Réduire l’impact carbone de ses voyages… voilà le rêve de nombreux expats. Pas question ici de vous faire prendre un voilier pour relier Montreal à Marseille, ni même de vous faire prendre le train jusqu’en Chine. En Europe, même si on est loin de pouvoir remplacer les trajets en avion par l’équivalent en train, le voyage en train prend de l’ampleur. Marine, expat à Amsterdam, l’a testé récemment. Elle partage son vécu, ses conseils, ses bonnes adresses.
Préparer son voyage en train
En ce qui nous concerne, le projet était d’abord d’aller visiter un pays « hors des sentiers battus ». Nous avons choisi pour cela la Roumanie (vive les copains expats). Ensuite, il se trouve que je suis un influenceur voyage qui a totalement arrêté l’avion (grosse perte de chiffre d’affaires pour lui) pour des raisons de responsabilité écologique. Il prend le train maintenant. Et donc il était allé en Roumanie en trains, et ça m’avait donné bien envie !
Ce qu’il faut savoir avant de se lancer dans un voyage en train
- Prendre le train impose de prendre le temps. Quelque part, on se sent moins consommateur, j’ai trouvé que ça fait du bien de ralentir. Dans le train on dort, on prend le temps de lire, de jouer, de contempler. Même en famille.
- Puisque le voyage dure plus longtemps, on passe moins de temps sur place à la destination finale. Alors ça vaut le coup de faire en sorte que le trajet avec ses étapes compte en lui-même comme faisant partie intégrante du voyage.
- N’oubliez pas qu’avec les trains de nuit, on économise une nuit d’hôtel tout en voyageant.
Réserver ses nombreux billets de train : une aventure à part entière
Première difficulté : le train, c’est pas du tout bien structuré comme l’avion. L’Europe des trains a du pain sur la planche ! Il n’y a pas de comparateur de billets ou de trajets comme il y en a pour l’avion. On a affaire à autant de compagnies nationales qu’il y a de pays à traverser, ou presque, parfois vous trouverez les billets sur le site roumain mais pas sur le site hongrois, et puis hors zone euro il faut ajouter les devises à convertir, et les langues nationales. L’aventure commence là !
Il se trouve que ça m’amuse et que j’ai le temps de creuser, je me sens presque comme une pionnière aventurière à dessiner notre voyage sur les rails. Alors que bon, le train ça existe depuis plus longtemps que l’avion !! Mais côté fluidité et facilité de réservation, on n’y est pas encore. Il faut être motivé.
Ce qu’il faut savoir au moment de prendre ses billets de train
- Attention au moment de l’achat de vos billets ! Selon les pays et systèmes, une fois imprimées les cartes d’embarquement, on ne peut plus effectuer d’échange ou de remboursement.
- Les réservations n’ouvrent qu’un certain temps à l’avance. Si vous cherchez à acheter 6 mois à l’avance alors que la résa ouvre 3 mois à l’avance, eh bien vous risquez des tarifs très élevés, des changements de programmation, ou de n’avoir pas accès à tous les trains qui pourraient vous intéresser. Donc contrairement à l’avion, ce n’est pas forcément intéressant de s’y prendre trop tôt !!
Quelques ressources à connaître
Le site seat61.com – Une mine d’or ! La ressource qui m’a le plus aidée. Il fourmille d’astuces, de détails, de conseils (trajets, où acheter les billets, à quoi ressemblent les trains, si on peut y trouver une voiture bar ou non, d’où à où le paysage est joli et d’où à où il est moins bien et donc on a tout intérêt à le faire de nuit, etc.) Une fois les idées un peu plus claires sur les étapes possibles, il faut passer à la réservation.
D’autres sites utiles : hourrail, mollow, voyager en train et Un voyage sur les rails pour avoir des idées claires sur les trajets et accès aux réservations plus facilement.
Et un bon article de presse paru dans Les Echos.
Le voyage en train : une expérience inoubliable
Amsterdam-Munich en train de nuit.
Nous avons deux compartiments assis pour 4. Les sièges s’inclinent et forment une plateforme tout à fait confortable pour dormir. Finalement la nuit est plutôt bonne, et on n’est pas les seuls à voyager dans ces conditions, notamment pas la seule famille. On découvre la joie de s’endormir en regardant le paysage défiler, et la quiétude du lever de soleil depuis la grande fenêtre du train. Très contemplatif, et mon 7 ans en est le plus grand fan. A l’arrivée j’ai réservé une chambre à la journée dans un hôtel, histoire de déposer nos affaires, de prendre une douche et de faire une sieste. Le train d’après part vers minuit le même jour. L’occasion de passer la journée à Munich de découvrir la ville, diner dans un super biergarten, on en a bien profité !
Munich-Budapest en 2e train de nuit.
Petit cafouillage concernant la gare de départ du train. Et une bonne leçon pour tous ceux qui se lancent dans l’aventure du voyage en train : contrairement aux aéroports internationaux qui ont des codes très clairs, la gare de départ de notre train avait changé depuis la réservation des billets… nous n’avons pas été avertis, d’où un bon stress de changement de gare last minute ! C’est donc bien d’avoir un peu de marge pour le « au cas où ». Cette fois-ci, c’est un compartiment couchette pour nous 4, c’est la fête ! On dort très bien, en partie de soulagement 😂. Nous passons trois jours à Budapest, ville géniale et magnifique, super à découvrir en famille. A ce stade, on a déjà l’impression d’être très loin et d’être partis depuis très longtemps.
Budapest-Bucarest en 3e train de nuit.
Wagon-lit cette fois-ci. Le « luxe » ! La voiture est moins moderne et récente que sur le train précédent, mais on a droit à un compartiment avec WC. Le passage de frontière se fait deux fois : sortie de Hongrie, puis entrée en Roumanie. Les petits Européens intra Schengen que nous sommes avaient oublié à quoi ressemble un contrôle de frontière : douanier qui vérifie les passeports sans sourire, avec à peine un bonjour, et qui braque une lampe de poche sur vos visages alors qu’il est minuit, et qui regarde dans tous les recoins de votre compartiment si par hasard il n’y aurait pas un passager clandestin. Quand je parlais d’aventure !
Combien cela nous a coûté ?
Notre budget trajet pour 3 nuits en train à 4 : 744€. Soit 62€ par personne pour chaque trajet, pour nuit + transport. Vu autrement, c’est 186€/personne l’aller (avec lit et découverte à l’arrivée). On n’avait pas le temps de rentrer en train (on n’aurait pas pu passer 10 à 12 jours sur place comme on l’a fait), donc on a pris l’avion pour le retour : 130€/personne.
Le train nous a coûté plus cher si on regarde en temps de transport, mais on a économisé sur l’hôtel, et on a ajouté des expériences super à notre voyage. Et j’avoue que n’ai pas non plus cherché au moins cher. C’était notre premier voyage en trains de nuit en famille, je voulais en faire une expérience fun mais pas non plus verser dans le stakhanovisme, en gardant un minimum de confort. Si je peux éviter les compartiments assis dans un train de nuit je le ferai, mais je sais aussi que c’est faisable si on peut se reposer à l’arrivée. Au final, c’est la couchette en famille qui nous a le plus plu !
Ce que ce voyage en train nous a apporté
Ce que ce voyage en train nous a apporté, c’est une perception très concrète de la géographie et de l’histoire de l’Europe. On a vécu l’Europe. Être passés d’abord par l’Allemagne et la Hongrie nous a permis de percevoir une vraie continuité avec la Roumanie, qui garde des héritages saxons et hongrois très vivants. Une frontière n’est qu’une ligne sur une carte…. et le train nous a apporté la lenteur qui permet de saisir la proximité entre les peuples et les cultures.
J’ai tellement hâte qu’il existe plus de lignes de train de nuit, en France, en Europe, et qu’il soit évident de choisir le train. Notre prochain voyage ? Je ne sais pas encore, mais j’ai des envies d’Espagne et de Portugal. On verra !
Ce qui aidera à faire bifurquer vers le train ? Ce n’est pas forcément la mauvaise conscience de prendre l’avion, c’est de lire tout plein d’histoires enthousiasmantes avec ce moyen de transport. Et clairement, pour nous, prendre le train a fait partie de l’aventure et du plaisir de ce voyage ! La bonne conscience est en fait un bonus une fois le voyage accompli. Ça passe en second plan.
A tester : le comparateur GreenGo
GreenGo, une plateforme française de réservation d’hébergements éco-responsables a sorti en juin dernier un comparateur de transports permettant de réunir dans un même tableau le prix, le temps et le CO2e émis en fonction des modes de transport utilisés.
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