Pom, enfant expat devenue adulte. Mexico, Le Cap, des jumeaux, un blog et un nouveau roman

Pom, enfant expat devenue adulte. Mexico, Le Cap, des jumeaux et un blogVivre les dix-huit premières années de sa vie à l’étranger, au fil des expatriations de ses parents, c’est sûr, ça rend exigeant. Du coup, les quinze années suivantes passées à tourner en rond dans 50 m² et à respirer les délicieuses effluves du métro parisien, m’ont semblé quelque peu longuettes.

Oubliés le soleil d’Arabie Saoudite, les paysages grandioses du Yemen, les eaux turquoises du Vanuatu, les forêts du Luxembourg, et les fiestas interminables du Liban

Bienvenue grisaille, métro et soupe à la grimace qui éclipsent chaque jour un peu plus les beaux immeubles haussmaniens et le Louvre, devenus aussi tristes que le couvercle baudelairien qui sert de ciel à cette ville ! J’ai eu beau empiler les beaux diplômes qui ne servent pas à grand chose et me donner beaucoup de mal à me morfondre poliment dans le monde de la pub durant dix ans, ça n’a pas pris.

Chacun son truc. Le voyage, c’est pas fait pour tout le monde.

Mais moi, c’est ma vie.

Alors toutes ces années en France, je les ai passées en apnée.

Heureusement, j’avais eu la bonne idée de ramener quelques années plus tôt de mon séjour libanais, un mari formidable et très malin, qui a eu le bon goût de rentrer un soir en nous demandant de bien vouloir faire les valises pour Mexico ! Je dis “nous” car entre temps, nous avions hérité d’une paire de petits jumeaux globalement irrésistibles mais notoirement enquiquinants qui rendaient le départ encore plus nécessaire à la santé physique et mentale de chacun.

Naturellement, s’expatrier en tant qu’adulte est une autre paire de manches.

Enfant, j’ai parfois eu le sentiment d’être un peu trimbalée conte mon gré de lieux en lieux. Et si reconstruire ma vie sociale et mes habitudes a parfois été un défi, je garde finalement, grâce à mes parents qui ont su me préserver au mieux, un souvenir émerveillé de tous ces déplacements. Chaque nouvelle aventure était aussi l’occasion de découvrir de nouveaux endroits, d’apprendre une nouvelle langue, de laisser les copines un peu pestes et d’en retrouver d’autres plus sympathiques…

L’exaltation et l’excitation du départ sont toujours présentes, en tant qu’adulte.

Le fantasme du changement de vie, de tout reprendre à zéro, de la nouveauté, de la découverte. Mais il faut avouer que la gestion de l’intendance rend la manœuvre nettement moins légère que quand j’avais huit ans. Cet âge merveilleux où le plus gros stress consiste à choisir laquelle des 27 Barbies va partir avec nous dans notre sac à dos. Déménagement, transports, logement, installation, inscription dans les écoles, avec des enfants en bas âge dans les pattes…

Certains jours, cela semble insurmontable. Mais en fait, c’est possible.

C’est juste fatiguant. Et puis il faut impérativement savoir s’organiser. C’est surtout une question d’habitude à dire vrai. Une check-list que l’on ressort tous les trois ans !

Non, le vrai challenge tient plus à notre statut de mère qu’à la gestion des containers et des déballages de cartons. C’est bien connu, quand on est maman, on mute : le bien-être de nos p’tits lardons a curieusement tendance à passer devant le nôtre. On se découvre alors une vilaine tendance à vouloir impérativement ranger le nid en vingt-quatre heures, voire douze. « Pour que ces petits chéris retrouvent vite leurs marques. » En général, entre temps, on finit sur les rotules ou à l’hosto… Mais c’est comme ça que l’on apprend à devenir « mam-adult-expat. »

Chaque nouveau départ est donc encore mieux géré que le précédent.

Notre installation à Cape Town en Afrique du Sud il y a bientôt trois ans maintenant – seconde mutation de mon cher et tendre – s’est passée assez sereinement. La ville est splendide, incomparablement plus saine que Mexico, et très agréable à vivre. Elle bénéficie à la fois d’une stature internationale, et de la sérénité et la qualité de vie propres aux villes de province européennes.

J’ai été assez choquée à mon arrivée par les précautions de sécurité : grilles, barbelés électriques, radars, réponse armée pour toutes les maisons systématiquement mises sous alarme en l’absence des propriétaires. J’ai trouvé tout cela assez oppressant, bien plus qu’à Mexico par exemple, pourtant réputée pour la violence de ses gangs.

Mais finalement, au quotidien, tout cela s’efface derrière les habitudes et se fait oublier. Seuls restent les couchers de soleils incomparables, la nature dans toute sa magnificence et l’histoire originale d’un des pays les plus intéressants d’Afrique.

Pom, enfant expat devenue adulte. Mexico, Le Cap, des jumeaux et un blogL’expatriation est un bouleversement

Et lorsqu’elle est répétée, elle est probablement usante nerveusement. L’incertitude, la fragilité de ce statut et le changement permanent sont un défi permanent. Mais c’est surtout un privilège et une chance. Pour les enfants c’est la richesse des langues, de l’Autre, de la différence, de l’ouverture au monde, l’apprentissage de l’adaptabilité… Autant d’outils qui me semblent indispensables pour le futur.

Pour les grands, quand elle est voulue bien sûr, c’est un nouveau souffle, une opportunité humaine et professionnelle passionnante.

Les raisons qui poussent les gens à s’expatrier sont nombreuses et diverses.

Mais souvent, encore, ce sont les femmes qui suivent leur compagnon. Je trouve que l’on parle rarement d’elles, reléguées au rang de « femmes au foyer », ce « nouveau » job très ingrat et franchement épuisant que peu de femmes de ma génération ont exercé avant, dans sa vie. Trouver sa place dans ce contexte, sans tomber dans les clichés ou devoir lutter en permanence pour défendre sa position féministe n’est pas chose facile. Je ne crois pas qu’il existe de recette miracle, chacune d’entre nous étant différente. Mais la tentation de la victimisation est forte. En ce qui me concerne, je la refuse.

Trouver enfin ma voie : écrire

Une fois les turbulences du changement passées, j’ai considéré que c’était l’occasion unique et inespérée de trouver enfin ma voie. J’ai donc commencé à faire ce que j’aime : écrire.

Depuis Mexico, je pige des articles pour des magazines online de tourisme. Je tiens surtout un blog de nos aventures, médiatisé sur ma page Facebook juJusDePom… Carnet de bord quotidien et humoristique de l’enfance de mes fils, je leur offrirai la compilation pour leurs dix-huit ans. C’est aussi le moyen de permettre à la famille et aux amis de garder chaque jour le lien, à plus de dix mille kilomètres de distance.

Et comme la persévérance finit souvent par payer, il est devenu mon meilleur CV dans le cadre de ma reconversion professionnelle :

j’ai réussi à faire éditer mon premier roman – La folle aventure d’une mère de Jumeaux – parue aux éditions Infolio. Et je suis actuellement en train de travailler sur le deuxième.

On me demande souvent si je n’ai pas peur de partir ainsi au bout du monde, dans des pays réputés dangereux, si je ne regrette pas de m’éloigner de ma famille. Franchement, avec tous les outils de communication qui existent de nos jours, à part les baguettes croustillantes et le Saint Marcelin… C’est bien tout ce qui me manque de Paris !

Par Pom.

Suivez les aventures (désopilantes) de Pom et ses jumeaux sur son blog : Les jumeaux à Cape TownPom-Blog

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