Prise en charge à distance de la dyslexie

Dyslexie

Bonjour à tous !

Nous souhaitons apporter notre témoignage au sujet de la prise en charge à distance de notre enfant qui est dyslexique.

Nous sommes une famille française de 4 enfants expatriée depuis octobre 2012  aux USA. Nous avons déménagé à Milwaukee, dans l’état du Wisconsin, au Nord de Chicago, dans la région des Grands Lacs.

Ce n’est pas venu tout seul et un peu par hasard !Découverte de la dyslexie

Lors de notre arrivée, nos enfants ont été scolarisés en école publique américaine. Notre fils, alors âgé de 5 ans, avait été admis en K5 (l’équivalent de la Grande Section de Maternelle). Il avait suivi en France une Moyenne Section l’année précédente et la K5 nous paressait adaptée. Seulement, le programme n’est pas le même qu’en France et notre fils a dû apprendre rapidement l’alphabet en anglais et l’écriture des lettres car les autres élèves savaient déjà un peu lire et écrivaient des phrases.

L’année suivante, il est passé en 1st Grade (l’équivalent de notre CP) et son retard en lecture par rapport au programme a commencé à se creuser. Parallèlement, j’ai essayé de lui apprendre à lire en français à l’aide de différentes méthodes (CNED, méthode Boscher, Daniel et Valérie…) mais sans grands succès.

C’est en début de son année de 2nd grade (notre CE1) que j’ai commencé à avoir de réelles inquiétudes sur ses difficultés de lecture et sa capacité à pouvoir suivre le programme de son année scolaire, ou tout simplement sa journée scolaire. Une de nos amies françaises qui est dyslexique nous a mis la puce à l’oreille. Ayant des proches de la famille avec le même trouble de la lecture, il y avait des chances que notre fils soit concerné !

Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, la dyslexie « est un trouble spécifique et durable de l’acquisition puis de l’utilisation du langage écrit (lecture), chez un enfant normalement intelligent, indemne de troubles sensoriels ou psychologiques » (Dominique Chauvin, orthophoniste au Centre Référent Langage, Hôpital La Pitié-Salpétrière).

Non, ce n’est pas un retard mental ou physique comme j’ai pu l’entendre me le dire (« Tu as de la chance que cela ne se voit pas sur son visage» m’a dit une amie), mais une difficulté qu’il faut vite prendre en charge car l’enfant peut se retrouver vite exclu ou en échec scolaire. Je vous dis cela car parfois, on a une mauvaise idée de la dyslexie et on n’ose pas en parler. Cela se « répare » !

Bilan orthophonique

Aux USA, et comme dans beaucoup d’autres pays, la dyslexie n’est pas identifiée chez les jeunes enfants et même méconnue du corps enseignant. Il n’est pas rare dans le monde de l’entreprise, de rencontrer des personnes de tout niveau professionnel, dirigeant ou non, ayant des symptômes typiques de dyslexie.

Suite à ce constat de cette méconnaissance du cadre enseignant, nous nous sommes retournés vers une de nos connaissances françaises, orthophoniste, mariée à un américain. Nous l’avons vite contactée et elle nous a guidés vers un service de télé-orthophonie, une petite structure de professionnels de santé située dans les locaux de l’AP-HP.

Après une première prise de contact rapidement organisée, notre fils a bénéficié d’un bilan orthophonique avec un orthophoniste français. Ce dernier a déjà des patients aux Etats-Unis et il a pu nous orienter sur les démarches à suivre auprès de l’école.

Une première réunion par Skype a été réalisée avec l’école quelques semaines après les résultats de son bilan pour une prise de contact.
Une deuxième réunion par Skype, toujours, a suivi un mois plus tard avec l’orthophoniste français (qui parle très bien anglais !), l’équipe enseignante, l’équipe d’enseignement spécialisé, la psychologue de l’école et …nous !
Cette dernière réunion a été le déclencheur de la mise en place à l’école du suivi spécialisé de notre fils. Grâce à l’intervention de l’orthophoniste, chacun a pu être guidé dans son travail et un « plan de bataille », dont nous faisons parti, a été établi sur 3 ans.

Aujourd’hui, un aménagement scolaire est organisé par l’école et un suivi par des spécialistes de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture est mis en place.

Le suivi au quotidien

C’est ainsi que, depuis 18 mois, notre fils suit des séances d’orthophonie par Skype. Etant donné les 7 heures de décalage avec la France, ces séances se déroulent le matin avant qu’il parte à l’école. L’année dernière, elles étaient au rythme d’une fois par semaine et d’une durée d’environ 30 minutes. La capacité d’attention de notre fils était plus limitée au début, les efforts étaient sûrement plus fatiguant pour lui. Il râlait un peu car il se levait plus tôt. Mais très vite, les séances sont devenues des moments de plaisir et voire de récréation !

Depuis la rentrée de septembre, il suit 2 séances par semaine d’environ 30 minutes à 45 minutes parfois, en fonction de son attention ou de son état d’éveil. On n’est pas tous les jours en pleine forme !

Au même moment, il est rentré en 3rd Grade (notre CE2) et suit le programme de français du CNED (niveau CE1) à la maison.

Les séances se déroulent sur Skype et aussi à l’aide d’autres logiciels mis en place par l’orthophoniste. Ils permettent de faire des exercices interactifs avec lui. Si une partie de la séance est réalisée par écrit, les documents sont scannés puis envoyés à l’orthophoniste. Parfois, lui-même nous envoie des documents à imprimer avant la séance.

Pour sa part, l’école américaine a mis en place une « armée » de spécialistes : une qui intervient sur les techniques d’apprentissage de la lecture, une deuxième qui travaille la rapidité de lecture (« the fluency »), une troisième pour l’assistance en classe et un système de tutorat par les autres élèves pour aider notre fils en classe. Une fois par trimestre, notre fils rencontre également la psychologue de l’école afin de s’assurer que son vécu soit positif et qu’il conserve sa confiance en lui.

Pourquoi choisir une prise en charge orthophonique française ?

Dès l’annonce de notre suspicion de dyslexie auprès de l’école, ils nous ont orientés vers un neuro-pédopsychiatre afin d’établir un bilan neurologique et psychiatrique de notre enfant. Sans vous mentir, cela nous a fait peur. Nous ne voulions pas d’une médicalisation de la prise en charge.

Ce qui nous a aussi freiné, sont les tarifs des professionnels de santé américains. Comptez un minimum de 3000$ pour ce fameux bilan neurologique souvent nécessaire pour que la prise en charge par l’école soit acceptée, bilan ne garantissant en rien le bon diagnostique car uniquement neurologique (teste de QI etc). Dans notre cas, l’école a joué le jeu, grâce à la volonté de la directrice, de la maîtresse de notre fils (elle-même dyslexique auto corrigée) et de la professionnelle ELL qui accompagne nos 4 enfants dans l’apprentissage de l’anglais depuis leur arrivée aux USA.

Nous avons rencontré des adultes américains dyslexiques non corrigés. Peut-être est-ce dû aux tarifs prohibitifs, à la prise en charge non spécifique ou même, quelque fois, à l’ignorance du corps enseignant?

Et pour finir, lorsque vous êtes dans un autre pays, vous avez besoin de comprendre et d’accompagner votre enfant dans cette prise en charge si nouvelle. Ce qui n’est pas évident pour des étrangers !

Les résultats

Au bout de 18 mois d’expérience, nous pouvons constater les premiers résultats.
Actuellement, l’orthophoniste réalise un deuxième bilan qui nous permettra avec l’équipe enseignante et l’équipe spécialisée de l’école de réajuster si besoin notre travail collectif. Une première réunion est planifiée pour février. Nous savons que si nous avons besoin d’approfondir, l’orthophoniste pourra intervenir à notre demande.

Cet accompagnement est précieux. Notre fils a fait d’énormes progrès de lecture et d’écriture, en français et en anglais. Il peut désormais se débrouiller seul pour faire ses devoirs en anglais (avant nous devions tout lui lire et lui expliquer), il aime lire en anglais et en français (ce qui n’était pas gagné pour aucune des langues !), il cherche de lui-même des lectures plus compliquées aussi bien en anglais qu’en français, il arrive à s’auto-corriger dans les 2 langues et par-dessus tout, il n’a pas décroché dans les autres matières.

Sincèrement, nous ne voyons pas la différence de prise en charge à distance et en cabinet. Il aurait sûrement les mêmes résultats qu’un suivi en cabinet, mais vu notre éloignement, cela n’était pas envisageable… Et je dirais aujourd’hui, tant mieux ! L’orthophoniste est disponible, réactif et toujours à l’écoute. C’est une chance inouïe !

Ses progrès considérables sont le résultat d’un travail collectif : l’orthophoniste, l’école américaine, nous et surtout notre fils.
Nous savons que la prise en charge sera longue mais maintenant nous voilà rassurés où que nous allions !

Par Christiane Tarrade


L’orthographe, c’est important, mais l’expression l’est encore plus !
FemmExpat vous conseille de lire aussi :

Apprendre le français à nos enfants expatriés : en faire une habitude (1/2)

Apprendre le français à nos enfants expatriés : en faire une habitude (2/2)

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Avez-vous notre guide ?

    Notre site vous intéresse ?
    Ne partez pas sans vous inscrire à notre Newsletter !

    Chaque mardi, le mail qui prend soin des expats !
    Un boost de bonne humeur et de conseils.

    Rejoignez-nous !