Quel Noël en expatriation ? 5 profils d’expatriés

FemmExpat a remis le nez dans ses cours de sociologie cette semaine… et a découvert avec un œil passionné les théories de Philippe Pierre, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage qu’il signe avec Michel Sauquet : L’Archipel Humain.

Pourquoi en parler aujourd’hui ?

En cette veille de Noël, nous savons que vous êtes nombreuses à rentrer en France pour retrouver vos familles. Mais quelques-unes aussi à avoir fait le choix d’un Noël en expatriation, tentant par tous les moyens de retrouver un esprit et une ambiance qui corresponde à vos valeurs profondes, votre identité. Il y aura celles qui se fonderont dans le décor d’un Noël local et qui décoreront leur palmier et celles qui feront tout pour sentir l’odeur de la dinde, même sous 40 degrés autour d’un sapin artificiel.

Sans pour autant nous lancer dans une sociologie du Noël en expatriation, nous avons repensé aux profils d’expatriés proposés par Philippe Pierre.

Les profils d’expatriés, d’après Philippe Pierre et leur Noël possible, d’après FemmExpat…

Cet ancien DRH de L’Oréal mais également chercheur et professeur à Sciences Po a publié quelques ouvrages sur l’identité et l’interculturel. Il a d’ailleurs consacré en 2000 sa thèse de sociologie à « La socialisation des cadres internationaux dans l’entreprise mondialisée ». Le champ d’application était une entreprise pétrolière française, et le chercheur avait pour l’occasion rencontré des centaines de cadres internationaux « vivant certes un dépassement de frontières physiques mais également des frontières mentales, psychiques, sociales » (écouter le podcast). Nous avons retrouvé un résumé de sa thèse, dans laquelle il propose 5 profils d’expatriés, qu’il décrit comme 5 manières d’être étranger, de jouer avec son identité à l’étranger. Et donc, pourquoi pas… 5 façons de célébrer son Noël, à l’autre bout du monde.

Les Conservateurs.

Pour reprendre les mots du sociologie, « lors de leur mobilité à l’étranger, les “Conservateurs” vont diviser le monde social en deux hémisphères et faire vivre un « dedans » (le foyer familial le plus souvent) où ils cherchent à garder intact les modes de penser hérités de leur culture d’origine, et un « dehors »(principalement le monde de l’entreprise) où ils adoptent les modèles de comportement minimaux exigés par la vie des affaires. » Un peu plus loin, il décrit ces cadres « qui s’attachent, scrupuleux, à recenser à des milliers de kilomètres de distance les événements propres au pays quitté et qui déploient des trésors d’énergie pour se procurer journaux et documents filmés s’y afférant. »

Comment on imagine leur Noël ?

On image la famille du cadre « Conservateur » rentrer le plus souvent pour Noël, en France, dans son fief familial. Si toutefois il reste, on imagine facilement cet expat essayant de recréer un Noël à la Française : de la messe de minuit en français jusqu’au menu, en passant par le sapin décoré et la crèche provençale.

Les Défensifs.

D’après Philippe Pierre, ceux-ci « se construisent pleinement en “étrangers” et organisent une mise en scène de leur « univers originel » dans des formes qui restent assimilables pour la société du pays d’accueil ». Les Défensifs apprécient se montrer différents, et profitent de leur présence à l’étranger pour affirmer encore leur propre culture.

Comment on imagine leur Noël ?

Un Noël à la Française, certes, mais en assumant totalement le fait d’être à l’étranger. Madame décore le palmier du jardin avec une guirlande lumineuse, Monsieur se déguise en Père Noël intégral alors qu’il fait 40 degrés à l’ombre. On n’oublie pas le Facetime avec la famille en France.

Les Opportunistes.

Profils plus jeunes, « ils vivent cette expérience de la mobilité comme la principale source possible pourvoyeuse d’un avenir professionnel valorisant. » « Le mode de vie des « Opportunistes » est donc, le plus souvent, basé sur un principe fort de coupure entre vie familiale et vie professionnelle, et par la difficulté de les concilier pratiquement. Entretenant un rapport “ludique” à l’international, les “Opportunistes” paraissent boulimiques de sensations nouvelles, d’images insolites et de situations de travail sans cesse renouvelées.

Comment on imagine leur Noël ?

Noël ? Oui, ok pour marquer le coup, mais pas plus. L’ « opportuniste » n’aura pas trop le temps de faire plus, car il profite des vacances de Noël pour faire un treck dans un parc national avec sa famille.

Les Transnationaux.

Philippe Pierre les appelle aussi les héritiers, car beaucoup sont des enfants de militaires ou de diplomates. Ils ne sont jamais des étrangers à l’étranger. Il explique : « Beaucoup de « Transnationaux » ont poursuivi très tôt leurs études loin de leur foyer familial, hors de leur pays d’origine, au sein d’établissements universitaires réputés, accueillant des étudiants de toutes origines nationales, de sorte qu’ils peuvent appliquer en entreprise des comportements adaptés et appris (…). » Pour eux, « la culture internationale est d’autant mieux transmise qu’elle fait partie intégrante de l’histoire familiale et de ses repères identitaires, que l’épreuve de la mobilité internationale et le voyage sont perçus comme un accomplissement de dispositions anciennes et non comme des déracinements temporaires vécus lors de la socialisation secondaire en entreprise. »

Comment on imagine leur Noël ?

En réalité, il n’a pas un Noël, mais des Noëls. D’ailleurs, il a fêté dernièrement Thanksgiving avec sa belle famille il n’y a pas si longtemps. Alors Noël, c’est avec des amis français le 25, mais les cadeaux, c’est le 7 janvier, pour les Rois Mages, car Madame est Chilienne.

Les Convertis

Philippe Pierre parle surtout des cadres internationaux qui, étrangers en France, en adoptent l’intégralité des valeurs, allant jusqu’à l’assimilation, une réécriture de soi, en quelques sortes. Il explique : « Certains cadres internationaux cherchent à adopter de façon définitive et radicale le cadre de référence de la culture dominante dans laquelle ils s’insèrent. Le choix de la naturalisation en est la manifestation la plus aboutie et la recherche d’une carrière entièrement faite dans un seul pays d’adoption, une des conséquences pratiques. »

Comment on imagine leur Noël ?

Elle est loin, la messe de minuit de leur enfance. Il trouve d’ailleurs que depuis qu’il vit aux USA, Noël a un goût vraiment plus chaleureux. Comme si le meilleur de chez nous était maintenant, là, avec cette odeur de cannelle et ses lumières dans tous les jardins. Pas de nostalgie chez lui, cet expat-là est bien ici…

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