Chroniques d’un retour – Les aventures de Violette en 9 épisodes

Chroniques d’un retour, ce sont des billets publiés en 2016 sur FemmExpat. Et les aventures en live de Violette, expatriée au long cours, maman de quatre enfants et career-woman s’adaptant aux contextes changeants. Violette, qui apprend subitement par son cher époux Albert qu’ils vont devoir rentrer vivre à Paris après de nombreuses années de vadrouille à travers le monde. Ces chroniques relatent les sentiments, les espoirs et les craintes de Violette tout en décrivant sous formes d’anecdotes les étapes qui ponctuent ce retour d’expatriation pas annoncé et enfin comment Violette surmonte ces changements pas forcément choisis au départ. Textes : Florence Malaud, Dessins : Caroline Gaujour.

Episode 1 : Une bombe au milieu de la cuisine

Episode 2 : Le 2e effet kiss cool : à Paris avec les enfants

Episode 3 : L’annonce faite aux enfants

Episode 4 : Enfin, on passe à l’action !

Episode 5 : Explorations parisiennes

Episode 6 : Le Bric à Brac

Episode 7 : Y’à du boulot ?

Episode 8 : A nous la France !

Episode 9 : Atterrissage forcé !

Chroniques d’un retour. Ep. 1 : Une bombe au milieu de la cuisine

Comment le cours d’une vie nomade peut soudain basculer le temps de deux gorgées de vin

Moi, Violette, 42 ans dont bientôt 17 années en vadrouille autour du globe qui paraissent représenter une vie entière, un cher mari, quatre chouettes enfants et un chat dont les lieux de naissance respectifs illustrent joliment nos nombreuses pérégrinations, je rentre l’autre soir d’un voyage professionnel, la fleur au fusil, le cœur léger. J’arrive à la maison, accueillie par mon cher et tendre époux. Tiens c’est étrange, il est déjà rentré ? Il est à peine 19h30 et il s’active dans la cuisine ? (deux événements rares et concomitants).

Mon bel Albert, 42 ans lui aussi et toutes ses dents, a l’air bizarre. Comme ému, presque gêné. Chéri, que se passe-t-il ? Et voilà qu’il lâche une bombe au beau milieu de notre cuisine milanaise : « Je vais quitter mon groupe en juin, plus de challenges excitants pour moi après l’Italie, ils m’ont proposé un départ négocié, j’ai dit oui ». Waouh. Ça c’est de la news. Attends chéri je pose ma valise-cabine pour attraper le verre de vin que tu vas vite-vite me verser là tout de suite. Je bois une bonne gorgée, allez, une deuxième… Je suis retournée, je ne sais plus quoi penser, plus quoi dire, faire, je… j’éclate de rire ! Ouf, ça libère. Puis je regarde Albert attentivement : il a l’air extrêmement soulagé. Heureux même. Rayonnant, en fait.

Explications sur le champ : « Il ne voyait pas bien où pouvait bien le mener son groupe après cette étape. Rien de follement excitant à l’horizon. Il vivait depuis plusieurs mois avec la fameuse angoisse de l’absence totale de visibilité de l’expat sur le next step et le spectre-inquiétant-du-retour-au-siège-à-un-poste-non-stratégique. Là au moins, après toutes ces années de bons et loyaux services chez Flashy&Co et de ballotement d’un pays à l’autre au gré des besoins corporate (ballotement qui nous a grandement ravis, certes), il n’a d’autre choix que de prendre son destin en mains. Adieu Flashy&Co. C’est rafraichissant. C’est même grisant. »

« On rentre à Paris fin juin »

OK chéri, mon sang ne fait qu’un tour – des années d’expérimentation, du pragmatisme de haut vol, sept déménagements internationaux à mon actif – j’annonce derechef la couleur : « Alors on rentre à Paris fin juin». Faut être clair, le lycée français pour quatre marmots, quand c’est Flashy&Co qui régale, c’est nickel, mais sinon, c’est une bonne partie de mon salaire qui y passe ! Allez, on rentre en France. C’est chouette la France : l’école est gratuite ! Et puis… il y a le TGV, les croissants, nos parents (qui sont d’ailleurs les grands-parents de nos enfants, vous suivez mon idée ?!), les crêperies, la carte de famille nombreuse. Albert : « OK my love, top-là, on rentre à Paris. »

Attendez… on « RENTRE» ? Mais ça veut dire quoi en fait on « rentre », quand on n’est même pas parisienne soi-même ? Qu’on a certes vécu et démarré sa carrière à une époque lointaine dans cette belle capitale, mais qu’on y a passé moins de temps qu’à Miami ou même Mexico ? Quand nos enfants, eux, citoyens du monde et cumulant les passeports ont passé largement plus de temps dans les couloirs de CDG que sur les avenues de la capitale ? Que les copains parisiens de 1999 se sont eux aussi tous envolés depuis vers des contrées lointaines ou bien à la rigueur en province ? Qu’on a quitté les Francs et Jacques Chirac pour retrouver les Euros et François Hollande ? 

Allez, c’est décidé, on ne rentre pas à Paris mais… on « VA » à Paris ! La nouvelle expatriation de nos enfants (et la première de notre chat), la prochaine étape de notre vie de nomades des temps modernes ! On y va, on est fort, on y croit, l’AVENTURE CONTINUE !

Chroniques d’un retour. Ep. 2 – Le 2e effet kiss cool : à Paris avec les enfants

chroniques d'un retour d'expatriation en France


Ou « passés le verre de vin et l’euphorie aventurière, quelques vérités de circonstances reprennent inévitablement le dessus ».

Me voilà donc, Violette, au milieu de la cuisine, verre à la main, philosophant bravement devant les yeux attendris et admiratifs de mon mari (quelle résilience ! quelle bravoure ! ma femme est formidable !) – du moins c’est ce que j’imagine– sur la différence de mindset entre se dire qu’on rentre à Paris vs. on VA à Paris. Expats forever, c’est dans notre ADN, on ne va quand même pas se transformer en parigots-têtes-de-veaux par l’intercession obscure de la tour Eiffel ! Et puis tout à coup ma fille Léontine, 12 ans, 2ème née, déboule dans la cuisine en hurlant « papaaaaa, mamannnn, immense nouvelle, ma copine Louisette de Mexico vient de m’écrire qu’elle arrive en septembre à Milan, si ça se trouve on sera encore dans la même classe !! Oh, c’est trop trop trop ! Ch’uis trooooop contente ! » .

Ah. Oui. Les enfants. On avait oublié ce détail, c’est vrai, on positive, on positive, on est fort, l’aventure continue, gnagnagna, mais eux, ils subissent, quand même… Bon, remettons cette annonce aux enfants à plus tard, de toutes façons Albert a promis à Flashy&Co : départ négocié, ok, mais motus et bouche cousue absolus pendant quelques semaines. On ne peut rien dire à qui que ce soit. Même pas à nos chères têtes blondes (en fait, surtout pas à nos chères têtes blondes, ultra-connectées, la terre entière, sans figure de style, serait au courant en moins d’une heure). Même pas à nos parents. Hum, pas facile tout de même quand un événement de cette taille vous monopolise 95% de la mémoire vive, il va falloir faire preuve de merveilles d’inventivité. « Allô ? Oui oui maman, tout va bien, RAS, nickel, on organise nos vacances d’été ? Euh… non… en fait, cette année on innove : on a décidé d’improviser ! Je ne sais pas si on passe le mois de juillet à St Malo-les-bains-de-pied, on aura peut-être un autre programme ».

 Bref, ma fille finit par calmer un peu sa joie, aidée par Albert « attends, Léontine, calme ta joie, en plus si ça se trouve Louisette ne sera même pas dans la même classe que toi » (super argument, vraiment), quand ses 3 frères et sœur débarquent à leur tour. Léandre, 1er né, bientôt 15 ans, est tout content de nous annoncer que « les Machin-Choses viennent aussi ce week-end ! ». Ah, le week-end au ski. THE week-end légendaire annuel à la montagne toute proche. 70 copains de 4 à 55 ans, dans un chalet au milieu des Alpes italiennes : ski, fête et raclette. J’ouvre la bouche pour m’exclamer qu’en effet, les Machin-Choses, nouvellement arrivés à Milan, sont super sympas, et qu’on a tellement de chance de vivre des expériences aussi dingues depuis tant d’années en expatriation et…. et…. blanc. Enfin, rouge… je deviens. Et mouillés deviennent mes yeux et… Je quitte la cuisine en courant, je fuis les regards surpris des enfants, je me précipite à l’autre bout de l’appartement. Les larmes coulent, les sanglots montent et se bousculent, mon mari me suit en se demandant quelle mouche m’a-t-elle bien piquée ?

On va devoir quitter nos copains

Et là, c’est le déluge : « je viens de réaliser seulement à l’instant – quelle blonde, décidément – qu’on allait devoir quitter nos copains, nos potes, nos amis, nos voisins, mes copines de quartier, mes confidentes-compagnes-de-thé-improvisé, mes amies de cœur milanaises, ma partenaire de tennis, le prof de tennis aussi, tiens, bah le tennis aussi, tant qu’on y est….bouhhh… » « Persooooooonne ne nous attend à Paris, on ne sera d’ailleurs persooooooonne à Paris…. On sera juste des Français parmi les Français, il n’y aura plus de Lycée Français mais QUE des lycées français de France, il n’y aura plus de café accueil, ni d’accueil du tout d’ailleurs, on n’aura même plus de « charmant accent français » : on sera juste « Français », comme tout le monde !!! bouhouhou…». Heureusement j’ai la larme facile, ça libère, parait-il, et Albert est là, il me prend dans ses bras, il me dit qu’il me comprend. Ça fait du bien.

Une fois tout ça évacué, je reprends bravement le chemin de la cuisine – il faut bien nourrir sa famille – et me dis que les prochains mois ne vont pas être de tout repos : la logistique quotidienne habituelle, le moral des enfants à ménager, mon boulot actuel, la recherche de boulot de mon cher époux, mon futur job parisien à trouver et/ou réinventer, un appartement à trouver, des écoles et surtout : l’avalanche des fameuses démarches de retour en France qui ont si mauvaise presse parmi la communauté expatriée… A juste raison ? C’est ce qu’on verra. « Allez, tout le monde, à table ! »

Chroniques d’un retour. Ep. 3 : l’annonce faite aux enfants

chroniques d'un retour d'expatriation en France

 

Ou « la théorie du boomerang illustrée par le malencontreux bourrage de crâne de nos graines d’expats ».

C’est clair, depuis que j’ai pu vider mon sac quand l’embargo sur THE news de l’année fixé par Flashy&Co  (le futur-ex employeur de mon Albert) a été levé, je me sens beaucoup mieux. En fait pas immédiatement, mais maintenant oui, ça va mieux. Car à un moment donné, on ne peut pas dire que j’étais épanouie à la vue des visages défaits de nos chères têtes blondes après qu’on leur lance un joyeux (à peine forcé) « les enfants, on a une GRANDE nouvelle a vous annoncer ! » (cela dit j’avais mis le véto sur la suggestion over-optimiste limite honnête de mon époux qui suggérait : « on a une SUPER nouvelle à vous annoncer »). 

Ils sont malins, les enfants. Pourtant, on avait préparé un super aperitivo (version chic milanaise de l’apéro) avec Chipster importés de France pour les amadouer, jus d’orange, et on leur a donc clamé avec un grand sourire pas-fake-du-tout qu’on avait cette grande nouvelle à leur annoncer. Eh bien, avant même qu’on rajoute quoi que ce soit, ils ont tout de suite commencé à faire des têtes scandalisées en disant :

– « Ah non ! vous n’allez pas nous annoncer qu’on déménage cette année ?
– Euh… si, justement… mais on vous assure, ça va être super ! On va…
– A Mexico ! (Loustique, 5 ans, notre petit dernier, mexicain de passeport justement).
– Non…. Cherchez encore…!
– Alors en Écosse ! (Loyse, 8 ans, notre douce catalane, qui s’est énamourée de l’Écosse sans y avoir jamais mis les pieds depuis qu’elle a fait un exposé dessus en classe – parfois les maitresses ne nous facilitent vraiment pas la tâche en leur mettant des idées pareilles dans la tête).
– Non, pas en Écosse non plus… oh, et puis voilà : on va… à Paris ! ».

Gros blanc – suivi de cris déchirants.

«  Ah non ! Mais non ! Vous ne pouvez pas nous faire çaaaaaa !!! Pas Pariiiiis ! Pas juste quand Louisette allait arriver à Milaaaaaan ! » (Léontine, 12 ans à qui on ne la fait plus).

Nous qui comptions sur les enfants pour faire remonter le niveau d’énergie…

On s’est regardés avec Albert, pffff….. on comptait un peu sur les enfants pour faire remonter le niveau d’énergie : c’est un échec. Bilan : montagne de Kleenex et reniflements incessants des filles, regard fulminant de notre ado, Léandre, chez qui on voit monter le stress en live. Seul notre brave Loustique, qui, lassé d’en être à sa 4ème langue à 5 ans et refuse catégoriquement de parler italien, nous annonce d’un air décidé une fois le bol de Chipster englouti : « Bon, ben moi ze vais dans ma chambre, ze vais préparer mon p’tit déménagement ! ». Ouf, il y en au moins un qui semble plutôt bien prendre les choses. 

Il faut avouer qu’Albert et moi sommes totalement responsables de cette déroute lamentable. D’habitude, l’annonce de la prochaine destination était toujours un grand moment familial mêlé d’excitation, d’interrogations, on sortait le globe terrestre (tiens, tu vois le grand pays en rose, là, et ce petit point : c’est ici qu’on va vivre !), on visionnait sur des images Google les clichés sur notre future culture d’accueil (la dernière fois : des pizzas, des glaces, il en faut peu pour satisfaire les enfants). Mais là, rien de tout cela. Pourquoi ?

Parce que… depuis qu’ils sont en âge de comprendre, on leur bourre le crâne à coups de « Oh les enfants, ce coucher de soleil sur le Pacifique en plein hiver, ce ne sont sûrement pas les pôôôôôvres parisiens qui pourraient en rêver ! ». Suivis indéniablement de Ahahahah ! entendus. Ou bien, depuis une pirogue au fin fond du Bélize « les enfants, ne faites pas tomber vos doudous dans la rivière aux crocodiles, papa ne plongera pas pour les récupérer ! Ahahahah ! ce n’est pas au Jardin d’Acclimatation qu’on doit entendre ça souvent ! » Et j’en passe, et des meilleures, et des plus simples aussi (déjeuners en tee-shirt en janvier devant la mer à Barcelone, notre quotidien dominical à une époque)… Nous voilà donc aujourd’hui, au plus bas niveau de crédibilité devant nos propres enfants, punis de notre imprudent enthousiasme d’une époque presque révolue désormais. L’effet boomerang en pleine figure. Ah, si on avait su…

Les enfants sont pleins de ressources

Mais les enfants sont pleins de ressources. Les enfants sont résilients. Les enfants sont LA VIE. Ceux-là en tout cas, je vous assure, et je ne dis pas ça parce que ce sont les miens – enfin, si , un peu quand même. Quinze jours plus tard, alors qu’on se met à table, je clame un énergique (mais sincère) « Eh bien moi je suis ravie d’aller vivre à Paris ! ». Surprise, j‘entends en écho : « Moi aussi, du coup je vais pouvoir choisir les options de mes rêves en Première (Léandre, transfiguré, alléluia, une pointe d’ambition, enfin !). « Yes, j’ai fait un point sur toutes mes copines de partout, il y en 6 qui sont rentrées à Paris, c’est cool ! » (Léontine, social connector en herbe). « Moi je suis triste, mais quand même contente puisque ma meilleure amie est rentrée l’année dernière, c’est déjà ça » (Loyse, qui lie invariablement des amitiés fortes avec les copines locales, donc indéboulonnables). Et enfin un fédérateur « Ah, ben vous voyez ! Finalement vous aussi vous z’êtes contents ! » (Loustique, soulagé de constater que sa fratrie s’était ralliée à « sa » cause). 

Echange de regards avec Albert, l’œil humide, soupirs de fierté et d’apaisement… C’est bon, on va sortir grandis une nouvelle fois de cette étape. Maintenant, on peut vraiment passer à l’action, remplis d’énergie, boostés par notre progéniture, Paris, nous voilà !

Chroniques d’un retour. Ep 4 : enfin, on passe à l’action !

chroniques d'un retour

Ou « comment Violette essaie de planifier l’action sans tomber dans le découragement face à l’ampleur de la tâche ».

C’est bien joli ces allégories sur la vie en France qu’on s’efforce de faire rentrer depuis quelques semaines dans nos têtes et celles de notre progéniture. « Oh les enfants, vous réalisez que bientôt on n’aura plus besoin de courir tout Milan pour dénicher de médiocres croissants surgelés pour les petits-déjeuners du week-end ? A Paris, il y aura de succulents croissants FRANÇAIS tout frais à TOUS les coins de rues !  Suivi en chœur de : « Oh !…. Ah !…. Oui maman tu as raison, Paris ça va être top, top, top !…. ». (J’exagère à peine).

Maintenant, moi Violette, reine de la logistique, de la planification et de l’organisation de cette famille, je vais devoir me retrousser les manches et enfin passer à l’action. Alors… Voyons… Par où commencer ? Hum. La tâche est de taille. Je ne sais pas pourquoi, mais je pressens méchamment qu’aller nous installer dans notre pays d’origine s’avère beaucoup, mais beaucoup plus ardu que d’aller nous établir au centre du Mexique ou au Sud des États-Unis. D’où me vient cette intuition…

Allons-y par thèmes : « Logement. Écoles. Administration », le triangle d’or de toute installation.

Ces 17 dernières années, nous étions sponsorisés par nos entreprises, voire même carrément propriétaires (à Barcelone, une folie de jeunesse…). Là, c’est différent. On va redevenir locataires purs et durs. Hum. Si j’ai bon souvenir (ou plutôt mauvais, en l’occurrence), notre dernier propriétaire à Paris en 1999 nous avait exigé une caution parentale et en plus on avait fini par lui faire un procès car ce truand avait refusé de nous rendre le dépôt de garantie (gagné, le procès, mais quand même, ça donne le ton). Vous croyez qu’à 42 ans on va encore nous demander une caution parentale ??! Et puis, comment faire pour « sauter » sur la bonne occas’ en brandissant son dossier à l’agent immobilier entre deux portes, tout en repoussant vigoureusement les autres candidats (la « lucha libre » mexicaine m’aura bien préparée, pour le coup) pour remporter l’appart parfait, quand on vit à 1000 km ??? Je ne vais tout de même pas sauter dans un Easyjet tous les 4 matins à chaque nouvelle alerte de seloger.com ?! Pffff… Le stress monte gravement rien qu’en vous l’écrivant.

Crise du logement

En 1999 à Paris, on était fraîchement mariés, sans enfant. On ignorait même l’existence du concept de « périmètre scolaire», c’est vous dire ! Puis, envolés vers d’autres cieux, on a progressivement vu arriver un, puis deux, puis trois, puis quatre petits loulous, aisément inscrits dans les crèches de nos pays d’accueil successifs (pays qui, étrangement, ne manquaient jamais de places en crèches, ce n’était même pas un sujet !). Enfin, une fois élevés à la sauce locale et imprégnés de l’accent du pays, nos petits Frenchies rejoignaient paisiblement le Lycée Français avant le CP, au moyen d’un simple remplissage de formulaire à une page. C’était simple : une ville = 1 lycée, au moins, pas besoin de réfléchir. Je pressens que la tâche va être autrement difficile cette fois-ci pour mes ados… Je me suis un peu renseignée : Paris est divisé en 4 zones pour les lycées publics, pour 20 arrondissements ! Du coup, mon cher fiston peut se retrouver loin, très loin de notre futur logement (qu’on aura trouvé, j’espère, au final). En fait il paraît que ça dépend des bulletins, et que cette nouvelle règle « vise à supprimer l’élitisme »… Alors là, vraiment, je reste sans voix. Quant aux fameuses écoles privées parisiennes, si j’ai bien compris, c’est le bagne pour ces pôôôvres enfants. Et pour y rentrer,  pffff… un vrai cauchemar avec examens à la loupe des bulletins, lettres de motivation alambiquées, entretiens terrifiants, et tout le tintouin… mais ça va un peu, quand même ! À l’étranger, tout le monde est pris, et ce n’est pas la fin du monde !

Jungle administrative

C’est vrai, on a pas mal râlé au cours de nos années d’expat, avec une pointe de mauvaise foi je veux bien le reconnaître maintenant, sur l’impossibilité de bénéficier de tas d’avantages gaulois : les 35H, les RTT, les allocations chômage, la sécu, les médicaments remboursés, les déductions fiscales, la carte de famille nombreuse, les allocations familiales, le fameux quotient familial, etc., etc. Du coup, maintenant, si on veut en bénéficier, il va falloir s’armer de patience. J’ai déniché deux portails sur internet* qui sont censés nous simplifier la tâche à nous, expatriés sur le retour, en ce qui concerne les démarches à effectuer. Ils ont le mérite d’exister, belles initiatives. Mais… je me demande si ce n’est pas un peu contre-productif pour mon moral : la check-list des diverses affiliations, remplissages de formulaires et autres demandes de cartes vitales (ça sert à quoi au fait ?!) est siiiii looooongue, que j’aurais peut-être préféré ne pas savoir…

Certains soirs, je vous assure, j’enlève mon déguisement de wonder-woman et je prends des petits extraits de plantes pour me soutirer au moins quelques heures de sommeil…  Avant de retourner au bureau le lendemain matin et tenter de jongler entre « vrai boulot » (i.e. celui pour lequel je suis rémunérée) et « boulot bénévole officieux » (i.e. tenter de démêler tout ce m…… décrit ci-dessus).

Allez, positivons… foi de Violette…. ces innombrables et obscures démarches, au moins, je me console en me disant que je vais avoir l’immense avantage de les effectuer dans ma langue maternelle ! Finis les « hem, sorry, what do you mean exactly by I must first hand a credit history record ? » de quoi il me parle celui-là, je veux juste ouvrir un compte courant ! Ou bien « pardon, euh, scusi, ma cos’è questo foutu Codice Fiscale che tutti ils me demandent partout ? ». J’ai juste besoin d’ouvrir une ligne de téléphone !!! Promis, la prochaine fois, je reviens avec de bonnes nouvelles. Je vous raconterai mon voyage d’exploration de 3 jours à Paris. Je le sens bien, j’y crois, j’ai la wiiiiiiiin !

Chroniques d’un retour. Ep. 5 : explorations parisiennes

Retour d'expatriation à Paris

Après donc un passage à vide à la suite de la prise de conscience des démarches administrativo-immobiliario-scolaires parisiennes qui m’attendent, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes : à nous deux Paris ! J’affronte le problème en face. Je pars trois jours en « voyage d’exploration ».

Au terme d’un vol très court me voilà donc à Paris. Nickel. Milan-Paris, c’est vraiment la porte à côté. En fait, dédramatisons ce changement : Paris, c’est comme Milan mais en plus grand, avec des gens qui parlent moins avec les mains, et en peut-être légèrement moins ensoleillé, non ? Non. OK, mais bon, Paris, je connais bien ! J’y ai même eu 4 adresses différentes (en 4 ans, certes… il y a 17 ans, certes…). J’y ai vécu, travaillé. Zut enfin ! Paris, c’est la capitale de la France, ma chère Patrie !

« ni d’ici, ni d’ailleurs… »

Et pourtant… Je débarque à Roissy terminal D, direction RER B puis métro (la ligne bleue, non, la verte, oh zut, quelle verte ? Il y en a 3 ! Dans quel sens déjà ? Plan pliable du métro sous les yeux, App RATP ouverte sur mon écran… euh… Je me sens bien touriste là… En plus je traine ma valise derrière moi. Il ne me manque plus que le stick à selfies à la main et un bob sur la tête pour avoir la panoplie complète. Je me retrouve plantée, seule, sur un quai de métro… Grand moment de solitude et de réflexions philosophiques. Où vais-je ? Direction Châtillon-Montrouge ou Mairie de Montreuil ? Qui suis-je ? Une parisienne ? Apparemment pas, la preuve… Une Bretonne ? Génétiquement parlant, oui. Techniquement, plus depuis que j’ai soufflé mes 18 bougies. Une Italienne ? Une Espagnole ? Une Mexicaine? Une Américaine ? Rien de tout ça non plus, ça se saurait, pffff… Pourtant j’ai établi mon nid familial, mon « chez-moi » dans ces pays-là, mes enfants y sont nés, eux, je m’y sentais comme… ben, comme chez moi, quoi… Alors ? Je suis là, foulant le sol français, je suis française, je suis sur le point de réinventer toute ma vie et celle de ma famille sur ce sol qu’on appellera bientôt « chez nous », « maison ». Or ce sol… eh bien je le ressens comme une terre étrangère. C’est idiot. Je me sens comme sur un no man’s land, un « no Violette’s land », tenez… Ni d’ici, ni d’ailleurs c’est l’expression qui me vient à l’esprit…

Les rendez-vous pour les écoles…

Bon, allez, pas de temps à perdre. Je dois me ressaisir. Le proviseur de St Truc-du-Machin, puis de L’Institut Bidule, établissements hautement recommandés par le Tout-Paris des ex-expats-déjà-passés-par-là, m’attendent aujourd’hui et ce n’est pas le moment de me laisser abattre. Il va falloir que je VENDE mes deux aînés. Eh oui, je n’hésite pas à le dire, les « vendre », enfin, vendre leurs innombrables qualités, déjà étalées dans des lettres de recommandation limite romantiques patiemment rédigées au préalable et qui m’ont pré-ouvert les portes de ces vénérables institutions. Et bien je ne m’en suis pas mal sortie je dois dire. Peut-être grâce à leur statut d’enfants ayant parcouru le monde, ouverts, adaptables, curieux, polyglottes, etc., etc. (on entend presque les violons en fond sonore). En tout cas, certainement plus que grâce au dernier bulletin fumeux de Léandre qui a justement choisi ce trimestre-là en 12 ans de carrière scolaire irréprochable pour collectionner les retards, les appréciations très douteuses, et les plantades dans la moitié des matières. Je vous l’aurais bien étranglé celui-là. Pourquoi, mais pourquoi précisément maintenant ? « Je vous assure Madame le, la, euh… on dit comment déjà, proviseur(e), proviseuse ?! C’est un garçon très sérieux ! Ça ne se voit peut-être pas, mais si vous le rencontriez, croyez-moi il est formidable, vous l’aimeriez tout de suite. Regardez les bulletins de l’an dernier ! … ». Bon. Il est pris. J’aurais presque embrassé cette proviseur, proviseure, proviseuse, euh… cette dame, quoi. Et sa « sainte » de sœur est prise aussi, bien sûr. Alléluia.

L’appartement parisien

Bien, next stop : visite d’appartements. Alors là, j’ai un peu déchanté. « Un peu ». Disons que… eh bien… quoi ? Nous allons sérieusement donc devoir passer d’un appart surdimensionné au milieu d’un parc financé par Flashy&Co, à… bien, vous imaginez, un appartement parisien ? Mais comment ??? OK… à la limite on pourrait grappiller 7 m2 supplémentaires en mangeant des pâtes plus souvent (et encore, même pas des italiennes). Mais passer d’une sorte de palace à 25 placards, à un logis avec… 2 placards ? « Ah non, attendez, l’un des deux placards est la 4ème chambre ! – Ah oui pardon Madame, vous avez raison, il n’y a pas d’étagères ! ».  Et puis notre chat, oh, non, je n’y avais pas songé… mais comment va-t-il pouvoir prendre l’air au milieu de tout ça ? Et chasser les oiseaux ?  J’ai une vision d’horreur du minou qui se jette par la fenêtre, désespéré. C’en est trop. Je laisse tomber. De toutes façons c’est encore trop tôt, je ne suis pas prête pour cette étape-là, ça attendra bien le mois prochain. Direction CDG illico presto, je rentre à Milan, « chez moi » cette fois, oui, vraiment chez moi. Dans mon foyer. Où m’attendent mon tendre Albert et mes quatre chéris que je n’ai plus du tout envie d’étrangler. Et mon pôôôvre chat.

Allez, chaque chose en son temps. Mes enfants sont scolarisés, c’est déjà pas mal, c’est même énorme !! Et puis bon, j’ai bien réussi à nous faire traverser des frontières réputées infranchissables en Amérique Centrale, fait deux déménagements internationaux en dix mois tout en travaillant,  appris à faire des sushis sur internet, et j’en passe, et des meilleures… Je réussirai donc sans aucun doute à faire rentrer les enfants, le mari, le chat et les 332 cartons dans un parquet-moulures-cheminées, coûte que coûte, j’y arriverai, foi de Violette !

Chroniques d’un retour. Ep. 6 le bric à brac

chroniques d'un retour

Ou « la Dolce Vità printanière quelque peu ombragée par l’épuration drastique et inévitable des fameux placards ».

Hello, me revoilà, Violette, remise de mes émotions, et préférant depuis 15 jours éplucher les annonces d’apparts sur le web plutôt qu’en visiter en live. J’avoue, je ne suis pas encore prête à affronter la réduction inéluctable de notre espace de vie à sa moitié…  Au moins, sur trouve-ton-appart-genial.fr, grâce au numérique, au grand angle, à l’élargissement plus ou moins subtil des photos (parfois c’est vrai, c’est grotesque, on nous prendrait presque pour des imbéciles, mais c’est tellement beau tout cet espace et cette lumière !), on me permet (encore) de rêver à notre futur chez-nous et à des lendemains qui chantent.

Faire ses cartons… et le tri !

Me voilà donc, samedi matin, tranquillement installée sur mon canapé-XXL-adapté-aux-dimensions-de-notre-actuel-salon, « feuilletant » les annonces sur le net quand tout à coup, j’ai envie d’un thé. Je me lève, le cœur léger, pour me rendre dans ma cuisine. Et là, subitement, horreur ! Je passe devant notre bibliothèque et remarque qu’elle déborde de livres bien sûr, mais aussi de chargeurs de téléphone depuis longtemps égarés ou obsolètes, de prises multiples inadaptées aux standards italiens, de transfos multi-puissances 110-220V (on ne sait jamais, ça pourrait resservir un jour), de mille choses encore et surtout de dizaines (de centaines ?) de DVD toutes catégories, et de toute inutilité depuis la découverte de l’Apple TV. Mais enfin, comment a-t-on fait pour accumuler toutes ces choses en seulement 2 ans ½ ? J’accélère le pas pour fuir cette horreur, et là, je dépasse sans pouvoir l’éviter un placard sournoisement entrouvert sur un empilement de sacs de vêtements d’enfants trop grands (ça pourra toujours servir), trop petits (ça pourra toujours servir… à quelqu’un d’autre), trop… trop… oui TROP ! Il y en a beaucoup trop ! Alors, vite, je cours me réfugier dans la cuisine, et là, désastre: dans le placard à thé, j’ouvre les yeux sur des tas de paquets de farine spéciale six céréales bravement ramenés de France par famille et amis de passage, d’épices improbables que je trimballe de pays en pays au nez et à la barbe des déménageurs (« ah vraiment ? les épices, ça compte comme de la nourriture ? » – pas grave je les cacherai dans les chaussettes des enfants), de dizaines de sachets de levure Alsa soigneusement collectés chaque mois d’août, et bien sûr l’incontournable réserve de Nestlé Dessert, grand classique de l’expat prévoyante…

 Mais c’est horrible !!! Et si ridicule, quand je pense que le moindre Carrefour du coin en France regorge de tous ces produits, je me trouve très bête. Et puis surtout : je ne peux pas déménager TOUT ça. Ça. Ne. Rentrera. Pas. Dans un appart parisien standard, même retouché numériquement…

Chaque passage devant un placard étant devenu une expérience extrêmement douloureuse d’où j’ai l’impression que des voix venues des tréfonds des étagères croulantes me lancent « Violeeeette, Violeeeette, libèèèère-nouuuus…… », j’ai décidé de faire le vide. Résultat : j’ai passé tout le reste du WE, et le suivant, et le suivant, à remplir frénétiquement des dizaines de sacs de jouets, vêtements, livres, nappes aux tâches irrécupérables, robot de cuisine pas touché depuis 3 ans au moins etc. Au cours de mes explorations domestiques, j’ai déterré la petite salopette en jean Osh-Kosh taille 9 mois amoureusement achetée aux US en 2001 pour Léandre-le-premier-né, puis portée par Léontine, puis, Loyse, puis enfin Loustique, usée jusqu’à la trame, et même déchirée aux genoux. Ah… ils étaient tellement à croquer dans cette salopette, ils cavalaient, bave aux lèvres, à quatre-pattes (d’où l’usure extrême, un vrai chiffon, heureusement qu’on n’a eu que quatre enfants), je me souviens… Albert et moi les soulevions du sol par l’arrière des bretelles quand ils s’approchaient d’un obstacle… trop choux… 10 ans de notre vie… Il va falloir se séparer de ce SYMBOLE de nos années de jeunes parents ? Noooonnnn !!! Je ne peux pas !!!… Je trouverai bien une cachette à Paris, sous un tapis, n’importe quoi, peu importe.

Une torture psychologique

Pffffff… C’est quand même une torture psychologique ces tris. En plus, je n’ai pas précisé que j’ai du faire tout ça sous les yeux horrifiés des enfants qui s’accrochaient au moindre petit bidule en plastique (sans parler de ces foutues surprises Kinder en pièces détachées qui hantent les fonds de caisses de jouets, on les élimine si possible dès l’ouverture de l’œuf pendant que l’enfant regarde à côté, et malgré tout, ça s’incruste chez vous). J’ai fini par leur louer un film (pas un DVD, évidemment) pour être tranquille et aller jusqu’au bout de ma mission. Bon, le résultat c’est que maintenant, ce ne sont plus les placards mais les couloirs qui débordent de dizaines de sacs remplis comme des oeufs. On dirait une boutique Emmaüs chez nous. D’ailleurs, ça me fait penser qu’il faudrait peut-être que je me préoccupe rapidement de localiser l’Emmaüs italien du coin si je veux sauver mon mariage. En effet, Albert, loin d’être en admiration devant ce travail de titan qu’il juge totalement prématuré (évidemment, à lui, les placards ne lui hurleront jamais rien au passage), bref, Albert n’est pas ravi. C’est vrai qu’on doit enjamber des montagnes de trucs pour accéder à notre chambre depuis quelques semaines. « En plus il fait un temps magnifique et on pourrait être en train de se promener au bord du lac de Côme », certes my love, mais la semaine je te rappelle que je bosse, MOI AUSSI ! (Il a une fâcheuse tendance à l’oublier depuis que j’ai fait un malheureux break d’un an, le temps d’apprendre l’italien).

Mais bon, j’ai fait le plus gros non ? Je me sens tellement légère ! Et puis, scoop de dernière minute, le temps de vous écrire cette chronique : le dossier « logement », tellement anxiogène, s’est retourné ! On a un toit à Paris ! Grand en plus ! (enfin, relativement, les tris n’ont pas été inutiles). Le monde est si petit, ça vous le savez, mais celui des expats, encore bien plus. Aussi, à force de lancer des bouteilles à la mer sur les réseaux sociaux (« trop grande famille cherche pas trop minuscule appart »), le deal idéal nous est tombé du ciel : les copains de l’avant-dernière destination rentrés entretemps repartent, eux, à l’aventure quand nous, nous arrivons. Win-win parfait, on va louer leur « parquet-moulures-cheminées » !

Comme quoi, il ne faut jamais désespérer et surtout, surtout, parler, skyper, facebooker, se connecter : nous vivons à une époque formidable !

Chroniques d’un retour. Ep. 7 : Y’a du boulot ?

chroniques d'un retour

Ou « comment Violette et Albert essaient d’anticiper leur transition professionnelle vers la France ».

Très chers lecteurs et lectrices, heureuse de vous retrouver ! Les mois ont passé depuis qu’Albert et moi avons bravement décidé de partir à l’aventure sur nos terres natales avec nos petits globe-trotters. Beaucoup de chemin parcouru depuis… Côté émotions, nous avons déjà eu notre lot, mais c’est loin d’être fini, les amis… On n‘est pas encore parti, plus que quelques jours avant les mouchoirs qui s’agitent… Et puis avoir réglé les dossiers écoles et appart c’est très bien, mais il manque encore la clé de voute du système, le gros morceau : le boulot. Et ça, ça ne se trouve pas juste en remplissant des formulaires.

Rebondir dans son pays d’origine ?

C’est drôle quand même : une des raisons qui avaient motivé notre projet de retour en France, c’est qu’Albert et moi croyions que nous aurions plus de facilité à rebondir professionnellement dans notre pays d’origine. Eh bien… Pas si sûr que ça, voyez-vous. Les interlocuteurs s’étonnent, headhunters et autres DRH en tête : « mais enfin Monsieur, pourquoi chercher un poste en France quand on a un profil international comme le vôtre ? – Hummm… Certes, Monsieur Truc, mais en même temps, euh… il n’y a pas la France d’un côté, et le reste du monde de l’autre, qui s’appellerait international, il faut bien que je cherche un job quelque part, non ?!? Et puis pourquoi est-ce qu’un ailleurs quel qu’il soit serait plus international que la France ?!! »

Le pompon, c’est le jour où Albert s’est présenté pour un entretien en vue d’un poste qui correspondait en tous points à son profil, à ses expériences, ses langues (cette fois ça allait servir ! dingue !), etc… Seul hic, lui a objecté le DRH «  vous n’avez pas d’expérience sur le marché français, ça peut être un problème ». Quoi ??? Mais enfin !! « Vous croyez Monsieur le DRH (j’aime bien imaginer que moi, Violette, j’ai l’occasion de donner mon point de vue à moi à ce $%$&% de décideur), vous croyez, donc, que mon Albert ici présent avait l’expérience du marché mexicain, ou sud-américain, ou espagnol ou italien avant de prendre les commandes du business chez Flashy&Co ?! Et pourtant, tiens, c’est intéressant : il a obtenu à chaque fois des résultats hors du commun ! Peut-être pourrait-on émettre l’hypothèse qu’éventuellement la non-connaissance d’un marché serait finalement un atout ? Pas d’a priori, pas de vieux réflexes, mais un nouveau regard sur une situation donnée, un recul inédit, une énergie nouvelle ! Et surtout des capacités d’adaptation largement prouvées ! ».

Rentrer dans des cases

Bref, ce n’est pas gagné, cette affaire. C’est vrai, j’ai bien remarqué que la tendance, vue de France, est plutôt à la recherche de nouvelles opportunités vers des « ailleurs », des « terres d’opportunités », des « eldorados professionnels ». Un thème très à la mode dans la presse, les reportages TV, les medias sociaux, on nous bourre le crâne avec ça depuis quelques années, mais déjà bien après que nous soyons partis, nous (il est vrai que l’invention des médias sociaux est largement plus récente…). On est parti trop tôt peut-être ??! Parce que ben, justement, toutes ces cases-là sont cochées voyez-vous et nous, on revient !!! En parlant de cases, va-t-on rentrer, Albert et moi dans ces fameuses « cases » ?

Parce que des cases, on en a plein à revendre ! Trop ? Trop exotiques ? Trop colorées ? Allez. C’est décidé, je vais inscrire Albert au café-retour de Femmexpat (Hommexpat ?!) et au Job Booster Cocoon. Pas pour le faire rentrer de force dans une case (et puis franchement, si vous le connaissiez… c’est peine perdue). Non justement, pour qu’il puisse prendre encore plus la mesure de son potentiel et valoriser toutes ces nombreuses cases facultatives qu’il a cochées, si riches, si différentes, dont le cadre lambda parisien, même super-dynamique, n’a sans doute jamais entendu parler. Par exemple, les cases « Négociation tendue en VO avec des clients Siciliens » ou même « Commercialisation d’une gamme de soins pour Hommes en Amérique Latine » (sérieusement, LE challenge marketing des 30 dernières années). Reste « juste » à trouver la boîte qui saura valoriser ces atouts et en détecter tout le potentiel. Bonne nouvelle : il semble que ça existe ! Je crois même savoir que le terme « carrière atypique » est le nouveau buzz-word dans les sphères RH un peu trendy.

Moi et mon profil atypique

D’ailleurs, en ce qui me concerne, à force de me réinventer depuis tant d’années avec un profil chaque fois plus atypique, j’ai trouvé le moyen de rebondir sur un job sur-mesure pour septembre à Paris. Comment, me demanderez-vous ? Mon retour dans la vie active en rentrant de notre « paradis sur terre », le Mexique vers l’Espagne – avec ses 28% de chômage à l’époque – n’a pas été facile, c’est vrai. J’ai dû accepter de rétrograder en périmètre de responsabilités, nombre de zéro en bas de la fiche de paie et enfin et surtout changer de métier car en quelques années mon industrie s’était littéralement transformée à l’insu de mon plein gré. Mais bon, il fallait bien financer la scolarité à la française de nos chères têtes blondes. Alors en réactivant mes réseaux et en acceptant ces « menus ajustements », j’y suis arrivée. Ça n’a pas été facile. Ça a même été très difficile. Et en plus il a fallu un an après apprendre une nouvelle langue pour emporter mon job fraichement démarré en Italie pour suivre à nouveau Albert. Mais ce que j’ai perdu en « pouvoir d’achat », je l’ai gagné en flexibilité : donnant-donnant. Ma boite, une start-up technologique remplie de gamins de 24 ans 1/2, bénéficie avec moi de l’expérience d’une « senior » (quelle horreur ce terme, je me vois déjà avec un dentier et des cheveux violets). Et pour moi en retour : 1. home-working à la carte (mon boss est à 10.000 km de toutes façons, ça ne lui fait ni chaud ni froid) et 2. part-time annualisé pour jongler avec les vacances scolaires de la marmaille et respirer un peu. Tout ça a donc payé ! Et d’autant plus que maintenant, ils ont besoin de moi en France. CQFD.

Pour finir, ce qui est étonnant, c’est de voir à quel point mon Albert est zen et confiant. Quelle force. De mon côté, je vous avais parlé des petites plantes que je prenais pour m’endormir le soir… figurez-vous que ça ne suffisait plus. Mon Léandre, m’a expliqué que c’était « normal et même prouvé scientifiquement ». Il paraît que « comme mon cerveau n’a jamais d’occasion durant la journée d’être « au repos » pour se « rebooter comme un ordinateur », alors il le fait la nuit, et ça, ça empêche de dormir ». Ah. « Dis-donc Léandre où vas-tu chercher tout ça ??? Quoi ? Youtube ??? Ah bon ??? Tu ne fais donc pas que jouer à des jeux idiots sur ton Ipod ??! ». Sincèrement, j’y réfléchirai à deux fois la prochaine fois avant de lui répéter en mode automatique de lâcher son écran. Investissons plus sur nos enfants, ils peuvent se révéler utiles, parfois. Bref, il m’a ouvert les yeux ce petit (enfin ce grand puisqu’il vient de me dépasser). Donc, j’ai mis en route mes méninges et… Euréka… le Yoga ! Il paraît que ça guérit de tout (ou presque) et surtout que ça aide à débrancher le cerveau. Hop, me voilà donc inscrite le jour-même pour 12 cours qu’il faut que je me dépêche de consommer avant mon départ. Résultat après 3 semaines: c’est un vrai miracle. Foi de Violette, je ne vous mens pas : ça a changé ma vie ! Je DORS la nuit. Du coup je suis en forme la journée, du coup, ben…. je râle beaucoup moins, je suis plus efficace au boulot, alors forcément je suis de meilleure humeur, je rigole plus, du coup je suis beaucoup plus zen, et enfin : je dors ENCORE mieux. Et puis en plus maintenant je sais dire « coudes », « omoplates »  et  « chandelle » en italien, et ça, je peux vous dire que ça peut en jeter potentiellement dans les soirées mondaines. Chers amis expats, futurs expats, ex-expats, futurs-ex-expats, allez-y les yeux fermés (littéralement, en plus) : investissez sur le yoga (et sur vos enfants).

Chroniques d’un retour. Ep. 8 – Ciao, Dolce Vità ; à nous, douce France !

chroniques d'un retour

Ou « comment Violette réalise qu’elle peut conserver son âme d’exploratrice même au-delà des Alpes ».

La seule maman qui pleure comme une madeleine devant un banal spectacle de fin d’année d’activité scolaire vous savez qui c’est ? Et cette femme qui sort du magasin de fruits et légumes du quartier la tête basse, les yeux embués et l’air abattu, vous situez ? Et cette nana pourtant souriante et pimpante qui s’effondre d’un seul coup en sanglots quand on lui lance un habituel « Ciao cara ! Come stai oggi ? », vous reconnaissez ? Violette, re-Violette, et re-re-Violette. Moi, donc, la Violette-du-mois-de-juin, qui ne supporte décidément pas les « dernières fois ». Pourtant c’est la n-ième fois que je vis des « dernières fois ». Échantillon du programme ce mois-ci : dernière fois que j’entends ma fille de 8 ans chanter un air d’opéra italien en VO, dernière fois que j’échange avec la vendeuse de primeurs sur les bonnes petites recettes toscanes, et dernière fois qu’on se croisera avec cette maman d’élève dans le couloir de la maternelle… Une vraie fontaine. Une éponge. Un concentré d’émotions. Je pleure, je pleure, mais attention, ce sont des pleurs TRÈS subtils ! Je pleure bien sûr parce que je suis triste de quitter à nouveau une « vie », mais pas seulement… Je pleure aussi, j’oserais dire, de joie et de reconnaissance en regardant derrière moi le chemin parcouru et la richesse des années qui viennent de s’écouler.

Il faut être clair : partir vivre à l’étranger, ce n’est pas comme partir en vacances, même longues, avec en tête la certitude d’un retour dans son chez-soi douillet et dans son job faisant relativiser les expériences difficiles du choc culturel éventuel. Vraiment pas. Partir vivre à l’étranger, c’est renoncer à ses repères, à beaucoup d’acquis, accepter de bouleverser ses habitudes, se remettre profondément en question en tant qu’individu, mais aussi en tant que conjoint, parent, enfant, ami, travailleur… C’est devoir affronter l’imperfection, la faiblesse parfois (là je sens poindre vos larmes, chers lecteurs). C’est devoir ancrer de nouvelles racines, prouver de quoi on est capable, à soi-même d’abord, aux autres ensuite, créer d’innombrables liens, construire des amitiés fortes à partir de zéro… Et enfin faire émerger une routine salvatrice et sécurisante, ponctuée d’exotisme, toujours, mais tout en conservant une impérieuse nécessité de se forger des repères structurants. Une banale question de survie.

Et tout cela sera à nouveau brutalement balayé dans quelques jours.

(Intermède : là vous pleurez pour de bon, non ?? Chers lecteurs, je vous avais prévenus pour la séquence-émotions, désolée pour les âmes sensibles, et pour ceux qui cherchaient la fantaisie de mise habituellement. Ce sera pour la prochaine fois, garanti.)

Alors heureusement, les souvenirs, photos, et amitiés indéfectibles et sans limite géographique persisteront. Et puis aussi de jolis et cocasses petits clins d’œil, illustrations discrètes, quotidiennes et intimes de notre passé : je vous parle de tous ces petits mots et expressions insolites qui se sont imprimés à jamais dans notre vocable familial. Ça, personne ne pourra jamais nous le supprimer. On emporte avec nous ces témoins sonores adoptés au hasard des langues de nos pays d’accueil, parfois parce qu’ils sont intraduisibles en français, parfois parce qu’ils sont juste plus rapides à prononcer : Time outCupBooster seatMa che casino !, Pizze (car à 6 on mange plus qu’une pizza…), Basta cosìPan BimboTopeDespedida

Despedida : parlons-en !

« Fête de départ » en espagnol. Cette fête va donc symboliser notre départ d’Italie, et les adieux à nos amis d’ici, un grand moment d’émotion qui s’approche inéluctablement. Mais la particularité, cette fois, c’est qu’il va s’agir d’une double-despedida. Nous allons prendre congé de l’Italie, mais aussi et surtout de 17 années d’aventures exotiques en Europe et dans les Amériques : c’est vrai, toutes ces années, nous les avons vécues comme des explorateurs… Recherchant constamment la nouveauté, le pittoresque, traquant l’authentique, le singulier, créant des liens spontanément avec des inconnus afin de percer les mystères de leurs vies si particulières, un sujet de débat insatiable entre Albert, les enfants et moi… Comme si notre statut d’étrangers nous rendait automatiquement légitimes aux yeux des autres dans ce rôle d’explorateurs curieux et ouverts, mais surtout à mon avis : à nos propres yeux !

Car au fond : quelle différence y a t-il entre débusquer les plus beaux Cenote du Yucatan et les plus jolies Calanques de Marseille ? Et pourquoi l’initiation à la technique de la confection des Orecchiette des Pouilles serait plus unique que celle des galettes de sarrasin de Quimper ? Et selon quel critère la rencontre avec les loups du Mercantour serait moins émouvante que celle des baleines du Pacifique ? Et pourquoi un road trip de 3000 km à travers l’Espagne serait plus captivant et riche en surprises qu’un tour de France des terroirs ? Les étrangers qui s’expatrient en France, je parie qu’ils vivent dans notre pays ce sentiment grisant de la découverte et qu’ils sont habités par la conviction qu’ils vivent chaque jour des expériences exotiques inoubliables… Car ils ont ont revêtu inconsciemment leurs lunettes d’explorateurs qui leur permettent de vivre chaque évènement via le prisme de la nouveauté et de la découverte. Ces mêmes lunettes qui depuis tant d’années sont si proches de nos yeux que nous ne les avions même pas détectées…

Alors oui, c’est décidé, foi de Violette ! Nous allons garder nos lunettes d’explorateurs sur le nez, pas question de les balancer au fond d’un ravin en franchissant les Alpes. Nous allons partir à l’assaut de Bordeaux, Strasbourg, la Normandie, Marseille, Lyon, le pays Basque, Lille et même l’Ardèche ! A nous les rencontres insolites, les découvertes inattendues, les saveurs inconnues !

Chroniques d’un retour. Ep. 9 : Atterrissage forcé

Chroniques d'un retour

Ou « premiers pas dans une nouvelle vie aussi chargée de promesses que débordante de défis ».

Chers lectrices, chers lecteurs, deux mois bien remplis se sont écoulés ! Les Alpes ont été franchies, les cartons déballés, et me revoilà, Violette, devenue parisienne depuis quelques jours ! Vous allez sans doute me demander : alors, ce retour en France ? Pas trop dur ? Pas trop fatigant ?

Je vais vous répondre en un mot sans détour : reposant. Eh oui, je sais, vous allez croire que la canicule de fin août m’a ôté toute raison, mais je vous assure, ce retour en France est RE-PO-SANT. Et je vais vous expliquer pourquoi :

Parce qu’enfin, oui enfin, on s’est installés dans un pays où l’on parle notre langue maternelle !

C’est tellement pratique ! Plus besoin en cette période critique de l’installation d’avoir recours en urgence à Google traduction ou de sonner chez la voisine du dessus l’air abattu pour démêler l’affaire du moment.

Parce que, à peine arrivés, on a déjà rempli notre agenda

De pique-niques (c’est très parisien, ça, apparemment, tout le monde fait des pique-niques, on se croirait sur l’ile de Ré), de « pots », de diners de retrouvailles avec une multitude de copains – dont la plupart sont des ex-expat rentrés avant nous – nos familles, quel bonheur ! C’est tellement chouette d’arriver et de connaître déjà du monde, de faire revivre des tas de souvenirs, de célébrer le début de cette nouvelle étape, de se retrouver à nouveau « voisins » ! Ça tranche franchement avec l’habituelle période de flottement « légèrement » angoissante et inconfortable de l’intégration sociale…

Parce qu’on avait tout ce qu’il fallait en arrivant

Paris oblige, notre surface habitable a extrêmement diminué. Du coup on avait tout ce qu’il fallait comme meubles en arrivant. Même pas eu besoin de faire la traditionnelle virée dantesque chez Ikea, ou son équivalent local, suivie de l’inévitable scène domestique avec Albert au moment du montage des meubles.

Parce qu’on n’a plus besoin de voiture

On a du restituer la voiture de (l’ex-)fonction d’Albert et du coup… on n’a plus de voiture. Génialissime, quelle liberté ! Pas de stationnement à chercher désespérément ou de parking à financer, d’assurance à négocier (ça fait toujours mal à chaque changement de pays d’être considéré comme jeune conducteur la quarantaine passée et aucun accident à son actif, croyez-moi). A nous Vélib, Autolib, bus, métro (à la rigueur), location de voitures entre particuliers : légèreté totale.

Parce que j’ai un co-équipier

Parce qu’enfin mon Albert qui est en « transition de carrière » (jolie façon de dire qu’il est en recherche d’emploi) est mon co-équipier au quotidien : il m’a même accompagnée à la CAF sans râler, alors qu’il n’y était même pas obligé, dingue !

Bon, d’accord…

Il y a quand même eu ces premiers jours quelques petits agacements, quelques petites surprises, quelques petites frustrations. Par exemple euh… oui, à la CAF justement, ils nous ont expliqué qu’ils avaient 2 mois de retard dans le traitement des nouveaux dossiers. Bon, c’est bête parce qu’en attendant on n’a qu’à payer plein pot cantine, activités extra-scolaires et tutti quanti. Moi qui me disais qu’enfin, après toutes ces années, avoir quatre enfants pouvait nous apporter quelque avantage ! Il va falloir être patient de ce côté-là.

Il a fallu être patient aussi avec l’installation de la fameuse « box ». Les dents de nos ados grinçaient de plus en plus les jours passant, on les privait de leur oxygène, littéralement. Une fois installé, le wifi a fonctionné ¼ d’heure, jusqu’à ce que tous les enfants, Albert et moi soyons connectés en même temps. Drame. Et puis quand Léandre et Léontine ont réalisé que le wifi ne dépassait pas les limites du salon et de la cuisine, alors là… scandale ! Nous qui leur vantions les mérites de l’avance technologique française depuis des années ! Bon, du coup ils vont pouvoir se concentrer sur leurs études, eh eh…

La palme de notre étonnement revient sans doute à Pôle Emploi, qui a réussi une prouesse hors du commun et encore inexpliquée (et inexplicable à mon avis) : Albert s’est inscrit en ligne, puis a reçu un mail de confirmation, jusque-là tout allait bien. Quelques jours plus tard, il a reçu un courrier postal de Pôle Emploi adressé à un certain « Robert Bourlingueur ». Donc : d’ « Albert Globetrotteur » il était devenu « Robert Bourlingueur ». Incroyable. Que le système fasse une erreur d’aiguillage, on peut le comprendre, ça arrive. Mais il s’agissait bien d’autre chose : il y a eu interprétation de son nom et de son prénom car c’était « presque-correct-mais-pas-tout-à-fait » !! Bref, on n’est pas au bout de nos peines, quand même, heureusement que Rob… euh, je veux dire Albert, a d’autres cordes à son arc pour rebondir dans sa carrière.

On a eu aussi de véritables surprises positives !

Par exemple l’accueil enthousiaste et totalement spontané dès le trottoir de l’école le jour de la rentrée d’un groupe de quatrièmes qui avaient déjà repéré que Léontine était nouvelle. Ou bien encore le melting-pot international de l’école élémentaire du quartier, on n’est pas dépaysés pour un sou, mes enfants trilingues et binationaux étaient des petits-joueurs à côté des fillettes qui, en apprenant qu’on arrivait d’Italie commençaient chacune à égrener la liste de leurs 3 ou 4 nationalités !

Bilan des toutes premières impressions des « Globetrotteurs » ?

On a trouvé un Paris majestueux sous le soleil de fin d´été. Les baguettes et croissants achetés le dimanche matin au coin de la rue ont été à la hauteur des attentes familiales. La Tour Eiffel était bien en place, souveraine, s’offrant toute entière aux yeux émerveillés de Loustique et Loyse qui la plaçaient quand même dans le top 2 des raisons de venir vivre à Paris.

Les premiers contacts avec les voisins (accueillants), les commerçants (commerçants), les administrations (assez zen, … trop ?!)), les services à distance (ultra-efficaces) ont été franchement agréables.

Ok, tout ne fonctionne pas forcément du premier coup, mais j’ai une théorie là-dessus : plus je suis détendue, plus je souris (mais sincèrement, hein ! Pas façon Cruella), plus je reçois d’attitudes positives à mon tour, dans les situations a priori problématiques et potentiellement tendues, l’effet de surprise du sourire en désarme plus d’un(e), croyez-moi.

Alors oui, le fameux choc culturel inversé nous rattrapera peut-être

Sans doute les jours d’hiver gris, froids et pluvieux, avec une bonne petite grève des transports en prime… Devant des situations administratives ubuesques qui n’ont sans doute pas fini de se présenter. Dans nos (futures) vies professionnelles… Mais bon, franchement : nous avons quitté Paris à l’époque où il était encore permis de fumer dans les espaces publics et les bureaux ; où le smartphone était loin d’être inventé ; où on faisait encore ses courses au supermarché le samedi après-midi dans les étroites allées (à l’époque tout du moins) du magasin Leclerc de Levallois pour tourner ensuite des heures pour garer une petite Fiat Uno ; où les annonces de boulot étaient publiées dans des magazines qu’il fallait acheter en kiosque et éplucher chaque semaine le cœur battant ; où envoyer la moindre candidature pour un job nécessitait des heures de calligraphie concentrée et de prose inspirée… Impossible de comparer notre vie à Paris d’il y a 20 ans, si heureuse fut-elle, avec ce Paris rempli de solutions de transport malines, de bornes interactives de toutes sortes, d’entreprises de livraison gagne-temps, de services en ligne systématiques. 

Reste « plus » à Albert qu’à trouver le boulot passionnant qu’il mérite et à moi à organiser ma nouvelle vie pro. Quelque chose me dit que la Patience sera notre meilleure alliée pour les prochains mois… Allez, je file à mon nouveau cours de Yoga,  question de survie.

Chers lectrices, lecteurs : bonne rentrée et surtout… reposez-vous bien !

 

flo_malaud

 Florence Malaud vit à Milan, Italie, depuis 2 ans et demi après avoir quitté Paris à la fin du XXème siècle avec son mari et vécu aux USA, en Espagne, et au Mexique. Tour à tour jeune cadre expatriée dans un grand groupe suivie par son mari, puis auto-entrepreneur – suivant son mari cette fois – elle est aujourd’hui dirigeante dans une start-up et Coach certifiée HEC. Quatre joyeux enfants sont nés au cours de cette Odyssée.

 

 

Caroline Portrait

lIlustration par Caroline Gaujour, illustratrice/graphiste. – www.dessinsdexpat.com/ dessinsdexpat@gmail.com.

Lire son portrait sur FemmExpat.com.

 

bouton Abonnement NL FXP- 350x150

 

FemmExpat vous conseille également…

Tous nos conseils et outils pour un retour en France réussi

Le Guide de la Scolarité internationale en France

Vous souhaitez vous faire accompagner dans votre transition professionnelle, votre retour en France ou pour d’autres aspects de l’expatriation ? Rendez-vous ici pour découvrir les services offerts par Expat Communication !

 

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !