L’expatriation, lieu de tous les clichés de genre

expatriation conjoint

L’expatriation a deux … qui est le conjoint accompagnateur ? 

Nous abordons aujourd’hui un sujet touchy. Un de ceux sur lesquels nous avons tous beaucoup d’a-priori et sur lesquels les résultats de l’enquête Expat Value nous ont le plus surpris. De quel sexe est le conjoint accompagnateur et quel impact cela a-t-il sur la façon dont il vit son expatriation ?

Revenons d’abord sur ce chiffre qui nous a tant sidérés et donc vous vous souvenez sans doute. 9% des conjoints accompagnateurs seulement sont des hommes et 91% donc des femmes. Une fois de plus, heureusement que nous avons récolté 3500 réponses pour ne pas avoir de doutes ! La parité est moins respectée en expatriation qu’au Sénat français pourtant réputé très macho. Est-ce un problème ? Peut-on y changer quelque chose ? Il est temps de creuser le sujet et d’en comprendre les causes et les effets.

Pourquoi y a-t-il si peu d’hommes qui accompagnent leurs femmes ?

Pour interpréter ce résultat étonnant, nous avons épluché tous les croisements possibles et interrogés des expatriés et nos clients entreprises. Ils nous ont bien éclairés, merci à eux.

Le stéréotype : chez les jeunes, il y a beaucoup plus d’hommes accompagnateurs, c’est juste une question d’ajustement générationnel.

La réalité : eh bien non, c’est chez les plus âgés qu’il y en a plus. Regardez les chiffres ci-dessous.

Explication : lorsque l’homme est à la retraite, et l’écart d’âge important, le couple va investir davantage sur la carrière de Madame, d’autant plus que les enfants ont quitté le nid. Même phénomène dans le cas des hommes qui traversent une fin de carrière difficile.

C’est dans la tranche 40/45 ans que l’on voit le moins d’hommes accompagnateurs. Logique, c’est l’âge crucial pour leur carrière. Dommage pour les dames, c’est l’âge crucial pour leur carrière aussi mais les enfants sont encore petits, difficile de concilier carrière, famille + expat sur cette période. Au contraire, beaucoup de femmes de cette tranche d’âge témoignent avoir accepté de suivre pour échapper à la frénésie d’un quotidien qu’elles ont du mal à assumer : « les enfants étaient petits, j’en avais ras le bol du métro-boulot-dodo, c’était le bon créneau pour prendre un risque pour ma carrière et vivre une grande expérience en famille ».

ExpatValue91Femmes

Une autre information apparaît lorsque l’on triture les chiffres par pays. Plus les destinations sont éloignées, plus les hommes accompagnateurs sont nombreux. Mais pourquoi donc ? Elémentaire nous ont répondu nos clients : il faut lire ces chiffres à l’envers : plus la destination est proche, moins les hommes suivent. Ils restent dans leur pays et le couple fonctionne en célibat géographique. Elémentaire mon cher Watson, mais pas forcément évident à vivre au quotidien.

L’analyse comparative précise du profil des hommes et des femmes accompagnateurs nous donnera en creux d’autres réponses.

Qui sont les hommes et les femmes accompagnateurs ?

On l’a vu, les hommes sont donc soit plus jeunes, soit (et surtout) plus âgés que la moyenne des femmes conjointes.

Ils ont donc souvent moins d’enfants à la maison (40% d’hommes accompagnateurs sans enfants – 15% les ont laissés au pays- pour 24% de femmes sans enfants).

Hommes et femmes ont des diplômes prestigieux, à l’instar de l’expatrié(e) qu’ils accompagnent mais  les hommes ont encore plus souvent des diplômes éco-gestion ( 32%/25%) et surtout, ils sont beaucoup plus souvent ingénieurs et informaticiens (30%/10%). Or ces profils sont plus facilement expatriables.

Les hommes accompagnateurs sont 28% à déclarer avoir des fonctions de direction générale, pour 11% des femmes. Cela s’explique en partie par un effet d’âge mais pour le reste, je vous laisse donner votre propre interprétation. Cette illustration est bien éclairante !

MétiersConjointsExpatriés

 

Même analyse sur les fonctions :

SecteursConjointsHommes

SecteursConjointsFemmes

Rappelons que l’enseignement est sur-représenté : c’est le domaine de reconversion n°1 pour les conjoints expatriés, sous ses différentes variantes : prof au lycée français, prof de français langue étrangère ou prof dans l’enseignement supérieur.

Enfin peu importe les différences mais voyons plutôt leur impact sur la recherche d’emploi des uns et des autres.

Recherche d’emploi des hommes et des femmes : des hommes plus exigeants

S’il y a des écarts dans leur approche de la recherche d’emploi, les taux de retour à l’emploi sont similaires. Mais soyons clairs, hommes et femmes ne sont pas d’accord sur ce que signifie trouver un emploi !

Premier écart donc : qui veut travailler ?

90% des hommes et 78% des femmes.

Et pour quelle raison ? D’abord pour éviter les trous dans son CV, là-dessus tout le monde est d’accord mais les raisons financières sont citées en n°1 par 10% des femmes et 20% des hommes !

Perception des difficultés

Les hommes se plaignent moins des obstacles dressés sur leur route (visa, langue…) lorsqu’on les analyse individuellement en revanche, ils trouvent globalement la recherche plus dure et plus longue que les femmes. Remarquons qu’ils trouvent plus souvent du travail par le réseau perso (58%/43%) et par les réseaux en ligne (16%/5%) alors qu’elles ont un léger avantage avec les annonces (15% des femmes ont trouvé par ce biais pour 10% des hommes).

Mais la différence majeure nous le disions se situe sur leur satisfaction par rapport au poste trouvé et là, notre étude confirme bien des stéréotypes !

Satisfaction vis à vis de l’emploi trouvé

Le taux de retour à l’emploi est similaire pour les hommes et les femmes (la moitié de ceux qui cherchent trouvent) mais alors que les hommes considèrent avoir progressé en salaire à 32% (26% pour les femmes), en périmètre à 40% (30% pour les femmes) et en hiérarchie à 32% (23% pour les femmes), ils sont 32% à continuer à chercher du travail alors qu’ils ont un poste pour 17% des femmes.

Les hommes trouvent donc de meilleurs postes mais en sont moins satisfaits. Question à la fois de confiance en soi et de priorités.

En effet, on note aussi que les hommes ont un poste à temps plein dans 83% des cas (52% pour les femmes) et dans la continuité de leur poste précédent (64% pour 54% chez les femmes).

Enfin, rappelons que les hommes sont plus aidés que les femmes par l’entreprise expatriatrice pour trouver du travail (11% des hommes bénéficient d’une aide pour 4,5% des femmes).

Quelles conclusions en tirer ?

Finalement quelle conclusion tirer de cette comparaison ?

La première concerne l’écart colossal entre le nombre d’hommes et de femmes conjoints accompagnateurs.

Obstacle 1 : la parité

Nous sommes là face à un obstacle majeur pour la parité dans les entreprises car une exposition internationale est une condition indispensable pour atteindre les sommets de l’entreprise et les femmes sont encore trop peu nombreuses dans la voie royale qui y mène : l’expatriation.

Il y a donc encore beaucoup à faire dans ce domaine et c’est une démarche à laquelle nous participons avec Expat Communication, en gardant en tête que sur le sujet de l’expatriation au féminin, nous ne sommes pas sur des stéréotypes mais sur le sujet central de la répartition des rôles au sein des couples aujourd’hui.

Ce verbatim le résume ainsi : « Pour nous c’est évident, on bosse tous les deux mais quand vient l’heure du choix entre nos deux carrières – en expat, les deux ne sont pas vraiment compatibles – après avoir bien réfléchi, on a fait passer la sienne d’abord, car au fond, je n’ai pas envie de porter tout le poids économique de la famille sur mes épaules et nous ne prendrons pas le risque qu’il devienne homme au foyer ». 

Ces choix sont souvent très pesés. Il est nécessaire de promouvoir et simplifier l’expatriation au féminin. Cependant la voie la plus simple nous semble de ne pas soumettre les couples à ces choix cornéliens mais plutôt d’œuvrer efficacement pour rendre plus simple la carrière des conjoints expatriés. Cela sera utile pour tous les couples expatriés, que le conjoint soit l’homme ou la femme.

Deuxième axe : quelles différences ? 

Enfin, deuxième axe : y a-t-il quelque chose à apprendre des différences entre hommes et femmes accompagnateurs en expatriation ? Si l’on regarde le plus important qui est la satisfaction globale par rapport à l’expatriation : il n’existe qu’une différence : le bilan des hommes est moins mauvais pour leur carrière (51% d’insatisfaits ou très insatisfaits pour les hommes pour la carrière, 64% chez les femmes). On l’a vu, cela est lié à de meilleures techniques de recherche d’emploi mais surtout à une plus grande exigence, Mesdames, vous voilà au courant. Cependant, globalement leur taux de satisfaction sur l’ensemble de l’expatriation est identique (86% de satisfaits et très satisfaits), preuve que tout cela en vaut largement la peine !

Nous terminons donc avec un verbatim, au masculin, qui rappelle que l’expatriation en couple, ce n’est pas rose tous les jours mais cela vaut largement le coup !

« Nous venons d’arriver dans un nouveau pays. C’était le 9ème déménagement international en 14 ans. Trop de temps passé avec des questions logistiques, démarches administratives, recherches d’appartement etc. et pas assez pour la vie sociale, la découverte (aussi touristique) des pays dans lesquels nous avons vécus. Personnellement, je reste sur ma faim. Le fait d’être un homme qui accompagne sa femme ne blesse pas mon ego masculin même si c’est encore très rare. Prendre des risques pour MA carrière était et est un choix de couple. Il vaut mieux qu’il soit très solide d’ailleurs. La mise à l’épreuve peut être rude. Mais je ne regrette pas, cela a enrichi notre vie, globalement »

 

Si vous avez raté le début :

 

 

Les 10 infos indispensables sur la carrière des conjoints expatriés (Expat Value 1)

Les conditions du départ : mais qu’allaient-ils faire dans cette galère ? (Expat Value 2)

Le conjoint expatrié : portrait-robot (Expat Value 3)

Pourquoi les conjoints expatriés veulent-ils donc travailler ? (Expat Value 4)

Le divorce en expatriation : stop à l’intox ! (Expat Value 4bis)

11 obstacles au travail des conjoints à l’étranger (Expat Value 5)

L’expatriation, impasse ou booster professionnel pour le conjoint ? (Expat Value 6)

Petits secrets de ceux qui ont trouvé du travail à l’étranger (Expat Value 7)

Conjoint expatrié : un accompagnement rare et pas toujours adapté (Expat Value 8)

Expatriation : et si le bonheur était juste là, finalement ? (Expat Value 9)

 
Pour en savoir plus :

Les résultats détaillés sont publiés dans FemmExpat.com tous les mardis. Pour être sûr de ne pas en manquer, abonnez-nous à notre newsletter gratuite et bénéficiez d’un abonnement à taux préférentiel à notre Club Premium.

Les 2000 verbatims de l’enquête seront publiés progressivement sur la page Expat Value sur Facebook et le dossier de presse complet est disponible sur le groupe Expat Value de Facebook. N’hésitez pas à nous poser toutes vos questions sur alixcarnot@expatcommunication.com ou dans le groupe Expat Value !

 

enquête à deux vagues

 

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