Nathalie – Quand la femme est à l’origine de l’expatriation

Nathalie – Quand la femme est à l’origine de l’expatriation

92% des femmes expatriées ont suivi leur conjoint*. Et les 8% restant ? Nous avons eu la chance de rencontrer l’une d’elles, Nathalie, à son retour d’Italie en septembre 2018. Elle nous raconte son expérience. Quand la femme est à l’origine de l’expatriation.

L’expatriation, une étape logique pour ma carrière

En ce qui concerne mon évolution professionnelle, prendre un poste à l’étranger était une étape logique après les derniers postes à responsabilité que j’avais eus en France. Il y avait d’ailleurs une volonté de la part de mon entreprise que je passe par cette case « expérience à l’étranger ».

De plus, mes expériences précédentes à l’international s’étaient produites avant que je n’arrive dans cette société. Mon entreprise avait donc besoin que j’aie cette expérience.

Un parcours professionnel très international dès le départ

Je me suis tournée vers l’international dès la fin de mes études. A l’époque, il s’agissait de rejoindre mon ami en République Tchèque. Je me suis donc débrouillée toute seule pour trouver un boulot là-bas. Et j’ai commencé à travailler pour France Telecom en local. La rémunération n’était pas à la hauteur de ce que j’aurais pu avoir en France. Mais, en échange, j’ai eu une première expérience professionnelle inestimable et des responsabilités importantes. Beaucoup d’atouts que j’ai pu valoriser au retour.

Je suis restée deux ans en République Tchèque. Vivre ainsi à l’étranger m’a laissé le goût de la découverte de la culture, l’apprentissage d’une nouvelle langue ou la rencontre de nouveaux amis. Et j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête la richesse et l’intensité de cette vie à l’étranger.

Garder le lien avec l’international

Une fois de retour en France, j’ai donc quasiment toujours eu des postes en lien avec l’international. Pendant une période de deux ans, je me rendais même aux Pays-Bas trois jours par semaine.

Mais ce genre d’expérience à l’étranger est plutôt frustrant. En effet, ma vie sur place se cantonnait à des aspects professionnels et je n’avais pas la chance de découvrir la culture. Lors de mes nombreux voyages je n’avais même pas le temps de visiter.

Une envie de changement

A l’époque de mon départ en expatriation, j’étais fatiguée du rythme que mon mari et moi avions. Nous étions tous les deux très heureux dans nos boulots, nous avions un appart sympa, bref tout allait bien. J’avais cependant le sentiment de ne pas être pleinement satisfaite de la situation. Sans trop savoir pourquoi.

J’ai donc commencé de plus en plus à regarder les opportunités à l’étranger.

Prendre mon temps pour partir dans de bonnes conditions

Au début, j’ai eu des possibilités de poste en Inde ou aux Philippines. Mais pour une première expatriation avec la famille, partir aussi loin me semblait un peu rude. Ce ne fût pas évident de décliner ces offres sans avoir ce qui viendrait derrière. Heureusement, j’ai pu profiter du soutien de mon ancien chef qui m’a conseillé de prendre mon temps pour partir dans de bonnes conditions.

J’ai finalement eu le choix entre l’Espagne et l’Italie. Et j’ai choisi Rome, même si je ne parlais pas italien. J’apprendrais sur place.

Emmener ma famille

Mon mari aurait pu aussi chercher une expatriation au sein de son entreprise. Mais l’opportunité est venue de moi. Je pense en effet que le souhait de partir, au début, était plus à mon initiative. Certainement parce que j’avais déjà fait l’expérience de la vie à l’étranger, de ses richesses et de ses découvertes.

Mais ça n’a rien à voir de partir seule ou en famille !

Quand on part seule, il n’y a que soi à gérer. Alors que partir à trois ou quatre (ou peu importe le nombre) implique de réussir à faire en sorte que tout le monde soit bien. Et c’est plus compliqué. Cependant c’est aussi plus riche de vivre l’expatriation en famille.

Des opportunités pour tout le monde.

J’étais convaincue que l’expatriation serait une opportunité fabuleuse pour ma fille. Quant à mon mari, même s’il était très heureux dans son environnement professionnel, c’est aussi quelqu’un qui a de nombreuses passions. Ingénieur informaticien à la base, il est également très manuel et technique. Il pourrait trouver dans l’expatriation un espace de liberté pour se tourner vers de nouveaux projets.

Enfin, lui comme moi sommes très créatifs. Nous pensions depuis longtemps à de nombreux projets que nous aimerions monter. L’expatriation s’annonçait donc comme une opportunité de réfléchir à autre chose et de voir la vie autrement.

Préparer notre départ

C’était donc important pour moi que tout le monde s’épanouisse lors de cette expatriation. D’autant que c’était une certaine responsabilité de faire quitter son poste à mon mari. De nous trois, j’étais la mieux armée pour ce départ car j’avais déjà eu cette expérience. La période avant le départ a pourtant été assez stressante. Négocier tous les aspects de mon nouveau poste, m’assurer que toutes les conditions soient réunies afin que tout se passe bien…

Je ne sais pas si tous ceux qui s’expatrient, quand ils décident de partir, se mette autant la pression que moi à ce moment-là.

Garder une porte ouverte pour mon mari

Pour me suivre, mon mari a d’abord pris un congé sabbatique. Ça lui a permis de prendre le temps de voir comment ça se passait. L’Italie étant proche de la France, ça lui laissait des portes ouvertes pour revenir à son travail si ça n’allait vraiment pas.

Ensuite, son entreprise proposait des solutions d’essaimage pour créer sa propre structure. Ce qui autorisait de construire un projet à plus long terme tout en ayant une sécurité en cas d’échec.

Faire aussi attention à moi

J’avais également parfaitement conscience pour ma part qu’il est très facile de partir mais beaucoup moins de revenir. J’ai en effet suffisamment vu des personnes qui quittent un super job en France et qui, au retour, ne retrouvent ni le poste adéquat, ni leur place dans la structure. Pourtant c’est bien parce qu’ils sont performants que l’entreprise les envoie à l’étranger.

Donc, nous avons essayé de garantir un minimum le retour mais tout en se disant que le jeu en valait la chandelle, quel que soit le risque au retour !

Les aléas du séjour

Nous sommes donc partis pour trois ou quatre ans à Rome. Mais finalement, nous n’y sommes restés que deux ans.

L’incertitude des réorganisations

Dès le début de mon expatriation, j’ai eu à subir de constantes réorganisations au sein de mon entreprise. Cette situation compliquée à vivre a généré beaucoup d’incertitudes. Jusqu’au cœur de ma famille. En effet, quand on demande à l’autre de partir, il n’est pas acteur de nos conditions de travail. Alors, quand les choses changent, il ne peut que subir.

L’épanouissement de mon mari

Au départ, mon mari avait beaucoup de temps. C’est donc lui s’occupait de tous les aspects administratifs et qui amenait notre fille à l’école. Il a d’ailleurs tissé de nombreux liens autour de l’école. Et cela créait un équilibre avec moi qui qui tissait plutôt des relations professionnelles.

Mais au bout d’un certain temps, il a ressenti le manque de son activité professionnelle. Ou, plus largement, le manque d’un environnement structuré. En effet, lors d’une expatriation en couple, les deux font face à de grands bouleversements, à de nouveaux challenges, avec des pics émotionnels gigantesques. Or ce n’est pas si simple d’en parler.

Trouver de nouvelles opportunités

Cela lui a finalement pris plusieurs mois avant qu’il ne trouve sa voie et qu’il décide de se lancer. Et donc à se sentir mieux. Au début, il a monté une structure de conseil en télécoms parce que ça correspondait à son profil professionnel.

Mais il s’est ensuite rendu compte que ce n’était pas ce qu’il avait envie de faire de tout ce temps dont il disposait. Il a voulu saisir l’opportunité d se lancer dans un nouveau projet. Et il s’est finalement lancé dans la création de miroirs néons réfléchissants, des lampes miroirs (www.lumneo.eu). C’est très beau et artistique. Il a réalisé quelque chose d’assez exceptionnel en un temps incroyablement court.

Un retour anticipé

Le dernier changement d’organisation dans mon travail ne correspondait plus à mes attentes et à mes valeurs. J’avais réussi à trouver un poste dans cette nouvelle organisation mais j’ai finalement décidé qu’il était temps pour moi de faire autre chose. J’ai donc décidé de quitter mon poste à la fin de la deuxième année scolaire de ma fille en Italie.

Une expérience enrichissante pour toute la famille

Après des débuts un peu compliqués pour ma fille au lycée français (où finalement tous les enfants parlent italien en dehors des cours), elle s’est finalement très bien adaptée à la vie en Italie. Elle a énormément progressé en anglais et en italien mais aussi en capacité d’adaptation. Et je pense que c’est notamment grâce à cela qu’elle s’est vite adaptée à sa nouvelle vie au collège en France.

Quant à mon mari, ça a finalement été une incroyable opportunité de pouvoir se retrouver avec du temps et de la liberté, même si ça a été aussi parfois douloureux et compliqué. Accoucher d’un projet est quelque chose de bouleversant. Il y a notamment de grands moments de doute, surtout parce qu’on se retrouve seul à l’étranger. Mais quand on y arrive, c’est juste fabuleux !

Et aujourd’hui nous avons un lien indéfectible avec l’Italie. Que ce soit pour les vacances ou, pourquoi pas, pour un projet de vie plus tard.

Nathalie Nabucet

*Résultats de l’enquête Expat Communication 2018, à retrouver dans le Livre Blanc : Le baromètre sur le couple en expatriation.

Propos recueillis par Maïté Mougin

 

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