Quand les enfants d’expat’ deviennent adultes…

Enfants expats deviennent adultes

Ils ont passé leur vie d’enfants entourés de malles, à voyager et à changer d’école régulièrement, ont connu des gens de tous les coins de la planète, se sont frottés à de nombreuses langues et à de multiples cultures … Ce sont les enfants d’expat. Mais une fois devenus adultes, à quoi les reconnaît-on ?! Un billet d’humeur qui « sent le vécu », par Pom Madendjian.

1/ Ils entretiennent une relation névrotique avec leur valise

Depuis qu’il est en âge de se tenir debout, l’enfant expat devenu adulte a vu maman (et parfois papa, ne soyons pas désagréables) faire, défaire, refaire les différentes sortes de valises. La valise de juillet pour les vacances en France (Avec des polaires. Enfin… Sauf en 2022). Celle d’août pour le trek au fin fond de l’Asie orientale (avec des maillots). Et celle qui part bourrée d’artisanat local – pour les cadeaux au papys-mamies-tontons-taties-neveux-nièces-cousins – à l’aller, et qui revient remplie de comté 18 mois, de pinard de secours, de médicaments, de livres en français… et de saucisson.

A noter qu’il connaît aussi toutes les techniques de mise sous vide pour éviter que Snoopy – l’abruti de chien renifleur qui les attend à la douane à l’arrivée – ne sniffe le sacro saint maroilles.

Le pliage des chemises, des costards et l’optimisation du moindre centimètre cube n’a aucun secret pour lui. Les enfants expats devenus adultes ont toujours un cadenas de secours, estiment le poids de la valise au jugé, juste avec un main, voire avec l’auriculaire… Il faut dire qu’il en a fait des paris avec ses frères et sœurs à l’embarquement pour savoir si la valise dépasserait les 23 kilos ou pas.

Bref. Parfois, ils nous font presque peur, assis sur leur valise à expliquer au conjoint non-expat que « mais si je t’assure la fermeture éclair ne va pas lâcher, je sens qu’il y a un trou d’air, passe-moi la paire de chaussettes ».

Alors, un conseil. Ne rentrez surtout pas dans le débat avec eux sur le rapport poids/pression exerçable sur la housse des valises Samsonite versus Delsey. Soyez plus malins : faites leur faire les vôtres.

2/ Ils pensent que tout le monde aime voyager dans leur propre famille

L’enfant expat devenu grand déteste les valises, mais adore voyager. D’ailleurs, il n’aime que ça. Une deuxième nature en quelque sorte. Il rentre d’Italie et pense déjà à l’Espagne, au risque de faire détester les voyages à ses propres enfants…

Il a du mal à comprendre son petit dernier qui au bout d’une semaine de voyage demande à retrouver sa chambre et son camion de pompier. Ben t’es pas bien, à changer d’auberge tous les soirs en road trip ?

3/ Ils auraient pu devenir profs de géo.

Quand on t’a trimballé(e) tout(e) petit(e) au bout du monde, que tu as usé tes couches culottes sur les sièges d’aéroport en regardant le tableau des destinations, les yeux dans le vague en attendant ta troisième correspondance, que tes parents t’ont accroché une mappemonde au-dessus de ton lit où tu as pu mettre des punaises à chaque nouveau déménagement, et que tu as vécu dans une dizaine ou une vingtaine de pays… forcément, t’as un minimum de notions en géographie. Ou alors, c’est que t’étais vraiment pas concentré(e).

4/ Ils prennent l’avion comme ils respirent. Les yeux fermés. Une main dans le dos.

Ils connaissent le nom complet et l’abréviation IATA d’au moins 50 aéroports dans le monde. Quand ils ont un vol à prendre et qu’ils arrivent à moitié endormis à 5 heures du matin, les yeux collés, ils sont en pilote automatique : ils se retrouvent machinalement devant le panneau d’embarquement, sans réfléchir, ils ont déjà retiré leurs chaussures, la ceinture et leur montre quand ils passent devant la machine des rayons X. Dans l’avion, ils ne regardent plus les hôtesses faire leur démonstration de sécurité car ils pourraient les faire à leur place. A 40 ans, ils ont au moins 2500 heures de vol au compteur. Ils savent que c’est mal. Pour la planète, etc… Alors souvent, ils offrent leur miles Skyteam à la famille. Comme ça, ils se disent qu’ils récupèrent un peu de points… pour leur green Karma, cette fois.

5/ Ils ont toujours autant de mal à répondre à l’une des questions les plus simples du monde : « d’où viens-tu ? »

C’est l’horreur à chaque fois. Parce que c’est long à expliquer. Qu’ils se sentent français(e)s, mais en même temps pas vraiment. Ou pas seulement. Enfin, ça dépend des moments. Du coup c’est compliqué. Plus ils essayent de faire court dans leurs explications, plus ils ont l’air blasés.. Ça les énerve de renvoyer une image qui ne leur ressemble pas. Alors à la fin, souvent, ils disent “Heu… bin… citoyen du monde, hein !” ou alors… “On n’a qu’à dire…de Paris.”

La vérité… C’est qu’ils se sentent bien à la fois partout… Et nulle part.

6/ Ils mélangent un peu les langues. Ça donne envie de leur coller des claques.

Again, c’est pas pour faire les malins (bon. Là si. Mais c’est juste pour l’article), frimer parce qu’ils parlent 3 ou 4 langues, ou exclure les autres. Ça n’est pas par snobisme ou par provocation non plus. Vraiment pas. Ils ont même bien conscience que cela agace souvent les gens en France. C’est juste qu’après des dizaines d’années passées à entendre des langues différentes à longueur de journée, à en apprendre, à devoir jongler régulièrement entre elles pour parler aux amis, ils finissent par avoir certains mots qui “sortent mieux” dans une langue que dans une autre (lire aussi : Nous expats et le syndrome de Jean-Claude Vandamme). Cela devient inconscient, naturel. Et comme à l’étranger les copains sont pareils, personne ne les corrige. C’est comme cela qu’ils prennent de mauvaises habitudes.

7/ Ils sont généralement de bons spécialistes du déménagement à l’international.

Avec une moyenne d’un changement tous les trois ans, sur une ou plusieurs décennies d’expatriation, le ou la petite expat’ en aura vu défiler des cartons ! AGS, Crown, Santa Fe, Déménageurs Bretons, Les Gentlemen du Déménagement, Grospiron… Ils ont entendu le nom de tous ces transporteurs au moins une fois dans leur vie. Ils savent aussi reconnaître le volume au premier coup d’œil, au demi-mètre cube près. À ce stade, c’est de l’épigénétique : ça a fini par rentrer dans leur ADN. Alors une fois devenus adultes, quand le reste du monde débat de la place du déménagement, du divorce ou du deuil sur l’échelle des traumas de la vie, eux, pendant ce temps-là, ils s’assoient calmement devant les rouleaux de scotch et le papier bulle, d’un air entendu.

8/ Ils ont ça dans le sang, et souvent… Ils veulent reproduire le modèle.

Une vie de voyages, de découvertes, d’ouverture au monde et à la différence, où le train train – par la force des choses – n’existe pas… Un monde de stimulations intellectuelles, linguistiques, culturelles et artistiques, qui s’il n’est pas de tout repos, est souvent vécu dans des conditions qui restent malgré tout privilégiées… Il y a de quoi devenir addict, non ? Pardon… Toxico. (Vous voyez que ça ne rend pas bien en français !)

Alors, comme tous les drogués à l’aise avec leur addiction, ils ont du mal à s’arrêter… Ils voyagent généralement beaucoup. Trop. Rapport au bilan carbone évoqué plus haut. Certains, qui ont la chance de pouvoir le faire, décident même parfois de rempiler. Il mettront alors invariablement au monde une nouvelle fournée de mignons petits expat’… Troisième génération d’enfants de la troisième culture !

En revanche, un peu comme pour les déménagements, plus ça va, moins il les aime, et plus ça lui fout la frousse. Alors soit cela va de paire avec une phobie du déménagement et donc avec un ré-enracinement, soit ça va avec un détachement matériel. Mais ça, c’est une autre histoire…

Merci à Nathalie Buet, à Marine Guillermou… et surtout à Pom Madendjian

Pom, enfant expat devenue adulte. Mexico, Le Cap, des jumeaux et un blog

Enfant d’expatriée, diplômée de Sciences-Po, d’un DESS de communication trilingue et d’un MASTER de marketing des industries du luxe, Pom Madendjian a travaillé près d’une dizaine d’années dans les media et la publicité avant de changer de vie et d’orientation professionnelle.

Devenue expatriée à son tour il y a 10 ans, elle a dû comme tant d’autres femmes et conjoints suiveurs apprendre à s’adapter et à se réinventer à chaque nouvelle mobilité. Elle a par exemple publié son premier roman au Mexique, monté son agence de voyages en Afrique du Sud, ou s’est mise au service des Accueils francophones locaux comme au Vietnam où elle a été présidente de l‘AFV Saigon Accueil.

Elle a longtemps tenu, et repris depuis peu, son blog #JujusDePom, où elle raconte avec humour les tours pendables que ses jumeaux lui font subir au quotidien : la créativité maléfique des enfants est universelle, la détresse des parents aussi ! Vous pouvez la contacter pour papoter, elle adore recevoir du courrier : pom.madendjian@gmail.com

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