé. De quoi boire la tasse non ?

Contre vents et marées

Contrairement aux nombreux expats partis pour un boulot, une envie d’espace, un rêve de meilleures conditions de vie, la seule raison de son départ est l’amour. Certains ont cru à une fantaisie, une bluette passagère. Beaucoup l’ont mise en garde contre un choix à première vue insensé.

Mais sa décision fût prise en toute conscience.

Les tourbillons de l’arrivée

En arrivant, la lovepat a enfin le bonheur d’être aux côtés de celui qu’elle aime. Mais elle compte sur les doigts d’une main les gens qu’elle connait. Elle n’a que ses deux valises, peu d’argent et pas de boulot.

Elle doit repartir de zéro. Soudain, elle est l’héroïne de « Rendez-vous en terre inconnue ». Sans billet retour, sans Frédéric Lopez et sans équipe télé. Juste lui et elle. Et leur amour comme radeau dans les tourbillons d’un océan inconnu.

Ramer pour garder le cap

La lovepat a franchi les frontières par passion. Elle ne va pas abandonner au premier crachin. Elle prend ses rames, et coup après coup, avance vers des eaux plus calmes.

Apprendre la langue n’est pas une question d’envie mais de survie. Démêler les nœuds administratifs pour hisser sa voile. Trouver un boulot pour reconstruire ses repères.

Lever l’ancre ?

La lovepat garde souvent le sentiment de ne pas savoir où est sa juste place. Des années après son installation, alors qu’elle est bien ancrée dans le pays de son amour, elle se pose toujours la question de repartir. A l’occasion d’un séjour dans son pays d’origine, au détour d’un déboire professionnel, voire amoureux, la tentation des origines refait surface. Pourtant nombreuses sont celles qui ne lèvent pas l’ancre. La lovepat s’est vraiment construit un destin ailleurs.

Se préparer au meilleur comme au pire

Malheureusement, pour la lovepat comme pour l’ensemble des couples qui vivent l’expatriation, si le meilleur arrive souvent, le pire est aussi possible. Ne nous voilons pas la face… La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et il arrive que des nuages se profilent ou qu’un décès survienne de façon brutale. Et là survient une situation délicate si rien n’a été anticipé.

Séparation, divorce et décès sont toujours des sujets difficiles à aborder et dans beaucoup de couples, on ne prend pas la mesure de ces drames que peut malheureusement réserver la vie. Or si la séparation et le divorce ne touchent que 3% des couples en expatriation, 8% des personnes interrogées au retour se déclarent séparées ou divorcées.

Afin d’atténuer les conséquences de ce qui semble inenvisageable, mieux vaut prévenir que guérir. S’informer et sécuriser ses finances avant de partir est le meilleur moyen d’envisager l’avenir sereinement.

Témoignages :

Il arrive que nos vies, toutes bien tracées, prennent des chemins de traverses au hasard d’une rencontre et c’est une vie toute entière qui s’en trouve bouleversée.

Les impétrantes qui ont livré ici leurs témoignages ont toutes, et c’est le pur fruit du hasard, un lien avec l’Europe du nord. Néanmoins leur récit peut être universel.

Lætitia, Birgitt, Valérie et Léa vous livrent leur histoire vue par leur prisme.

La rencontre, la décision d’aller plus loin !

  Birgitt, une suédoise en Inde

A l’aube de ma vie d’adulte, ma vie était aussi bien réglée que du papier à musique : instit’ dans un pays réputé égalitaire hommes/femmes (je suis suédoise) et j’ai rencontré mon futur mari Anesh, pilote à Air India chez des amis communs. Sa famille, qui pressentait qu’il avait « des intérêts » à l’étranger, lui a proposé plusieurs fois des mariages arrangés. Il fallait prendre une décision radicale ce qui impliquait que j’aille vivre dans son pays.

  Lætitia en Islande

Lorsque j’ai rencontré mon compagnon, il n’était que de passage venant de sa lointaine Islande et on a vécu un an un amour à distance. J’en ai bavé car l’amour à distance lorsque l’on est expat (j’étais à Vienne), ça mine.
On se voyait deux jours par mois si on avait de la chance, souvent à mi chemin, à Londres ou au Danemark, à l’hôtel. J’ai fait le choix de venir dans son pays parce que je ne voyais pas d’autre issue.

  Léa, une franco américaine en Chine puis en Norvège

En stage à Shanghaï, il n’y avait que deux têtes qui dépassaient dans le bus pour le boulot : la sienne (blonde) et la mienne (brune mais un mètre quatre-vingt-deux !). Alors forcément, un jour nos regards se sont croisés, lui le viking, moi la franco-américaine et c’est pas seulement le rapprochement des continents. De retour chez lui, il m’a trouvé un job tout bien pour moi. Donc si on aime et qu’en plus on a un job de folie, pas possible de dire : « je viens pas ! ».

  Valérie en Norvège

Un stage à l’étranger, un ami qui vous veut du bien, retour en France, 18 mois de réflexion avec autant d’allers/retours dans son pays à lui la Norvège, à Stavenger précisément… un cas classique.

Quand expatriation devient installation

  Birgitt :

On passe là de l’autre côté du miroir. Un mariage en Suède (vœux de mes parents pour « profiter » du droit suédois si ça se passe mal) et un mariage hindou à Delhi. Ce mariage me paraissait d’un exotisme inouï, un peu comme dans les cartoons.
Je dois dire que j’ai été très bien accueillie par ma belle-famille (ce qui n’est pas évident pour une étrangère peu conforme aux vœux des parents mais il y avait un précédent d’un mariage heureux avec une grand-mère anglaise et un grand-père hindou, ce qui à l’époque était révolutionnaire).
J’ai tout de suite compris alors que ma vie serait envers et contre tout un mariage aussi avec la joint family. Tout le monde habite dans le même quadra (pâté d’immeuble) et le patriarche prend les décisions finales : on émet des souhaits et il tranche.


Les problèmes que j’ai rencontrés :

  • Une incompréhension totale de mon mari quand j’ai voulu m’éloigner physiquement de sa famille omniprésente (un autre appartement). Il me trouvait en sécurité dans sa famille pendant ses vols et trouvait « ennuyeux » de vivre loin des siens.
  • Comprendre les codes de la vie sociétale indienne.
  • Le problème de la langue : très vite plus personne ne parlait anglais et je me sentais marginale. Premier objectif : parler l’hindi.
  • Avoir mon domaine de compétence (professeur à l’American College) alors que la famille voulait que je travaille dans le business familial comme tout le monde.
  • Avoir deux filles (pas un problème pour moi mais pour mon mari et ma belle famille).
  • Imposer ma culture (par exemple le Noël suédois alors qu’il n’y a pas de Noël en Inde) et la langue pour mes filles.

  Lætitia :

Là, j’ai vite basculé dans l’autre face de l’expat. L’adaptation est très difficile et ma belle confiance en moi a pris une énorme claque dans la figure. Quand l’expatriation se passe mal, c’est qu’on ne savait pas à quoi s’attendre. Dans mon cas, en effet, je n’ai pas réalisé dans quel pays j’allais, ni ce qui m’y attendait… à part ses bras !

Son opinion sur son pays a étouffé mes petites réticences et je suis partie la fleur au fusil. Finalement c’est une catastrophe. Il est dur de vivre dans un pays dont on ne parle pas la langue, surtout pour la vie sociale et professionnelle. Si vous êtes la seule étrangère dans un groupe, on vous oublie totalement et on parle elfique.
Mes premiers mois au travail ont été d’une grande solitude.

  Léa :

Franchement au début pas de problèmes majeurs : nos modes de vie n’étaient pas si éloignés que ça.

Au bout de deux ans il y a des trucs qui ont commencé à me gaver. Par exemple : je suis venue pour lui, j’ai appris le norvégien, je me suis fondue dans le paysage au maximum et lui, en deux ans, il n’a pas appris un mot de français (au moins pour communiquer avec mes amis). Il fallait tout le temps que je fasse la traduction. Je comprends bien le norvégien mais j’ai du mal à exprimer tout ce que je veux et de ce côté il ne m’aidait pas vraiment, même pas du tout et passait à l’anglais.

Je lui ai expliqué que lui il rentrait dans son pays et que c’était comme si il mettait des chaussons alors que moi c’était comme si je devais mettre mon 41 dans des chaussures en 38 : je me sentais toujours à l’étroit.
Pendant les soirées (souvent bien alcoolisées), je me sentais un paquet qu’on traînait, du coup je n’avais plus envie de sortir d’où engueulades !

  Valérie :

Mêmes formations, mêmes goûts, mêmes intérêts, à priori pas de lézard… mais au quotidien le climat, l’éloignement familial… ont commencé à peser.

Le bilan

  Birgitt :

Vingt quatre ans de mariage plus tard, je ne suis toujours pas indienne et plus tout à fait suédoise.
Ça n’a pas été facile tous les jours mais mon mari, et c’est le plus important, m’a supportée, aidée à me sentir bien dans son pays. Nous passons autant de temps maintenant dans chacun des nos deux pays. Nos filles qui étudient aux US : l’une veut venir faire une carrière de designer en Suède et l’autre retourner en Inde exercer. C’est pour moi une preuve. It’s worth it !!!

  Léa :

Crise, séparation et retrouvailles… oui mais dans un pays tiers : c’est peut être ça la solution !

  Valérie

Après une année de mariage, j’ai eu des doutes. Ce pays ne serait jamais le mien ! Alors j’ai fui, il n’y a pas d’autres mots.
J’ai retrouvé un ami de longue date (étranger lui aussi !) et ça a été la fin de notre union.

Merci beaucoup à Birgitt, Léa, Valérie et Lætitia pour leurs témoignages touchants.

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