FemmExpat est retournée au cinéma, et franchement, cela fait du bien. Surtout quand ce sont des films qui font vibrer nos cœurs de femmes expatriées, comme 9 jours à Raqqa, sorti le 8 septembre en France. Des projections sont possibles dans vos pays d’expat (centres culturels, Alliances françaises, etc.) – n’hésitez pas à contacter la production ! Cela vaut la peine.
Depuis le Cambodge où il est expatrié depuis des années, Xavier de Lauzanne nous a habitué à des documentaires particulièrement inspirants. « Les Pépites », qui retraçait de façon pétillante l’épopée de l’association « Pour un Sourire d’Enfant », c’était lui. « D’une Seule Voix », qui raconte la grande tournée de musiciens israéliens et palestiniens rassemblés par un Français, c’est encore lui. Son talent : présenter des héros contemporains, sans pathos ni facilité. Comme l’écrivait les Inrocks en 2016, ses films « vous donneront envie d’être une meilleure personne ».
Aujourd’hui, Xavier de Lauzanne revient avec un film qui fait vibrer nos cœurs de femmes expatriées. A la frontière entre le reportage et le documentaire, 9 jours de Raqqa nous ramène en 2019 à la suite de la journaliste et écrivaine Marine de Tilly dans le Nord Est de la Syrie.
Une équipe de cinq esprits ouverts : Marine l’écrivaine, une perchiste, un photographe, Xavier le réalisateur et une interprète. On les suit alors qu’ils s’embarquent pour une aventure sans filet : rejoindre Raqqa, ancienne capitale du califat de Daech, à peine libérée du joug de l’Etat Islamique, pour rencontrer la jeune maire kurde de cette ville arabe, Leïla Mustapha.
9 jours, caméra au poing, pas un de plus. Presque rien pour collecter les propos, les images, les témoignages qui permettront de montrer au monde les ruines de cette ville détruite à plus de 80% par l’occupation et les bombardements. 9 jours, pas un de plus, pour rencontrer cette icône qu’est devenue la jeune maire kurde, pour comprendre ce qui la motive et essayer de deviner l’envers du décor. 9 jours pendant lesquels ils doivent attendre longuement la jeune édile débordée par ses rendez-vous municipaux, sans pouvoir trop sortir, contraints par les enjeux de sécurité alors que les enlèvements et les assassinats restent quotidiens.
De ces contraintes majeures naît un saisissant portrait. Porté par la musique poignante d’Ibrahim Maalouf, compositeur libanais qui retrouve dans ces images celles du Beyrouth martyr de son enfance, le spectateur est immergé dans les ruines de Raqqa. Des plans très sobres suggèrent la détresse de ses habitants encore hantés par les crimes, les violences, le néant qui les ont accompagnés pendant 4 ans.
Quatre années pendant lesquelles comme le raconte Leïla, « des enfants dénonçaient leurs parents, des femmes étaient violentées devant leurs enfants, l’âme était niée. »
Et pourtant, c’est avec une voix toujours douce et paisible que Leïla témoigne. Aucun esprit de revanche ne s’entend dans le discours de cette ingénieure, sortie major de sa promotion d’experts en Génie Civil. Et c’est là que réside toute la force de ce film. Le contraste saisissant entre la violence du contexte, l’ampleur de la destruction et la sérénité de cette jeune femme. Evidemment, on pense à Jeanne d’Arc. Alors chacun s’inquiète pour l’avenir de cette femme sans voile qui suscite une dynamique de consensus et de développement dangereuse pour les puissances qui orchestrent le chaos dans cette région.
Mais pour l’instant, l’aventure de Leïla continue. Avec intelligence et détermination, elle poursuit sa mission de reconstruction des murs et des âmes de Raqqa. Elle a à peine 30 ans. Un exemple de courage et d’engagement pour nos filles. Et surtout pour nous.
Alors si vous souhaitez organiser une projection dans votre ville, n’hésitez pas à contacter l’équipe de production d’Aloest Films sur leur page Facebook.
Pour l’étranger, contacter : Taskovski films.
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