Expatriation : quand c’est lui qui suit

Expatriation : quand c’est lui qui suit

7 % : c’est la part d’hommes qui suivent leur conjointe dans l’aventure de l’expatriation en 2020. Un chiffre qui n’augmente pas, ou peu, depuis le début de nos baromètres de l’expatriation. Dans certains secteurs pourtant, comme celui des organisations internationales, ce chiffre est plus élevé.

Alors, comment ça se passe pour eux ? « Comme pour tout conjoint expat », me répondrez-vous… Vraiment ? Et pour nous ?

Au départ : qui décide quoi ? 

Pour beaucoup, au départ, il y a le projet commun de l’expatriation.

💬 Arnaud raconte : « Après une expérience en entreprise française, nous nous sommes mis d’accord : nous allions chercher chacun un poste dans 4 villes que nous avions préalablement choisies (Sydney, Singapour, Hong Kong, Shanghai). Et le premier qui trouve, l’autre suit. Elle a trouvé en premier sur Hong Kong un poste de Business Analyst. Alors, j’ai suivi !« 

💬 Témoignage semblable du côté de Vincent : « La décision de partir était une évidence. Nous avions déjà discuté ensemble des possibilités d’expatriation, et même si l’Asie était en haut de notre liste, c’était davantage l’expatriation en soi qui nous attirait.« 

 

Pour d’autres, une carrière prédestinée par des secteurs spécifiques.

💬 Mickael explique : « La décision de partir s’est implicitement prise le jour où mon épouse a repris ses études à vocation internationale, il y a deux ans. Il était très difficile d’envisager qu’elle puisse s’épanouir dans une vie professionnelle basée uniquement en France, avec un diplôme en relations internationales. La décision finale s’est faite tout simplement en fonction des opportunités d’emploi.« 

C’est le cas aussi des organisations internationales, où les conjoints suiveurs masculins sont plus nombreux.

Et puis, parfois, c’est un peu la surprise.

💬 Xavier raconte : « Depuis quelques années, ma femme évoquait distraitement et discrètement les opportunités de postes à l’étranger. Étant d’un naturel très casanier, je voyais tout cela de façon abstraite et improbable. Jusqu’à ce que : « Il y a des postes ouverts près de Londres, j’ai bien envie de postuler. » C’est devenu subitement beaucoup plus concret. Hum… Londres… C’est assez proche… Apprendre l’anglais bénéficierait beaucoup aux enfants… J’ai envie de changer de travail mais je ne me secoue pas assez pour le faire… C’est une super opportunité pour ma femme… Bon OK. Banco ! »

 

Le regard des autres

💬 Mickael, qui a suivi sa conjointe au Burundi témoigne : « Quitter un CDI en France pour l’inconnu dans le monde est parfois difficile à faire comprendre. Les amis, les collègues étaient assez divisés sur la question. J’ai tantôt été respecté par certains pour accompagner mon épouse dans ces projets, et tantôt été incompris par d’autres, pour les mêmes raisons. » 

Et une fois partis, ce sentiment se confirme : « Aujourd’hui, pour les hommes, il est encore très difficile de ne pas être considérés comme moteur unique du couple. C’est un ressenti qui se fait sentir au quotidien, à travers les attitudes de nombreuses personnes, de manière consciente ou non. Dire : « Je suis ici car mon épouse a eu une opportunité professionnelle intéressante et je l’ai suivie » est encore difficilement compris par beaucoup, mais la société évolue fort heureusement ! »

 

…La pression pour nous ! 

💬 Ariane témoigne : « On me propose un poste à l’étranger, avec un contrat d’expatrié et une super promo. Mon mari est plutôt enthousiaste à l’idée de me suivre, mais aussi un peu angoissé par les réactions de ses copains qui nous considèrent comme des ovni ».

Alix Carnot, Directrice Associée chez Expat Communication et auteure de « Chéri(e) on s’expatrie : guide de survie à l’usage des couples aventuriers » explique : « Ce qui paraît une évidence est encore pour beaucoup une zone encore mal défrichée. L’entourage peut être surpris, voire critique, même inconsciemment. Le conjoint le ressent et lorsqu’il sera confronté aux remises en cause qui accompagnent inévitablement la situation de conjoint accompagnateur, cela amplifiera ses doutes. Et pour les femmes, ce choix entraîne une pression forte. 

Elle ajoute : « Sur le regard des autres, pour certains, ce projet est encore original, voire perturbant. Ainsi, ceux qui l’ont vécu disent souvent que les commentaires à répétition sur le mode « mais ce n’est pas raisonnable ; tu ne pourras jamais rebondir ! » ont fini par leur peser sérieusement sur le moral. Une petite blague permettra de tuer les commentaires dans l’œuf. La dernière que j’ai entendue : « Chez nous, c’est elle qui porte la sacoche, moi je garde la culotte« . Si vous en avez des meilleures, je suis preneuse ! Dans tous les cas, pour ces hommes « accompagnateurs », il est important de se protéger du regard des autres.« 

 

Une bonne solution : la liste des aspirations de départ

Alix Carnot poursuit : « Je  recommande d’établir ensemble une check-list des aspirations de départ : écrire la liste de ses attentes avant de partir et confronter les réponses. Ce sera une feuille de route pour le séjour et  permettra de communiquer plus facilement quand le chemin sera un peu raide. C’est un bon antidote contre la rancœur pour lui et le sentiment de culpabilité pour elle. Ces aspirations peuvent être professionnelles, mais il ne faut pas oublier l’aspect perso. Même si le projet du conjoint est de rester à la maison et de s’occuper des enfants, il est important d’avoir des projets pour soi. »

 

Et professionnellement ?

Pour la grande majorité des hommes qui suivent leur conjointe, le départ se fait en mode « ceinture-bretelle » : choix d’une grande ville, accompagnement de carrière proposé par la société de la conjointe. Alix Carnot, dans son livre, explique : « Ils sont beaucoup plus nombreux que leurs consœurs à vouloir travailler pour assurer la qualité de vie du ménage.« 

Par ailleurs, les entreprises n’ont plus de problématique d’internationalisation des talents féminins. En face, les budgets d’accompagnement des conjoints ont explosé. En effet, les hommes suivant leur épouse en expatriation sont 2,5 fois plus accompagnés par les entreprises que les femmes*. Il semble que pour les hommes, les entreprises sont prêtes à développer de nouveaux services d’accompagnement de carrière.

Toutefois, la pression reste grande, comme pour les conjointes, mais c’est la clé d’une expatriation réussie.

💬 Yvan nous dit : « J’ai eu la chance de trouver un poste dans une ONG locale, moins d’un mois après notre arrivée. Sans ce poste, mes réponses à votre enquête auraient été bien plus négatives.« 

💬 Et quand ça ne marche pas, comme pour les conjointes, l’équilibre est difficile à tenir : « La recherche de travail infructueuse a un impact psychologique (plutôt négatif) qui se ressent dans la vie de couple (deux rythmes de vie différents, deux façons de découvrir l’expatriation toutes aussi différentes) » nous livre Olivier.

 

Comme pour tout conjoint accompagnateur, le temps de recherche d’emploi varie, d’un secteur à l’autre. 

Pour Mickael, qui travaille dans l’hôtellerie-restauration, il a été facile de travailler dans des hôtels ou de réaliser des missions dans ce secteur. Pour Vincent, à Londres, cela dépend de votre situation familiale. Il raconte : « Je confirme ce que nous avions lu et entendu : pour s’expatrier avec des enfants, il est vraiment préférable d’avoir le conjoint disponible, au moins les premiers mois.« 

💬 Pour tous, une bonne préparation est indispensable. Vincent explique aussi : « J’avais choisi de ne pas dissiper mon énergie avec un job de serveur que j’aurais facilement trouvé, vu la fluidité de ce secteur à Londres, et de comprendre précisément qui étaient les acteurs de mon secteur avant de me lancer. J’ai évalué que j’aurais mis 2 à 3 fois moins de temps à trouver un emploi équivalent en France, ce qui ne me fait pas regretter pour autant notre choix.« 

Et la clé : une ouverture d’esprit

💬 Mickael témoigne : « Il est primordial de garder une veille stratégique constante sur le marché du travail du pays dans lequel on emménage. Ne pas rester sur ses acquis et être prêt à envisager de changer de métier. Au-delà de la profession et du métier exercé, c’est un état d’esprit d’aventurier que l’on doit avoir. Il est primordial d’oublier la vision française du monde du travail et de se calquer à celle du pays d’arrivée. D’un point de vue culturel, personnel ou professionnel, savoir s’adapter reste le premier facteur de la réussite.« 

Alix Carnot conclut: « le conjoint doit soigneusement préparer son projet avant de partir. S’il veut travailler : valider l’état du marché, la reconnaissance de ses compétences, son visa de travail. Il y a trop de mauvaises surprises à l’arrivée, quand il est trop tard ! S’il veut rester à la maison aussi, il sera important d’avoir des renseignements sur ce qui l’attend. Fouillez sur Facebook et LinkedIn pour appeler des contacts sur place. » Au risque de ne pas trouver de partenaire pour un tennis à 15h…

Un quotidien d’expat en pleine transformation

L’impact est important sur le quotidien des expatriés. En effet, les sorties d’écoles sont désormais remplies de papas barbus qui viennent chercher leur progéniture.

Les activités des accueils ont dû se réformer. L’Accueil des Françaises de Bruxelles, plus ancien accueil FIAFE dans le monde, a modifié ses statuts et a changé son nom en « Accueil Français de Bruxelles ». A l’instar des Clubs de Mamans, qui doivent revoir leur appellation pour intégrer tous ces papas avec leurs poussettes.

Un pari réussi ? 

💬 Pour Arnaud, oui. « Sur mon expatriation : je suis ravi. Sur mon choix d’avoir suivi ma conjointe : je pense avoir fait le bon choix même si je peine maintenant au niveau professionnel ».

💬 Et à la question : hésiteriez-vous avant d’accepter une nouvelle expatriation ? Mickaël répond « Hésiter : Non. Mais réfléchir avec mon épouse, échanger ensemble sur les implications, les opportunités réelles d’une nouvelle expatriation… Oui. Concrètement, tout dépend de l’opportunité professionnelle en question ! Il ne faut pas la subir mais qu’elle soit l’occasion de nouvelles découvertes et expériences. »  

 

Et pour conclure

Deux lignes, et espérons-le, un article qui continuera de s’enrichir grâce à vos témoignages :

  • Merci à ces pionniers, qui défrichent encore un chemin encore peu balisé. Grâce à eux, les femmes peuvent être expatriées. C’est de moins en moins une exception !
  • Citons enfin ce joli témoignage : « Le fait que mon compagnon me suive a permis à ma carrière de progresser. Grâce à l’expatriation mais surtout grâce à la confiance qu’il me faisait. Cela a transformé ma vision de ma carrière.« 

*Enquête 2015 – Expat Communication

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