Ecrire un livre en expat : un rêve inaccessible ?

L’un des plaisirs de la vie n’est-il pas de partager son bonheur ? Surtout s’il peut être contagieux (d’autant plus, en cette période on ne peut plus troublée…). Notre fidèle contributrice, Catherine Allibert, vient de sortir son premier roman jeunesse « La Fille de l’Empereur » (le premier d’une longue série à venir !). Un récit qu’elle a écrit pendant son expatriation aux Etats-Unis.

Elle a longtemps cru ce rêve inaccessible, et pourtant… Elle raconte aujourd’hui son incroyable aventure dans un message inspirant pour toutes celles qui souhaitent réaliser un projet qui leur tient à cœur.

C’est ce que je voudrais faire avec cette lettre ouverte à vous, les femmes expatriées, qui, tous les jours, vivez intensément ces doutes, ces remises en question,  et ces fabuleux espoirs, aussi, bien sûr.

J’espère, par ce biais, vous insuffler, simplement et humblement, cet état d’esprit de l’aventure qui n’attend que vous !

 

« Moi, écrire un livre ? Ahah, non, ça ne risque pas ! »

Vous m’auriez dit avant mon expatriation que j’allais écrire un roman et le publier, je vous aurais sûrement ri au nez. J’aurais probablement ajouté : « Pas possible, tu as vu le nombre de livres qui sort chaque jour ? Et puis par rapport à un vrai écrivain, je n’ai pas les compétences. De toute façon, tout a déjà été écrit, tu crois pas ? »

Mais une chose est sûre : je vous l’aurais dit tout en ressentant au fond de moi un petit pincement au cœur.

Car oui, la plume me titillait déjà à cette époque.

L’envol de l’expatriation

Et puis en 2011, nous voilà embarqués dans une belle aventure : une expatriation aux Etats-Unis. Une belle opportunité, mais aussi un grand bouleversement ! Un raz-de-marée émotionnel auquel on ne s’attend pas. Des doutes, des joies, des peines… Des montagnes russes qui vous font souvent chavirer. On le sait, l’expatriation n’est pas un long fleuve tranquille !

Est-ce à cause de cela que l’idée d’écrire s’est installée ? À cause de tous ces repères qui sautent, de cette remise en question pour le « conjoint suiveur » que j’étais,  de ce quotidien à construire, de ce nouvel avenir à inventer ? Ou est-ce à cause de l’optimisme ambiant de nos amis américains, des « Yes we can » et autre « Just do it ». Sûrement un peu des deux…

Dans tous les cas, l’écriture s’est invitée doucement

Un peu tous les jours, quand pour aider mes enfants dans l’apprentissage de la lecture, je leur écrivais des petites histoires sous forme d’épisodes que je glissais dans leur « lunch-box ». En français pour ma fille, en anglais pour mon fils.

Lever à 5h du matin, écriture pendant une heure. Puis préparation du petit-déjeuner, des snacks et du repas de midi. Une discipline qui me rassurait. Qui me donnait une raison de me lever, alors que je me sentais inutile dans ce monde.

Ces petites histoires ont fini par se propager aux oreilles d’autres enfants

Deux des professeurs ont même décidé de les lire à toute la classe. Et est venu ce jour, où je me suis trouvée à l’école, et où une petite fille m’a rattrapé dans le couloir pour me dire «  Vous êtes la maman qui écrit des histoires de ninjas ? Il faut bien écrire TOUS les jours parce que sinon, nous, on est obligé d’attendre ! » J’avais été malade la semaine d’avant… et ne m’étais pas rendu compte que mon public était déjà si attaché à mes histoires ! Ce fut probablement un premier déclic.

Et au-delà du support écrit, en parallèle,  je racontais des histoires à mes enfants à chaque fois que l’occasion se présentait. Un trajet trop long, une randonnée qui dure plus longtemps, une attente dans un aéroport, tous ces temps étaient de bons prétextes pour raconter à mes deux enfants une histoire avec – bien évidemment ! – « des ninjas et des samouraïs », prémisse du roman aujourd’hui publié.

Des rencontres…

Vous vous rappelez peut-être de ce long monologue d’Édouard Baer dans Astérix : « Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… »

Oui, la vie est parfois étrange. Car, moi aussi, j’ai fait de belles rencontres. Tout d’abord, des autrices, qui sont devenues d’excellentes amies. Au-delà des conseils, des discussions que nous avons eues, elles m’ont apportées quelque chose de bien plus précieux : cette petite voix qui vous dit soudain « Et si c’était possible ? »

Mais là encore, le syndrome de l’imposteur n’est pas loin. Et j’ai décidé de me former pour prendre un peu plus d’assurance ! J’ai pu ainsi confronter mes mots à un public d’adultes, donner moi-même des critiques d’autres écrits, voir ce que j’aime écrire et ce que je n’aime pas (j’aime bien écrire des articles, vous avez remarqué ?).

Autres rencontres décisives : des coaches, des femmes inspirantes qui m’ont appris à m’organiser, à voir la vie différemment, qui m’ont soutenue, qui m’ont souvent remise sur les rails. Car oui, dans ce long parcours, ne pensez pas que je sois seule : je me fais régulièrement accompagner.

Enfin, je me suis entourée de personnes et nous travaillons ensemble (même si nos sujets sont très différents). Cet environnement est précieux car il a tendance à faire taire cette petite voix qui vous dit que vous n’êtes pas assez, ou pas à la bonne place ou que vous n’y arriverez jamais.

Et puis, il y a eu le retour…

Deuxième raz-de-marée, le retour, l’impatriation. L’impression de retrouver des choses familières… mais sur lesquelles, pourtant, nous ne posons plus le même regard. Mon manuscrit sous le bras, j’hésite encore. Bien que je garde en moi l’optimisme américain, j’y ajoute le réalisme français. Je me concentre sur l’activité que je développe : aider les enfants expatriés à garder leur français. En parallèle, je me renseigne : vivre uniquement de sa plume semble illusoire. Seuls quelques écrivains reconnus y sont arrivés.

Nouvelle remise en question : à quoi bon se lancer si on ne peut pas en vivre ?… Bizarrement, cette idée sonne faux. Je sens qu’il y a plus à gagner que l’argent. Je note sur un carnet en vrac, ce dont j’ai envie. Faire rêver, faire vivre des aventures, faire réfléchir les enfants. Leur montrer aussi que c’est possible, qu’un texte peut devenir un livre que l’on tient dans ses mains. Et surtout devenir une autrice qui va à la rencontre de ses lecteurs. (Bon, je n’avais pas prévu ce fichu confinement ! Mais j’espère bien pouvoir un jour échanger avec eux !).

Alors je décide d’y aller. De publier mon livre, d’aller jusqu’au bout. Et une fois cette décision prise, c’est un pacte avec moi-même : impossible de revenir en arrière sans se nier soi-même.

Le parcours du combattant…

Si aujourd’hui mon livre est sorti, ce n’est que le résultat de beaucoup d’heures d’écriture, de relecture, de recherche de couverture, de ratages (beaucoup !), de réécriture, de recherche de graphiste (1), de mise en page, de questionnement sur les prix, d’interrogation sur les obligations administratives, sur les mentions légales, sur les manières de s’autoéditer…

Ça n’a pas été de tout repos, c’est le moins qu’on puisse dire. Cinq ans après avoir écrit le premier jet (oui, vous avez bien lu, cinq ans !), voici enfin mon roman jeunesse qui sort.

Vous imaginez le sentiment d’accomplissement, lorsque toute tremblante, j’ai cliqué sur le bouton « Publier ». J’en ai pleuré, je vous l’avoue. De bonheur, bien sûr. Un frisson divin qui me conforte dans cette certitude : j’adore écrire !

Les premiers retours sont incroyables et me propulsent sur un petit nuage. Et l’aventure ne se termine pas là, au contraire, j’ai l’impression que ce n’est que le début. Car pour ne pas reculer, j’annonce que c’est le premier tome d’une série ! Malgré encore de nouveaux doutes qui s’invitent, je me sens prête à reprendre ce parcours, plus sereine, plus préparée, plus forte et toujours aussi passionnée.

Tout ça pour vous dire quoi ?

Loin de moi, l’idée ici de me vanter ! (Ce serait mal me connaître !)

J’aimerais plutôt grâce à ce texte vous faire réfléchir. Vous montrer que l’expatriation, même si elle vous retourne, même si elle vous bouscule, même si elle vous déconcerte, elle est aussi et surtout l’occasion de se découvrir un peu plus. Elle peut être source de création, de développement, elle peut nous faire grandir.

À vous de sentir ce pincement au cœur quand vous niez, comme je l’ai fait, une évidente attirance ou au contraire ce battement plus rapide quand vous réalisez enfin ce dont vous avez profondément envie. À vous de prendre le chemin (parfois long !) de ce qui vous appelle !

L’aventure en vaut vraiment la peine et c’est le plus beau cadeau que vous pouvez vous offrir.

(1) Encore merci à Fabrice Bertolotto qui a su tellement bien cerner les personnages de mon livre !

Catherine Allibert, une histoire de samouraïsCatherine Allibert

Exploratrice de la langue française. Elle embarque petits et grands dans des activités ludiques et créatives autour de l’apprentissage du français, tout en améliorant la relation parents-enfants.

> Son site : https://www.unehistoiredeninjasetdesamourais.com – « Apprendre le français avec la souplesse du ninja et la rigueur du samouraï ! »

> Retrouvez-la également dans ses podcasts : « Le français comme j’aime » 

> Vous pouvez aussi rejoindre son groupe de parents sur Facebook  « Le français à la maison »pour échanger autour des difficultés d’apprentissage du français pour nos enfants.
En panne d’idées pour choisir des livres pour vos enfants ? Suivez son compte Instagram où elle partage toutes ses découvertes !
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NOUVEAU : Catherine vient de sortir un roman jeunesse « La fille de l’empereur » , le premier tome d’une série intitulée… « Une histoire de ninjas et de samouraïs », bien évidemment !

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