Journal d’une ado expatriée

Journal d’une ado expatriéeLectrices de FemmExpat, vous avez certainement déjà entendu parler de Véronique Martin-Place. Auteur et coach en écriture, elle vous a déjà prodigué de nombreux conseils dans nos pages. Elle a publié à l’été 2017 son deuxième ouvrage : Journal d’une ado expatriée. Nous l’avons interviewée pour vous.

 

Le Journal d’une ado expatriée en quelques mots

Léa est une adolescente passionnée de théâtre et tout juste amoureuse. Sa mère vit déjà plus ou moins de l’autre côté de l’Atlantique quand la nouvelle tombe. Toute la famille part en expatriation à Chicago. Refus du départ, difficultés à s’adapter et à s’intégrer s’ajoutent aux hormones qui cherchent leur place. A l’heure de la vie 2.0, les copines de France semblent tout de même trop loin. Et sans parler la langue locale, comment continuer le théâtre ?

Bref, comment trouver sa place, sans se renier, sans se fermer et profiter de son expatriation quand on est une ado ?

Voilà la question à laquelle Véronique Martin-Place propose une réponse sans son livre Journal d’une ado expatriée.

Livre dont nous vous conseillons vivement la lecture !

 

Véronique, peux-tu nous rappeler ton parcours d’expatriée ?

Je suis partie pour la première fois en 1999. J’ai tout d’abord vécu en Norvège pendant trois ans. Puis nous sommes partis au Sri Lanka, trois ans également. Après un retour en France de trois ans (ce sont toujours des cycles de trois ans), nous sommes parts aux Etats-Unis en 2008, à Chicago. Là, nous sommes restés quatre ans. Ensuite nous avons directement enchaîné avec la Chine, où nous sommes restés trois ans. Et je suis de retour en France depuis 2015.

 

 

Quand as-tu commencé à écrire ?

L’écriture a toujours été présente dans ce que je faisais. J’ai fait un doctorat en sciences politiques, donc j’ai toujours beaucoup écrit. Mais c’était une écriture différente, une écriture académique.

Avec l’expatriation, je lui ai donné une autre dimension, beaucoup plus personnelle. En 2002-2005, au Sri Lanka, j’ai commencé à tenir des carnets, juste pour moi. C’était très sporadique. Mais c’était la première fois que j’écrivais vraiment pour moi.

A notre retour en France, j’ai repris un travail à temps plein. Alors j’ai arrêté l’écriture. Mais avant de repartir, l’écriture est revenue, car je me questionnais. Ensuite je n’ai plus vraiment arrêté d’écrire dans des carnets. Grâce à l’expatriation, je me suis autorisée à écrire d’autres choses.

Je notais dans mes carnets aussi bien des réflexions que des citations. Un peu de tout en fait. Au départ, c’était surtout une démarche personnelle pour essayer de trouver mon chemin. Puis l’écriture est restée toujours présente dans tout ce que je faisais.

 

 

Tu as été expat à Chicago. L’histoire de ton livre se passe à Chicago. Est-ce que tes filles étaient adolescentes pendant cette expat ?

Pas du tout, elles étaient très jeunes. Quand nous sommes partis à Chicago, elles avaient 3 et 5 ans. C’était plutôt des enfants.

Comment as-tu trouvé les mots justes pour te mettre dans la tête d’une ado expatriée ?

En réalité, j’ai écrit ce livre quand nous étions à Shanghai. A ce moment-là, l’une de mes deux filles entrait dans l’adolescence. C’était une période de transition. Et je les ai beaucoup observées, surtout mon aînée. Elle, mais aussi ses amis qui commençaient à entrer dans cette période de l’adolescence, ce tout début. Je me suis également remémoré ce que m’avaient raconté des copines sur leurs ados lorsque nous vivions à Chicago.

Pour l’écriture de ce livre, j’ai donc mobilisé mon environnement direct. Mes filles et tout ce que j’observais chez les ados qui m’entouraient. Mais j’ai aussi mobilisé des choses que l’on m’avait racontées et que j’ai transposées, transformées.

Enfin, j’ai aussi fait appel à ma voix intérieure d’ado. Comment aurais-je réagi si j’avais été confrontée à la même situation que Léa ? Je suis allée puiser dans mon propre imaginaire.

 

 

Pourquoi avoir choisi le personnage de la mère expatriée qui part en éclaireuse et que sa famille rejoint plus tard ? Ce schéma n’est pourtant malheureusement pas le plus répandu.

J’avais justement envie d’inverser un peu les rôles. Je voulais projeter un peu cette situation qui, effectivement, est assez rare. Même si j’en connais !

D’autre part je souhaitais aussi donner une place plus importante au papa. Qu’il soit un peu plus proche de sa fille.

Finalement, je voulais donc vraiment créer une situation qui ne soit pas commune. Je voulais donner une dimension décalée par rapport aux schémas classiques de l’expatriation.

 

 

As-tu des retours de parents qui ont fait lire ton livre à leurs ados ?

J’ai obtenu beaucoup de réactions positives et enthousiastes sur les réseaux sociaux et sur la page Amazon du livre. De nombreuses mamans me font part sur Facebook des retours de leurs enfants.

Une jeune fille de 12-13 ans a dit à sa mère : «  Tu vois maman, on a tous le même problème. On a tous du mal à se faire des amis. C’est toujours quand on part qu’on arrive à se faire des amis. » Même si ce n’est pas vraiment le cas de Léa.

Beaucoup de lecteurs me demandent aussi si j’ai d’autres livres dans le même genre. « Est-ce que vous avez prévu la suite ? » est une question qui revient souvent. Ce qui fait toujours plaisir.

Tous ces messages me font effectivement envisager une suite. Mais pour le moment j’ai surtout envie de faire vivre le livre, de le promouvoir, d’aller à la rencontre des lecteurs. Mais après, pourquoi pas ?

 

 

Le RAFT, ça vient d’où ?

Ce RAFT, je l’avais mis au départ en note de bas de page. Mais une référence en bas de page, ça n’avait aucun sens dans un le journal d’une ado ! Alors j’ai réussi à l’introduire par le biais de la maman de Léa. Il y a donc ce petit post-it qui le reprend. Car, même si Léa n’en comprends pas bien le concept au départ, elle le suit.'une ado expatriée RAFT post-it

J’ai découvert ce concept de RAFT dans le livre Third Culture Kids de Ruth E. Van Reken , David C. Pollock, et Michael V. Pollock. Et je tenais à en parler dans le livre.

 

 

Es-tu une maniaque des listes comme Léa ?

C’est surtout ma fille aînée qui adore faire des listes ! Pour faire sa valise, elle fait une liste. Cependant, je fais aussi des listes. Mais moins que Léa… et ma fille.

 

 

Quels conseils donnerais-tu à des parents qui partent en expat avec des ados ?

En parler énormément en amont aux ados.

Certainement beaucoup plus que ce que font les parents de Léa. Car, eux, ils lui annoncent de façon un peu sauvage.

Je travaille justement en ce moment sur cet « autour ». Qu’est-ce qui aurait pu être fait autrement ? Qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait par les parents ? Si on prend le cas des parents de Léa, ils auraient pu la préparer un peu plus en mont. Et communiquer d’avantage sur cette expatriation à venir.

Mais peut-être que Léa, de son côté, n’a pas voulu entendre certaines choses. A ce moment-là, elle était dans sa bulle, dans son monde. Et elle a mis comme une barrière. Elle n’a pas voulu en entendre parler. Ce qui peut arriver aussi.

Je pense donc qu’il y a besoin d’énormément de communication. Même si c’est un peu bateau comme réponse, c’est vraiment important.

 

Sinon, par rapport aux parents, mon conseil est de préparer les ados comme on se prépare soi-même.

Et surtout de prendre en compte leur avis. L’adolescence est le moment le plus délicat pour partir en expat. Car c’est effectivement le moment où les enfants se construisent autrement. Ils se créent leur propre identité, en opposition justement aux parents. Donc si en plus on leur impose ce genre de  choses, c’est compliqué. En cas d’opposition, il faut donc vraiment en parler, encore plus.

Enfin mon dernier conseil serait de beaucoup communiquer sur les avantages de l’expatriation.

 

Mais surtout, mes conseils iraient plutôt aux ados eux-mêmes.

Je leur dirais de tirer parti de la situation et, surtout, de continuer à se construire ! Comme réussit finalement à le faire Léa en s’accrochant à sa passion, le théâtre.Journal d’une ado expatriée

Même si vous êtes dans un environnement différent, qu’ils continuent une activité extra-scolaire qui a du sens pour eux. Ou alors, pour aller à la rencontre des autres, ils peuvent choisir une activité qu’ils n’auraient jamais faite s’ils étaient restés chez eux. En plus ils découvriront ainsi encore mieux la culture qui les entoure.

 

Un peu comme dans ton chapitre sur la prise de risques ?

C’est ça oui. Mais prendre des risques d’une manière mesurée. Car il s’agit tout de même d’adolescents ! Il faut rester dans un cadre sécurisé.

 

 

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