Les conditions du départ en expatriation des couples

conditions départ couple

Pour ce premier article détaillé, nous nous intéresserons aux conditions de départ des couples expatriés

Continuons à dépouiller ensemble les résultats de la grande enquête Expat Value, la plus grande enquête jamais réalisée sur les carrières des conjoints expatriés.

« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal »… Est-ce ainsi que ce sont envolés nos couples expatriés ? . Dans quelles conditions et dans quel état d’esprit partent-ils ? Comment prennent-ils la décision de départ ? Quelles sont leurs priorités en expatriation. Cela nous permettra de voir la diversité des parcours des couples expatriés mais aussi les spécificités de notre panel.

Un panel avec une majorité d’expatriés d’entreprise

59 % des couples qui ont répondu sont partis avaient un contrat expatrié,  15% en contrat local mais envoyés par une entreprise avec des avantages spécifiques (ce que l’on appelle le local +) et 7% envoyés par une administration. Les purs contrats locaux ne représentent donc que 20% de l’échantillon. Il y a donc là un biais fondamental dans l’étude. Nous parlons essentiellement ici d’expatriés et non de migrants, deux populations aux frontières floues mais aux réalités assez différentes.

Lorsqu’ils sont partis, dans 80% des cas, ils vivaient ensemble depuis plus de deux ans. 18% des conjoints ne sont pas de la même nationalité.

Une décision de départ pas aussi consensuelle qu’il n’y paraît

Dans la grande majorité des couples, la décision de départ a été prise de concert. Notons néanmoins une distorsion intéressante : 75% des femmes déclarent que la décision a été prise par les deux, alors que 28% des hommes estiment que c’est surtout eux qui ont choisi (ils ne pensent que la décision n’est commune que dans 63% des cas) . Sans doute les hommes assimilent-ils le fait d’être à l’origine de la mutation et le fait de décider. En tout cas, il est essentiel que les femmes se sentent mêlées à la décision car c’est un facteur essentiel de réussite de l’expatriation : « Ca a été souvent dur, mais on l’avait choisi ensemble » souligne un expatrié.

Slide pour FM

 

Quant à leur attitude de départ, 67% des couples estiment être partis confiants mais il s’agit d’une déclaration a-posteriori. Un indice que la vérité n’était pas si rose : les regards croisés. D’après les femmes, elles n’étaient que 14% à s’inquiéter alors que selon les hommes elles étaient 18%…

Enfin, que pensent-ils aller faire dans cette galère ? C’est sur cette question fondamentale que se joue le sujet que nous abordons aujourd’hui. Quelle importance avait la poursuite de leur carrière pour les conjoints expatriés ?

Reprenons ce que nous disions la dernière fois :

80% d’entre eux veulent travailler pendant l’expatriation. Nuançons d’abord puisque c’est l’objectif de cet article. Les deux vagues de l’enquête ne racontent pas exactement la même histoire, et c’est normal. Celle de janvier sur le couple indique que 73% des conjoints voulaient travailler. Celle de mai donne un résultat de 83%. Pourquoi un tel écart ? Parce que l’échantillon n’est pas exactement le même. Une enquête sur la carrière des conjoints expatriés n’attire pas ceux ou celles qui ont renoncé à mener une carrière. C’était l’intérêt de procéder en deux vagues. Nous retrouverons ce biais à d’autres occasions. Sur le plan méthodologique, nous avons choisi de retenir la moyenne pondérée de ces deux vagues. Voilà, vous savez tout sur un sujet qui m’a bien ennuyée 😉

Article2 - Priorités départ

 

Les attentes des conjoints sont teintées d’utopie. Une preuve : il n’y a aucune corrélation entre leur désir de travailler et la réalité du marché. C’est en Europe du Sud que le taux de conjoint voulant travailler est le plus fort, et c’est une des zones où le taux de retour à l’emploi est le plus faible. Seul point sur lequel les conjoints sont lucides : les visas. Là où il est très difficile d’avoir un visa, comme en Inde ou au Brésil, ils sont beaucoup moins nombreux à indiquer avoir cherché un travail.

Nuançons cependant : beaucoup ont accepté de partir parce que leurs priorités n’étaient pas que professionnelles.

    Les conjoints avec enfants affirment :

  • à 75% que leur priorité est la maison et la famille,
  • la découverte d’un nouveau pays pour 23%
  • le travail n’est la priorité n°1 que pour 7% d’entre eux

 

    Pour ceux qui n’ont pas d’enfant :

  • la priorité est à 47% le travail ou la recherche d’emploi,
  • mais la découverte d’un nouveau pays vient en n°1 pour 24%
  • et la famille pour 17%.

Ce point est fondamental : les conjoints veulent travailler mais s’ils ont accepté de prendre un risque professionnel, c’est que dans la grande majorité des cas, leur carrière n’est pas le point central de leur vie. Y compris pour ceux, très nombreux, qui expliquent « Nous étions à égalité de niveau ; on s’est dit le premier qui trouve part et l’autre suit. Et la prochaine fois, on inversera. »

Notons que ceux qui mettaient le plus souvent le travail en priorité n°1 ne trouvent pas significativement plus que les autres. Ils sont simplement moins nombreux à renoncer à chercher et plus nombreux à avoir trouvé avant de partir (10%).

Pour conclure, retenons pour aujourd’hui que les conjoints qui, dans cette enquête, sont majoritairement envoyés par une entreprise, ont participé avec confiance à la décision de départ, ne comptaient pas sacrifier leur carrière, mais celle-ci n’était pas le centre leur vie.

Et comme d’habitude, laissons le mot de la fin à un conjoint. Nous avons changé un détail afin qu’on ne puisse pas la reconnaître. Vous y retrouverez peut-être certaines des ambigüités dont nous parlions.

« J’ai cherché assez rapidement du travail pour ne pas sombrer dans la déprime, l’Afrique est un continent très différent de l’Occident, tout nous éloigne, par conséquent je suis devenue institutrice pour tenter quelque chose auprès des enfants, mais je ne me suis pas reconnue là-dedans. J’ai ensuite postulé dans une entreprise ou j’ai été contactée dans le quart d’heure qui suivait après avoir envoyé mon CV – une pénurie de bons CV est à l’origine de cette précipitation de la part de l’employeur. J’ai finalement décidé d’être maître de mon temps pour gérer les enfants et les retours en France (ce fut et c’est encore aujourd’hui un frein car je souhaite prendre mes vacances en même temps que celles des enfants afin de rentrer dans mon pays aussi souvent que je le peux). J’ai suivi une formation en France et je suis devenue phytothérapeute. »  

Alix Carnot

Alix est directrice du développement d’Expat Communication, l’éditeur de FemmExpat.com.

 

Pour en savoir plus :

 

Si vous avez raté le début de la série Expat Value : 

Les 10 infos indispensables sur la carrière des conjoints expatriés (Expat Value 1)

Le conjoint expatrié : portrait robot (Expat Value 3)

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