Allemagne je t’aime… un roman pour déconstruire les clichés

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Expatriée en Allemagne juste après ses études, Maureen Thumas y enchaîne les petits boulots, d’abord à Berlin puis à Magdebourg. En parallèle, elle se cherche une vocation, s’intéresse à son avenir et n’oublie pas de tomber amoureuse. De son expérience de vie, elle en écrit un roman « Allemagne, je t’aime… » Un récit satirique, entre découvertes et déconvenues, sur nos voisins d’Outre-Rhin et ce qu’ils pensent de nous. 

Des Allemands, nous en savons très peu.

Nous les savons blonds, doués au foot, constructeurs de belles automobiles, économiquement performants, pas trop fins gourmets, grands fans de saucisses (cela va de pair), buveurs de bière (cela aussi, ça se combine bien), belliqueux (Première et Seconde Guerres mondiales). Nous avons la vague idée que, culturellement, ils ont vu naître Goethe et ceux qui ont eu la chance d’avoir un père mélomane connaîtront éventuellement Wagner en prime.

Dans les grandes lignes, niveau géographie, nous connaissons la Forêt-Noire (et pas seulement le gâteau), nous savons placer Berlin et Cologne sur une carte et nous avons déjà entendu parler de Francfort (au moins pour ses saucisses).

Si pour vous aussi, l’Allemagne se résume à cela, le hasard a bien fait de placer ce bouquin entre vos mains.

En racontant son expatriation, Maureen veut déconstruire les clichés mais surtout pas se priver d’en échafauder de nouveaux.  Elle veut que ce premier ouvrage lui serve de garde-fou quand elle voudra se souvenir de ce qu’elle trouva un jour déroutant – voire franchement bizarre – car, paraît-il, on s’habitue à tout…

Rencontre.

Toucher son salaire mensuel en liquide, faire ses courses chez le discounter, payer des impôts sur ses relations sexuelles, travailler le 8 mai mais pas le 31 octobre, abandonner ses bouteilles de soda vides sur les bancs publics tout en se disant écolo…

Voilà ce qui attend le Français en Allemagne… dès qu’il se sera acquitté d’une mission fatidique : l’inscription sur le registre au bureau de l’administration du citoyen.

Vous parlez de choc culturel… qu’est-ce qui vous a le plus déroutée, surprise en tant que Française en Allemagne ? 

C’est plus l’accumulation de petites choses qu’une chose en particulier. Il y a des différences que j’ai eu du temps à percevoir comme telles et je ne crois pas non plus en avoir fait complètement le tour. Il y a des habitudes qui continuent encore toujours de me surprendre (comme récemment en formation, lorsque le conférencier nous a donné rendez-vous « après la pause à 15h43 ») tandis que pour d’autres, j’ai pris le pli sans vraiment m’en apercevoir. 

Je suis surprise de voir que les bonnes pratiques sont si peu copiées d’un côté comme de l’autre

Il s’agit souvent de choses toutes simples : le système de bouteilles consignées, parfaitement intégré dans les mentalités en Allemagne alors que le système de vente en vrac y est quasiment inexistant. La situation du COVID donne aussi lieu à des comparaisons : il a fallu renseigner ses informations personnelles dans les restaurants bien avant que cette option ne soit envisagée en France !  

L’Histoire vue par les Allemands

Au début, j’avais aussi été vraiment étonnée de voir que le système de la R.D.A. qui nous avait été présenté à l’école comme une dictature à fuir le plus vite possible fût aussi un endroit où des gens avaient vécus des bons et des mauvais moments, comme ailleurs. Je ne pensais pas un jour entendre quelqu’un me dire : « à titre personnel, la chute du mur est venue trop tôt, cela m’a empêché de terminer ma formation ».

Surprise aussi d’entendre qu’en R.D.A., la parité homme-femme n’avait pas été un sujet mais un état de fait ou que l’obsolescence programmée n’aurait pas fait long feu dans ce système de production : les produits étant conçus pour durer le plus longtemps possible et tout était fait pour qu’ils puissent également être réparés facilement.     

Sur place, avez-vous ressenti beaucoup de clichés sur les Français ?  

En tous cas beaucoup plus que ce à quoi je ne m’attendais. Là encore, c’est moins dans des faits que dans une impression générale. Le Français a vraiment la réputation d’être un bon vivant (on dit « Vivre comme Dieu en France » pour parler de quelqu’un qui vit « comme un coq en pâte »).  

De plus en plus, je compare la façon dont les Allemands voient les Français à la façon dont les Français perçoivent les Italiens ; ce côté épicurien assorti au peu de considération accordée aux règles et à l’organisation. J’ai vraiment été surprise d’entendre les stratégies des Français de réserver deux tables au restaurant quitte à les rapprocher ensuite pour ne pas se plier à la règle du « cinq personnes maximum à table » instaurée pour faire face au COVID. Il y a quelques années, cela m’aurait paru évident, aujourd’hui, avec un point de vue plus allemand, cela me parait aussi rigolo que chaotique !  

Concernant les clichés sur les Français, cette réputation d’être très contestataire nous colle un peu à la peau (voir exemple ci-dessus !), un peu comme si nous avions la Révolution « dans les gênes » ! C’est vrai qu’en Allemagne, on aura moins tendance à prendre la défense de celui qui se fera contrôler sans ticket. Ils se diront qu’il est dans son tort de ne pas avoir respecté la règle et n’essayerons pas d’en profiter pour remettre tout le système à plat !         

A partir de quand, vous êtes-vous sentie « intégrée » et qu’avez-vous mis en place pour favoriser cet état de fait ?        

C’est par contraste que je me suis sentie intégrée : quand je me suis sentie « désintégrée » en France.

Quand j’ai commencé à être surprise par des choses que faisaient les Français et que j’aurais aussi faites avant. Par exemple la fois où j’ai vu une personne âgée traverser la rue au feu rouge, à Paris, alors que je m’étais moi-même arrêtée, par simple habitude.

Je ne pense d’ailleurs pas être complètement intégrée, je ne sais pas non plus si j’ai vraiment envie de l’être !

Je continue de traverser au feu rouge, mais plus avec la même désinvolture. 

En fait, je ne suis pas sûre d’avoir été très active dans ce processus d’intégration, je crois que c’est plus le temps qui a fait – et continue de faire – les choses. J’ai tendance à oublier que cela pouvait être différent en France. J’adore y retourner pour me rappeler que oui, on peut vraiment dépenser beaucoup de temps et d’argent sur un marché pour trouver des produits frais et se réjouir de ce que l’on va bien pouvoir préparer avec. 


Vous vous lancez dans un roman… pour ne pas oublier… Comment s’est passée l’expérience de l’écriture ?    

Très bien ! Les premiers textes, les premiers paragraphes me sont venus spontanément. Je n’ai pas eu à m’asseoir consciencieusement pour trouver la bonne formulation, j’ai juste eu à trouver du papier et un crayon le plus rapidement possible pour coucher par écrit ce qui me venait.

Une fois que je me suis relue, j’ai commencé à penser que j’avais peut-être assez de matière pour en faire un livre alors j’ai tenté de structurer davantage et cela se ressent d’ailleurs dans le livre, il y a un moment où il perd (un peu) en spontanéité. Il a fallu faire coïncider des anecdotes avec des situations de vie et réussir à tisser une histoire avec un fil conducteur; ça a été très amusant.

Votre livre devrait faire tomber les clichés et faciliter l’intégration des futurs expatriés. S’il n’y avait qu’un conseil à donner, lequel serait-ce ?      

C’est difficile de donner une réponse générale car une expatriation c’est avant tout une histoire individuelle. Je crois qu’il faut être bien conscient de ce que l’on est d’accord de laisser derrière soi. Savoir pourquoi on le fait et savoir pour combien de temps on veut le faire et on est capable de le faire.

Ce que je veux dire c’est qu’il faut être conscient de la portée de ses choix – y compris sur le long terme – et savoir qu’il n’est pas toujours possible de revenir en arrière; en tous cas peut-être moins facilement que lorsqu’on est resté dans son pays d’origine.

Mon père disait aussi qu’il fallait passer le plus de temps possible avec les gens du pays. Si cela aide effectivement à l’intégration, je crois qu’il faut aussi savoir ce qui nous fait du bien, et si cela veut dire passer beaucoup de temps avec des personnes de notre pays d’origine, je pense que c’est au moins aussi important.

De même, garder contact avec le pays où l’on a grandi me parait essentiel, mais là encore, c’est très personnel. J’aurais par exemple du mal à me passer de France Inter et de leurs chroniqueurs, je crois que leur humour me manquerait trop !

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