Ma vie à Katmandou, par Paquita

KatmandouQuand je vous ai quittées je me baladais sur le lagon, le cœur ouvert à l’inconnu quand le DRH, qui m’avait un peu oublié sur ma patate de corail, a dit : c’est fini la rigolade, tu vas aller là.

Là, c’est où ? Népal, Katmandhu et son univers irrespirable. (Vous ai-je dit qu’ici sur et sous l’Himalaya c’est quand même un petit merdier écologique ?)

Pour une fille des îles, quelque part entre la Polynésie et les Glénans, zone de confort altimètre 0, tutoyer les plus hauts sommets du monde, ça fait quelque chose, quelque chose de drôle… J’ai mis mes émotions dans un tube à essais et mon dressing Quechua dans ma malle.

Ce que ma famille pense que je fais.

En gros rien le matin et pas grand chose l’après- midi, alors que le soir ouh làlà !

Que je cultive mon petit penchant spirituello chelou chez les bonzes, enfin surtout chelou, ils veulent dire.

Que je vais enfin  passer de méditante-médisante à méditante-méritante.

Ce que mes amis français pensent que je fais :

Au choix :

Que je fume tous les champs de coquelicots de la vallée

et/ou que je lape mon thé vert en regardant le lotus qui pousse dans mon nombril et/ou que je suis en BTS de macramé appliquée

et/ou que je sculpte Shiva dans un radis

et/ou que je trie mes cure-dents par nuances de beige

Ou le tout ensemble….

Ce que les français pensent que je fais :

Que je mets une distance fiscalement requise entre le percepteur et moi (même pas vrai, je paye la gabelle comme tout le monde. Quoi ? y a plus de gabelle, alors si vous le dites…)

Que je ne suis pas reconnaissante à la France qui m’a  soignée, éduquée pour aller gagner des pétrodollars loin de mon clocher (même pas vrai)

Que je dis aux gens ce qu’ils doivent faire (c’est un peu vrai mais c’est drôlement du boulot !)

Ce que les locaux pensent que je fais

Pour résumer leur pensée : ils pensent que je suis une aberration karmique, quelque chose comme l’enfant naturel d’Iggy Pop et Mère Teresa.

Ce que j’aurais dû faire :

Honorer la commande d’un éditeur qui a cru que sous ma frange de Playmobil, il y avait écrit auteur -ascendant -Alexandra –David- Néel.

Prospecter pour une maison de design pour un éventuel partenariat commercial (un gros mot pour moi.)

Ce que je fais en vrai

Comme la perfection m’angoisse, en fait, ce pays me convient assez bien.

En gros et en détails, je trouve des solutions à des problèmes que je n’avais pas jusque-là :

– Courir toute la ville avec ma bouteille de gaz en bandoulière, entrer confiante dans un premier retailer, un peu moins sûre dans un deuxième, dépressive dans un vingt cinquième et décider de vivre healthy de l’attitude en mangeant froid dans une maison à 9°. Méditer sous ma couette sur les aléas de la vie de chasseurs cueilleurs.

 – Trouver de la bouffe qui ne défouraille ni ne soit une charge nucléaire qui vous explose dans la bouche.

– Faire un calcul pas compliqué (un tableau excel de 40 lignes/12 colonnes et un power point de 6Go pour connaître la probabilité d’avoir en même temps de l’électricité, de l’eau, de la chaleur et l’internet moderne.

– Arrêter de tout déclarer hors la loi de la stasi sanitaire et mettre en sommeil mon côté clean freak

Et aussi des tas de choses dont je me croyais incapable :

– De la moto sur des routes bordées de ravins.

– Aller vers des gens et leur dire : «  Dis, toi, tu veux être mon ami ? »

– Me hisser à 9 sur l’échelle de Richter de la patience.

– Faire fi mon penchant hystéro-bio, être la Heidi des alpages

– Apprendre le népali, pas tellement pour parler, je ne suis pas si ambitieuse,  mais parce que je trouve la calligraphie jolie.

– Travailler un peu mais pas trop

– Me repérer dans la ville, moi qui ai le sens de l’orientation d’un yak migraineux, quand on me dit : « facile, c’est entre un temple shivaïte et la dame qui vend des bassines au coin de la rue », même pas peur.

– Comprendre que culture et physique ne relève pas que de la synapse : monter et descendre des montagnes.

– Me retrouver nez à nez avec un tigre et lui dire « tu veux être mon ami ?» (Jurisprudence le Petit Prince)

– Passer dans la même journée des bas fonds (très, trop bas) d’un bidonville à un diner pyrotechnique chez des Ranas (dans la famille des radjah, la version népalaise).

Voilà un aperçu de ma vie népalaise. C’est l’équivalent, pour une fille qui a du glitter qui coule dans ses veines, du syndrome woodywood pecker, vous savez le petit oiseau qui n’hésite pas à s’attaquer à un tronc d’arbre gigantesque sans aucun doute sur sa ténacité, sa volonté d’en venir à bout.

Bien le bisou chez vous.

Paquita

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