Mali : quand 427 femmes peignent leur maison…

Carine maisons peintes SibyNous vous emmenons aujourd’hui au Mali, pour vous présenter le travail d’une FemmExpat de choc, Carine Ouvry-Bormans : l’inventaire photographique du concours de peintures murales des femmes Siby. Rencontre.

Carine, vous êtes une serial expat, épouse de diplomate. Comment avez-vous découvert ce projet ?

A chaque nouvelle installation, je me donne une règle : trouver un projet qui m’implique personnellement dans le pays où j’arrive. Evidemment, ma « bulle d’expat » est importante, elle me permet d’avoir une vie sociale riche, et je l’apprécie beaucoup. Mais c’est important pour moi de faire quelque chose en plus.

A Naïrobi, j’ai été enseignante bénévole dans une école (je suis historienne de formation). A Kinshasa, je suis intervenue dans un projet d’alphabétisation dans un centre d’accueil des enfants des rues. A mon arrivée au Mali, je cherchais un projet, et j’ai eu la chance de visiter le village de Siby, où l’Union européenne finançait un programme, et j’ai découvert ce festival des maisons peintes.

Alors en quoi consiste ce projet de peintures murales ?

Il s’agit d’un festival, lancé il y a 8 ans par le Centre Culturel Bougou Saba. Tous les ans, en février, les femmes du village de Siby, à 1 heure de route de Bamako, peignent les façades de leur maison (mais aussi de leurs murs, enclos, cases, etc.) avec des couleurs qu’elles trouvent dans la nature. Les plus belles sont récompensées par un jury. Mais tous les ans, au mois d’avril, avec l’arrivée de la saison des pluies, les murs retrouvent leurs couleurs d’origine et les peintures sont effacées. Au total 429 femmes participent à ce projet !

Cette tradition des maisons peintes est en fait assez ancienne dans les tribus Mandé. L’objectif de ce festival est de préserver ce savoir-faire qui se transmet depuis des générations.

Quelle fierté pour ces femmes !

Oui, et il faut savoir que tout le processus : l’implication des femmes, la préparation des maisons, les réunions d’information, etc sont prises en charge par des associations de femmes de chaque quartier. Tout ce travail permet également de montrer l’importance du respect de l’environnement, et de posséder une maison en briques crues et non cuites, beaucoup plus écologiques. Les constructions en ciment sont moins chères mais le ciment est très chaud et pas adapté au climat, alors qu’avec les briques crues, il ne fait vraiment pas chaud du tout et la clim est inutile.

Quelle a été votre mission au sein de ce projet ?

Depuis 8 ans déjà, les organisateurs cherchent à archiver et à garder une trace visuelle de ces peintures éphémères. De mon côté, quand j’ai découvert le projet la première fois, j’ai tout de suite eu le sentiment qu’il fallait immortaliser cela !

Par ailleurs, la transmission aux générations futures est primordiale pour ces populations. Etant moi-même professeur d’histoire, je me suis tout de suite portée volontaire pour faire l’inventaire de ces travaux. J’ai donc proposé de me charger de venir photographier les maisons, en prenant soin, quand cela était possible, d’y montrer la femme qui les a peintes. Et puis, 5 jours de suite, en février dernier, j’ai quitté Bamako à 6h30 du matin et j’ai commencé à prendre des photos.

Quelles ont été vos impressions ?

Ce qui m’a impressionné c’était la fierté de ces femmes, qui exposaient le résultat de leur travail, après des semaines d’efforts pour décorer leur mur. Elles voulaient toutes être sur la photo, à côté de leur œuvre. Elles voulaient être vues, reconnues. Souvent, je devais les interrompre dans leur travail, ou quand elles nourrissaient leur bébés. Certaines allaient vite se changer pour la photo, d’autres arrivaient telles quelles. Toutes s’assuraient d’avoir leurs chaussures, car être pied-nus n’est pas bien vu à Siby.

Et la suite du projet ?

La saison des pluies a donc tout effacé en avril ! (preuve que les peintures utilisées sont bien d’origine naturelle ! Impossible de tricher ici…). De mon côté, je vais m’impliquer encore pour l’édition du prochain festival. Sans doute offrir un tirage à chacune des femmes. J’ai aussi d’autres projets au Mali, notamment avec le Maître Marionnettiste Yaya Coulibaly … et sa collection de 24 000 marionnettes ! A suivre !

Carine Ouvry-Bormans est une expatriée au long cours. Elle est également la co-auteure du livre : “Expat Partner. Staying Active and Finding Work”.

Pour en savoir plus sur le projet, et consulter d’autres magnifiques photos de Carine, rendez-vous sur https://www.factsahelplus.com/bogo-ja et sur https://www.facebook.com/bogojasiby/

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En cours de certification ACC auprès d’ICF, Béatrice intervient sur des programmes internationaux auprès d’organisation internationale (USAID) en Afrique francophone et localement auprès des femmes entrepreneurs et des personnes en transition professionnelle. Certifiée expat coach en 2021, elle intervient dans l’accompagnement des mobilités internationales, le coaching de transition de carrière internationale, les programmes de développement de l’intelligence interculturelle. 

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