Comment vivre la maladie et guérir en expatriation ?

Maladie et expatriation
(c) crédit photos Sylvie Drion

Un an après son expatriation en Chine, la dentiste de Brigitte Brumelot Poisson détecte une anomalie, qui se révèle être un cancer ORL… Dans un récit autobiographique « Au bout de l’impasse, tournez à gauche » publié aux Editions Médicilline début janvier 2021, elle raconte quel fut son itinéraire à travers la maladie et partage les moyens thérapeutiques qui lui ont permis de guérir.

Soignée entre Lyon et Shanghai, l’auteure expérimente, grâce à l’expatriation, de multiples ressources médicales occidentales et orientales. En cheminement vers la rémission et en quête d’elle-même, Brigitte découvre également la bienfaisance des médecines naturelles, holistiques ou encore des pratiques spirituelles asiatiques tout comme européennes. Elle exprime notamment, en toute sincérité, combien être à l’écoute de soi-même lors de cette lutte pour la vie peut devenir synonyme de guérison.

Véritable message d’espoir et expression de gratitude, ce livre permet au lecteur de mieux comprendre les ressentis traversés dans le combat contre la maladie. Il donne des pistes concrètes de soins aux malades et des conseils sensibles aux accompagnants de ceux-ci.

Rencontre.

 

Comment avez-vous vécu la découverte de votre maladie, le parcours vers la guérison et votre reconstruction en situation d’expatriation ?

Il y a eu plusieurs étapes qui ont suivi l’annonce de la maladie…

Tout d’abord, la stupéfaction. Ensuite, l’abattement accompagné d’une forme de délivrance car je sentais au plus profond de moi que quelque chose n’allait pas, cela tout en ne sachant pas exactement de quoi il s’agissait. Après, vint le cheminement vers la guérison à travers les soins qui ont eu lieu en France. Et enfin, la reconstruction qui s’est déroulée à Shanghai.

Le fait de vivre cette expérience liée à la maladie en situation d’expatriation a, à la fois, facilité et compliqué la situation.

Rien n’est jamais linéaire dans la vie ! Au départ, cela peut paraitre plus difficile mais avec du recul, je peux dire aujourd’hui que tout a été juste et s’est déroulé de façon fluide dans la résolution de mes différentes problématiques face à l’expatriation.

 

 

Malgré les difficultés, quels ont été les aspects positifs liés à votre situation d’expat’ à Shanghai ?

J’ai beaucoup apprécié le soutien apporté par nos amis de France et de Chine, mais aussi la solidarité, comme par exemple, celle du personnel du lycée international à Shanghai qui a pris grand soin de notre fils.

D’un point de vue clinique, une dynamique positive s’est mise en place entre la Chine et la France notamment par la création d’un groupe de partage entre les différents intervenants du corps médical. Cela s’est fait par le biais d’une communication constructive qui permettait à chacun d’ajuster leur séance de travail suivante auprès de moi. Une belle collaboration multiculturelle et multidisciplinaire !

A mon retour à Shanghai, j’ai pu bénéficier dans un premier temps de l’aide de mon « Ayi » (nounou) qui a été comme une petite infirmière quotidienne pour moi. Elle assurait la logistique de la maison mais aussi la partie de mes soins hygiéniques (impossible de les faire par mes propres moyens) et cela a beaucoup rassuré mon mari et mon fils de savoir que je n’étais pas seule durant la journée.

J’ai fait, trois ou quatre fois par an, des allers-retours entre la Chine et la France, ce qui m’a permis aussi d’être rassurée d’un point de vue médical et de voir plus souvent ma famille et mes amis en France.

Par ailleurs, grâce au fait que nous vivions en Chine, j’ai pu découvrir toute une partie de la médecine holistique asiatique qui m’a beaucoup aidée dans ma phase de reconstruction car c’est une médecine douce et mon corps me faisait clairement comprendre qu’il ne voulait plus être agressé. Cette approche m’a permis de découvrir, de m’ouvrir et de bénéficier de techniques ancestrales que je n’aurais peut-être pas rencontrées en France. La positivité du peuple asiatique mais aussi leur vision de la médecine plus traditionnelle à travers trois dimensions (physique, émotionnelle et énergétique) a très sincèrement été une des clés lors du parcours et ce jusqu’à aujourd’hui.

Spirituellement parlant, tout cela m’a appris à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide : la positive attitude ! A faire confiance en la Vie en essayant de ne pas anticiper des problèmes éventuels à venir et d’être donc plus dans la réalité du moment présent. J’ai aussi découvert comment être attentive à ce que mon cœur me disait et su l’écouter.

Dans ce coin de la planète, il y a également un rapport à la mort très diffèrent de celui que nous avons souvent en occident. Bien-sûr la tristesse est présente à travers le deuil, mais pour eux le corps n’est qu’un véhicule terrestre et l’âme ne s’éteint jamais. Cette croyance donne une autre dimension à la séparation physique entre les humains. C’est une des leçons de vie que cette expatriation et cette rencontre avec la culture asiatique m’a apporté.

 

Et les challenges ?

La première difficulté en Chine, tout au long du processus de la découverte à la reconstruction, mais tout particulièrement au début, fut linguistique, car même en anglais les termes médicaux ne sont pas toujours faciles à comprendre.

L’annonce, à distance, du diagnostic à la famille n’est pas chose facile non plus. Il faut rester bien centré pour ne transmettre que les informations détenues et non les doutes ou craintes. Certains ont plutôt été dans une démarche d’entraide et d’autres plus en retrait car il était difficile émotionnellement pour eux d’y faire face. Nous ne sommes pas tous égaux à l’égard de l’annonce de la maladie d’un de nos proches.

Un autre défi fut l’éloignement avec ma famille restée à Shanghai alors que je vivais moi-même en France pour y recevoir les soins nécessaires. Heureusement, un de mes fils était en France également. Je vivais le décalage horaire de six heures avec la Chine péniblement car nous devions communiquer tôt dans la matinée ce qui correspondait à la fin de la journée pour mon mari et mon second fils.

J’avais dû louer un petit studio à Lyon pour y être soignée et y séjourner pendant cette période car les membres de ma famille au pays ne sont pas originaires de cette ville et vivent dans d’autres départements. Il m’a donc fallu me reconstruire « un petit chez moi » en France pour pouvoir me poser car nous n’avions plus de logement et plus de moyen de locomotion à notre disposition.

Et enfin, la gestion administrative des prises en charge médicales avec une assurance privée fut compliquée. Le système médical français fonctionne très bien avec la carte de sécurité sociale, mais sans ce sésame les démarches sont beaucoup plus complexes car il ne s’agit plus de la normalité.

 

 

Pour les proches qui veulent aider, quels conseils donner pour leur éviter de faire des impairs ?

Le malade sait ce dont il a besoin, lui demander si on peut l’aider et de quelle manière. Quelques fois juste une présence suffit et rassure. Les proches sont eux aussi challengés et ils ont le droit à demander à être eux-mêmes accompagnés.

Et enfin de choisir la confiance et l’amour plutôt que la peur.

 

 

Et pour celles touchées par la maladie en expatriation, avez-vous des recommandations ?

Oui, je leur conseille surtout dans la mesure du possible, de :

  • choisir le lieu où auront lieu les soins avec leur cœur et pas en étant sous pression, quelle qu’elle soit;
  • privilégier leur confort avant tout;
  • continuer à vivre en se faisant plaisir;
  • s’entourer encore plus de personnes avec qui elles ont de la complicité.

Surtout, d’avoir confiance en « La Vie » et en elles-mêmes ! Et que si elles ont besoin d’échanger en toute liberté, je suis là !

 

 

Maladie-expatriation-BrigittePour vous procurer le livre de Brigitte :

  • Sur le site de l’éditeur Médicilline
  • Disponible à la commande dans toutes les libraires de France et de Belgique et principaux sites de vente en ligne : Fnac, Amazon, Decitre, etc.

 

La moitié des droits d’auteurs générés par la vente du livre seront versés à l’association sans but lucratif Equality by Words, Incubateur Littéraire pour la protection des Droits Humains.

 

 


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