Incertitudes des retrouvailles : comment éviter que le couple vacille sous l’effet Covid ?

quand-le-couple-vacilleLa Covid-19 bouleverse le quotidien de nombreux couples expatriés : célibat géographique qui se prolonge, confinement à l’étranger, incertitude professionnelle, logement temporaire en France, déménagement coincé sur un container entre deux continents…

Partant des difficultés classiques du couple en expatriation « pré-covid », Béatrice, conseillère conjugale et familiale auprès de couples expatriés, explore  les situations inédites auxquelles certaines familles expatriées sont actuellement confrontées. Plus que jamais, les expatriés font preuve de courage, d’innovation et d’audace.

Alors que le premier danger pour le couple expatrié serait plutôt celui d’une désagrégation progressive du lien de couple, liée à un éloignement progressif des conjoints sur différents plans (géographique, personnel, professionnel), la Covid prolonge les séparations et les rend plus incertaines et insécurisantes.

En temps normal, il arrive que du jour au lendemain, les époux soient amenés à expérimenter des périodes d’éloignement géographique

Des séparations dues au travail du conjoint expatrié d’une part. Celui-ci commence souvent par rejoindre le pays d’expatriation avant sa famille. Une fois installé, son poste comprend de nombreux voyages professionnels pour sillonner la région qu’il a en charge.

Parfois aussi, les conjoints choisissent de « commuter », et le conjoint expatrié revient dans sa famille à intervalles réguliers (tous les weekends, tous les quinze jours,…).

S’ajoutent à cela les absences du conjoint suiveur, qui quitte régulièrement son conjoint pour passer les longues vacances d’été en France avec les enfants.

Or avec la covid, la plupart de ces mouvements sont à l’arrêt !

On pourrait s’en réjouir, en pensant que les difficultés s’éloignent !

Le problème, c’est que le système s’est arrêté brutalement sans crier gare, et que dans de nombreux cas, on a appuyé sur le bouton « arrêt » alors que les époux étaient séparés, parfois par plusieurs milliers de kilomètres !

Des couples et des familles se retrouvent séparés pendant des semaines et des mois, sans visibilité sur le moment des retrouvailles

Tel couple, dont les époux avaient choisi de vivre en célibat géographique et prévu de se retrouver toutes les 5 semaines, ne se voit plus depuis février.

Pour un autre, c’était un premier départ en expatriation, Madame devait suivre quelques semaines plus tard, mais elle est restée bloquée en France depuis des mois, n’ayant pas le visa adapté pour partir.

Pour d’autres encore, l’épouse était rentrée en France pour 2-3 semaines pour s’occuper d’un enfant ou d’un parent malade ou en difficulté, et les frontières se sont refermées le jour prévu pour son départ. Elle n’avait emporté qu’une valise d’affaires d’hiver et s’est retrouvée « sans domicile fixe », passant de maison d’accueil en maison d’accueil jusqu’à l’été…

Certains couples se retrouvent, mais savent qu’ils vont devoir se séparer à nouveau

Dans certains cas, le conjoint expatrié a enfin réussi à rentrer en France pour rejoindre sa famille, mais les conjoints savent que cela ne va pas durer. Pour continuer à nourrir la famille, il va bientôt falloir repartir, à nouveau pour une période indéterminée.  Ils préfèrent ne pas en parler tant qu’ils sont ensemble, afin de profiter au mieux de ce temps de paix.

Cet été, de nombreux retours en France pour les vacances ont également été annulés

Pour beaucoup, cela n’a pas été évident de faire une croix sur les retrouvailles annuelles avec la famille et les amis, parfois en plus en étant confinés dans le pays d’accueil.

Enfin, il y a le départ des enfants qui quittent le nid pour aller faire leurs études ailleurs

Cela demande un grand lâcher-prise pour les parents qui ne savent pas quand ils retrouveront leurs ouailles !

A ces séparations, la Covid apporte donc un obstacle supplémentaire de taille : l’incertitude sur le moment des retrouvailles 

Ne faire des projets, ni savoir quand viendra la fin de la séparation rendent celle-ci plus difficile à supporter.

Enfin, le stress et le mal-être des conjoints ou des enfants peuvent rejaillir sur le couple.

D’un côté, le conjoint expatrié voit souvent un accroissement majeur de ses responsabilités, ce qui est à la fois valorisant et source de stress. Il se sent souvent responsable d’avoir embarqué tous ses proches dans cette aventure et ne se donne donc pas droit à l’échec.

D’un autre côté, le conjoint suiveur assume en général la charge d’installer la famille. Pour ceux et celles qui souhaitaient retrouver un travail ou une activité sur place, la situation sanitaire actuelle complique beaucoup la tâche.

Avec les restrictions actuelles, les enfants eux-mêmes peuvent afficher des signes de mal-être importants liés à la séparation et/ou au contexte incertain (perte de parole, crises d’angoisse, etc…).

Difficile pour le couple, dans ces conditions, de conserver du temps pour nourrir son intimité, avoir des loisirs en commun et échanger autour des expériences, des moments importants vécus par chacun au cours de sa journée.

Les possibilités de prendre du temps gratuit en couple sont en l’occurrence souvent réduites

Soit parce que les conjoints sont séparés géographiquement, soit parce que le contexte sanitaire ne permet pas de sorties romantiques à deux !

Le conjoint suiveur n’en peut plus, et le conjoint expatrié n’est pas toujours très à l’écoute, à des kilomètres de là, et pris par ses propres soucis.

Pas de possibilité de se prendre dans les bras ou de se faire un petit restau pour oublier les frustrations et les rancoeurs. Il faut assumer, serrer les dents, avoir le sourire. Mais parfois, cela devient trop lourd…

Comment faire alors ? Voici quelques pistes pour dépasser la crise :

  • Passer du temps à rire ensemble :  même par téléphone, whatsapp ou autre, en mettant de côté les difficultés du moment, pour retisser le lien du couple, se détendre ensemble et retrouver de la complicité ;
  • Donner la clé à l’autre de ce qu’on attend, de ce qui nous fait du bien : « J’ai besoin de te dire ce qui va mal et que tu m’écoutes, sans culpabiliser ni chercher des solutions » ; parfois on est prêt à accepter une situation difficile, mais on a juste besoin de se sentir écouté(e) et de pouvoir exprimer que c’est dur ; une écoute bienveillante suffit à nous redonner la force nécessaire pour supporter une épreuve à laquelle on ne peut rien changer par ailleurs ;
  • Cela peut paraître trivial, mais on ne le dit jamais assez : se demander pardon, et accepter de pardonner à l’autre ses erreurs ou les blessures qu’il nous inflige sont des étapes qui permettent de dépasser bien des épreuves et des conflits !
  • Parfois j’emploie une image qui peut aider à supporter les moments de pertes de repères et d’incertitude : je propose de « s’assoir dans son champ de ruine », de prendre conscience qu’on est toujours bien là, même si tout autour de nous semble avoir été détruit, et d’attendre que ça repousse. Attendre de voir ce qui va germer, sans « tirer sur la plante » pour la faire pousser plus vite. Souvent, plusieurs années après des moments comme cela, on constate que ce temps a permis de faire émerger des choses nouvelles dans nos vies, qui n’auraient jamais vu le jour si tout ne s’était pas effondré à un moment.
  • Vivre sans pouvoir se projeter, c’est très dur, voire insoutenable. Alors faisons des projets, quitte à les réajuster régulièrement. C’est vital. Ou bien si on est trop fatigué, on fait une pause, on choisit une situation et on décide de ne plus la remettre en question pendant quelques temps, le temps de retrouver un peu d’énergie et de repartir.
  • Se réjouir des petites choses !

     

  • Se dire que c’est comme une phase d’adolescence : l’incertitude joue sur notre état émotionnel et nous demande de nous réadapter sans cesse à notre nouvel état. Parfois on ne sait plus ce qu’on pense ou ce qu’on ressent. Alors on s’assoit et on refait le point sur ses besoins, ses attentes, rien que pour aujourd’hui, ce sera déjà pas mal.
  • Enfin, échanger avec d’autres qui sont dans la même situation peut aussi apporter beaucoup de soulagement. FemmExpat propose des cafés virtuels réguliers à thème, qui sont de beaux lieux d’échange et de soutien mutuel : soyez-y les bienvenu(e)s !

En cette période étrange, plus que jamais, beaucoup d’expatriés vivent des situations qu’ils n’auraient jamais pu imaginer, explorant leurs propres limites en même temps que les limites du monde !

Les témoignages que nous recevons nous révèlent la force de leur courage et leur capacité d’adaptation. Devant la situation actuelle, les couples découvrent encore de nouvelles facettes de leur conjoint. Quand cela devient trop douloureux, un accompagnement, même ponctuel, peut aider à passer le cap.

Soigner son couple reste le plus beau cadeau qu’on puisse faire à l’autre et à soi-même !

 

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