Tout savoir sur la varicelle chez l’enfant – l’avis du pédiatre

La varicelle chez l'enfant - L'avis du pédiatreC’est le printemps ! Et avec lui refleurissent les plantes et les arbres, mais aussi… les boutons ! En effet, on observe au printemps une recrudescence des maladies infantiles dites éruptives, qui donnent des boutons. Parmi elles, la varicelle dont nous allons parler aujourd’hui.

Pauline Krug-Tricot, pédiatre française expatriée à Tokyo et fondatrice du podcast WeePeeS, nous partage ses conseils et astuces pour mieux réagir à la maladie.

En savoir un peu plus sur la varicelle…

👉 La varicelle est causée par un virus appelé VZV pour « virus de la varicelle et du zona ». Elle s’observe principalement entre l’âge de deux et dix ans, exceptionnellement chez le nouveau-né qui est protégé par les anticorps de sa maman. Plus rare chez l’adulte qui a souvent été immunisé dans sa petite enfance, elle est alors plus sévère avec un risque notamment d’infection pulmonaire. Elle est très grave chez le patient immunodéprimé qui n’a pas les défenses suffisantes pour la combattre.

👉 La varicelle a une incubation de 14 jours, pratiquement jour pour jour. C’est-à-dire qu’un enfant en contact avec une varicelle la développera exactement deux semaines plus tard. L’enfant est contagieux avant l’apparition des boutons ce qui explique que même si on isole des enfants au moment où le diagnostic est posé, le mal est déjà fait et ils ont déjà contaminé les copains de la crèche ou de l’école. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce n’est pas une maladie à déclaration obligatoire ni à éviction obligatoire. Normalement, un enfant doit pouvoir continuer à fréquenter la collectivité, mais souvent les crèches et les écoles demandent aux parents de les garder au chaud le temps qu’il reste contagieux.

Quels en sont les signes ?

👉 La varicelle est assez facile à diagnostiquer :

  • Elle donne souvent une petite fièvre à 38-38,5°C.
  • Puis une éruption de boutons très caractéristique.

On observe d’abord de petits boutons rouges un peu en relief, puis rapidement des vésicules, c’est-à-dire de petites bulles de 2-3 mm, comme des gouttes de rosée posées sur la peau. Les vésicules vont rapidement se percer, laissant place à des croûtes.

Lors des 2-3 premiers jours, plusieurs poussées vont survenir. C’est pour cette raison qu’on voit en même temps des lésions d’âge différent, c’est-à-dire à la fois des vésicules et des croûtes. Peu à peu, les boutons vont tous sécher laissant place uniquement aux petites croûtes. Au moment où les croûtes sont toutes formées, l’enfant n’est plus contagieux. Il faut environ compter 7 jours.

Les boutons de varicelle ont une localisation assez typique : ils sont répartis sur l’ensemble du corps y compris dans les cheveux, et prédominent souvent au niveau du siège. Ils provoquent de grosses démangeaisons et peuvent parfois laisser des cicatrices, même sans que l’enfant ne se gratte. On peut aussi observer des boutons dans la bouche qui peuvent être douloureux et gêner l’alimentation.

Quelles en sont les complications ?

👉 La varicelle est le plus souvent une maladie bénigne. Les signes qui doivent inquiéter les parents sont les suivants :

  • Un bouton qui grossit, devient sale, purulent, ou une partie du corps qui enfle et devient rouge, chaude, douloureuse. Ceci peut être des signes de surinfection cutanée et nécessite alors un antibiotique local ou par voie orale.
  • Une fièvre élevée prolongée qui peut être le signe d’une surinfection au niveau de la peau, au niveau pulmonaire, ou signer une otite surajoutée.

Rarement, on observe des complications neurologiques : par exemple une ataxie cérébelleuse (l’enfant semble ivre, a du mal à tenir debout, en raison de vertiges), une méningite, une paralysie faciale, et encore plus rarement une atteinte du cerveau, de la moelle épinière, des nerfs.

Certains enfants peuvent présenter des formes plus graves que d’autres s’ils sont immunodéprimés, en raison d’une maladie ou d’un traitement qu’ils prennent au long cours, ou s’ils ont un eczéma très sévère.

Comment elle se traite ?

👉 Il s’agit d’un virus qu’il va falloir traiter de façon symptomatique, c’est-à-dire qu’on donne très rarement un antiviral.

Il faut faire baisser la fièvre avec du paracétamol et surtout éviter les anti-inflammatoires et l’aspirine qui sont formellement contre-indiqués. En effet, ils peuvent provoquer des complications : favoriser les surinfections, entraîner des complications hépatiques rares mais extrêmement graves qu’on appelle « le syndrome de Reye ».

😉 Il faut aussi désinfecter les boutons matin et soir. Je conseille d’appliquer une crème ou un spray assainissant pour favoriser la cicatrisation.

😉 Coupez les ongles de votre enfant courts pour éviter qu’il se blesse en se grattant ou qu’il surinfecte ses boutons avec des ongles pas très propres.

😉 Parfois, on donne un savon antiseptique pour le bain mais qui n’est pas indispensable en cas de forme modérée. En cas de démangeaisons, on pourra prescrire un antihistaminique sous forme de sirop. De plus, il existe maintenant des mousses apaisantes à garder au réfrigérateur et à appliquer quand l’enfant a trop envie de se gratter.

Est-ce qu’il existe un traitement préventif pour les gens qui sont en contact avec la varicelle et qui ne l’ont jamais eue, pour éviter qu’ils la développent ?

👉 Si c’est possible et qu’il n’y a pas de contre-indication, il faut vacciner les personnes de l’entourage qui n’ont pas eu la varicelle, dans les 3 jours maximum suivant le contact.

Dans certaines indications, on administre un traitement par immunoglobulines spécifiques anti-varicelle. Ce traitement est indiqué chez :

  • les enfants et adultes immunodéprimés qui ont été en contact avec le virus,
  • les nouveau-nés dont la mère a eu la varicelle juste avant ou juste après la naissance,
  • les femmes enceintes qui ne l’ont jamais eue,
  • les prématurés…

Y a-t-il d’autres conseils ?

Oui, il faut éviter le contact avec les personnes fragiles : femme enceinte en début ou en fin de grossesse et qui n’aurait pas déjà eu la varicelle, patient immunodéprimé…

😉 Je conseille aussi de faire très attention au soleil. Chez les enfants à peau blanche, on peut observer une hyperpigmentation au niveau des boutons si l’enfant bronze, même plusieurs mois après la maladie. Il faut donc éviter l’exposition solaire et lui appliquer une crème solaire à haut indice. Chez les enfants à peau noire, on peut malheureusement observer des marques sous forme de dépigmentation qui persistent toute la vie.

Et le vaccin ?

👉 Le vaccin anti-varicelle existe depuis les années 1990 et est arrivé en France au début des années 2000. Il est réalisé dans de nombreux pays : USA, Canada, Allemagne Autriche, Japon… Ce qui explique que, dans ces pays, le virus circule peu. En France, il n’est pas recommandé en pratique courante, mais vous pouvez tout à fait le faire aussi si vous le souhaitez, à partir d’un an ; 2 injections sont nécessaires.

Le problème, c’est que pour éradiquer une maladie, il faut que la couverture vaccinale soit importante, que la majorité de la population soit vaccinée. Si seules certaines personnes sont vaccinées, le virus va moins circuler, mais risque donc de toucher les personnes non vaccinées et non immunisées plus tardivement et entraîner plus de complications. S’ils ne l’ont pas encore eue, on conseille actuellement de vacciner :

  • les adolescents,
  • les femmes en âge de procréer,
  • les enfants qui attendent une greffe (et seront donc un jour sous traitement immunosuppresseur) ainsi que leur entourage,
  • les professionnels de santé ou au contact de petits enfants.

👉 Le vaccin est très efficace : 95% de protection après 2 doses, soit autant que la maladie elle-même. Il faut savoir qu’il est contre-indiqué chez :

  • la femme enceinte donc il faut y penser avant la grossesse,
  • et chez le sujet immunodéprimé car il risque de provoquer une varicelle.

Est-ce qu’on peut avoir deux fois la varicelle ?

Alors oui, mais dans de très très rares cas.

👉 La varicelle est une maladie immunisante, c’est-à-dire que le système immunitaire fabrique des anticorps lorsqu’il rencontre la maladie ou le vaccin. Et ces anticorps protègent toute la vie. Pourtant, un enfant qui a développé la varicelle très jeune ou de façon très modérée peut la déclarer une deuxième fois. Mais la plupart du temps, c’est que le diagnostic n’a pas été bien posé la première fois. Certains virus peuvent ressembler à la varicelle, notamment le virus du « pied main bouche » qui donne des vésicules également.

Et le zona, qu’est-ce que c’est ?

👉 Après la varicelle, le virus persiste toute la vie à l’état de latence au niveau de structures neurologiques qu’on appelle des ganglions (qui n’ont rien à voir avec les ganglions que l’on peut palper au niveau du cou, par exemple). La réactivation du virus va entraîner sa migration le long d’un nerf et provoquer une éruption qui ressemble à la varicelle. Il peut s’agir d’un nerf intercostal et on observera alors des boutons sous forme de demi-ceinture au niveau du ventre. Il peut s’agir du nerf ophtalmique provoquant des boutons autour de l’œil sur le visage. C’est alors extrêmement douloureux car le nerf est excité.

👉 Le zona peut survenir aussi chez l’enfant même s’il est plus fréquent chez l’adulte, au cours d’épisodes de fatigue par exemple. Chez l’enfant, on le traite très rarement car il évolue rapidement et favorablement en quelques jours. Il faut noter que les lésions de zona sont remplies de virus elles aussi. Elles peuvent donc provoquer des varicelles chez des gens qu’ils ne l’ont pas eue.

Si votre enfant est touché par la varicelle au cours des prochaines semaines, sachez qu’il n’est pas seul. Il peut y avoir jusqu’à 700 000 cas de varicelle par an en France. Bon courage à vous, ce sont quelques mauvais jours à passer…

Pauline Krug-Tricot, pédiatre française expatriée à Tokyo

Réécouter ici le podcast de Pauline consacré à la varicelle chez l’enfant :

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