Les enfants expats et les intelligences multiples et atypiques

Les enfants expats et les intelligences multiples et atypiquesLe concept d’intelligences multiples et atypiques commence à se diffuser dans le milieu de la santé puis de l’éducation en France. Cette approche est issue de l’avancée des découvertes en neurosciences et pousse à l’acceptation et à l’adaptation de la gestion de l’individualité.

Nous le savons déjà : non, tous les enfants n’ont pas les mêmes besoins, capacités et limites. Et oui, la différence entre chaque enfant, même si elle demande plus d’effort d’adaptation, est à prendre en compte et à gérer, pour le bien-être de l’enfant mais aussi celui de la société.

 

Chaque enfant a ses spécificités

Car cette variabilité entre les individus est une source de richesse ! Chaque enfant a ses spécificités, il est « plus » ceci et « moins » cela et parfois avec un profil très intense « beaucoup trop » ceci et « pas assez » cela.

Par exemple actuellement il est beaucoup question : d’enfant à haut potentiel (HP), d’enfant à haut quotient intellectuel (HQI), d’enfant intellectuellement précoce (EIP) dit aussi précoce, surdoué ou encore zèbre.

Toutes ces appellations relèvent de vécus et réalités très variés, et cette thématique concerne autour de 2 à 5% des enfants de la même classe d’âge.

 

Qu’est-ce qu’un enfant à haut potentiel ?

Pour une définition purement quantitative, un enfant est considéré à haut potentiel lorsque son quotient intellectuel (QI) est évalué au cours d’un bilan fait par un.e psychologue. Le test le plus utilisé pour mesurer l’intelligence est l’échelle de Wechsler pour les enfants de 6 à presque 17 ans, le WISC. Un résultat de 130 et au-delà confirme la douance.

Cette évaluation, lorsqu’elle est bien menée doit être combinée à un entretien approfondi et à d’autres tests qui prennent en compte et analysent des aspects qualitatifs de la personnalité de l’enfant pour une appréhension globale de sa personne.

 

Un grand nombre d’enfants à haut potentiel vont plutôt bien

Il faut le dire, un grand nombre d’enfants à haut potentiel vont plutôt bien, aiment croquer la vie, se plongent avec délice dans les apprentissages et les découvertes de toute sorte, ont des relations satisfaisantes avec les autres et possèdent une vision bien personnelle du monde teintée d’une forte sensibilité.

Leur douance est juste un fait, un constat. Ils sont compris et acceptés dans leurs différences et particularités et n’ont pas besoin de consulter.

 

Faire face à diverses difficultés

Les enfants surdoués qui sont reçus en consultation font face à diverses difficultés, venant de leur situation d’enfant à haut potentiel qui est plus difficilement vécue ou acceptée. Ils peuvent aussi avoir à gérer des troubles associés. Ces troubles neurodéveloppementaux peuvent être variés, il peut s’agir :

  • de troubles de l’attention (TDAH, trouble déficit de l’attention et/ou hyperactivité),
  • de troubles de l’apprentissage « dys » (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie),
  • mais aussi de troubles de l’anxiété, des difficultés dans les relations sociales et une gestion émotionnelle plus compliquée.

 

Comprendre les enfants à haut potentiel selon deux éclairages

Pour mieux comprendre et accepter ces enfants à haut potentiel qui ont des difficultés, deux éclairages récemment exposés peuvent nous aider:

1. Le premier est la notion de philo-cognition

Cette notion est décrite par Fanny Nusbaum, psychologue et chercheuse en neurosciences, dans son ouvrage « Les philo-cognitifs« , co-écrit avec Olivier Revol, pédopsychiatre, et Dominic Sappey-Marinier, chercheur en neurosciences.

Après une recherche portant sur 80 enfants au cours de laquelle ils ont comparé les IRM (imagerie par résonance magnétique) de leurs cerveaux, ces trois professionnels ont choisi de systématiser les résultats en deux grandes tendances.

Ils décrivent comme philo-cognitifs une certaine catégorie d’enfants, ces penseurs atypiques qui mobilisent en permanence leurs capacités cognitives et ont toutes les caractéristiques des enfants à haut potentiel. Chaque profil présente des caractéristiques de ces deux fonctionnements différents, en proportion variée avec tout de même une dimension dominante initiale.

  • Les philo-laminaires appelés aussi « couteaux suisses » ont plutôt les traits de personnalité suivants : ouverts, curieux, adaptables, modérés, plutôt fédérateurs mais solitaires et moins à l’écoute de leurs émotions.
  • Les philo-complexes sont décrits comme des « ouvreurs de voies » avec ces particularités : foisonnement intellectuel, visionnaires, créatifs, entiers parfois rigides, investis dans une activité passionnelle et moins apte à se concentrer.

L’intérêt de ces deux descriptions issues d’analyses neurologiques est de montrer des fonctionnements avec certaines tendances où la place de l’individualité reste ouverte. Chaque philo-cognitif combine dans sa manière d’être plusieurs traits variés et garde sa singularité.

 

2. La deuxième approche éclairante est la notion d’intelligence atypique

Ce concept regroupe les modes de fonctionnement variés qui se retrouvent décrits tout au bout du spectre de l’autisme et que l’on appelle autisme de haut niveau ou autisme Asperger. Il y a autant de manières d’être au monde que de personnes, à nouveau il faut donc penser sur le mode « individualité ».

Cette zone floue, dont les limites ne sont pas toujours bien définies entre les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) et les enfants avec un trouble du spectre autistique de haut niveau (TSA), parait de plus en plus intéressante. Il semblerait que les délimitations ne soient pas si claires et qu’il y ait des enchevêtrements.

Les chercheurs en neuroscience s’interrogent sur les traits communs entre ces profils qui sont, chacun, uniques et qui regroupent des éléments de chaque entité (HPI ou TSA).

En effet, les auteurs du livre « Eloge des intelligences atypiques », le psychiatre Dr David Gourion et la psychologue Séverin Leduc, avancent que « ces deux entités ne sont pas mutuellement exclusives et ont sans doute des bases cérébrales communes ». Il y aurait alors chez des enfants HPI, certains traits communs partagés avec les enfants TSA de haut niveau, des petites touches parfois discrètes et non décelées car bien compensées donc difficilement cernables, qui expliqueraient certaines difficultés auxquelles des enfants HPI sont confrontés avec leur entourage.

Une fois que cette hypothèse est évoquée, c’est-à-dire la fréquente proportion de certains traits autistiques bien camouflés dans un profil d’enfant surdoué (de 10 à 40% selon les études), la pression retombe pour tous, enfants comme parents, et il est possible de rentrer dans la compréhension puis l’acceptation.

 

Quand ça coince au plan relationnel

L’enfant avec de grandes capacités intellectuelles peut aussi faire face à des incapacités ou à des limites en lui qui font que ça coince au plan relationnel :

  • il a du mal à créer des relations amicales,
  • il a besoin de s’isoler pour se ressourcer,
  • il aime passer beaucoup de temps seul sur un thème de recherche favori ou une activité privilégiée,
  • il parle de façon élaborée,
  • il exprime une vision des choses très singulière,
  • il a des problèmes de maladresse,
  • il a une hypersensibilité liée à un ou plusieurs des cinq sens,
  • il n’aime pas trop le changement…

Tous ces éléments peu valorisés par la société peuvent le décaler dans ses relations avec les enfants autour de lui et parfois l’ostraciser. Or il s’agit là de manières de faire différentes qui doivent être non stigmatisées mais plutôt être acceptées et perçues comme des potentiels.

 

Faire passer le message de la diversité des intelligences

Parents, pédagogues, il est donc important de faire passer le message de la diversité des intelligences, de la multitude des manières de fonctionner, notamment au niveau cognitif, mais aussi des frontières fluctuantes et perméables entre douance et autisme de haut niveau, sans dramatiser et dans une dynamique de compréhension et d’acceptation des différences…

Se détendre par rapport à une « norme » internalisée, introduire la diversité de l’être dans sa vie, c’est être « ok » c’est à dire à l’aise avec le fait que cet enfant est bien particulier et ne rentre dans aucun moule. Essayer de le comprendre au mieux, de l’accepter, de l’aimer dans sa singularité. Il y a autant d’individualités que d’êtres humains car la diversité du fonctionnement cérébral (ou neuro-diversité) est une caractéristique de l’espèce humaine.

 

L’expatriation peut convenir aux enfants surdoués !

La différence, la diversité de la réalité, les enfants expatriés connaissent, ils y sont exposés dans leur quotidien et jonglent avec des références multiples au cours de leur journée :

  • deux langues ou plus utilisées suivant les interlocuteurs (avec la famille, à l’école, dans le pays d’accueil),
  • des nourritures variées,
  • des événements ou des fêtes célébrés autrement, des façons différentes d’appréhender toutes sortes de situations.

C’est aussi souvent l’occasion de faire des découvertes via des voyages, d’être exposé à des lieux, des paysages, des saveurs, des personnes étonnants… Ces environnements de vie stimulants, ouverts sur d’autres cultures peuvent bien convenir aux enfants surdoués dont l’envie de nouveauté, d’apprentissage est alors nourrie.

Et il est fort probable que ces enfants à haut potentiel le soient, parce que tout simplement, leurs parents, des adultes à haut potentiel aussi ont été attirés par cette vie à l’étranger, intense, pleine de défis, de difficultés mais aussi de réalisations !

 

 

Pour aller plus loin sur ce thème des intelligences multiples et atypiques :

 

Des références de livres sur la question de la douance en général :

 

photo-Adelaide-RussellAdélaïde Russell

Psychologue, elle accompagne en vidéoconsultation des enfants et adultes expatriés sur la plateforme Eutelmed.com.

 

Co-auteure avec Gaëlle Goutain de deux guides pratiques sur la vie expatriée :

 

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