Liberté chérie, mais où est le mode d’emploi ?

liberté« Temps disponible », « temps pour soi », « année sabbatique », « période pour faire le point »… Et pourquoi ne pas parler de liberté finalement ? Quand cela est rendu possible par les contraintes sanitaires (ce qui n’est pas encore le cas pour tout le monde, nous le savons), l’expatriation permet de se confronter à cette liberté que nous avions tant souhaitée, mais que finalement nous connaissons mal. Et si tout l’enjeu, c’était de l’apprivoiser ? 

 

Liberté chérie, mais où est le mode d’emploi ?

J’en avais tant rêvé ! Fini de courir entre le métro et le boulot dans ma petite vie bien serrée. On va partir, je vais pouvoir réinventer ma vie, choisir, ralentir. Tout aura plus de goût et de sens. 

« Quand enfin j’aurai du temps, je pourrai peindre et lire, faire du sport et retrouver ma ligne».

« Je ferai des tas d’activités avec les enfants, on a tellement de choses à rattraper !»

« J’arrêterai ce métier qui ne m’inspire plus, et je trouverai enfin ma voie ».

Sans parler évidemment de tout ce qu’il y aura à découvrir et à apprendre sur place !

Je rêve de ton nom, liberté

Vous vous souvenez, c’était il y a quelques mois, quelques années. Avant de partir. Avant de savoir…

Arrivée. Découverte. Installation. Les semaines passent.

Vous voyez dans les dessins animés de Tex Avery ces petits bonshommes soudain stoppés en pleine course et dont la tête oscille à toute allure tandis que leurs pieds se figent dans le sol ! Diiiiiiiiing !

La liberté est un choc.

Et là, s’insinue un sentiment étrange, ambigu, démotivant. Pourquoi ne suis-je plus débordée ? Agenda vide. Téléphone muet. Plus de course, de stimulus, d’urgence. Une vague culpabilité s’installe, accompagnée d’une fatigue diffuse, un dégoût ouaté. Le silence bourdonne.

Que faire ? Je devrais peut-être… ? Et si… ? Ma vie est un corridor vide.

Liberté, cadeau empoisonné

Stop, le mal-être est repéré et identifié. Je dois apprendre à apprivoiser la liberté. C’est le syndrome de la page blanche.

Trop de choix, trop de vide. Je n’ai plus l’habitude. En fait, même, je n’ai jamais eu l’habitude. Depuis l’enfance parfois, ma vie passée s’est déroulée comme un marathon. Une routine tonique dans laquelle se sont empilées des milliers de couches d’obligations et d’habitudes, entre lesquelles il ne restait pas trop de temps pour l’introspection. Et plus tard, les écrans ont magnifiquement rempli tous les interstices dans lesquels le doute s’immisçait. Finalement, c’était confortable.

En même temps, je l’ai tellement souhaité cette page blanche. Je m’assois, je m’y mets. Que faire ?

Que me veux-tu liberté ?

Travailler, ou pas. Monter ma boîte, ou pas. Me former plutôt. Ou faire enfin du bénévolat à fond.

Parfois, je rêve en secret que quelqu’un m’impose un chemin, me sorte du doute. C’est la salle des 1000 couloirs dans le labyrinthe. Où est ma voie ? Pourrais-je les essayer toutes en même temps ? Faut-il vraiment choisir ? J’ai tellement peur de me tromper.

Il faudrait sortir, rencontrer des gens. Mais comme une chenille, je me renferme dans mon cocon. Pas envie de m’exhiber dans cette phase de mutation.

Me revoilà en mouvement. De nouvelles figures peuplent mon quotidien. Quelques rendez-vous meublent mon agenda. Mais je veux plus encore. Je veux voir émerger mon projet. Construire quelque chose à moi. C’est encore diffus. Je suis plus active, mais je patauge dans le marécage, et attention, je mords car je me pose des milliers de questions. Ça me tiraille, c’est pénible. Comme une parturiente juste avant la délivrance, j’ai besoin d’aide et griffe ceux qui m’approchent.

J’écris ton nom Liberté !

Et peu à peu, le brouillard se dissipe. Un chemin se dessine. C’est plus clair. C’est motivant. L’énergie revient. Il y a tant de choses à faire pour y parvenir. Je quitte le marécage et m’engage sur un sentier de montagne, sec, ferme, pierreux aussi. Il faut mettre en œuvre, organiser, être courageuse et persévérante. Ma liberté va m’emmener plus haut que je ne le pensais. C’est parti !

Pendant la mise en œuvre, les phases d’excitation succèdent aux phases d’abattement.

A chaque changement, il faut réinventer à nouveau sa liberté. Souvent on perd le fil, souvent on le retrouve. Peu importe, le pli est pris. J’ai sais qu’on peut se laisser enterrer vivant sous la routine ou se dissoudre dans le doute.

Chaque mobilité est l’occasion de rebattre les cartes. Je ne suis plus ballotée par le vent, j’écris mon chemin avec lui.

Comme tous les articles de FemmExpat, celui-ci a été écrit à l’aune de tout ce que nous entendons, en coaching, en bilan de compétence, sur nos groupes. Pour exprimer le plus clairement possible ce qui est si difficile à expliquer à notre entourage. « Non, ce temps disponible n’est pas de l’ennui, c’est une liberté, assumée, méritée, que j’apprends à apprivoiser. » N’hésitez pas à partager cet article à ceux et celles qui effectivement, ne vous comprennent pas !

Elles ont dépassé cette période de « bore-out », et témoignent pour FemmExpat :

« L’ennui, ce n’est pas tellement de n’avoir rien à faire, c’est beaucoup de n’avoir personne à voir, avec qui partager. Donc, allez, sortez, rencontrez, échangez !

« Avant de partir, ou en arrivant, faites-vous une liste, aussi exhaustive soit-elle, de projets, activités, choses, que vous aimeriez faire. C’est une manière de se rassurer devant la peur de l’ennui. Ces projets rêvés ou qui vous amuseraient peuvent être une bouée de sauvetage. D’autres projets amèneront naturellement à de nouvelles idées… Il ne tient qu’à vous d’essayer de les concrétiser. »

« Mais attention aussi à ne pas trop vous surcharger, sachez choisir ce qui vous fait réellement plaisir dans la multitude des activités que vous allez avoir à portée de main. Tout est question de dosage ! Ce serait dommage, quand même, de finir en burn-out ! »

« N’oubliez pas les vertus de l’ennui, accueillez cet agenda vide comme la possibilité d’une respiration, d’un temps de réflexion. La peur de l’ennui, liée à ce changement de rythme, est souvent aussi celle de ne pas être utile, de ne pas être reconnue. Sachez écouter ce qui vous fait plaisir, prendre le temps, prendre le temps de prendre soin de vous, et, surtout, de trouver votre équilibre. C’est un temps d’opportunité. Il ne tient qu’à vous de ne pas le subir.

 

Alix Carnot

Alix Carnot

Paris, France
Française, expatriée à Melbourne, Barcelone et Rome.

Langues de coaching : français, anglais, espagnol, italien

Passionnée par la question du couple expatriée et celle de la carrière des conjoints. Auteur du livre « Chéri(e) on s’expatrie ». Alix a été expatriée dans 4 pays avec sa famille. Après une carrière en management et people development elle est directrice associée d’Expat Communication et créatrice du Job Booster Cocoon.

 

 

 

 

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