Le coronavirus vu de mon lit

LA-crise-vue-de-mon-litAmies expat,

Lovée au creux de mon lit, bouillante de fièvre, le souffle couvert d’un voile de verre, j’ai vécu activement l’histoire. Dans 20 ans, je pourrai dire « j’y étais », et fièrement, montrer à mes petits-enfants ma poitrine sûrement encore très bombée en m’exclamant « je l’ai eu moi, le Corona ! »

 

Enfin, en attendant, c’est le Corona qui m’a bien eue

A force de traîner dans le métro en tentant de ne m’agripper à rien, de croiser sans les saluer les voyageurs qui hantent notre tour de contrôle de bureau, d’aller dépouiller des votes au soir d’élections si « indispensables » qu’on ne les finit même pas, j’ai bien dû respirer quelque part cet infime infâme monstricule.

Il ne m’a pas prise par surprise donc, mais la rencontre a quand même été un choc. Depuis des semaines, j’expliquais à qui voulait m’entendre (en vrai, je crois qu’à force, plus personne ne m’écoutait) qu’il fallait se protéger pour ne pas contaminer les plus fragiles, mais que pour nous, les « jeunes », ce ne serait pas un drame de l’attraper.

 

Et bien la rencontre m’a montré que je n’étais pas aussi solide que je le pensais

Le cas asymptomatique ne m’échut donc pas. J’ai eu droit au full package conventionnel d’une semaine aller-retour. Rien de grave pour moi et mes proches. Juste la version light du coronavirus, avec fièvre, toux, douleur au poumon, plus d’odorat et surtout, surtout, une fatigue implacable.

C’est ce mini témoignage, bien banal ; mais d’actualité que je viens vous raconter.

 

Surprenant mais logique, je n’ai jamais été inquiète

Cela fait deux mois que je scrute chaque jour cette vague qui monte. Pour des raisons professionnelles, et par curiosité, j’avais lu des centaines d’articles sur le sujet. J’étais donc convaincue de ne pratiquement rien risquer.

Cette conviction m’a portée tout du long, y compris au creux des nuits de fièvre où l’on délire un peu. L’angoisse qui m’habite concerne plutôt les personnes âgées et les plus fragiles. Eux méritent notre angoisse et les témoignages qui vont se succéder le montreront suffisamment dans les jours à venir.

De plus, l’idée que les enfants ne risquaient rien, a sûrement beaucoup contribué à ma sérénité (sérénité qui ne m’empêchait pas de vérifier ma température toutes les heures. )

 

La solitude, un crève-cœur

« L’avantage » de faire partir des premiers concernés consiste en ce que l’inquiétude des autres est encore vierge. J’ai reçu quasiment autant de coups de fil, Whatsapp, SMS qu’en une année normale. J’exagère à peine, mais j’avoue qu’il est délicieux de se sentir ainsi dorlotté, chouchoutté, coq en paté. Quand on a froid dans son lit, cela fait chaud au cœur.

Les amis des parents se préoccupaient de mon sort, ou des amis que je n’ai pas croisés depuis 20 ans ! Forcément, c’est le premier cas de Covid qu’ils croisaient. Dans un mois, les malheureux qui seront à leur tour touchés, auront probablement droit à moins d’égard et je le regrette pour eux car les bonnes ondes, ça fait guérir plus vite, c’est sûr !

 

En revanche, il est compliqué de se confiner chez soi au sein même du confinement. Compliqué et douloureux.

Les médecins recommandent cette mesure au cas où une sur-exposition pour la famille pourrait conduire à une contamination plus violente. Si cela n’empêche pas la famille d’avoir des attentions, de prendre soin du malade, il n’est plus question de l’approcher ni de le toucher. Et ça, c’est difficile.

Ne pas embrasser ses enfants, ne pas se blottir dans les bras de son mari juste quand on en a besoin, c’est dommage. Une fois qu’on se remet un peu, dîner seul en entendant la famille rire à côté, ne renforce pas directement le moral.

Puis quand on commence à se lever, voir un voisin faire un bond de côté pour vous éviter quand vous titubez vos premiers pas de convalescent, ça fait un peu bizarre.

 

Mais rien de grave, bien sûr, juste l’occasion de penser aux autres

De penser à toutes les personnes seules qui elles sont privées pour des semaines de ces contacts physiques qui rendent la vie plus humaine et plus solidaire. Pour les personnes fragiles, le toucher est le dernier sens qui permet de rester connecté aux autres. C’est la plus fondamentale des relations.

Toutes mes pensées sont tournées vers ceux qui doivent vivre cette épreuve seuls. Et notamment ceux qui ont perdu des êtres chers depuis peu et vivent ce deuil sans support physique.

 

Une expérience que j’ai choisi de partager aussitôt

On le dit ou pas ? Cela va inquiéter tous les gens que nous avons croisé récemment. Je n’aime pas être le paria (déjà le voisin qui fait des bonds sur le côté, et mon mari qui prend ma vaisselle comme celle d’une pestiférée, ça m’agace). Et surtout, cela va angoisser mes proches qui n’ont pas du tout mon approche sereine face à cette maladie. Je ne dénoncerai pas la personne qui écourtait nos conversations au téléphone comme si le virus allait sauter du portable pour l’envahir.

Pour la famille, les tenir au courant apparaît comme une évidence. Prévenir 15 jours après en mode « j’étais bien mal, mais maintenant, ça va mieux », ça ne leur ferait pas plaisir. Mais les autres ? Nous avons fait le choix de partager. D’abord parce que je ne suis pas très forte pour garder les choses pour moi, mais surtout car c’est de mon devoir de protéger les autres.

Voilà donc pourquoi j’ai reçu tant de messages.

Du même coup, j’ai découvert que plusieurs personnes autour de nous étaient infectées aussi et ont osé en parler. Et surtout, de nombreuses personnes m’ont appelé pour me poser des questions sur la maladie.

 

La plupart du temps, les gens qui ne vont pas bien se taisent ; parler de ses bobos peut être une porte ouverte pour que ceux qui se taisent osent s’exprimer

Parmi les coups de fil que j’ai reçus, une bonne moitié portaient sur le thème « et en fait, tu l’as su comment, car moi, j’ai mal à la tête en ce moment… ». J’ai été frappée de voir combien de personnes, dans le délire médiatique qui déferle sur nous, n’avaient plus les basics en tête sur les symptômes et la dangerosité du virus. « Et pour sortir, tu crois qu’il faut porter le masque ? »

Oups, attendez, une semaine de fièvre n’a pas fait de moi un expert. Mais en fait, il s’agit juste d’apaiser une angoisse qui n’a pas trouvé à s’épancher. Pour une fois que j’ai du temps, j’écoute, je pose des questions, je répète la parole officielle (je n’en connais pas d’autre de toute façon).

 

Voilà, du coup, je vais jusqu’au bout de la démarche

Car il a semblé qu’elle soit utile à certains.

Après la famille, les collègues et les amis, je vous ai raconté le pas grand-chose de mon expérience. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas en MP.

Quant à moi, j’ai repris avec énergie le travail car il y a tant de choses à faire en ce moment pour la communauté expat. Cela permet aussi de sortir du tête à tête avec la presse qui omnubile.

Et j’ai hâte de finir cette période de contagion pour pouvoir aussi me rendre utile auprès des seniors des environs. Une fois immunisé, on est moins dangereux pour les autres (enfin, malheureusement, même cela, ça se discute), et il y a tellement de besoin tout autour de nous !

 

Portrait Alix Carnot

 

Alix Carnot est Directrice Associée chez Expat Communication – Auteur de Chéri(e) on s’expatrie, guide de survie à l’usage des couples aventuriés.

 

 

 

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