Ma vie en Italie avec le coronavirus : « Nous sommes devenus les pestiférés »

Ma-vie-en-Italie-avec-coronavirus-UNE femmexpat 559x520Depuis une semaine, la Lombardie et la Vénétie ne font plus rêver personne. Vérone, ville de l’amour, écrin de Roméo et Juliette, est aujourd’hui délaissée.

Exit l’image de la dolce vita et des Spritz en terrasse, Armelle, expatriée en Italie depuis une vingtaine d’années et auteur du roman « Les bonnes mères boivent du Spritz » témoigne : « nous sommes devenus les pestiférés de l’Europe ». 

 

 

 

Je vis à Vérone, au cœur de la Vénétie, région classée zone jaune pour le risque de contamination du coronavirus

Attention ! Nous ne vivons pas dans les foyers de contamination qui, eux, sont classés en zones rouges. Pour information, la zone jaune signifie : semi-confinement, et la zone rouge : confinement, à l’instar de Wuhan. C’est-à-dire quarantaine absolue.

Et cela ne concerne que 11 petites villes du nord de l’Italie, qui elles, vivent bel et bien barricadées. Et dont les habitants doivent assumer la réclusion.

 

Pas de réclusion à Vérone

Pourtant, les écoles et les universités observent portes closes. De même que les cinémas, les centres culturels, les manifestations, les musées…  Bref, tout ce qui constitue la vie sociale.

En tout début de semaine, des hordes de gens hystériques avaient dévalisé les supermarchés. Certains d’entre eux venaient gantés (les bons vieux gants de vaisselle) et masqués, remplir leurs caddys — principalement de pâtes, sauce tomate et désinfectants en tout genre. Une enseigne a même dû instaurer un numerus clausus, ne permettant aux clients d’entrer que par 25, tant la confusion était grande.

On a vu les rues de la ville désertes. On se serait cru un premier janvier alors que tout le monde dort et se remet des ripailles de la veille.

 

Ici, les polémiques fusent

On ferme les écoles et les églises alors que les restaurants, bars, magasins et centres commerciaux restent ouverts !

Le diocèse de Vérone crie au scandale, on ne peut pas organiser de messe.  On dit que ce mercredi, c’est la première fois depuis l’Empire romain que l’on n’a pas pu célébrer les Cendres et l’entrée en carême.

Pour la célébration des enterrements, on admet aujourd’hui à peine vingt personnes proches du défunt. Et pour les mariages, seulement les parents proches et deux témoins.

Il ne fait pas bon mourir en ce moment et heureusement, très peu de mariages sont organisés à cette période de l’année.

 

Mon lycéen de fils vit  avec enchantement cette situation 

Il passe son temps cloîtré dans sa chambre à étudier et à analyser en long, en large, en carré le moindre décret présidentiel concernant la réouverture des écoles. Il rafraîchit son fil d’actualité tous les quarts d’heure et je le soupçonne même d’avoir réalisé un fichier Excel sur la propagation du virus en Italie !

Mais cela ne l’empêche pas d’aller retrouver ses amis le soir dans les cafés.

 

J’ai eu le malheur de me racler la gorge…

Les salles de gym sont ouvertes, même si très peu s’y aventurent.

Lundi, deux femmes masquées participaient à mon cours de pilates, et entre deux exercices, j’ai eu le malheur de me racler la gorge. Mal m’en a pris, tous les regards ont convergé vers moi.

 

Juliette est délaissée et les rares touristes errent dans la ville avec un masque blanc

Mais la situation a évolué depuis le début de la semaine. A l’heure où je vous parle,  on observe un assouplissement de la situation. Les peurs se dissipent.

Les rues se repeuplent tranquillement… Après tout c’est le week-end et ça n’est pas pour un virus que les Italiens vont renoncer à leur passeggiata. Pourtant, il y a beaucoup moins de monde. Les rares touristes étrangers — et courageux — qui n’ont pas fui le pays, errent dans la ville avec un masque blanc (qui n’est d’ailleurs plus disponible dans le commerce depuis plusieurs semaines).

Le balcon de Juliette, d’habitude surpeuplé toute l’année, est également déserté. Rappelons que venir toucher son sein droit garantit du succès en amour et on y vient du monde entier. Voilà la pauvre Juliette complètement délaissée. Ça ne s’est jamais vu.

 

J’oscille entre préoccupation pour l’économie italienne et le plaisir de vivre encore un peu de façon ralentie

Aux dernières nouvelles, cette situation devrait continuer au moins une semaine encore, pour respecter les sacro-saints quatorze jours de quarantaine.

J’oscille entre préoccupation pour l’économie italienne (nous-mêmes gérons des locations touristiques, et les annulations pleuvent tous les jours) et le plaisir de vivre encore un peu de façon ralentie. Même si l’on reste super connectés (et je dirais même plus que jamais), on profite un peu de ce repli à la maison, loin de la frénésie de la consommation et des passions extérieures.

Mais ce qui me fait le plus peur, c’est l’Italy bashing qui selon moi est encore plus inquiétante que la propagation du virus.

 

Armelle Gréhan

Auteur du roman « Les bonnes mères boivent du Spritz » que FemmExpat vous recommande chaleureusement de lire si vous voulez vous changer les idées en cette période anxiogène !

 

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