Urgence climatique : je fais quoi, moi en expatriation ?

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Novembre 2021. C’est un véritable cri du cœur qui est arrivé dans les messages de la rédaction alors que le monde entier se retrouve une fois de plus au chevet de la planète lors de la COP à Glasgow. Peut-on réellement prendre en compte son empreinte carbone en expatriation? C’est cet enjeu crucial, compliqué, que Marine a voulu partager avec nous en écrivant cet article. Faut-il renoncer à son projet pour autant ? Changer nos modes de vie ? Face à toutes ces questions, et au moulin de pensées qui s’abattait sur elle, Marine a sollicité la communauté FemmExpat sur notre groupe Facebook, pour avoir une vision apaisée de la situation. Voici son texte, et un résumé de vos réactions. 

 

 

Vendredi 5 novembre 2021. Voilà quelques jours déjà qu’à l’occasion de la COP 26 à Glasgow, les journaux du monde entier nous rappellent les bilans pessimistes sur l’avenir de l’Humanité sur la planète. Et pour moi, maman expat à l’autre bout du monde, le moulin à questions se met en marche.

 

Je me renseigne, et je tombe sur l’article « Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat ». Mon café a un petit goût amer. Peut-on être dans l’objectif des 2T d’équivalent carbone par an quand on est expat ? Spoiler, la réponse est non. Pas besoin de retourner la question dans tous les sens.

Renoncer à l’expatriation pour des raisons écologiques ?

Que faire ? Une croix raisonnable à tous nos projets d’expatriation et de voyages ? En réalité, voilà bien des questions qui seraient réglées : je pourrai regarder mes enfants droit dans les yeux, leur répondre que pour des raisons d’écologie, nous allons arrêter de prendre l’avion ou la voiture pour traverser l’Europe à chaque vacances. Que c’est pour qu’ils puissent avoir un air respirable et non une planète suffocante, et pour leurs enfants après eux. L’enjeu en vaut la chandelle, si je puis dire. OK. Me voilà clean, le sujet classé. Nous rentrerons donc plus près de nos familles pour éviter les visites déraisonnables du point de vue carbone. Fin de l’aventure.


Mais évidemment, rien n’est si simple, et le sujet devient même très inconfortable : le voyage, l’expérience de la vie ailleurs, la rencontre d’autres humains et de leur manière de vivre, c’est vraiment constitutif de qui je suis et de ce que je veux pour mes enfants. Je veux qu’ils aient la chance, parce que ça rend meilleur, de vivre l’ouverture au monde, de la vivre dans leur peau. N’est-ce pas aussi une forme d’écologie ? Mais a-t-on le droit de s’octroyer un peu plus de carbone dépensé au titre même que je fais découvrir le monde à mes enfants ? Qu’ils s’ouvrent à l’altérité ? Pas sûre…


Non, je ne vois pas comment offrir cette chance à mes enfants tout en préservant leur habitat sur cette planète, en l’état actuel des choses. Faire une croix sur l’avion, c’est faire une croix sur un aspect fondamental de qui je suis, et de qui on veut être…

La solution : un Aller-Retour par expat ?

Le Covid avec la fermeture des frontières avait déjà bousculé ma vision de l’expatriation lointaine. Ma prise de conscience écologique me questionne encore plus profondément. Je dois peut-être accepter, pour vivre loin, de ne pas rentrer souvent dans mon pays. Et également de ne pas recevoir de visiteurs lointains – car les tonnes de CO2 de mes visiteurs sont directement imputables à mon séjour dans un pays lointain.


Peut-être que la réponse est là : amortir mon AR sur le temps de l’expatriation. Partir 3 ans sans revenir ni recevoir de visites, rester sur place et explorer. Comme au temps du voyage en caravanes et en bateaux à voile. L’expatriation redeviendrait un choix d’aventure réelle.


Mais cela change quand même sacrément la donne…


Je décide alors de poser la question sur le groupe Facebook de FemmExpat : « qu’en est-il chez vous ? ». Voici ce que vous nous avez répondu.

Expatriation et empreinte carbone : vos réactions

La réponse de Laetitia est sans appel :

« Pour notre part, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai voulu revenir en Europe (enfin sans prendre en compte le Brexit hein…). Au moins nous avons des alternatives aux vols et nous n’avons pas pris un avion depuis des années. (…) C’est un sujet brûlant et difficile à appréhender à notre petite échelle, mais il nous faut garder espoir et faire nos choix avec notre conscience en éveil. Pas de bright future pour nos petits expats multilingues s’ils ne peuvent pas avoir accès à un air, une eau et des conditions de vie corrects. »


Réaction semblable chez Charlotte :

« C’est une vraie question pour moi. Je pense que si j’avais eu cette conscience quelques années plus tôt, j’aurais fait des choix différents… Pour l’instant je me dis que je pourrais envisager de ne rentrer que tous les 2 ans au lieu de tous les ans, mais avec les enfants qui partent du nid petit à petit, on ne sait pas où ils vont finir par s’installer et comment nous allons pouvoir gérer ce multi grand écart d’ici quelques années… »


Et puis, il y a Marion, qui lâche : « Oui, on vit avec la culpabilité…». Même sentiment chez Zara : « Entre la clim tous les jours et le voyage 3 fois par an avec escale parfois, on peut dire qu’on est hors-jeu ». Et chez Caroline F, qui va dans le même sens : « Paris Bogotá crame le budget. Mais nous n’avons pas de voiture et pas de chauffage. Ça doit équilibrer ! ».

Compenser notre empreinte carbone ?

Quelques membres du groupe avancent l’idée qu’une des pistes est de compenser notre empreinte carbone.
À l’image d’Aude, qui habite en Afrique équatoriale.

« Je mets un voile pudique sur mon éthique en avion long-courrier. Il n’existe pas de solution alternative à efficacité plus ou moins comparable (le Paris Sydney à la voile par exemple, pas jouable). Pour le reste nous faisons de notre mieux, mais là encore il y a des domaines sur lequel nous pouvons difficilement revenir (la clim dans les pays fournaise par exemple). Honnêtement c’est chaud d’être écolo expat ! »


Le problème des pays qui n’ont pas notre conscience écologique

Cela paraît plus facile dans des pays où l’écologie est prise en compte dans la culture et les règles du pays d’expatriation.

Sabine, aux USA explique par exemple : « On a choisi un quartier central pour favoriser le vélo sur la voiture et aux USA c’est un vrai défi ». Ou Catherine à Singapour : « Je ne prends jamais l’avion en dehors de mon retour annuel en France, et les vacances c’est une seule fois dans l’année, lorsque nous sommes en France nous ne bougeons pas de notre maison généralement, est-ce suffisant, je ne sais pas. À Singapour, nous n’avons pas de voiture, je fais tout à pied pratiquement ou en bus ! »


Mais quand ce n’est pas possible ? Aude poursuit :

« J’habite en Afrique équatoriale. Quelle que soit la façon dont je trie les déchets, ils finissent immanquablement dans le fleuve d’à-côté. Pas de vrac, le sac plastique est roi, les gens balancent nonchalamment leur bouteille derrière eux, sans se poser de question, après tout, ils ont des urgences bien plus immédiates à gérer. »

Même constat pour Frédéric :

« après 2 ans de vie au Mexique et une nouvelle vie qui débute en Équateur : certes l’Amérique latine n’est pas aussi pauvre que l’Afrique, mais la protection de l’environnement n’est clairement pas la priorité ici. Le plastique jetable est roi, ainsi que les grosses bagnoles bien polluantes genre pick-up ou SUV. »


Le colibri en expatriation…

La démarche du colibri expatrié semble être une solution reprise par de nombreux expats :
C’est ce qu’on lit chez Lexy : « Si on se culpabilise à ce point, on ne vit plus …la recette , c’est faire à sa mesure, comme le colibri qui éteint le feu avec une goutte… » ou chez Aurélie : « Mon moteur de recherche est Ecosia. Ils plantent des arbres. Je fais des gestes au quotidien comme le colibri. Mais impossible d’éviter l’avion. On fait très attention comme le colibri mais éviter les voyages avec des enfants et des vieux parents en France n’est vraiment pas possible ».
Claire répond également :

« Je suis expat en Afrique (pas de chauffage) et végétarienne et, comme toi, mon aller-retour en avion annuel éclate mon empreinte carbone (on peut faire le calcul sur internet). Perso je pense que la meilleure solution c’est de compenser ton excès carbone. Je recommande « atmos fair »! »


Un retour d’expat écologique pour autant ?

Laissons le mot de la fin à Aude :

« Et oui les arguments écolo me parlent beaucoup et ce serait un argument majeur d’un retour éventuel au pays, mais dans la balance nous penchons encore pour l’expatriation, dur de changer de vie et de redevenir sédentaire. »


Merci à Marine Guillermou d’avoir partagé ces réflexions avec la rédaction et la communauté de FemmExpat et à vous, d’avoir accepté de débattre sereinement sur ce sujet. 

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