Témoignage – passer son CAPES à l’étranger : oui, mais…

passer son CAPES à l’étranger  oui, mais…Il y a des semaines où nos nerfs de FemmExpats sont mis à rude épreuve. Et plus largement, les nerfs des Français de l’étranger. C’est sur le terrain d’un concours bien connu que se situe notre coup de gueule du moment : le Capes. Vous êtes nombreuses, dans vos réflexions de conversion professionnelle en expatriation, à envisager cette voie. Cela a été le choix de Marie* qui s’est lancée dans l’aventure. Bonne nouvelle : elle est admissible. Mauvaise nouvelle : il est possible que le projet prenne déjà fin. En effet, pour les Français résidant à l’étranger, vous avez l’obligation d’effectuer un stage dans un établissement en France. Nous avons recueilli ses propos.

Marie, racontez-nous la genèse de ce projet

En France, j’exerçais dans le domaine juridique. En expatriation, j’ai entamé une reconversion professionnelle afin d’être à l’avenir professeur dans le secondaire ; je passe les épreuves du CAPES après les avoir préparées sérieusement pour la première fois cette année. Je vois cette reconversion comme une chance de pouvoir exercer un métier utile auprès d’élèves scolarisés dans un lycée français de l’étranger, puis en France à mon retour.

Et vous avez été admissible !

Eh oui, j’ai pris la décision de m’inscrire lorsque l’école de mes enfants a réouvert, me suis préparée en suivant en ligne les cours du Cned, et me suis déplacée à Arcueil pour passer les épreuves écrites en mars. L’ensemble du processus est passionnant. La marche reste haute à l’oral (pour lequel je dois me déplacer aussi, bien sûr), mais je suis prête à recommencer l’an prochain si j’échoue aux épreuves d’admission.
Pour celles qui ne connaissent pas le déroulement de ce concours : après les épreuves écrites d’admissibilité, il y a les oraux à passer. A l’issue desquels vous êtes ou non reçu. Si c’est oui, c’est là que les choses se gâtent. En effet, en l’état actuel des textes, le stage de validation qui suit immédiatement la réussite du concours national du CAPES ou de l’agrégation (toutes disciplines confondues) ne peut pas être effectué à l’étranger, même dans un établissement dépendant de l’AEFE.
Ceci signifie que les Français de l’étranger qui réussissent ces concours, et souhaitent enseigner en local, puis à leur retour, en France, en sont empêchés.
Ils peuvent toutefois demander un report de stage, au titre des dispositions du décret n° 94-874 du 7 octobre 1994, mais celui-ci vise un nombre restrictif de cas de figure (service national, congé de maternité, report pour préparer l’agrégation ou stage à l’étranger d’une année) mais ce report n’est pas de droit, et s’il est refusé car on manque cruellement de professeurs en métropole, « les lauréats qui ne rejoindront pas leur affectation au 1er septembre perdront le bénéfice du concours dans le cadre d’une procédure pour abandon de poste ». C’est donc l’impasse, surtout si l’on habite à plus de 10 000 km de la métropole : quelle déception.

Dans une tribune que vous avez envoyée à bon nombre d’élus et que nous relayons ici, vous proposez quelques pistes…

Oui, la première, concerne le report. Il serait en effet rassurant (vu l’implication et le travail qu’impose la préparation d’un tel concours) que la réalisation du stage de validation du fonctionnaire stagiaire qui a réussi le concours en situation d’expatriation soit suspendu pour la durée de ladite expatriation (et puisse être effectué à son retour en France, de sorte que la titularisation est suspendue mais le statut de fonctionnaire stagiaire reste acquis), pour suivi de conjoint (comme cela existe déjà pour les fonctionnaires titulaires).
Deuxièmement : pourquoi ne pas autoriser le fonctionnaire stagiaire à valider son stage au sein de l’AEFE sitôt admis au concours ? Ne serait-il pas utile de pouvoir former des professeurs qui réussissent le concours, qui postulent pour enseigner en contrat local (n’ayant ni visa à obtenir ni déplacement à payer car vivent déjà dans le pays) et commenceraient à forger une expérience professionnelle solide en expatriation ? Cela leur permettrait de valider le statut de fonctionnaire depuis l’étranger, puis de continuer à exercer à leur retour en métropole, où, me semble-t-il le manque de professeurs est grand.
Il y a de merveilleux professeurs en poste au sein de l’AEFE qui feraient d’excellents tuteurs et seraient sans doute ravis d’être valorisés à ce titre.
Enfin, je pense que des solutions de formation et d’inspection à distance peuvent être envisagées, on doit savoir le faire depuis le passage du Covid.

Marie, vous parlez de situation kafkaienne ?

Oui, parce que je sais que le manque de professeurs est un réel problème en France. Pendant cette année de préparation au concours j’ai reçu plusieurs e-mails du rectorat auquel je suis inscrite me demandant de venir enseigner en qualité de professeur contractuel sans même attendre de valider le concours, tellement la situation est critique !
Résumons donc : vous ne pouvez pas être diplômé véritablement en situation d’expatriation, même si vous avez atteint le niveau requis pour réussir le concours national. Et sans un diplôme validé on ne peut vous embaucher, donc vous n’aurez pas d’expérience. Sans expérience et a fortiori sans diplôme, on ne vous embauchera pas non plus. Pourtant vous avez le niveau puisque vous avez réussi le concours !
Donc vous laissez tomber. Je n’ai pas entendu un seul écho d’un professeur qui repasse le concours en rentrant en métropole, donc il existe des cohortes de professeurs qui n’exercent pas ou plus à cause de cela.

*prénom modifié – ce témoignage est anonyme pour des raisons évidentes

bouton Abonnement NL FXP- 350x150

FemmExpat vous recommande de lire aussi :

Comment passer l’agrégation ou le CAPES en expatriation ?

Se former en expatriation

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Qu'apprend-on en expatriation ?

    Avec l’expatriation, comment change notre regard sur notre pays d’origine ?

    Et notre perception de la santé, de l’éducation, ou notre rapport au travail ?

    Et puis…

    Comment se forme-t-on ? Dans quels domaines ? Que transmet-on ?