Le Mexique : choc culturel ?

Mexique - choc culturelLe fameux « choc culturel » dont vous entendrez parler avant de partir ou dès votre arrivée. Et bien oui il existe ! 

Est-ce politiquement correct d’en parler ? Pas forcément, certains expatriés n’abordent pas le sujet. Trop peur de…. De quoi ? Je suis partisane de dire les choses et de ne pas jouer les autruches, sinon cela peut faire très mal. Le « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » n’existe pas plus ici qu’ailleurs. Et puis l’une des grandeurs de l’expatriation c’est bien de découvrir d’autres cultures, de s’ouvrir au monde et aux autres et de se rendre compte que non, et bien non, nous n’avons pas la science infuse et que nous ne sommes pas le centre de tout !

Alors ouvrons-nous au Mexique et aux Mexicains.

Pour ma part, j’ai eu beaucoup de mal à me faire à la culture mexicaine dès notre arrivée. J’ose même dire que ma première année fut un désastre et que j’étais à deux frijoles de rentrer en France. Je l’explique par un manque de préparation – ce sont des latins, nous aussi un peu, donc on est pareil, ben en fait non, nous sommes très différents – et par une certaine assurance. Et là j’ai vite déchanté. Personne ne vous attend au Mexique et il faut se faire au mode de vie et à la culture, même si c’est dans la douleur, ou partir. 

 

Un peuple hospitalier

Les Mexicains sont des gens très gentils, serviables, aimables (tiens, ça c’est le choc positif !). Vous ne resterez pas longtemps perdu dans la rue, dans les supermarchés on vous met vos courses dans des sacs et on vous les porte jusqu’à votre voiture (moyennant une pièce), le tout avec le sourire. Les gens ont une sorte de bonhomie qui fait que même dans la difficulté on garde le sourire. Vraiment les Mexicains ont ce coté affable qui est très plaisant et très agréable. 

 

A trop vouloir avoir une réponse

Le revers, et c’est là que la différence culturelle s’en mêle, c’est que les Mexicains ne disent jamais ou très rarement « non » ou « je ne sais pas ». Sorte de fierté ou de peur de montrer que l’on ne sait pas. Donc il faut prendre l’habitude de demander plusieurs fois, en reposant la question différemment, ou se renseigner auprès de plusieurs personnes pour corroborer l’information. C’est ainsi qu’à notre arrivée je suis allée deux fois dans un centre commercial qui était loin de chez moi pour chercher un article qui n’existe pas au Mexique ! J’ai ragé très fort car je n’avais pas à l’esprit cet automatisme de vérifier l’info, ce qui m’arrive encore parfois. 

 

Mañana, un temps incertain

Ne pas aborder le sujet de « mañana » serait omettre un pan du « choc culturel ». Quand j’ouvre mon dictionnaire, mañana signifie notamment « matin, demain, dans le futur ». Face à un Mexicain qui dit mañana nous devons oublier notre échelle de temps bien cadrée à la française, nous en créer une autre beaucoup plus souple, et s’armer de patience. Les Mexicains n’ont pas la même vision du temps et des délais. 

Nous devons nous adapter et lorsque, comme par exemple aujourd’hui, j’attends le plombier qui m’a dit hier « vengo mañana entre las 8 y las 9 » – « je viens demain entre 8h00 et 9h00 », il est bientôt 14h30 et je n’ai aucune nouvelle. Une fois arrivé, sa première phrase fut : « lo que paso … », ce qui signifie à peu près « en fait, il y a eu… », suivi d’une explication plus ou moins exacte.

Si je l’accueille en commençant par une remarque du style « je vous attends depuis ce matin ! », il ne va tout simplement pas comprendre puisqu’il est là ! 

 

Savoir amener un sujet

Il faut savoir également que les Mexicains n’aiment pas et fuient les confrontations directes, quelques soient les situations. Il nous faut nous adapter et modifier nos comportements, ne jamais aller de front sinon votre interlocuteur va se fermer définitivement et vous n’aurez plus aucune écoute. Les Français ont la réputation d’être froids et directs. Au Mexique les gens sont très chaleureux (cf l’abrazo qui n’est rien d’autre que l’équivalent de notre poignée de mains). Les Mexicains ne comprendront pas si vous abordez un sujet de manière directe. Ils vont bien sûr suivre le fil de la conversation, mais cela va vraiment les étonner que vous ne demandiez pas de ses nouvelles à votre interlocuteur, des nouvelles de sa famille, de son dernier voyage, de comment se sont passées les fêtes…. Ensuite il sera bien temps de parler de votre dossier ou de votre fuite d’eau ! Il faut donc modifier notre manière de communiquer et tout se passe pour le mieux.

Une autre caractéristique des Mexicains est que ce sont des gens assez susceptibles, qui se vexent rapidement. Il faut donc trouver la bonne manière de dire les choses, surtout si votre message ressemble peu ou prou à : « je ne suis pas content, ton travail est mal fait, vraiment tu n’y connais rien ! » 

 

A ne pas oublier

Faut-il répéter qu’au Mexique l’eau du robinet n’est pas potable, qu’il n’y a pas ou très rarement de chauffage dans les logements et il fait vite très froid, que la corruption est active et qu’il existe un certain mépris, voire plus, vis à vis des Mexicains d’origine indigène. Pour ceux qui vivent à Mexico D.F. il y a aussi la pollution avec tout ses inconvénients. Ce sont les choses qui m’ont le plus « choquées » à mon arrivée ici. 

 

Temps de travail

Sur mon lieu de travail j’ai vécu d’autres aspects de la différence culturelle. Le premier moment où je me suis dit « blurpppp » c’est quand j’ai vu mon contrat de travail : 48 heures/semaine. Les Mexicains travaillent énormément, c’est incroyable. Mais en fait ce qui est bien au Mexique c’est que tout se négocie… quand on est étranger. 

 

Le pouvoir de la hiérarchie

Autre différence culturelle : à quel point la hiérarchie est importante, allant jusqu’à l’absurde ! Le chef a raison même quand il a tort. Si un ordre ou une consigne sont donnés, ils seront respectés même si la chose parait déroutante. Je rejoins ici un article paru sur le panier de crabes[1]

J’ai un exemple très parlant concernant la hiérarchie et le pouvoir, c’est un peu excessif car j’ai eu affaire à une personne excessive qui se comportait de cette manière avec l’ensemble de ses collègues. 

Fraichement arrivée dans mon bureau, un open space où j’étais seule en attendant l’embauche d’autres collègues, la clim était réglée sur 18 degrés. N’osant rien dire j’ai mis une écharpe et bu beaucoup de thé ! Au bout d’une semaine j’avais mal à la gorge donc j’ai demandé à une personne de l’entretien – pensant m’adresser à la bonne personne- de bien vouloir baisser la climatisation ou d’augmenter la température. « pas possible, c’est général à l’immeuble », « les 25 étages sont tous réglés sur 18 degrés ? » demandais-je bêtement et un peu ironiquement, « si ». Ah… Que faire parce que c’est quand même frisquet aqui ! J’en touche 3 mots à ma secrétaire qui me dit qu’elle en avise « el jefe del mantenimiento », lequel confirme qu’il ne peut rien faire. Je retourne voir ma secrétaire et sur cette entrefaite arrive mon boss, mon chef, l’autorité en quelque sorte. Je lui explique la chose et 10 mn plus tard la clim était remontée à une température acceptable. Ils s’étaient parlés de chef à chef. 

 

Education

J’ai très souvent entendu venant des expatriés et de certains Mexicains que l’éducation au Mexique est limitée, que l’enseignement est de mauvaise qualité. Cela permet de tout expliquer ou tout excuser. Je ne partage pas ces avis. Sur mon lieu de travail j’ai affaire à des personnes toutes aussi intelligentes et pertinentes que celles avec lesquelles j’ai travaillé auparavant. Certains d’entre eux ont eu une formation universitaire étrangère et sont très professionnels. 

Par contre, il est vrai que les muchachas, les personnes dans les magasins, les valets parking pour ne prendre que ces exemples, et d’une manière générale les personnes qui font partie des métiers de services n’ont pas eu la chance de recevoir une éducation prolongée et certainement de qualité. Il faut savoir que le gouvernement a mis en place dès 2013 une réforme de l’éducation qui passe par l’évaluation, une formation de base et la formation continue des instituteurs et professeurs, ce que ceux-ci refusent[2]

La société mexicaine est une société de classes, et je crois que la classe sociale dite élevée ne souhaite pas forcément non plus que les choses changent et que leur « personnel » bénéficie d’une éducation.

 

La conduite…

Le plus grand choc culturel qui me reste est de conduire. C’est plus qu’un choc, c’est une véritable épreuve. Mon bureau est à 30-40mn de chez moi. Feux rouges non respectés, ronds-points pris dans les deux sens, conducteurs qui s’avancent au milieu du carrefour et qui bloquent tout pour ceux qui viennent de la gauche ou de la droite…. Une seule règle que je n’applique pas toujours : ne pas s’énerver.

Les Mexicains n’ont pour la plupart ni pouvoir, ni autorité. C’est pourquoi une fois dans leur voiture, dans cet espace à eux, ils se comportent comme si la route leur appartenait. 

 

Quelle beauté !

Le choc du Mexique c’est également la beauté du pays, il y a tellement de choses à découvrir. La culture préhispanique, l’histoire de ce pays est fascinante. L’artisanat, la gastronomie sont autant de choses qui font que le Mexique est un pays que les gens aiment. 

 

Stéphanie

[1] https://www.femmexpat.com/destination/amerique-du-nord/mexique/travailler-au-mexique-le-panier-de-crabes/

[2] Par exemple pour l’état du Nuevo Leon https://www.nl.gob.mx/servicios/reforma-educativa ou pour le Mexique https://www.sems.gob.mx/es_mx/sems/reforma_educativa_ems

 

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