Le bilinguisme canadien – mythe ou réalité ?

bilinguisme au canada

En France, notamment dans les médias, on nous « vend » le Canada comme un pays bilingue. Et oui, là-bas « tout le monde » parle les deux langues officielles, pas de soucis.  Mais une fois sur place, on peut vite déchanter. Qu’en est-il de ce fameux bilinguisme canadien ? Mythe ou réalité ? Décryptage avec Jimena Andino Dorato, coach interculturelle, ancienne membre de la Coach Academy d’Expat Communication et installée à Montréal.

Le bilinguisme canadien est complexe

La question peut sembler simple mais elle mérite néanmoins une réponse complexe.  En fait, elle dépend plus d’une conjonction que d’une disjonction : le bilinguisme canadien est un mythe ET aussi une réalité. Ce qui rend le sujet intéressant c’est d’en comprendre le pourquoi et l’incidence dans la « vraie vie » des ceux qui habitent sur le sol canadien… Et personne n’est à l’abri d’une déconvenue !

Pour faire simple – la confusion vient sans doute du raccourci suivant :

  • Le mythe ?  Toute la population du Canada parle les deux langues.
  • En réalité  ? En fait, seule l’administration publique canadienne (au sens large) a l’obligation de s’adresser à la population canadienne en anglais et en français.

Bilinguisme au Canada : un peu d’explications

Pour bien comprendre, il vous faut changer vos « lunettes culturelles » et sortir de certaines idées reçues…  Revisitons-les ensemble avec un nouvel éclairage.

Historiquement : une confédération bilingue mais une majorité de provinces unilingues 

Le Canada est une confédération et depuis sa première constitution en 1867, le pays s’est construit avec des négociations respectant la diversité qui le constitue.

  • Au début, il s’agissait de respecter deux systèmes de droit et deux religions.
  • Au fil de son évolution, la religion laisse aux langues.
  • Et aujourd’hui, le Canada est un État fédéral bilingue avec comme langues officielles : le français et l’anglais

Il ne s’agit pas ici de faire un cours d’histoire ou de politique, mais un petit rappel nécessaire pour revisiter les deux visions qui permettent d’expliquer le bilinguisme canadien.

Et c’est là que la culture intervient puisqu’en France et au Canada, notre approche vis-à-vis de la langue et de l’éducation diffère.

France – Canada : deux visions différentes

Vision #1 – celle communément portée inconsciemment en France pour qui « une langue unifie et prévient les conflits »

Vision #1 revisitée – celle communément admise par les Canadiens : « le multilinguisme et la traduction garantissent l’égalité et préviennent les conflits »

Le pays étant officiellement bilingue, l’administration publique canadienne dans tout le pays, doit pouvoir s’adresser à la population canadienne dans les deux langues : le français et l’anglais.

C’est une garantie d’égalité car cela permet à tout citoyen de s’exprimer et d’être entendu face aux institutions dans une des deux langues officielles de son choix.

C’est donc en vigueur dans les services douaniers, les services consulaires, la justice, les débats les échanges politiques, etc. Ce bilinguisme a bien sûr favorisé le développement de la traduction et de l’interprétariat au Canada mais pas que …

Il suffit d’observer pour comprendre l’importance du bilinguisme canadien :

  • L’hymne canadien a une version officielle anglaise et une version officielle française (qui ne disent pas la même chose!),  plus une version bilingue…
  • Dans plusieurs discours du Premier ministre, on peut noter l’expression d’une idée en anglais et la suivante en français.

Voilà pour la réalité, maintenant quid du mythe ?

Vision #2 (celle des Français) : « un système d’éducation national est garant de l’égalité » 

Vision #2 revisitée (celle des Canadiens) : « chaque province a le droit d’établir son propre système éducatif »

Pour coller au bilinguisme canadien, l’objectif n’est pas d’éduquer toute la population en français et en anglais. Ainsi, pour respecter les deux langues, il y a donc les traductions.

Plus important, le bilinguisme canadien se situe au niveau fédéral mais pas provincial : chaque province du Canada a donc la liberté de choisir sa langue officielle. Et c’est cette langue qui est privilégiée dans l’enseignement pour la province.

A noter que

  • seule la province du Québec, bastion de la francophonie canadienne, a pour langue officielle le français, pour les autres c’est l’anglais.
  • le Nouveau-Brunswick, situé en Acadie, à l’est du Canada, est la seule province canadienne bilingue.

Le français est donc la langue officielle de la province du Québec et, selon la Charte de la langue française, elle permet au peuple québécois d’exprimer son identité. 

Cette Charte est la garantie de cette langue à l’Office de la langue française

Des exemples concrets au Québec :

  • Plusieurs sociétés exigent l’utilisation des logiciels exclusivement en français et les courriels doivent avoir une version française dès qu’une personne québécoise fait partie de l’échange.
  • Bien qu’il y ait des écoles publiques anglophones, la possibilité de les fréquenter est limitée à des conditions très spécifiques et restrictives : il est nécessaire qu’un membre de la famille (sœur, frère ou parent) ait fait au Canada la majorité de ses études en anglais.
  • Par opposition, la règle est que les enfants des allophones ou anglophones, ayant la citoyenneté canadienne ou pas, qui n’ont pas fait leurs études en anglais au Canada doivent intégrer des écoles publiques francophones.

👉Lire aussi : Le système éducatif au Québec

Alors le Canada, bilingue, ou pas ?

  • Pour la vie de tous les jours : en fonction de la province, on parlera en majorité, soit français, soit anglais.

Dans certaines villes, telles que Montréal, Ottawa, Moncton, on peut être témoins de conversations très actives où une personne s’exprime en français et l’autre répond en anglais. Et cela sans compter la grande place laissée également à d’autres langues.

  • Pour toute démarche administrative ou officielle : c’est clair, quelque soit l’endroit où l’on se trouve, on pourra s’exprimer soit en français soit en anglais ! 

Portrait-Jimena- Rond NL FXP

Jimena Andino Dorato

Coach, Expert coaching Interculturel – Expat Communication
D’origine argentine, Jimena a vécu l’expatriation à Sao Paulo, Montréal et Paris.

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