Je n’en peux plus ! Suis-je en burnout parental ? 

Vous vous sentez épuisée mais pas que…c’est plus fort que ça : vous êtes en mode pilote automatique, vous n’avez plus de plaisir à être avec vos enfants et parfois même vous ne vous reconnaissez plus par rapport au parent que vous étiez avant. Êtes-vous en burn-out parental ? Capucine Thireau, spécialisée pour détecter, prévenir et traiter le burn-out parental nous éclaire sur ce sujet encore tabou de nos jours.

« Il n’y a rien d’assez fort pour dire ce que je ressens »

« Je suis en train de me noyer »

Votre conjoint vous dit « Va faire une petite sieste et ça ira mieux» et vous pensez « Ça n’est pas juste d’une sieste dont j’ai besoin, c’est tellement plus! »

« J’ai besoin que l’on légitime ce que je ressens »

Être parent au XXIè siècle : une pression sur tous les fronts

On parle déjà depuis un temps de burn-out professionnel et de dépression post partum : qu’est-ce que ce nouveau terme de burn-out parental ? Très peu d’études sont apparues à ce sujet jusqu’à ce que les professeurs belges à  l’université de Louvain, Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, mènent en 2015, 15 études sur plus de 18 000 parents et 42 pays pour définir ce concept. C’est un sujet qui est encore tabou de nos jours surtout dans une société où l’on met l’accent sur les aspects positifs de la parentalité.

S’il existe peu de chiffres sur le burn-out parental en France, on estime qu’il touche entre 5 et 8% des parents en Belgique, d’après une étude menée par l’Université Catholique de Louvain en 2019. 

« La pression sur les parents n’a jamais été aussi forte et le temps dont ils disposent pour exercer leur parentalité n’a jamais été aussi restreint. On peut supposer que le burn-out ne va faire qu’augmenter en prévalence », affirme Moïra Mikolajczak, chercheuse en psychologie et co-auteure du livre « Le burn-out parental, l’éviter et s’en sortir ».

Aujourd’hui il existe une forte pression sur les parents qui doivent être bons sur tous les fronts :

  • positifs,
  • à l’écoute de leurs émotions et de celles de leurs enfants,
  • attentifs au bon développement de chacun (eux-mêmes, leurs enfants, leur conjoint),
  • attentifs à l’ouverture au monde de tous,
  • préoccupés par une saine alimentation…


Les études actuelles montrent notamment que les parents occidentaux sont 5 fois plus à risque que des parents africains : les cultures occidentales plus individualistes n’ont pas les mêmes stresseurs que les cultures africaines pour lesquelles « il faut tout un village pour éduquer un enfant ».

Quelle est la définition du burn-out parental ?

TROP DE STRESSEURS, pendant trop LONGTEMPS, avec PAS ASSEZ DE RESSOURCES mènent au burn-out parental.

Imaginez une balance avec d’un côté les ressources à gauche et de l’autre les stresseurs à droite. Lorsque les stresseurs liés à la parentalité sont trop nombreux, et non compensés par des ressources alors il se crée un déséquilibre de votre balance qui vous mène au burn-out parental.

On ne tombe pas en burn-out parental du jour au lendemain, c’est un processus qui se crée sur la durée. Chaque burn-out parental est unique et spécifique à chacun. En revanche, il existe des symptômes communs à tous les parents:

Quels sont les symptômes du burn-out parental ?

  • Epuisement (physique et émotionnelle)
  • Distanciation émotionnelle : le parent qui n’a plus d’énergie pour s’investir, se met en mode « pilote automatique » et réalise les tâches minimales pour ses enfants. On parle alors d’une parentalité froide. 
  • Cela conduit à une perte de plaisir d’être parent : plus de plaisir à passer du temps avec ses enfants, tout est trop et le parent sature de son rôle. 
  • Ces 3 symptômes doivent faire contraste avec le parent qu’il était avant : le parent en burn-out parental ne se reconnaît plus. Les enfants et l’entourage aussi s’en rendent compte.

Les conséquences du burn-out parental

  • sur le parent : perte d’estime de soi, irritabilité, problème de santé, de sommeil, apparition d’addictions, idées suicidaires…
  • les enfants : négligences physiques et éducatives , violence verbale-physique ou psychologique, anxiété, trouble du sommeil…
  • ou sur le couple : intensification des conflits, violence, envie de rapports adultères…

Deux grands stresseurs vont particulièrement peser dans la balance de manière significative :

  • Le perfectionnisme : La pression que le parent se met pour être un parent parfait, amplifiée par la pression et les injonctions de la société, n’est pas anodine
  • La façon dont le parent gère ses émotions : un parent qui a des difficultés à reconnaître, accepter et exprimer ses émotions sera beaucoup plus à risque 

Quelques mythes sur le burn-out parental

👉Le burn-out parental ne touche que les femmes. FAUX ! 1/3 des burn out parental touche des hommes. Les études montrent d’ailleurs que les pères y sont plus vulnérables.

👉Le burn-out parental ne touche que les parents d’enfants en bas âge. FAUX ! les jeunes enfants nécessitent beaucoup de soins mais les enfants plus âgés apportent aussi des stresseurs tout comme les enfants devenus adultes.

👉Le burn-out parental ne concerne que les parents d’enfants difficiles. FAUX ! Certes, les comportements difficiles sont des sources de stress mais le burn-out parental est lié à un mal être vis à vis du rôle parental plutôt qu’aux caractéristiques des enfants eux mêmes.

👉Le burn-out parental est une invention du 21ème siècle. FAUX ! Le surmenage a toujours existé. En revanche, les risques, les stresseurs et les ressources ont varié selon les époques.

👉Les parents solo sont beaucoup plus à risque de burn-out parental. FAUX ! A elle seule la monoparentalité n’est pas source de burn-out parental. Il existe seulement moins de ressources pour un parent seul.

👉Les parents précarisés sont plus à risque de burn-out parental. FAUX ! Les parents les moins précarisés sont aussi ceux les plus attentifs à la parentalité bienveillante, alimentation saine, réussite scolaire…ce sont souvent les parents les plus éduqués qui sont les plus à risque.

Le plus souvent, les parents en burn-out parental sont des parents extraordinaires !

Suis-je en burn-out parental?

Vous pouvez tout d’abord évaluer si vous reconnaissez avoir les symptômes précités : épuisement, distanciation émotionnelle, perte de plaisir et contraste avec le parent que vous étiez.

Si vous avez un doute, il vous est possible de faire un test en ligne pour savoir où vous en êtes.

L’aide d’un professionnel vous sera utile pour faire l’état de votre balance, entre vos stresseurs et vos ressources, afin d’évaluer où vous en êtes et de prendre les éventuelles mesures nécessaires. 

Pourquoi c’est plus compliqué en expatriation?

Le fait d’habiter à l’étranger peut augmenter les stresseurs dans votre balance : 

  • Un nième déménagement qui vous épuise,
  • La perte de repères dans votre nouvel environnement,
  • Une nouvelle langue que vous ne maîtrisez pas,
  • Un système de santé ou éducatif non adapté à vos besoins et ceux de vos enfants,
  • Un conjoint souvent absent pour raison professionnel,
  • Une gestion de votre quotidien plus contraignante (coupures d’eau et d’électricité, climat difficile à supporter)…

Et diminuer les ressources:

  • Manque d’aide : loin de votre famille élargie qui peut prendre le relais, vous pouvez vous retrouver seul.
  • Déséquilibre de votre besoin professionnel : vous avez peut-être quitté un travail pour votre projet d’expatriation et cela vous pèse.
  • Manque de projets enrichissants en dehors de votre rôle de parent.

L’expatriation et le droit aux parents de « craquer »

Souvent, le parent expatrié ne se donne pas le droit de “craquer” car il ne dispose pas forcément de relais sur place pour le seconder.

De plus, en tant qu’expatrié, on n’ose souvent pas dire que c’est dur car cela paraîtrait indécent. La vie en expatriation est vue de l’extérieur comme un rêve…Ce ne serait donc pas normal de « craquer ».  L’entourage ne se rend pas compte que tout n’est pas toujours rose en expatriation malgré la belle maison, le soleil, l’aide locale, le niveau de vie…

En expatriation, cette problématique est d’autant plus d’actualité pour les femmes. Elles ont en effet bousculé leurs repères (sacrifice professionnel, difficultés à trouver un job ou à se réinventer…) et cherchent à donner du sens à leur nouvelle vie. Sans compter qu’avec un conjoint souvent absent, elles peuvent parfois se retrouver seules à porter tout ce petit monde à bout de bras.

Les mères, ciment de la famille en expatriation…

La femme en expatriation est plus qu’ailleurs le ciment de la famille. Elle peut décider de consacrer à sa famille beaucoup d’énergie et il faudra être vigilant au niveau d’exigence qu’elle y mettra pour éviter que son perfectionnisme ne soit source de stress. Une enseignante fraîchement arrivée dans un lycée français de l’étranger confiait : 

« Je n’ai jamais vu de mères aussi impliquées. Peut-être parce qu’elles projettent dans leurs enfants l’exigence professionnelle qu’elles n’utilisent plus depuis qu’elles ont mis leur carrière entre parenthèses. Il faut dire qu’elles sont aussi particulièrement diplômées et efficaces. Mais j’ai parfois l’impression qu’elles se surinvestissent.« 

À l’étranger on peut se sentir encore plus démuni face à la difficulté à trouver des professionnels compétents dans le domaine de l’accompagnement parental.  La barrière de la langue locale peut également être un frein à l’accompagnement. 

Alors quelles solutions face au burn-out parental aujourd’hui ?

Est-ce que je peux m’en sortir ? OUI, bien sûr, on sort du burn-out parental ! Un parent épuisé a besoin d’être entouré et reconnu, et de savoir qu’il n’est pas seul dans ce cas.

Pourquoi il faut être attentif ? Parce que quand on est en burn-out parental, on ne peut pas s’extraire de son rôle de parent (alors qu’une personne en burn-out professionnel peut être mise en arrêt maladie). Mon conseil est donc de ne pas rester seule dans votre souffrance et votre détresse. Osez vous faire aider! Là encore, un accompagnement par un professionnel (du sommeil, en nutrition, psychologue, conseiller parental…) vous sera d’une grande aide. 

Grâce à cet accompagnement vous trouverez :

  • Une écoute bienveillante
  • Comment rétablir votre balance en cherchant ensemble vos stresseurs les plus lourds et sur quelles ressources vous appuyer
  • Des conseils face à vos insomnies, aux cris de vos enfants, à votre gestion du stress, à votre image de parent parfait…
  • Comment exprimer vos besoins de manière constructive
  • Comment rétablir votre image de vous même et retrouver goût à la parentalité

Il est enfin important d’en parler, que ce sujet ne soit plus tabou notamment pour aider les parents à ne pas culpabiliser, à ne pas se sentir fous ou de mauvais parents. Pour poursuivre votre réflexion, je vous invite à lire le témoignage de Cyntia « Devenir parent à l’étranger: ce que j’en ai appris! ».

Pour revoir le replay de notre conférence sur le burn-out parental :

Capucine Thireau

Photo Capucine Th

Capucine est conseillère parentale, spécialisée dans les enfants à haut potentiel et en Burn-out parental, formatrice en Discipline Positive et coach de la Coach Academy d’Expat Communication. Elle accompagne de nombreux éducateurs à travers le monde pour les aider à retrouver une bonne communication et harmonie familiale, le tout dans le respect mutuel.
Expatriée depuis 2011 en Allemagne, Belgique et Afrique du Sud, elle connaît les challenges que l’expatriation apportent à une vie de famille.

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bébé en expatriation
Après un passage à vide, Cyntia, expat aux USA s’est faite une promesse : éviter que d’autres mamans vivent ce type d’expérience. C’est pour cela qu’avec son amie Pauline elles ont créé MAMA POTIA. Des ressources pour les parents du monde entier en collaboration avec des professionnels spécialisés maternité, parentalité. On y aborde le postpartum, l’éducation Montessori, l’allaitement et beaucoup d’autres choses… Aujourd’hui, elle nous livre quelques conseils sur la parentalité en expatriation.

 

Un bébé en expat : se préparer, et préparer son « village »

Ce qui me semble important de préparer avant l’arrivée d’un bébé et en particulier si c’est un premier, c’est d’avoir un entourage, “le village”, prêt à vous aider. Que ce soit un voisin pour faire des courses, des amis qui vous déposent des petits plats. Quand la famille est à des milliers de km, il est nécessaire de trouver un équivalent sur place pour vous aider.

Ensuite, il y a tout l’aspect médical. Les pratiques sont souvent très différentes entre son pays d’origine et son pays d’accueil. Les comparer peut être source de stress… Mais ce qui aide, c’est d’échanger avec des parents pour connaître les habitudes locales. Se renseigner sur les différents hôpitaux, la possibilité de prendre une doula par exemple, soit pour la naissance, soit pour le postpartum. C’était pour moi inconcevable d’avoir une inconnue à mes côtés lors de mon premier accouchement et pourtant j’ai choisi de le faire pour mon second. Le plus d’aide on réunit autour de soi, le mieux c’est.

Ne pas s’oublier – la question des visites

Le sujet des visites me paraît important à signaler. Les proches voudront peut-être faire le voyage pour voir bébé, cela sous-entend avoir du monde chez soi en plein postpartum 24h/24. Posez-vous la question si c’est ce que vous voulez et n’ayez pas peur de dire non. Je dirais de bien choisir ses visites. Des visites de qualité, c’est-à-dire des personnes qui viennent pour vous aider et non pas pour visiter la ville.

La question de la garde des enfants en expatriation

Faire garder son/ses enfants n’est pas si simple. Comment éviter d’aller jusqu’au burn out parental ? Encore une fois, on est souvent isolé et c’est impossible de déposer les enfants chez les grands-parents le week-end. Quand vous avez un rendez-vous pro hyper important et que la petite est malade, mamie ne peut pas sauter dans un avion et venir vous aider. Et tout cela s’accumule, et vous pouvez vite étouffer dans ce quotidien. A nouveau, n’hésitez pas à solliciter votre village. Vous pouvez proposer à des amis de garder les enfants à tour de rôle par exemple.

Partir quelques heures pour souffler, ou une nuit même dans un hôtel à 5 min de chez vous, vous ressourcer, en week-end ou en semaine (moins de culpabilité pour celui qui est à la maison car les enfants seront à l’école).

Communiquez avec votre conjoint

La communication au sein du couple aussi est très importante. Dites à votre partenaire ce que vous ressentez au lieu d’attendre qu’il/elle se rende compte. Communiquer ensemble pour trouver un équilibre et des solutions.

L’expatriation est une aventure magnifique mais qui a ses hauts et ses bas. En étant informée, en se posant les bonnes questions, dès le départ et en s’organisant, cela vous permettra de vivre un postpartum plus serein et plus agréable. Et puis un jour, vous regarderez tout ce que vous avez accompli et vous pourrez en être sacrément fière !

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