Vivre un parcours de PMA en expat – Sylvie témoigne

Parcours-PMA-en-expat-Sylvie-temoigne-UNE femmexpat 559x520Faire appel à la PMA (Procréation Médicale Assistée), dans le confort de ses habitudes et de son pays, c’est déjà démarrer le parcours du combattant. Mais quand il faut le vivre en expat, le stress monte encore d’un cran.

Quelles sont les démarches administratives et financières pour une PMA en expat ? Qui consulter ? Et comment gérer ce protocole avec la distance ?

Alors que la France se penche sur l’infertilité en organisant pour la 6e édition, une journée de sensibilisation, nous avons recueilli le témoignage de Sylvie qui partage aujourd’hui son parcours de PMA en expat…
Un texte fort et douloureux qu’elle veut offrir à toutes celles qui, comme elle, sont dans l’attente et le doute, loin de leurs racines.

La vie est belle. La vie nous sourit

J’ai un époux adoré, un fils chéri, la santé, un boulot…  Sans compter une vie sympa sous le soleil de l’expat dans un pays exotique.
Oui mais voilà… Si notre fils est arrivé très rapidement, aujourd’hui, j’ai 40 ans et le petit deuxième tant désiré, refuse de pointer le bout de son nez. Chaque mois qui passe m’interroge : mon cycle se dérègle et les tests refusent d’afficher ces 2 petites lignes tant attendues.
Est-ce normal ? Faut-il attendre ou agir ?

Je suis loin de chez moi, loin des médecins : je m’inquiète

J’ai la chance de pouvoir partager par email mes craintes avec mon gynécologue. Il relativise. Nous fixons néanmoins rendez-vous aux prochaines vacances pour un check-up et la batterie d’examens médicaux d’usage. Le temps continue de passer.
Quelques semaines après ces examens, le verdict tombe : rien d’alarmant nous assure-t-on, mais pour multiplier les chances de devenir parents pour la seconde fois, à nous les joies de la médecine. On nous met par contre en garde : la procréation médicalement assistée (PMA) ne rime pas avec garantie de succès. 
On flotte entre la joie d’être pris en charge et le stress de l’inconnu qui nous attend. Bienvenue dans le joyeux monde de la PMA.

Je reprends le chemin de l’expat, sonnée et déboussolée

Je suis Belge, mariée à un Français et nous sommes expatriés… On fait comment pour se lancer dans la PMA dans ces conditions ? Parce que avec mon statut de non-résidente, je ne suis plus liée à la sécurité sociale ni française ni belge…
Avant même de rentrer dans les questions du protocole et de nos chances d’y arriver, nous voilà pris dans le tourbillon de l’administratif. Depuis l’étranger, comment se passe la prise en charge ? Combien ça coûte ? Qui rembourse quoi et combien ? Et surtout, quelle est la marche à suivre ? Qui contacter en premier : l’assurance, la mutuelle, le médecin ?
>> Pour en savoir plus : consultez notre article : Procédure PMA depuis l’étranger – mode d’emploi 

Que faire quand on réside à l’étranger ?

Démarrent alors les longues heures de recherches sur le web à tenter de comprendre le processus.
S’ensuivent des centaines d’échanges de mails notamment avec :
  • le centre PMA qui va me suivre afin d’obtenir un devis et caler le planning du retour sur mon cycle estimatif,
  • la CFE et la mutuelle pour valider la prise en charge
Notre situation est inédite, on tourne souvent en rond. Les nerfs lâchent avant d’avoir commencé. 
Il me faut un devis détaillé. Oui mais pour cela, il faut être présent physiquement. On explique notre situation dix fois, cent fois.  Je reçois des réponses incomplètes, je relance, j’attends… c’est stressant, épuisant… et notre protocole n’a même pas commencé…

Caler son retour sur son cycle

La Belgique est mon pays. Ma famille est là, mes amis aussi. Qui plus est, elle est pionnière en la matière. C’est à Bruxelles que l’on va tenter notre chance avec l’accord de la CFE et de notre mutuelle.
Reste à organiser la logistique du départ. 
Pas simple de fixer un créneau entre les disponibilités du centre PMA, la date de ma prochaine ovulation, la présence de mon mari qui ne peut s’absenter trop longtemps et la question de la gestion de notre fils pendant la durée du protocole. Pour le boulot, c’est plus simple : j’effectue des missions de consultance à l’étranger, je m’arrange pour faire un break.
Je dois prévoir un billet d’avion. Le casse-tête commence : les vols ne sont pas quotidiens, mon cycle est irrégulier et je ne connais même pas ma date de retour…

Un cycle sans fin

Moi qui pensais qu’en un mois, tout serait fixé… c’était sans compter sur les surprises de la nature.
Après les échecs de stimulation et donc des mois qui passent sans pouvoir aller jusqu’au bout, on tente néanmoins notre chance. Mais 1 insémination et 2 FIV plus tard, je me morfonds toujours à Bruxelles… sans la présence quotidienne sur place de mon mari avec qui partager les moments de « up and down ».
Je subis aussi les questions de l’entourage qui se réjouit de mon retour mais ne comprend pas ce soudain célibat géographique… Et puis, il y a les copains d’expat qui s’étonnent de ne pas me voir rentrer… Je noie le poisson, je n’ai pas envie d’épiloguer.

Et aujourd’hui, deux ans plus tard ?

Malheureusement, le parcours PMA n’a rien donné pour nous. Je suis repartie dans mon pays exotique avec le ventre vide, ma rage, ma tristesse et mes questions. 
Et si nous n’avions pas été expat, aurions-nous pu démarrer plus tôt ? Cela aurait-il fonctionné ? Si j’avais gardé mon boulot, mes habitudes et mon mari à mes côtés pendant toute la procédure, aurions-nous eu plus de chance ? Et si je n’avais pas tant stressé et galéré dans les dédales de l’administratif, mon corps aurait-il été plus réceptif ?
On ne peut pas vivre avec des regrets toute sa vie… Il faut avancer. 
Nous sommes déjà les fiers et heureux parents d’un petit gars en bonne santé. Et nous avançons dans le deuil de ne pouvoir lui offrir la fratrie dans laquelle nous pensions l’élever.
D’autres ont des chemins plus heureux, d’autres encore plus douloureux… Chacun son histoire, chacun son parcours. 

Je veux que mon témoignage serve à d’autres

Si à l’époque, j’ai souri (de travers il faut l’admettre) et gardé le silence en réponse aux questions maladroites, je désire aujourd’hui partager mon histoire. Pour que vous puissiez vous préparer et anticiper.
Comme à mes amies proches, j’aimerai vous donner quelques conseils : 
  • N’attendez pas… renseignez-vous, parlez-en… et agissez !
  • Soyez forte : à de rares exceptions, ne comptez pas sur la compassion ou l’empathie du corps médical… les services sont surchargés et vous faites partie de leur quota de statistiques (pas de chances, pour le coup, avec nous, leur taux a bien baissé…). Difficile pour eux de prendre le temps et de fonctionner à l’écoute du cas par cas.
  • Armez-vous de patience : le parcours est souvent long, très long… que ce soit pour le suivi du protocole en lui-même ou pour les questions administratives. Et quand la distance joue en votre défaveur, outre la gestion de vos sentiments, la folie peut vous gagner quand il faut courir dans tous les services pour obtenir les justificatifs demandés pour boucler votre dossier.
  • Entourez-vous : choisissez les bonnes personnes. Celles qui partageront les silences, l’espoir, le stress, l’excitation, la rage et les pleurs. Celles qui pourront vous aider à vous évader de ce cycle infernal, de l’attente interminable et de la peur.
Sylvie
LIRE AUSSI notre fiche pratique : PMA depuis l’étranger : mode d’emploi 

Quelques ressources utiles :

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