(NDLR : et si c’est vous qui cherchez du travail, envoyez-le à votre conjoint ou laissez traîner cet article l’air de rien à la maison…)
Au cours d’une mobilité internationale, il est rare que les deux membres d’un couple trouvent du travail en même temps et dans la même destination. Pour arriver à conjuguer couple et mobilité, il est donc fréquent que l’un des deux cherche du travail à l’arrivée en expatriation ou au retour. Pour celui qui est au chômage, cette période est évidemment compliquée. Mais pour l’autre aussi, ce moment peut s’avérer inconfortable. Voici quelques clés pour faciliter cette traversée périlleuse.
Comprendre ce que l’autre traverse
Rien de commun entre votre journée harassante au bureau et celle de votre conjoint demeuré seul à la maison. En rentrant le soir, alors que vous aspirez au calme et à la détente, pensez une seconde à son quotidien.
Vous êtes débordée ? Entre les mails, les appels et les collègues qui passent, vous ne savez plus où donner de la tête ? Et bien pour votre conjoint, c’est le temps mou. Plus de sollicitations. Plus d’urgences. A la place, une exigence diffuse de chercher une aiguille dans une botte de foin, dans le silence sourd du téléphone devenu muet et devant un écran Outlook désespérément vide.
Perdre son travail à notre époque signifie perdre une part de son identité. A la question « Que fais-tu dans la vie », on répond « je suis médecin » ou « jardinier ». Alors, il faut beaucoup de personnalité dans un dîner pour supporter que la conversation vous passe au-dessus parce que vous avez bafouillé une réponse obscure à cette question.
Si seulement on savait combien de temps cette période allait durer, alors elle s’intitulerait « vacances ». Malheureusement, les recherches d’emploi des expatriés sont souvent longues et les reconversions nécessaires. Cette durée s’accompagne de doutes, de remises en question et amène à devoir se réinventer.
Cette perte de confiance est doublée d’une perte des repères : le fait de mal connaître les codes du marché local ou le fait d’être dépassé les codes du pays dans lequel on revient. Chercher du travail est un travail à temps complet. Pour bon nombre d’expatriés ceci est une grande première.
👉Lire aussi : Recherche d’emploi en expatriation : 8 idées reçues
Se livrer à un délicat numéro d’équilibriste
Alors, évidemment, comme vous êtes une belle âme, vous voudriez l’épauler. Mais ce n’est pas simple car il faut naviguer sans cesse entre des écueils contraires.
- Harcèlement et indifférence, ou comment prendre des nouvelles sans sembler intrusif. Vous savez les tempêtes que peut déclencher un « comment s’est passée ta journée ? » si l’accent n’est pas mis au bon endroit.
- Conseils et silence, ou l’art d’être utile sans sembler condescendant.
- Confiance et réalisme, ou l’importance d’encourager sans devenir un Bisounours et sans sombrer dans le cynisme, surtout quand votre collègue vient de vous planter un couteau dans le dos.
- Stimulation et abandon, ou le difficile dosage entre inciter à persévérer ou à laisser du temps au temps. Dans un cas, on se fait rembarrer ; dans l’autre, on peut laisser l’autre s’enfoncer.
Le pilotage est donc délicat, vous devez être subtile car l’humeur de votre conjoint oscille entre euphorie et abattement, optimisme débridé et désespoir inconsolable.
Miroir, mon beau miroir
Comment avancer sur ce terrain piégé et souvent explosif ? Une image vous sera peut-être utile : devenez un beau miroir. Inutile de donner des conseils par dizaines. Essayez (c’est si difficile) d’écouter et de reformuler pour aider l’autre à s’exprimer et à construire son projet. Et à cette image que vous renvoyez, vous pouvez rajouter juste un tout petit peu plus de lumière ; un léger encouragement, un compliment subtil, le rappel d’une de vos raisons de l’admirer, mais pas trop. Et voilà, vous êtes devenu un beau miroir.
Et si vraiment votre conjoint est trop imbuvable ou inconsolable, n’hésitez pas à déléguer à ses amis ou sa famille ; la tâche est lourde, vous n’y suffirez pas tous les jours.
Une plongée qui approfondit les liens
Évidemment, cette traversée n’est pas un long fleuve tranquille. C’est un dépouillement ; on découvre l’autre dans sa faiblesse. Et ce n’est pas forcément sa facette la plus sexy. On atteint en prime ses propres limites ; qui a compté les phrases qu’on n’aurait pas voulu dire dans cette période, mais qui sont quand même sorties ? (Lire aussi : L’expat : un cycle vécu en décalé par elle et lui !)
Cette épreuve, provisoire et surmontable, est une belle occasion d’apprendre à communiquer et à s’encourager. C’est une crise certes, mais elle peut être de celles qui font grandir votre connivence et votre amour.
Et qui sait, dans trois ans, les rôles seront peut-être inversés. Alors, ce sera à vous de lui rappeler cet article !
Alix Carnot, directrice associée d’Expat Communication et auteur du livre « Chéri (e) on s’expatrie ! »
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