Expatriation et estime de soi

estime de soi

En expatriation, il n’est pas rare que notre estime de soi prenne cher. Difficultés à mener à bien un projet professionnel, choc culturel, les raisons sont nombreuses, et nous avons souvent l’occasion de le répéter : la mésestime de soi n’est pas une fatalité. Nous avons demandé à Line Dumasdelage du site psyperso.com de nous donner son éclairage expert sur l’estime de soi.

L’estime de soi – un équilibre à chouchouter

L’estime de soi c’est un mille feuille composé de nombreuses composantes internes et externes, un équilibre fragile en mouvance constante qu’il faut préserver et chouchouter.

Elle est rattachée au sentiment de sécurité intérieure (la confiance en soi : connaître ses ressources et compétences), l’acceptation de soi (de ses défauts et de ses qualités), la vision de soi (bien souvent déformée et très dépendante de son humeur) et l’amour de soi… L’estime de soi c’est finalement la valeur que l’on s’accorde.

Je pressens déjà les sourires crispés ou gênés à la lecture de ses quelques lignes ! Oui il s’agit d’un sujet délicat… motif de consultation fréquent (surtout par les expatriées) parce qu’il est question d’un sujet qui dépend de soi, des autres (leur regard), du passé, du présent et influençant le futur (sa capacité à agir et prendre des décisions)… Bref, l’estime de soi est la croisée de tous les chemins, et demande un travail de funambule.

Aux origines de l’estime de soi

Les origines extérieures de cette estime se nichent dans le regard bienveillant (on vous le souhaite) parental, l’affection familiale, le regard scolaire (pas seulement les résultats mais aussi le fameux « être élève ») et le regard de ses pairs (flatteur parfois, sans pitié souvent, la fameuse « popularité » chez les ados)…c’est ce que nous allons mettre à l’intérieur de nous concernant l’estime de soi.

Une estime de soi qui nous permet d’être « confortable ». C’est se sentir à l’aise avec les autres (sans être à surveiller et tenter de décoder en permanence ce qu’ils pensent), c’est savoir identifier et exprimer ses idées, ses sentiments et ses besoins, se respecter, s’autoriser à l’erreur et prendre des risques considérés de temps à autre et faire confiance aux autres et à soi-même…vaste programme énoncé comme cela ! Elle dépend aussi de notre humeur, de comment on se sent en ce moment… Et ça aussi, c’est très aléatoire.

Pourquoi prendre soin de notre estime de soi ?

Cette estime influence nos comportements, nos décisions et donc a un impact régulier dans notre vie. Les risques à une estime de soi sont nombreuses : inquiétudes incessantes pour son image, hyper vigilance de ce que les autres peuvent penser de nous, se sentir différente des autres (impression d’être moins forte, moins compétente…), le doute permanent, anticipation par des scenarii toujours négatifs, le sentiment d’imposture

Pourquoi c’est difficile de prendre soin de notre estime de soi ?

Dans une société qui nous incite voire nous martèle le droit au bonheur, l’estime de soi fait forcément partie de la recette… Les images contemporaines de la femme exposent des femmes sûres d’elles, qui s’apprécient et se donnent de la valeur. Sauf que cette incitation au bonheur peut devenir une forme de pression : ce qui modifie quelque peu le rapport au bonheur. Le modèle exposé ainsi donne une belle inspiration mais parfois voire bien souvent, elle favorise le sentiment encore plus prégnant d’échec chez les femmes qui ont du mal à s’estimer, ne faisant que rajouter à la culpabilité et au sentiment d’échec de celles-ci.

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Une nouvelle consigne à laquelle obéir ?

On nous ferait croire que le bonheur et l’estime de soi est à la portée de tous et que donc si on ne l’atteint pas, on rate… C’est faux ! Une mésestime de soi n’est pas une fatalité !

Dès lors que nous partons du postulat que nous ne sommes pas livrées toutes avec le même modèle et les mêmes options, la perception de ce cheminement vers l’estime de soi est tout autre. On peut maîtriser certaines choses et surtout évoluer !

Quelques pistes

Nous sommes toutes différentes et donc nous devrions poser des exigences différentes en fonction de qui nous sommes et non pas en fonction de qui nous devrions être (selon qui d’ailleurs?) ! Alors par où commencer ?

Essayez d’identifier ce qui a contribué à la construction de votre estime.

Repassez par ce qui a pu vous manquer (non pas pour s’en plaindre mais pour pouvoir ré-aborder cette construction et y modeler autre chose si besoin, parfois comprendre que l’on n’a pas été valorisée quand on avait besoin parce les parents ont fait ce qu’ils ont pu avec ce qu’ils avaient, c’est déjà un élément de réponse et un moyen de relativiser l’impact de ce manque et d’y remédier). En effet en fonction de son histoire, des valorisations reçues ou non, du parcours scolaire…de l’environnement dans lequel vous avez baigné, la dose d’optimisme et de droit à l’erreur que vous avez… influe sur notre estime aujourd’hui.

« On fait ce qu’on peut avec ce que l’on a ».

Cela devient un chemin à parcourir tout en ayant en tête qu’il ne faut pas viser la voisine, la collègue, la copine mais ce que nous voulons faire de ce que nous avons. Cette phrase n’a rien de péjoratif, bien au contraire, elle autorise à l’erreur, aux ratés et indique aussi que le jour où on a plus, on peut miser plus ! Et surtout, elle permet de ne pas rester figée sur « ah si j’avais plus de si ou moins de ça, je serais plus heureuse ».

Nos manques, nos trop, font ce que nous sommes et c’est ce qui fait que les rencontres et échanges nous permettent de nous enrichir ! Une femme introvertie ne deviendra jamais un clown public et ce n’est pas bien grave (sauf si elle décide de prendre le contre pied de ce qu’elle est comme une forme de thérapie). L’idée c’est de venir comme vous êtes et le plus confortablement possible. (oui je fais allusion au sandwich frites, mais la maxime est tellement vraie!)

Un cheminement fait d’apprentissages

Le bonheur ce serait peut être plus ça d’ailleurs : être en paix avec soi, ses défauts, ses qualités, ce qu’on fait bien d’un côté et de la tolérance pour ce qu’on fait moins bien (mais cela s’apprend). Ce cheminement c’est aussi accepter que toute notre vie est faite d’apprentissage et d’expérimentation, c’est comme ça qu’on progresse, qu’on évolue, qu’on « mature ».

Le mot d’ordre c’est donc « indulgence », non pas pour niveler par le bas, mais bien pour s’autoriser à tester, tenter, expérimenter pour avancer. Savoir que lorsque cela n’a pas fonctionné, c’est de l’apprentissage et non de l’échec. Qu’est ce qui fait que cela n’a pas marché ? Comment puis-je y remédier ? Comment j’ai cherché à me protéger de l’échec ? Se rappeler que chercher à se protéger c’est normal et nécessaire, trouver comment relâcher un peu les défenses sans tout lâcher.

Acceptez d’être patiente avec vous même, expérimentez, recommencez, avancez !

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Line DUMASDELAGE, psychologue en téléconsultation. Psychologue clinicienne depuis bientôt 20 ans après une longue expérience en institution auprès d’adultes et adolescents. J’exerce à distance depuis un an (visio, téléphone, tchat, mails) pour apporter plus de souplesse dans les consultations, les rendre accessibles, depuis partout et à tout moment. De plus en plus sollicitée par les expatrié(e)s, j’ai développé cet aspect clinique très riche d’enseignements (et dépaysant aussi). Je travaille avec l’idée constante d’être accessible et de faire de la manière la plus simple, ne pas se prendre au sérieux tout en travaillant sérieusement ! Mon site : https://psyperso.com/

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