3 mythes sur l’éducation positive

éducation positive On parle beaucoup d’éducation positive ces derniers temps. En tant que jeune parent, vous avez peut-être déjà entendu parler des approches d’Adel Faber et Elain Mazlish, d’Isabelle Filliozat ou encore de la Discipline Positive de Jane Nelsen ? Conférences, ouvrages, conseils et articles…  Le terme est très en vogue actuellement. Mais qu’y a-t-il vraiment derrière l’approche de l’ « éducation positive » ? Nous avons demandé à Capucine Thireau, expat coach chez Expat Communication et experte en parentalité, de nous éclairer sur la question. En commençant par défaire quelques mythes…

 

 

J’entends d’ici des phrases comme: « Capucine, une bonne fessée n’a jamais fait de mal! » ou encore « Pourquoi passes-tu autant de temps à écouter tes enfants et à discuter avec eux alors qu’une bonne punition règlerait le problème ?» : oui, tout à fait, à court terme, ces méthodes (fessées, punitions, mise au coin, privations…) sont très efficaces mais je suis également convaincue qu’elles sont délétères à court et à long terme sur la confiance en soi de l’enfant et sur le lien parent-enfant.

 

De nombreux ouvrages vous parlent de parentalité positive et vous pensez peut-être : « Cette approche crée des enfants rois » ou bien « Ça n’est pas pour moi, c’est pour les parents parfaits » ou alors «  L’éducation positive résout tous vos problèmes : stop aux conflits et aux frustrations! »

 

Halte à ces 3 mythes autour de la parentalité positive! Je vous donne mon point de vue!

 

1er mythe: « L’éducation positive crée des enfants rois »

 

Lorsque l’on parle de Discipline Positive on entend le mot « positif » et on retient souvent qu’il faut faire preuve de bienveillance. Oui, de la bienveillance et encore de la bienveillance et toujours de la bienveillance…

 

La bienveillance est en effet, une des clés du bien être de l’enfant, de son bon développement et celle-ci doit toutefois se conjuguer avec…. la fermeté!

 

Si je vous proposais de choisir entre l’action d’expirer ou d’inspirer: que se passerait-il ? Essayez l’une des 2 actions: vous ne pouvez pas en faire qu’une seule ! Si vous inspirez, vous devez forcément expirer.

Et bien en éducation positive c’est la même chose: nous vous proposons d’être ferme ET bienveillant en même temps!

 

Bienveillance et Fermeté vont donc de paire pour asseoir une autorité juste, respectueuse de chacun à travers la fermeté, c’est le monde et les besoins du parent que l’on respecte. Avec la bienveillance c’est le monde et les besoins de l’enfant que l’on prend en compte. 

Vaste programme me direz-vous: en effet, qu’est-ce que cela signifie être ferme et poser les limites? Où sont mes limites et mes besoins d’adultes? Comment être bienveillant? Cela s’apprend et peut prendre du temps selon les personnes.

 

Les parents que j’accompagne me disent souvent qu’il leur arrive d’être soit trop bienveillants, soit trop fermes : pas de panique, en tant que parent c’est un processus assez naturel que nous avons tendance à réaliser.

Je m’explique : il peut vous arriver, dans une volonté de bienveillance, de dire à votre enfant « oui » à beaucoup de ses désirs, à ses souhaits encore plus nombreux, jusqu’à ce que vous vous sentiez comme « bouffé(e) / phagocyté(e) » par ces multiples demandes auxquelles vous cédez. Cela peut alors créer un effet opposé, répondant à votre réflexion interne « C’en est trop, ras le bol de toutes ces demandes, je vais resserrer la vis! »: ce qui vous fait alors basculer dans (l’extrême) fermeté.

Alfred Adler (médecin et psychiatre autrichien: 1870-1937) appelle cela, la danse : vous danser entre l’extrême bienveillance et l’extrême fermeté sans réussir à allier bienveillance et fermeté en même temps.

 

Donc oui, si vous faites preuve de bienveillance uniquement, alors vous créerez des enfants rois, sans limites ni frustrations.

De même, si vous faites preuve de fermeté uniquement, alors vous risquez de tomber dans ce que l’on appelle l’autoritarisme: mode de fonctionnement bien remis en question de nos jours et qui crée des enfants soumis, coupés de leurs émotions…

 

Allez, entraînez-vous à travailler sur le mot ET pour allier bienveillance avec fermeté !

 

Quelques exemples : 

  • “Oui, je comprends, cette situation est très frustrante pour toi ET non, je ne t’achèterai pas ce jouet que tu veux. Et si on le mettait sur ta liste de souhaits pour ton anniversaire?”

 

  • “Oui, tu sembles très énervé(e) de ne pas pouvoir organiser cette soirée avec tes copains ET en ce moment, je n’ai pas l’énergie d’accéder à ta demande. Souhaites-tu que l’on regarde dans l’agenda un moment qui nous conviendrait à tous les 2 pour organiser cette soirée?”

 

Second mythe « L’éducation positive, ça n’est pas pour moi, c’est pour les parents parfaits »

 

Donc si je me tiens à cette phrase, en tant que formatrice en Discipline Positive, je suis parfaite : ravie de le lire! Pourtant, désolée de vous décevoir, c’est faux!

Je suis plutôt parfaitement imparfaite 🙂

 

A la lecture d’ouvrages sur la parentalité positive, certains parents peuvent ressentir une grande culpabilité et penser « je suis nul(le), je fais exactement tout le contraire de ce qu’il faut faire. » ou encore « Je n’arriverai jamais à être ce parent parfait décrit dans les livres».

 

Certes, entamer un chemin en parentalité positive peut-être énergivore et parfois effrayant tant la tâche à accomplir nous semble énorme.

 

J’ai coutume de dire que je n’arriverai jamais au bout du chemin car mon chemin d’accompagnement de mes enfants sera long, jonché d’embuches, que parfois j’avancerai à petits pas et que surtout, je sais que je reculerai à grands pas bien souvent.

 

Et comme le dit Jane Nelsen (à l’origine de La Discipline Positive): “Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage ». Pour s’améliorer il faut se tromper et il faut oser faire des erreurs pour apprendre!

 

Alors maintenant, lorsque vous ferez une erreur, je vous invite à penser: « Génial! Je ne suis pas parfait(e) et j’ai fait une erreur! Qu’est-ce que j’en apprends et comment faire différemment et mieux la prochaine fois?”

 

Pas de doute, vos enfants auront la gentillesse de vous servir sur un plateau d’argent de nombreux autres challenges qui vous déstabiliseront et vous donneront l’opportunité de ne pas recommencer les mêmes erreurs. Et si vous recommencez: pas grave! Soyez bienveillants avec vous-mêmes 🙂

 

Pas de culpabilité à avoir, on fait surtout ce que l’on peut, avec ce que l’on a au moment où l’on est.

 

Surtout, lorsque vous ferez des erreurs et que vous les reconnaîtrez, vous apprendrez à vos enfants que l’erreur est possible et réparable et que vous n’êtes pas parfait(e): beau cadeau pour la construction de vos enfants.

 

 

Mythe n°3: « L’éducation positive résout tous vos problèmes : stop aux conflits et aux frustrations »

 

Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir vous offrir cette baguette magique dont chaque parent rêve pour accéder à l’harmonie familiale ultime.

Telle la quête du graal, cela fait longtemps que j’ai arrêté de chercher cette solution miracle qui résoudrait tous les conflits, crises, frustrations, colères, entêtements, ruminations, maux de ventre, énervements, vaisselle cassée…elle n’existe pas et même la parentalité positive ne peut vous l’apporter!

 

Cela ne vous soulage pas de le lire? Je comprends : c’est très frustrant pour nous parents.

 

Oui, l’éducation positive n’empêche pas, dans les familles, les conflits et les frustrations.

 

Il n’y a pas de famille naviguant sur une mer sans vague : cela n’existe pas. Les remous font partie de nos vies de famille et sont parfois plus agités qu’à d’autres moments.

Et j’irai même plus loin en vous disant que les conflits et les frustrations sont SAINS pour apprendre à vivre en communauté !

C’est en s’opposant que l’on se pose: Les conflits dans les fratries, quand ils sont canalisés et non débordants et blessants, permettent d’asseoir sa position et de montrer où l’on se situe, où est sa place.

Nous sommes d’accord que se taper, s’insulter, se mordre ou tirer les cheveux n’est pas acceptable. En revanche, exprimer son désaccord en JE (pour éviter le TU qui TUE), avec un ton ferme non excessif, est plus que bénéfique pour aller vers l’expression d’un besoin et d’une demande vis-à-vis de son interlocuteur.

Les conflits nous permettent de développer des compétences d’écoute, de respect mutuel, de recherche de solutions acceptables pour chacun.

 

De plus, les frustrations, quand elles n’ont pas pour but de blesser l’enfant, sont saines pour son développement. Le manque de limites pour un enfant est très angoissant et insécurisant. Savoir dire NON à son enfant / ado, c’est aussi le préparer à la réalité de la vie où tout n’est pas possible et réalisable.

L’éducation positive pose justement des limites via la fermeté et cela crée forcément des frustrations chez nos enfants.

En tant que parent, on peut reconnaître auprès de son enfant qu’une situation est frustrante, puis accompagner l’enfant dans cette frustration par l’écoute active pour lui permettre de la gérer: Tout l’enjeu réside dans « que faire de cette frustration? »

Aussi peut-on l’aider en le questionnant: “Qu’est-ce que tu en apprends?”, “Que vas-tu faire maintenant? », “Qu’est-ce qui est juste pour toi et les autres?”

 

 

Je terminerai pas un témoignage:

 

Il y a 5 ans, un papa très pris professionnellement prend sur son temps personnel du soir pour suivre un de mes ateliers de Discipline Positive.

Au début de la première séance, ce papa m’exprime ouvertement qu’il a atterri dans mon groupe, poussé, voir presque forcé, par sa femme  (elle-même ayant suivi un atelier).

A la fin de la séance,il me dit même que ça ne va pas être possible pour lui de continuer car son modèle éducatif repose sur la punition et la fessée et qu’il est donc impossible pour lui de changer. Ce à quoi je réponds: « Pas de soucis, je comprends et respecte ton point de vue. On a le droit de ne pas être d’accord ».

Je ne pensais pas revoir ce papa aux séances suivantes. Cependant ce dernier a suivi l’intégralité de la formation (je ne sais pas s’il avait un deal avec sa femme!).

A la fin de la dernière session, ce père a déclaré devant tout le groupe: « Je n’aurais jamais pensé un jour suivre ce genre d’atelier et je suis convaincu que tous les parents devraient recevoir un kit du parent avec des conseils utiles en sortant de la maternité: on ne nous apprend pas à être parent »

 

Donc vous l’aurez compris: nous avons le droit de ne pas être daccord et nhésitez pas à me le faire savoir, je serai ravie de vous lire et d’échanger pour menrichir de votre point de vue!

 

Capucine Thireau

Capucine est conseillère parentale au sein de la Coach Academy d’Expat Communication. Formatrice en Discipline Positive et spécialisée dans le Burn out Parental (prévention, détection et traitement), elle accompagne de nombreux parents à travers le monde depuis 2014, en groupe ou en individuel. Capucine est expatriée depuis 2011 et a vécu en Allemagne, en Belgique et en Afrique du Sud. Elle accompagne en français et en anglais. Vous pouvez la joindre sur : capucine.thireau@expatcoachacademy.com 

 

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📢Nouveau !

Lancement d’un atelier de parentalité positive pour expats en février 2022 ! Plus d’infos et inscriptions ici ! 

Atelier spécial parents d’ados également prévu en janvier 2022 ! Plus d’infos et inscriptions ici !

 

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