Tout savoir sur la fièvre de l’enfant – l’avis du pédiatre

La fièvre de l'enfantNez qui coule, toux, diarrhée, fièvre… sans pour autant être les signes de la pandémie actuelle, ces symptômes sont relativement fréquents chez l’enfant, surtout en saison hivernale. Mais cela peut vite devenir inquiétant quand ils s’attaquent à nos petits expats sans défense… 

Pauline Krug-Tricot, pédiatre française expatriée à Tokyo et fondatrice du podcast WeePeeS, répond aujourd’hui à vos questions sur la fièvre, motif de consultation le plus fréquent en pédiatrie.  

 

 

 

🤔 La fièvre, qu’est-ce que c’est ?

On parle de fièvre quand la température du corps s’élève au-dessus de 38°C. La mesure la plus fiable s’effectue avec un thermomètre rectal. On peut aussi le placer sous le bras, et il faut alors ajouter 0,5°C au nombre affiché.

Il se crée dans le corps un équilibre entre la thermogenèse (=la fabrication de chaleur qui provient des réactions métaboliques du corps et de l’exercice physique) et la thermolyse (=l’élimination du surplus de chaleur, surtout par évaporation au niveau pulmonaire et cutané). Le thermostat du corps est assuré par une petite glande, l’hypothalamus, qui règle donc la température à 37°C, température constante qui permet que tout fonctionne bien.

Au cours de la fièvre, le point d’équilibre du thermostat est déplacé vers le haut, réglé sur 38, 40°C… C’est donc l’hypothalamus qui va dire au corps de diminuer la thermolyse et donc de garder la chaleur (par exemple en contractant les petits vaisseaux sanguins de la peau), et d’augmenter la thermogenèse, la fabrication de chaleur, en demandant aux muscles de se contracter : ce sont les frissons.

Et l’hyperthermie, qu’est-ce que c’est ? C’est différent de la fièvre. Dans l’hyperthermie, la chaleur s’accumule soit parce qu’elle n’arrive plus à être éliminée (par exemple à cause d’une diminution de la transpiration ou une température extérieure trop élevée), soit parce qu’il y a une production de chaleur trop importante, par exemple au cours d’un exercice intense.

 

🤒 Pourquoi a-t-on de la fièvre quand on est malade ?

Le plus souvent, un enfant a de la fièvre parce qu’il a contracté un microbe, virus, bactérie, parasite. Son organisme essaie de neutraliser cet ennemi et mobilise pour cela des cellules et des protéines qui vont travailler ensemble pour attaquer le microbe.

Cette « armée de l’inflammation » va notamment monter le thermostat du corps et augmenter la température. La fièvre, c’est donc la chaleur qui résulte de l’inflammation produite dans l’organisme pour lutter contre l’invasion du microbe.

 

🔥 L’inflammation suffit-elle à détruire le microbe ou faut-il prendre des médicaments ?

Pour la plupart des virus, en général, l’inflammation suffit à stopper l’infection. Il faut juste lui laisser le temps d’agir, ça prend quelques jours.

Pour les bactéries, les parasites et certains virus, en revanche, l’inflammation a besoin de l’aide de médicaments, les antibiotiques pour les bactéries, les antiparasitaires pour les parasites et les antiviraux pour les virus.

 

Et la fièvre, c’est dangereux ?

Il faut distinguer les effets néfastes de la fièvre elle-même et les dangers liés à l’infection qui provoque la fièvre. En général, la fièvre n’est pas dangereuse. La plupart du temps, entre 38°C et 40°C, elle est même plutôt bien supportée.

Mais parfois, ce n’est pas le cas. Le niveau de température ne témoigne pas à lui seul de la gravité de la situation, ce n’est donc pas un chiffre à 40 qui doit vous inquiéter en tant que tel. Souvent, c’est plutôt la variation rapide de la température qui est mal tolérée.

 

Les signes de gravités sont les suivants :

  • troubles de la conscience avec un enfant somnolent et peu réveillable,
  • une pâleur extrême,
  • un enfant geignard,
  • un enfant qui n’urine plus,
  • un temps de recoloration cutané qui s’allonge,
  • un pouls mal perçu,
  • le cœur qui s’accélère, signe que la circulation se fait mal.

Ces fièvres mal tolérées font redouter des causes sévères : infections bactériennes urinaires (pyélonéphrites) ou digestives, méningites bactériennes par exemple…

Une autre situation d’urgence que l’on peut rencontrer est la convulsion fébrile qui survient le plus souvent chez les petits enfants de moins de 5 ans, lors d’une ascension thermique brutale. Elles ne sont pas forcément le témoin d’une infection sévère, mais sont bien sûr très impressionnantes pour les parents. Et il faut savoir qu’elles ne provoquent pas de séquelles.

 

🌡️ Dois-je faire baisser la fièvre de mon enfant avec du paracétamol ou de l’ibuprofène ?

Comme on l’a dit, la fièvre est en général sans danger. L’objectif premier est donc d’assurer le confort de l’enfant.

Les anti-inflammatoires (comme l’ibuprofène et l’aspirine) sont maintenant déconseillés chez l’enfant, surtout en automédication, car ils peuvent donner des complications diverses : ils peuvent masquer une infection en l’éteignant et la faire flamber ensuite dans les jours qui suivent, ils peuvent provoquer des complications hépatiques sévères en cas de varicelle, mais aussi une insuffisance rénale par un phénomène allergique ou en aggravant une déshydratation.

On préfère donc le paracétamol, à raison d’une dose poids à la pipette, ou un suppositoire adapté au poids, toutes les 6 heures, ce qui équivaut à 15 mg de paracétamol /kg de poids. Il est donc inutile de contrôler la température plus souvent, car c’est très anxiogène, et vous ne pourrez pas donner d’autres doses de paracétamol avant le délai de 6h.

Aucune étude n’a montré l’efficacité d’une alternance paracétamol/anti-inflammatoire (ibuprofène ou aspirine).

 

💊 A part les médicaments, y a-t-il d’autres solutions ?

Oui, les moyens physiques vont augmenter les pertes de chaleur par thermolyse et compenser les pertes en eau.

En effet, il ne faut pas oublier que la fièvre fait transpirer donc fait perdre beaucoup d’eau. Il faut donc proposer à boire régulièrement, pour éviter la déshydratation, surtout chez les petits bébés. Il faut laisser les enfants découverts pour que leur chaleur corporelle puisse s’échapper naturellement, donc laissez les bébés en body ou même en couche, et les plus grands en sous-vêtements. Même s’ils ont des frissons !

Les autres mesures n’ont pas leur place, elles sont inefficaces et parfois même sources d’inconfort majeurs : donner un bain frais peut favoriser les convulsions et c’est en tout cas hyper désagréable. Le gant froid ou les poches de glaces sur le front n’aident pas et sont souvent très inconfortables pour l’enfant.

 

👨‍🔬 Dois-je vite consulter le médecin si mon enfant a de la fièvre ?

Oui, il faut consulter vite dans certains cas. Déjà en cas de signes de gravité, comme nous l’avons dit précédemment. Ensuite, si votre bébé a moins de 3 mois, car la fièvre peut être liée à une infection materno-fœtale, transmise par la maman en fin de grossesse ou au moment de l’accouchement, et peut aussi être plus rapidement invasive à cet âge.

Avant 6 semaines, un examen clinique s’impose, ainsi qu’un bilan sanguin, une analyse d’urine et une ponction lombaire, pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’infection sévère nécessitant une antibiothérapie et une surveillance à l’hôpital. Il faut aussi consulter rapidement si votre enfant a des antécédents particuliers d’infection, urinaire par exemple, ou s’il a des facteurs de risque particuliers (par exemple, un déficit immunitaire).

Dans les autres cas, vous pouvez attendre. En général, si on voit les enfants à moins de 24 h de fièvre, on aura du mal à trouver une cause. Bien sûr, on examinera la gorge, les oreilles, la peau, on auscultera les poumons, pour traquer l’infection bactérienne qui nécessiterait des antibiotiques, mais le plus souvent, vous repartirez avec les mêmes conseils : donner du paracétamol, découvrez-le, faites le bien boire ! Il est important tout de même de consulter au bout de 3-4 jours de fièvre, et si l’examen clinique ne nous donne aucun point d’appel, on réalisera souvent un bilan : analyse d’urine, prise de sang et radiographie des poumons au moindre doute.

 

Il est donc important de préciser d’un côté l’origine de la fièvre, de l’autre côté sa tolérance, pour mieux la prendre en charge.

Bon courage à tous dans votre lutte contre les virus de l’hiver !

 

Pauline Krug-Tricot, pédiatre française expatriée à Tokyo

 

Réécouter ici le podcast de Pauline consacré à la fièvre chez l’enfant :

> N’hésitez pas à contacter Pauline via sa page Facebooksur la page Instagram @WeePeeslepodcast, ou sur Twitter @WeepeesPodcast. 

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