Comment ça va, à Shanghai ? (Covid update)

Shanghai Covid – avril 2022 : des Français confinés, sans possibilité d’exercer leur droit de vote

shanghaiDifficile d’imaginer que l’on pourrait être privé, un jour, de son droit de vote. C’est pourtant ce qui arrive à la communauté française de Shanghai, strictement confinée depuis fin mars et pour certains depuis mi-mars. Entre épuisement, raz-le-bol et colère, les Français de Shanghai se préparent à quitter définitivement le pays cet été. A l’image de Laurianne, que nous avons interviewée cette semaine, de Gaëlle du podcast « Comme chez nous en Chine », qui viennent compléter le témoignage d’Emilie, en novembre dernier.

Quelle est la situation à Shanghai ?

Nous vivons la poursuite logique de la politique zéro covid menée par la Chine. Les choses ont commencé à se dégrader en décembre 2021. D’abord l’impossibilité de quitter la ville. Et puis des cas qui augmentent, avec un risque accru de se voir isolé de force si un cas contact se trouve dans le lieu où nous sommes. Ecoles, entreprises, centres commerciaux : depuis janvier, nous vivons avec cette épée de Damoclès. Si on est cas contact, on part en centre de quarantaine. Le lieu qu’a fréquenté le cas contact est lui mis en quarantaine

Le 3 mars, un des campus du Lycée français a été concerné. Heureusement, grâce à la mobilisation de la proviseure, les élèves ont pu rentrer chez eux et effectuer le testing dans leurs quartiers. Petit à petit, ce sont les comités de quartier qui ont décidé de fermer les résidences, les quartiers, etc. Le 27 mars au soir, l’annonce est tombée pour toute la partie est de la ville (Pudong), la partie ouest ayant été confinée à compter du 1er avril.

Est-ce un confinement très strict que connaît Shanghai en ce moment ?

Extrêmement. Il a été décidé le soir du dimanche avec effet au soir même. Ce qui veut dire que nous n’avons pas eu le temps de nous préparer, de faire des courses. Les magasins sont fermés, les livraisons impossibles. Il nous reste une petite possibilité de faire des commandes groupées pour la résidence, mais il s’agit de frais. Pas de produit d’entretien, de dentifrice ou de papier toilette. Aujourd’hui, je suis contente, j’ai réussi à avoir une plaquette de beurre. On vit une situation surréaliste.

Et la peur d’être positif…

De nombreux contacts en France me disent : pourquoi te tester si tu ne veux pas être dépistée positive ? Je n’ai simplement pas le choix. Le testing est obligatoire. Les services sanitaires viennent à votre porte ou dans votre résidence. S’y soustraire est condamné pénalement. J’en suis à 1 test ou auto test par jour à peu près en ce moment.

Des dérogations, actions de votre consulat, ambassade, sont-elles possibles ?

L’expérience montre que non. Une de mes amies a demandé à son comité de quartier une dérogation pour se rendre à l’aéroport et en France parce que son père était mourant. Elle a été refusée. Ma voisine a demandé une dérogation pour se rendre à l’hôpital : refusée aussi. La procédure est lente, décourageante. Nous avons énormément de soutien de notre députée Anne Genetet et de la part de notre Chambre de Commerce, qui s’occupe de mettre en place les vols charters de cet été. Mais voter dimanche nous sera impossible.

C’est dur : se voir priver de l’un de ses droits les plus fondamentaux !

Voter à l’étranger, surtout quand on n’a pas pu rentrer depuis plus de 2 ans, c’est aussi garder un lien. C’est précieux. Nous sommes nombreux à le ressentir ici. Jusqu’à la dernière minute nous avons pensé qu’il serait possible de nous donner le droit de nous rendre au consulat pour voter. Mais non… Je suis avocate et c’est très douloureux pour moi de penser que je vais rater une élection. Je suis en colère, car je sens que cette abstention forcée n’émeut pas nos décideurs. Il faudrait changer la loi pour que le vote par correspondance pour les élections présidentielles soit possible.

Qu’en est-il des autres échéances : retour à l’école, bac, reprise des vols ?

Si jamais le bac ne peut pas avoir lieu en présentiel, la seule solution proposée serait un passage de bac en septembre. Vous imaginez ce que cela implique comme conséquences ? Notre décision est prise, nous rentrons définitivement cet été. Et nous sommes de nombreux Français dans ce cas. Pourtant nous avons été si heureux à Shanghai ! Nous avons adoré cette ville. Mais là c’est trop. Nous ne voyons pas d’amélioration possible de la situation.

Au quotidien, comment vous faites pour tenir encore ?

Il y a beaucoup d’entraide au sein de la communauté internationale à Shanghai. Cela aide. Mais quelle énergie dépensée.

Votre mot de la fin sur cette situation à Shanghai

Que les Français qui hésitent à se rendre à leur bureau de vote pensent à la chance qu’ils ont de vivre dans un pays démocratique. Être expat c’est aussi réaliser la chance que l’on a d’être français. Je remets ici mon post Facebook que vous êtes nombreuses à avoir vu ici ou là, mais c’est mon cri du cœur. Pensez-y dimanche matin en vous levant !

Propos recueillis en avril 2022 – Laurianne Vallée – Dubroeucq

Le témoignage de Gaëlle à Shanghai : « de 4 jours annoncés, nous passons au néant »

Pour moi, ce qui est pesant, c’est de rentrer dans un lockdown sans date de sortie. Nous n’avons absolument aucune visibilité. De quatre jours annoncés,  nous passons au néant. Aucune date n’est proposée. Il s’agit de « tenir le coup »…  J’ai la chance d’être chez moi,  avec accès à la nourriture, mais pour certains c’est beaucoup plus difficile. Les ilotiers font un énorme travail de communication, pour aider les ressortissants français. Mais ce sont les comités de quartier et les bénévoles qui s’occupent de la gestion. Donc il y a de grandes variations dans la façon de faire avec des situations parfois ubuesques.  

On ne peut pas dire que ce soit du « déjà vu ». En ce qui me concerne c’est quelque chose de nouveau. Nous n’avions pas connu de confinement strict et généralisé à Shanghai en 2020. Certaines résidences avaient été bloquées, mais le virus n’avait pas trop circulé, et la plupart des gens pouvaient sortir de chez eux et les magasins restaient ouverts. Le testing de masse est également une première.  Auparavant les personnes positives au Covid19 étaient déjà isolées, mais avec l’augmentation du nombre de cas,  cela a pris une autre ampleur. 

Mon fils est mon plus grand soutien

Le consulat relaie l’information dans les deux sens et s’occupe des situations urgentes et préoccupantes. Pour la gestion au quotidien,  et vu l’ampleur du phénomène et le nombre de ressortissants français, ce sont les groupes d’entraide qui prennent le relais. Les voisins s’entraident également pour commander de la nourriture en groupe, car si la nourriture ne manque apparemment pas, ce sont les moyens de livraison qui font défaut.

Mon fils est mon plus grand soutien, je dirais qu’il m’aide autant que je l’aide. Les professeurs font un énorme travail pour que l’école à la maison se passe le mieux possible. Grâce à la communauté également, nous avons la possibilité de faire des cours en ligne, pour bouger, étant donné que nous ne pouvons pas quitter l’immeuble, et nous aérer la tête. Le soutien de nos proches et la possibilité de communiquer facilement avec eux est un grand soulagement.    

Le témoignage de Gaëlle Déchelette, installée à Shanghai depuis quinze ans. Vous pourrez la retrouver sur Instagram : @chine.insolite et son podcast :  Comme chez nous en Chine. Gaëlle avait partagé son amour pour Shanghai en février dernier sur FemmExpat.

👉Expat Communication a organisé en avril 2022 des ateliers « partage et écoute » pour les expats de Shanghai – ne restez pas seules ! N’hésitez pas à nous contacter.

Lire aussi : Quitter la Chine en plein confinement : ils l’ont fait !

Shanghai, novembre 2021

Shanghai expatriés covid

Novembre 2021. Emilie Andreu habite en Chine depuis 9 ans. Après Pékin et Hong Kong, elle habite aujourd’hui Shanghai. Nous lui avons demandé des nouvelles de la situation dans ce pays, qui poursuit sa politique de zéro covid, coupant ses ressortissants étrangers du reste du monde.

Quelle est la situation en Chine aujourd’hui ?

Alors, comme tout le monde le sait, nous vivons normalement depuis plus d’un an maintenant. Le masque est porté assez généralement partout, même s’il n’est pas obligatoire. Mais les habitudes sont restées, c’est devenu un accessoire de vie quotidienne. Nous avons aussi notre QR code, qui n’est pas notre Pass Sanitaire, mais plutôt un outil de tracing, pour pouvoir nous retrouver en cas de contamination dans un endroit que l’on aurait fréquenté.

Avec toutes ces mesures-là, la Chine n’a pas appris à vivre avec le Covid, mais a appris à vivre sans le Covid.

Dès qu’un cas est déclaré c’est la ville entière qui est quarantaine, les hôpitaux qui se ferment, etc. C’est assez fou.

Est-ce que la situation s’est améliorée, côté frontières ?

A peine. A votre arrivée à l’aéroport, vous êtes testés.

Si vous êtes positifs, vous êtes amenés à l’hôpital ainsi que vos contacts proches de l’avion.

Si vous êtes négatifs : la quarantaine se fait dans un hôtel de la ville, où vous êtes emmenés en bus dédié et où vous restez pendant 14 jours. Avec vos ordures, votre déjeuner de la veille et au bout de ces 14 jours là, si le quartier où vous habitez l’autorise, vous avez le droit de compléter avec 7 jours chez vous. Cela fait 21 jours de quarantaine au total.

S’il y a eu des cas positifs dans votre avion, il faut savoir que la compagnie aérienne doit supprimer les vols d’après. Pour les compagnies d’aviation, c’est un véritable casse-tête. Les vols pour la France sont restreints à deux par semaine uniquement alors que l’on comptait 2 vols par jours avant le Covid.

Jusqu’il y a peu, seuls avaient le droit de rentrer en Chine les détenteurs d’un visa de travail. A priori, leurs conjoints et familles peuvent à présent également revenir. Mais tout reste compliqué. A Shanghaï par exemple, un Français a le droit de rentrer que s’il arrive de France et un Belge de Belgique. Impossible donc si vous n’avez pas de vol direct.

Conséquence, beaucoup d’expats sont rentrés…

Oui, les expatriés rentrent. C’est assez impressionnant, la baisse est très forte dans toute la Chine. Globalement, on peut dire qu’il n’y a plus grand monde. Il y a eu une grosse vague de départs cet été, et on s’attend encore à une nouvelle vague en décembre et à l’été prochain.

Nous pour le moment on est ici et c’est un choix que l’on fait. Oui c’est compliqué pour la famille.  Mais du point de vue financier c’est totalement inenvisageable. On prendrait beaucoup de risques… Si votre vol retour est annulé, alors cela fait un mois d’attente en plus, or nous avons des jours de congé limités en contrat local. Il faudrait que l’on rentre pour 1 mois, et que l’on prenne des congés non payés pour les 14 jours de quarantaine. Alors on essaie de ne pas se poser trop de questions.

Est-ce que vous avez le sentiment que la Chine se barricade et se coupe des étrangers ?

Oui. Cela n’engage que moi mais on a l’impression qu’il y a de moins en moins d’avantages à être étrangers en Chine. D’abord, beaucoup de choses sont devenues hors de prix : loyers, nourriture, voyages, tout est cher. Ensuite, il y a tout un tas de nouvelles taxes que l’on voit arriver, immobilières, etc. Les obtentions de visa sont compliquées également, y compris pour les Français qui ont créé leur entreprise en Chine pour vérifier que l’emploi des locaux est bien favorisé.

La Chine, c’est un pays qui est très intense. Quand on s’y expatrie, le deal, c’est de pouvoir voyager pour avoir des pauses de ce pays qui n’est pas le nôtre. Là le problème c’est qu’on ne peut plus rentrer et donc, pas de pause. Conséquence, on ressent une fatigue assez forte.

Vous vous posez des questions sur votre avenir sur place ?

Pour le moment, mon conjoint et moi sommes sur des jobs vraiment intéressants. Alors on s’est dit qu’on remettait un jeton dans la machine pour cette année. On a appris à vivre au jour le jour. Nous devions nous marier en 2020, au début on a repoussé la date, maintenant on ne fait plus de plans. On attend de voir.

shanghai expatries covid emilie andreu

En 2020, Emilie Andreu s’est lancée le défi de produire un « carnet de carrières » sous forme de podcast, mettant en lumière les parcours d’expatriés francophones en Chine.

👉 https://podcast.ausha.co/carnet-de-carrieres

Elle explique « J’ai lancé ce podcast pour rencontrer des gens, comprendre leur parcours en Chine. Ici, on est tous des gens un peu atypiques, et quand je suis rentrée brièvement en France, j’ai eu du mal à vendre mon parcours un peu différent. J’avais rencontré des gens aux parcours extraordinaires et c’est dans cette optique là que je l’ai lancé. Pour le moment il est en pause. Il y a toujours des gens extraordinaires ici, ce sera plus difficile de les trouver mais j’aimerais poursuivre cette aventure ! »

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Clotilde Vassal

Coach certifiée ICF et forte de ses nombreuses années en Asie entre Shanghai et Tokyo, Clotilde est spécialisée dans le coaching de transition de carrière et dans l’accompagnement des expatriés. 
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