A Londres, Anne-Caroline nous donne ses conseils pour chiner en expatriation

chiner en expatriation anne caroline le mintier

Il y a celles qui ont le don de dénicher le petit objet original, authentique et même parfois ancien, au milieu d’un souk à Marrakech ou d’un marché aux puces à Moscou. Et puis il y a celles qui ne savent pas comment s’y prendre. Peur de se tromper, de négocier, de se faire avoir. Et pourtant : il n’y a pas de plus belle entrée en matière avec une culture étrangère que celle de se plonger dans l’objet décoratif. C’est Anne-Caroline Le Mintier, commissaire-priseur de formation, et fondatrice de la boutique en ligne L’Art et les Manières à Londres, qui nous le rappelle si bien dans cette interview.

Anne-Caroline, tu es arrivée à Londres il y a 7 ans. Raconte-nous ton parcours ?

A Paris, j’avais occupé plusieurs postes à Drouot, Artcurial, et chez Piasa, où j’étais notamment en charge de la réception et l’évaluation des objets d’art. Et puis mon mari a eu une opportunité professionnelle à Londres… où le métier demande une lourde implication personnelle (du travail le soir et les week-ends, etc). Un soir, en grand pragmatique, il m’a dit : « Soit tu cherches un boulot « à la française » en fonction de ton CV, soit tu fais à l’anglaise, et tu fais selon ce que tu sais faire ». Et moi, mon savoir-faire ce sont les objets. Notre maison en était d’ailleurs remplie depuis des années et il n’était pas rare que nos amis repartent de nos dîner une bricole chinée par moi sous la main. Au bout de 4 ou 5 dîners, j’avais compris le signal… Mon idée de boutique L’art et les Manières (à laquelle je réfléchissais en réalité avant mon départ) sur Etsy est partie.

Est-ce que ça marche ?

Oui ! La boutique a été un succès immédiat. Je ne regrette aucunement mon choix de carrière ! J’ai des clients dans le monde entier, et beaucoup en Angleterre car les Anglais adorent les antiquités françaises. Mais ce que je préfère, c’est rencontrer mes acheteurs et discuter avec eux. Je fais deux ventes par an à la maison, et depuis quelques mois, des conférences en histoire de l’art. Entre nous, j’y soigne surtout mon syndrome de l’imposteur… (rires) mais il est vrai que tant que la vente est en ligne, je me challenge toute seule. En face à face, j’ai des retours et je me sens plus légitime !

Rentrons dans le vif du sujet : chiner en expat, c’est possible ?

Je dirais même plus : c’est indispensable ! Pour moi, la recherche de l’objet décoratif, artisanal est l’une des plus belles façons d’aller à la rencontre de la culture du pays où vous vivez. J’ai par exemple énormément appris sur l’Angleterre en m’intéressant aux arts décoratifs de ce pays.

Mon premier conseil ? Sortez de vos référentiels et « canons » culturels avec lesquels vous avez évolué jusqu’à présent. Oubliez les Christofle et autres poinçons et concentrez-vous sur l’objet : quelle manufacture ? Quelle époque ? Combien d’heures de travail un artisan a-t-il passé sur cet objet ? Quelle est son histoire ? Son utilité ?

Et comment être sûre que l’on paie le bon prix ?

Il faut discuter avec le vendeur et ne pas avoir peur de négocier. Pour moi, le bon prix sera à la hauteur de votre coup de cœur. Votre seul repère doit venir de vous-même : votre œil, le toucher, le feeling. N’hésitez pas à toucher les choses, les retourner dans tous les sens, scruter les détails. Je dis souvent que c’est l’objet qui vous choisit et non le contraire.

Mais attention cependant aux effets de mode !!! En ce moment, c’est la folie de la faïence. Les assiettes de nos grand-mères partent à des prix fous. Il faut dire que certaines grandes enseignes françaises (Les Composantes, par exemple) font bien monter les prix en faisant la promotion de la brocante… Méfiez-vous des bulles spéculatives.

A l’inverse, n’oubliez pas que vous êtes face à un morceau d’histoire avec parfois des heures et des heures de travail derrière. Un drap en lin ou une nappe brodés avec des heures de travail derrière ne peuvent pas décemment être vendus quelques euros !

Dernier point à garder à l’esprit : les matériaux anciens sont de meilleure qualité que les nouveaux : inutile de chercher à payer le prix Zara Home pour une jolie boîte en bois datant du 19e !

Si le prix vous interpelle : posez des questions. Si vous êtes dans une boutique d’antiquités, dites-vous que le vendeur l’a lui-même proposé pour une raison. Demandez-vous laquelle, il vous expliquera le travail d’artisan qu’il y a derrière, l’histoire de ses propriétaires, etc.

Que faut-il chiner en expatriation ?

Il y a des millions d’objets que l’on ne connaît pas. Les Anglais ne connaissent pas les porte-couteaux par exemple. Et d’un autre côté, ils possèdent des services entiers dédiés aux œufs, qu’ils ont l’habitude de consommer le matin par exemple. Intéressez-vous à l’artisanat local, aux arts populaires. J’aime beaucoup les éco musées – ils sont un bon moyen de rentrer dans l’histoire des objets.

Et Internet : possible ou non ?

Le Boncoin, Selency, Etsy : oui, on peut trouver des bonnes affaires sur Internet. Attention cependant aux prix appliqués et surtout au traitement de l’objet derrière. Une assiette en faïence mal emballée et vous perdez le bénéfice de votre achat !

Pour retrouver Anne-Caroline Le Mintier, rendez-vous :

  • sur son compte Instagram, un must !
  • chez elle pour sa vente de Noël les 8 et 9 décembre,
  • lors de sa prochaine conférence sur le Cabinet de Curiosités le 12 décembre au soir !
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